Les aventures du Pourquoi Pas ?

Sur les routes d'Amérique du Nord, à bord du Pourquoi Pas ?

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Une dernière grande respiration…

Ça y’est… la voilà qui est là. La dernière journée avant le grand départ. Je suis vraiment heureux de cette pause complètement et totalement imprévue à Portland. Je suis en pleine forme, et j’ai à nouveau hâte d’être sur la route. J’ai aimé m’arrêter, mais il est temps pour moi de repartir. Je ressens l’excitation de rouler à nouveau, et je suis fébrile comme si je n’avais pas voyager depuis bien longtemps. Peut être parce que les trois ou quatre semaines qui s’en viennent s’annoncent passionnantes, intenses, et magnifiques !

Pourquoi Pas ? est retourné au garage ce matin. D’après le garagiste, ils ont reçu une pièce qui n’était pas la bonne, mais ne s’en sont pas rendus compte, du coup, ça ne marchait qu’à moitié. Enfin, après deux heures et demi à attendre, tout remarche à nouveau. Et cette fois, j’ai vérifié !

On va être deux dans le van pendant un bon moment. Plus le temps passe, plus l’intérieur est optimisé. Danielle ne devrait donc avoir aucun mal à trouver sa place. Mais juste pour être sûr, je fais encore un peu de rangement, encore un peu d’optimisation. C’est encore et toujours plus efficace que l’optimisation précédente !

L’après midi passera tranquillement en dehors de ça. J’avance deux trois petits projets, je regarde un peu la route qui s’en vient… j’attends encore des nouvelles de Jane pour formuler un itinéraire final.

J’arrive même à m’ennuyer un peu en fin d’après midi. Ça ne m’était pas arrivé depuis… ouf ! Des fois, ça fait du bien de s’ennuyer. Et ça vient aussi confirmer qu’il est temps de repartir ! Finalement, en fin de journée, on ira faire un tit tour en ville. Au programme : poutine et bières. Yep. On trouve aussi de la poutine à Portland. On en trouve partout. Le Québec va conquérir le monde grâce à la poutine ! Danielle n’en a jamais mangé, mais sait où on peut en trouver. Pas de chance, quand on arrive sur place, par contre, c’est fermé le lundi. La suite du programme consistait à aller à la « Hopwork Urban Brewery » où j’ai donné rendez-vous aux gens de couchsurfing ; si quelqu’un s’ennuie en ce lundi soir et qu’il veut partager une bière, elle sera meilleure avec nous !

On arrive, on s’installe, on commande. Ici aussi ils ont des carrousels de dégustation. Parfait !

Voilà donc à quoi ça ressemble. Celui-ci est particulièrement sympathique en l’occurrence :

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Et si vous voulez la légende (la numéro 1, c’est celle à gauche de « hub », et en haut. Donc à 9h15 environ.

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La 5 et la 7 sont un vrai délice. Le mélange de 7 céréales dans la stout (5) lui donne une personnalité bien à elle, et le vieillissement dans des vieux fûts de bourbon donne à la 7 une odeur unique, et un petit goût sirupeux des plus agréable. La lager est excellente, d’autant plus meilleure que, comme je l’expliquais déjà par le passé, habituellement les lager ne sont pas vraiment mon style. Évidemment, l’IPA est un vrai petit bonheur, et l’abominable se laisse boire sans problème. À vrai dire, toutes ces bières sont excellentes et on passe un bien bon moment à toutes les découvrir, en grignotant quelques frites, à défaut d’avoir eut notre poutine. Et puis il y a cette petite carte des desserts qui nous fait de l’oeil. Entre la tarte au chocolat et basilique et le brownie servit chaud avec crème glacée à la vanille, le choix est vite fait. On prendra les deux, et le régale sera complet et total. Chocolat basilique, j’avais déjà pratiqué une fois. La deuxième fois me convainc tout autant que la première. Il est temps que je mette ça en application !

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La « Hub » est une brasserie particulièrement sympa. Le fait que toutes leurs bières soient bio rajoutent aussi au plaisir. Le propriétaire, en plus d’être un grand amateur de bière, est un fan de vélo, et ça paraît. Oui, remontez voir : le plateau de dégustation est une petite roue de vélo transformée. Côté déco, l’alignement de cadres de vélo en dessus du bar donne un effet des plus sympa aussi.

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Excellente bière, excellents desserts, décor agréable, bonne ambiance, on passe une belle petite soirée, mais on se décide à partir après un moment, le ventre bien rempli. Malgré quelques « nous viendrons peut être », il semblerait qu’aucun couchsurfeur ne soit venu.

On découvrira au moment de sortir que en fait non, il y en a bien quelques uns. Ils nous avaient simplement pas trouvé, et attendaient dans un coin, persuadés que l’on était en retard. Du coup, on se rassois, on partage une dernière bière, et on rajoute une petite paire d’heures à discuter, de tout et de rien. Je fais plaisir à tout le monde quand je dis (et je le pense vraiment !) que je préfère l’Oregon à la Californie, malgré la beauté des paysages de cette dernière. J’essaie de m’expliquer un peu, parce que c’est plus une question de feeling que de logique, mais ils partagent aussi ce sentiment. Pour résumer très fortement, on choisit la Californie pour sa carrière, on choisit l’Oregon pour le mode de vie. Ici les gens sont encore plus ouverts, relaxes, tranquilles. Si la Californie est peuplée de Bobo, l’Oregon semble plus la destination des artistes qui veulent s’épanouir tranquillement, loin de toute pression sociale. Ils veulent juste être heureux dans leur petit monde à eux ; un petit monde où tout le monde est le bienvenue. Et franchement, j’aime ça. Ils étaient évidemment tous là samedi soir, à la soirée Halloween. Je n’en reconnais aucun, mais en demandant leurs déguisements, je replace la plupart. Anecdote amusante : à un moment, l’un d’eux raconte qu’il a vu quelqu’un cracher du feu, et qu’il a pu prendre une vidéo. Il ne m’avait pas reconnu. Le monde de couchsurfing est très petit. Moi, je suis content, je vais avoir une vidéo de moi, peut être.

Quitter Portland ne va pas être évident. Heureusement, je commence à avoir l’habitude de quitter des places qui me plaisent. En une année, je suis revenu trois fois à San Francisco, alors que je n’y croyais pas vraiment. Je n’ai aucune inquiétude quand au fait que je reviendrais à Portland également. Quand il ne pleuvra plus. Dans six mois donc ! Ou plus tard.

Rencontrer ces quelques couchsurfers avant de partir me fait bien plaisir et termine agréablement mon séjour ici. On rentre chez Danielle un peu plus tard. Un message de Jane m’attend. Ils seront aux sources chaudes en fin de semaine. Ça finit de compléter ma journée. L’itinéraire du retour est désormais connu, et c’est parfait pour moi. Un peu plus de 6000 kilomètres m’attendent ; je vais voir un peu de désert dans le Nevada, et il semblerait bien que Bryce et Zion réapparaissent soudainement sur l’itinéraire ! Tout cela est parfait. Celui-ci a de fortes chances d’être assez final, vu que mes dates sont de moins en moins compressibles. J’ai hâte de voir tout ça ! La quinzaine de jours tranquilles puis les kilomètres qui défilent semblent se confirmer !

Un autre dimanche biiiiiin relaxe !

Au final, la journée pourrait se résumer à l’aide des muffins anglais avec fromage fondu que Danielle nous a préparé pour le petit déjeuner :

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Et le chocolat chaud (chocolat noir non sucré fondu, crème et lait, miel pour sucrer, baileys pour parfumer, cannelle en poudre et en bâton pour rehausser, crème fouettée pour terminer) que l’on boira tranquillement devant la télé en fin de journée.

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En fait, j’ai le sentiment que je reprends des forces à Portland. Non pas que je sois fatigué, mais simplement que j’ai besoin de préparer mon retour, et cette longue pause pas du tout prévue s’avère, au finale, parfaite ! L’itinéraire est à peu prêt connu, mais encore sujet à variation. L’inconnu, c’est le détour par le nord du Nevada pour revoir Jane et Rameen. Ils ne sont pas encore sûrs de leur côté. Le connu, c’est qu’à un moment, on arrive à Salt Lake City, et qu’après ça, l’itinéraire est assez facile à faire.

Il me reste environ 6000 kilomètres à rouler, sans compter les probables détour. Ça fait une moyenne de 300 kilomètres par jour pour les 3 prochaines semaine, ce qui va quand même être assez intense. En même temps, la traversée du Kansas, Lawrence-St Louis, St-Louis-Chicago et Chicago-Montréal devraient ressembler à des étapes « on mange du kilomètre ». Donc à priori, les douze prochains jours devraient être assez « tranquilles », avant de terminer sur un dernier petit exercice d’endurance.

Tout cela m’inspire et me plaît bien !

L’Océan Vague

Un dernier au revoir à l’océan

Le petit coin de parking tranquille au milieu de nul part est loin d’être tranquille en fait. En ce vendredi soir, il y a un certains nombre de voitures qui arrivent, qui passent, qui repartent s’en s’arrêter. Ou après s’être arrêté quelques instants. C’est un peu stressant tout ça, mais bon… on fait avec. Jusqu’au moment où la voiture reste juste en arrière du van, en gardant les pleins phares. L’avantage, c’est qu’on devine tout de suite le message, et on sait qu’il va falloir négocier.

Le ranger est très sympa, souriant, agréable et poli. Heureusement, parce qu’avec son look de tueur à gage professionnel, je me suis pas senti rassuré tout de suite. Comme je suis quelqu’un de très malhonnête ces derniers temps, je lui sors un petit mensonge pour expliquer la situation. Il compatit, sourit, nous autorise à rester, et nous souhaite une bonne nuit avant de repartir. Je retourne au chaud dans le van. Le sentiment de culpabilité est à nouveau là, comme la dernière fois. Je l’explique à Danielle. Je n’aime définitivement pas mentir. C’est sûr que ce n’est pas grave, qu’on n’est pas en train de faire quelque chose de mal, qu’on n’est pas méchant… mais mentir est si facile… bref, j’essaie d’éviter les situations qui « m’oblige à », mais ça marche pas tout le temps. Avec tout ça, du coup, je ne dors pas très bien. Et le « toc toc toc, parc ranger » sur la fenêtre du van tôt le lendemain matin n’aide vraiment pas. Ce n’est, évidemment, pas le même que la veille. Et si celui d’hier était vraiment sympa et agréable, lui, par contre, est on ne peut plus antipathique. Je n’aime pas sa façon de tout de suite arriver avec les menaces d’amande (247 $, ça répond à la question que je me posais). Celui d’hier avait commencé par m’expliquer, et s’était limite excusé de nous déranger. Bref, ce matin, étrangement, je n’ai plus aucun remords à mentir. À force d’explications et de discussion, le garde me demande simplement d’aller payer l’équivalent d’une nuit de camping à l’accueil. C’est cher, pour un camping, mais bon ; on fera avec. Il est encore tôt, et j’arrive à somnoler encore un peu, mais j’ai très clairement pas assez dormi. On se lèvera un peu plus tard. Une petite pause pour payer le camping, et on reprend la route, direction Washington à nouveau.

On a pas mal de choses à faire aujourd’hui, et on voudrait ne pas rentrer trop tard à Portland pour se préparer pour la soirée d’Halloween, donc finalement, on ne s’arrêtera pas à Astoria, se contentant de repasser rapidement le pont gigantesque et toujours aussi magnifique par dessus le Columbia. Une fois de plus, je trouve amusant de reprendre la même route, si peu de temps après l’avoir déjà faite. Au moins, je sais déjà où aller. Ça simplifie ! L’objectif, donc : un phare, Danielle n’en ayant jamais vu. La bonne nouvelle, en plus, c’est qu’aujourd’hui, le phare est ouvert, et qu’on peut donc y rentrer, pour un montant des plus modiques. La madame a l’accueil est charmante. Le monsieur en haut de la tour, par contre, est là pour réciter son texte. On sera heureusement sauvé, après une quinzaine de minutes de récitations absolument impossible à interrompre, par l’arrivée d’un couple de visiteurs, qui lui poseront une question, et renverront la machine au début. Heureusement pour nous, on peut en profiter pour s’esquiver. Parce que franchement, sinon, je pense qu’on y serait encore. Sachant qu’avec le déshumidificateur j’entendais un mot sur huit, c’était un peu limite !

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On redescend, et j’en profite pour poser une question à la charmante dame de l’accueil. Parce que pour revenir à Portland, on a le choix entre deux routes, une qui passe au nord du fleuve (Washington) et l’autre qui passe au sud (Oregon). Je lui demande donc conseil sur la meilleure route à prendre. Après une discussion d’une dizaine de minutes, la réponse est claire. Il faut faire les deux. Bon… on jouera ça à pile ou face, si ça continue. Et puis on parle encore un peu, de Lewis et Clark, et de leur expédition qui m’inspire toujours autant. Juste à côté d’ici, il y a le deuxième phare, celui du Cap Désapointement, que j’étais allé voir aussi. Mais il y a également un centre d’interprétation sur le voyage des deux explorateurs. J’avais hésité la première fois, cette fois, je me laisse tenté, fortement encouragé par la madame du phare.

Le centre d’interprétation est construit sur l’emplacement d’un ancien fort, destiné à garder l’embouchure du fleuve. Il y a quelques explications militaires, plus ou moins inspirante. À part, sans doute, une anecdote qui vient confirmer la subtilité des militaires. Afin d’assurer la meilleure protection possible, les trois forts des environs n’ont eut de cesse d’être amélioré. Ce qui impliquait, entre autre, l’utilisation de canon toujours plus gros. Le plus gros de tous, Big Betsy, était la fierté locale quand ils l’ont installé. Bien en place, bien réglé, ils ont fait feu pour voir si tout fonctionnait. L’explosion a été magnifique, l’obus a sûrement traversé 6 fois le Pacifique. Tout était parfait, ou presque. Ils ont décidé de déplacer le canon. Le gardien du phare d’à côté n’a pas aimé voir toutes les fenêtres voler en éclat à la première détonation.

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La visite du musée est des plus intéressantes. Elle est en deux parties. La première est très factuelle. Du texte, des cartes, les grandes lignes de l’expédition. La Louisiane a été acheté 15 millions de dollars. Ça revient à du 3 sous de l’âcre. Un âcre, c’est 4000 mètres carrés. Le prix du terrain a légèrement augmenté depuis.

L’observation des cartes de l’époque me fait réaliser quelque chose d’assez surprenant : il semblerait que l’exploration du Canada ait été plus rapide que celle des États Unis. Le Canada est quasiment entièrement cartographié, à l’exception de la Colombie Britannique, là où les cartes des États Unis s’arrêtent au Midwest. Bref, Lewis et Clark ont du travail !

Lewis était le secrétaire personnel de Jefferson (un membre de l’American Philosophy Society, dont le but était de rendre la connaissance accessible à tous) à la maison blanche. Le président a passé deux ans à préparer et former Lewis pour la mission qu’il allait lui confier, avec l’aide de quelques autres membres. L’un va lui apprendre la botanique et les rudiments des contacts avec les amerindiens, l’autre lui transmettra des connaissances médicales. Un troisième le formera à l’astrologie et aux mathématiques. Ajoutez à ça un linguiste, qui a expliqué à Lewis comment développer des listes de mots pour communiquer avec les indiens, et enfin un géographe, pour le tracé des cartes. Je retrouve, à nouveau, le petit côté « jeu de rôles », en assistant à la création d’un personnage, parfaitement équilibré. « Mon ami, je voudrais donc t’encourager à partager avec moi la fatigue, les danger et les honneurs ; crois moi, il n’y a personne d’autre sur terre avec qui je partagerais un plaisir égale à partager cette aventure qu’avec toi ». Et hop, c’est fait, Clark embarque. Clark n’a que le titre de second lieutenant. Il ne sera promu capitaine qu’à son retour. Aucun membre de l’expédition n’est informé. Tout le monde pense qu’il partage le commandement au même titre que Lewis. Et les voilà donc parti.

Les petits extraits des différents journaux et des aventures me donnent, une fois de plus, envie de me plonger dans le journal que j’ai acheté. Je m’y mettrais probablement à mon retour à Montréal. Dans ce contexte, le passage à St Louis semble de plus en plus obligatoire sur le chemin du retour.

La deuxième partie du musée est plus « expérimentale », présentant la vie de tout les jours de l’expédition, et invitant les visiteurs à toutes sortes de petites expériences. De « comparer le poids de ces deux pierres de même taille » à « essayer de remplir le canot sans qu’il renverse » en passant par « regardez ce que ça fait d’essayer de viser un oiseau à 100 mètres de distance avec un fusil ». Bin oui, il fallait bien qu’ils chassent pour manger !

Bref, un musée qui, selon moi, est un must pour quiconque s’intéresse un tout petit mini peu au sujet. J’y serais probablement resté plus longtemps, si on n’était pas un peu talonné par la montre. C’est ça d’avoir à faire la fête !

Alors finalement, rassasié d’informations historiques, on remontera dans le Pourquoi Pas ?, qui nous ramènera en un peu moins de deux heures jusqu’à Portland, par la route du sud, qui semble un peu plus rapide.

La formule, c’est «potluck » (tout le monde apporte un petit quelque chose à manger). Donc à peine arrivé, on se met aux fourneaux. Je reste dans le simple et rapide (galette de quinoa, version expérimentale des plus intéressantes, avec purée de tomates et fromage en crème). Danielle, elle, en profite pour utiliser les mûres qu’elle gardait congelé dans son frigo depuis un bon moment. Crumble mûres et chocolat, je peux vous assurer que c’était un véritable délice, et que vous avez raté quelque chose !

Note en passant, les mûres, en Oregon, on en trouve partout, et c’est un vrai bonheur !

Encore un petit cinq minutes pour se préparer, et ce sont deux gothiques qui embarquent dans le van pour aller fêter avec une horde de couchsurfer fous. Ce sera mon seul contact avec la communauté CS de Portland, mais celle-ci semble tout aussi sympathique qu’un peu partout. Joyeuse, enthousiaste, je fais quelques rencontres des plus agréables. Et puis ce n’est pas tout les jours que l’on rencontre un transilvanien nommé Vlad, déguisé en vampire (authentique !) en train de discuter avec un zombie japonais. À la base, une soirée déguisée, c’est vraiment sympa. Mais quand on rajoute en plus un facteur international… Danielle me présente à quelques uns de ses amis, on se promène un peu chacun de notre côté ; je discute à droite à gauche, passe au français une ou deux fois à la demande d’interlocuteur qui veulent pratiquer un peu. Il y a beaucoup plus de gens qui parlent/apprennent/ont appris le français aux États Unis que ce que j’aurais cru. Je passe aussi un moment à parler avec une fille qui revient tout juste de Montréal. Toute heureuse d’ajouter un nouveau contact montréalais dans sa liste, alors qu’elle prévoit déménager là bas. Discussions, grignotages, musique. La soirée avance tranquillement, dans une belle ambiance. La maison se remplit de plus en plus, et finit par déborder, sans pour autant qu’il n’y ait de dérapage. Le seul gars vraiment saoul sera envoyé au lit assez tôt, et arrêtera de déranger. Je cracherais quelques flammes à un moment, pour mon plus grand bonheur, et le plus grand bonheur de plusieurs autres personnes semblent ils. Et puis à un moment, on découvre le sous sol, où sont cachés une batterie, un djembé et un saxophone. Et hop, on repasse en mode « jam ». Sauf qu’impoviser au saxophone, alors que je n’en ai pas touché un depuis ma deuxième colonie de vacance à Astafort (donc y a bin bin bin bin bin longtemps), c’est pas évident. N’empêche qu’on s’amuse bien quand même !

À Portland, les bars ferment à trois heures. Je ne sais pas si c’est une coïncidence, mais c’est l’heure aussi à laquelle le party se termine. En fait, les gens ont commencé à partir tranquillement, les uns après les autres, et finir de vider la maison semble une mission assez simple. Chauffeur désigné par défaut, je suis resté très raisonnable en ne buvant que deux bières. En même temps, j’aurais pu boire plus, et on aurait pu dormir dans le van, amis ça ne me tentait pas plus que ça ! Traverser Portland, juste après la fermeture des bars, avec des gens en costume, à moitié saoul dans la rue, est une expérience assez intéressante, mais j’arrive à éviter tous les zombies qui se jettent sous mes roues.

Je n’ai pas sorti mon appareil photo de la soirée, mais je devrais être capable de récupérer quelques clichés, à un moment ou à un autre.

La route jusqu’à Astoria, deuxième prise

Il fait relativement froid la nuit, surtout quand le chauffage refuse à nouveau de marcher. Un jour, peut être, je comprendrais. Des fois il veut, des fois il veut pas. C’est pénible quand il ne veut pas… et puis j’ai aussi eut pas mal de difficultés à m’endormir. Encore une fois, sans trop savoir pourquoi.

Par contre, il semblerait que le chef de l’Oregon lise mon blog, et qu’il soit très concerné par ma façon de voir la météo dans les environs. Il a donc décidé d’agir, afin de me permettre d’apprécier au mieux mes derniers jours sur la côte ouest. C’est donc un magnifique soleil et un grand ciel bleu qui nous attende ce matin ! Et comme on a tout notre temps, comme on est là pour apprécier, pour se reposer, pour admirer, et comme Danielle aime découvrir l’océan, on passe un long moment, simplement à marcher sur la plage. Et Danielle, à courir avec les vagues. Occasion aussi, pour moi, de prendre quelques photos de la demoiselle, tiens !

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La marée est un peu plus basse que quand je suis venu la première fois, ce qui nous permet d’aller explorer la plage un peu plus loin, en contournant les magnifiques rochers qui avancent jusque dans la mer. Côté sud :

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Évidemment, la mer est toujours pleine de surprises, et les vagues également. Malgré une programmation qui semblait parfaite, et une course efficace contre l’eau, on se fera mouiller les pieds une ou deux fois. On devra aussi prendre refuge sur un rocher. La bonne nouvelle, qui nous console un peu -bon, d’accord, qui nous fait mourir de rire- c’est que nous ne sommes pas les seuls à être pris au piège.

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Oui oui, vous l’avez bien vu, c’est bien un vélo. Nous aussi, on se demande ce qu’il faisait ici !

Et puis bien heureux, bien content, on envisage de rentrer au van, quand je suis mu par une inspiration subite. Et si on faisait la même chose, côté nord de la plage ? Beaucoup plus délicat de ce côté, car sans le moindre caillou pour jouer à chat perché !

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On y arrive quand même, non sans se remouiller encore les pieds ! Mais on découvre, avec stupeur, que ça valait la peine de se mouiller les pieds. C’est donc là qu’elle se cache la cascade que je n’avais pas trouvée la première fois. Elle est toute petite, mais je la trouve magnifique !

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Tiens, ça vaut bien un petit panoramique ça, non ?

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On est tout heureux d’avoir trouvé ce petit mini bout de paradis. J’aurais presque envie de passer la journée ici tiens. Mais non. Pas cette fois. On doit encore voir un phare !

On reprend donc la route tranquillement. Un petit retour en arrière d’une dizaine de kilomètres, pour montrer à Danielle un morceau de paysage qu’elle n’a pas vu la veille, mais que mes lecteurs assidus reconnaîtront sans peine. N’est ce pas ?

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On s’arrête une autre fois, quelques kilomètres plus loin, à Canon Beach. Je ne me rappelle plus très bien pourquoi je l’avais passé rapidement celle-ci la première fois, mais du coup, je suis bien content de prendre le temps d’admirer un peu le gros cailloux très célèbre (paraît-il) que l’on y trouve. Et puis marcher sur la plage, ça reste quand même super agréable ! Surtout que même si c’est une ville de bord de mer, ça reste joli. On n’est pas dans un contexte de cubes en béton s’étirant sur des millions de kilomètres.

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À vrai dire, la côte ouest est surprenament restée très sauvage. Il y a énormément de parcs protégés, de zones inaccessibles ou, au contraire, de zones publiques. Il y a, en arrière de tout ça, un certains nombre de visionnaires, et de personnalités qui semblent toutes très intéressantes. J’ai déjà évoqué John Muyr à quelques reprises ; lui, c’était plutôt la Californie. En Oregon, il semblerait que l’un des actifs défenseurs des zones naturelles soit Oswald West. Il fait parti de ces gens qui, dégoûtés par un système politique corrompu, ont décidé de tenter leur change par eux même. C’était en 1910. Certaines choses ne changent pas. Il est finalement élu gouverneur de l’Oregon, et passera notamment une loi, en 1913, stimulant que « toutes les terres, situées entre la marée haute et la marée basse appartiennent au domaine publique. D’un certains point de vue, ça n’est pas grand chose. D’un autre, ça veut dire que toutes les plages, en Oregon, sont publiques. Intéressant, non ? Il semble avoir fait pas mal d’autres choses du même acabit, mais les panneaux sur les bords des routes manquent un peu de détails sur la question malheureusement.

On commence à avoir faim au moment de quitter la plage. On roule donc un peu, avant de s’arrêter à nouveau. Je sais pas vous, mais moi, cuisiner en musique (oui, même si c’est juste des pattes au fromage faut quand même cuisiner !) j’aime ça.

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On prend ça tranquille ; je suis fatigué un peu, alors je lis un tit peu tranquille, pour me reposer. Je resterais bien là, mais y a des maisons un peu tout autour, donc c’est pas très discret pour passer la nuit incognito. On reprend donc la route une dernière fois. Un peu au hasard. En fait, en regardant la carte, je remarque qu’il y a une belle petite pointe de terre à l’embouchure du Columbia. Et il y a aussi un parc. Sans doute un endroit où on pourra dormir tranquillement… en tout cas, on s’essaie. On arrive sur un grand parking, quasiment désert, juste à temps pour le coucher de soleil. Les vagues sur la digue sont magnifiques, alors bien évidemment, j’en profite.

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La fin de soirée se passe tranquillement dans le van, à lire, discuter, mettre le blog à jour. Rien que du classique donc. On hésitait entre rentrer sur Portland aujourd’hui ou demain, la décision s’est prise par elle même. Ça sera demain en début-milieu d’après midi, histoire d’avoir le temps de se préparer pour aller au party halloween de la communauté couchsurfing de Portland.

Et puis c’est pas tout ça. Mais moi, je suis sur le bord de l’océan, avec un grand ciel pas de nuage. C’est, en théorie (notez comme il est de plus en plus prudent le jeune homme !) ma dernière nuit sur le bord de l’océan. Le fait que le ciel soit parfaitement dégagé est un signe, je pense.

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De retour sur la côte

Il y a une différence énorme entre « mon voyage se terminera quand je rentrerais » et « je rentrerais quand mon voyage se terminera ». Malgré une météo horrible, je suis très bien à Portland. C’est sans doute mieux, d’ailleurs, que le temps soit mauvais et pas inspirant. S’il y avait un grand ciel bleu à l’année longue, je pense que je serais déjà en train de faire les plans pour ne pas avoir à repartir. Au moins, le ciel gris me motive un peu à aller voir ailleurs. Et puis je me rends bien compte que je suis prêt à rentrer. J’ai fait ce que j’avais à faire. Mon voyage est terminé. Je sais qui je suis, je sais où je veux aller. Bon, c’est pas aussi simple, c’est pas aussi précis ; comme je le disais déjà plus tôt, il faudra que la poussière retombe pour être sûr de tout ça. Toujours est il que je peux parler de mon retour à Montréal avec plaisir. Je ne regrette pas de rentrer. Je suis animé d’un sentiment étrange. Montréal me manque. Le Charbinat me manque. Black Rock City me manque. Et je suis très bien là où je suis. Il va peut être falloir que je développe le don d’ubiquité à un moment. Mais là, maintenant, tout de suite, je suis en paix avec moi même. Je vis au présent simple, et c’est parfait pour moi. Plus d’inquiétude, plus de soucis, plus de questionnement. Ne reste plus qu’à trouver le chemin qui me ramènera à Montréal. J’en connais la fin. Lawrence – Chicago – Toronto – Montréal. Peut être Saint Louis, entre Lawrence et Chicago. Portland – Lawrence ? La solution apparaîtra d’elle même, très bientôt…

Aujourd’hui, j’ai l’impression que c’est le premier jour de mon retour à Montréal. En tout cas, c’est comme ça que je le ressens. Étrange, alors que l’idée est de partir vers l’ouest. Pas tant que ça, si on y pense : dire au revoir à la côte ouest, ça implique de dire au revoir à l’océan. Vous quitteriez Marseille sans aller voir la Méditerranée ? L’Irlande sans boire une Guinness ? Montréal sans une poutine d’adieu ? La France sans un énorme plateau de fromage ? Le Nord de la Californie sans vous faire tirer dessus ? Mouais… sans doute qu’idéalement, pour ce dernier, j’essaierais d’éviter…

Je fais un saut rapide au garage, mais je m’attendais à la réponse. Ils n’ont pas le temps aujourd’hui. À la place, je prends rendez-vous lundi matin. Ni à la première, ni à la deuxième heure, mais bien à la troisième, parce que bon, faut pas exagérer ! Je retourne ensuite à l’appartement, où j’ai deux trois petites choses à faire avant de prendre la route. Ça fait du bien de recommencer à jouer les touristes. La pause a été agréable, et aurait très bien pu durer quelques jours de plus, mais en même temps, j’aime rouler, j’aime conduire.

On sera deux dans le van. Avec un ukulele/guitare, un didgeridoo, une flûte, un djembé, un gazoo, et la voix magnifique de Danielle. Tout cela me paraît plein de promesses ! J’ai conduit, ces derniers jours. Danielle habite à une petite dizaine de kilomètres du centre ville, et ça n’est pas simple à faire en bus. Mais conduire pour aller se garer en ville, et conduire pour aller voir l’océan, pour voyager, pour se promener, ce n’est pas la même chose. Ce n’était que quelques jours, et ça me manquait. Du coup, j’attends avec impatience le vrai grand départ. Il devrait avoir lieu lundi après midi ou mardi probablement. Oui, je l’attends avec une certaine excitation, parce que j’ai l’impression que c’est un nouveau voyage qui commence. Une nouvelle aventure. Une fin n’est jamais qu’un nouveau commencement ! J’ai envie de manger du kilomètre pour le retour ; d’autant plus que j’ai de la compagnie avec moi. Je me souviens de cette étape complètement folle de 1600 kilomètres entre New York et Nashville. Sans en faire autant, j’ai quand même envie de faire quelque chose de similaire, à un moment. De toutes façons, le centre des États Unis, c’est pas ce qu’il y a de passionnant. Tiens, regardez une carte routière de l’Iowa, vous comprendrez ! Ça vaut le détour : on s’endort juste en regardant la carte… J’ai envie de prendre mon temps dans les rocheuses, puis de terminer ça en trois quatre petits bonds. Enfin… je me rends compte que cette anticipation, cette façon de me projeter, témoigne très certainement de mon envie de rentrer à Montréal. Surtout que rentrer à Montréal sera suivi peu après d’un retour en France. Bref… que d’enthousiasme face à la suite ! Et que d’enthousiasme face au présent !

Pour les deux prochains jours, je vais essayer d’oublier la carte routière. Danielle semble parfaitement à l’aise avec l’idée que je prenne toutes les décisions, que je choisisse la route, et tout le reste. Mais c’est aussi pour elle qu’on fait cette petite boucle sur la côte, et la carte routière fini sur ces genoux. À force de la torturer, elle finit par dire qu’elle aimerait bien voir Tilamook. On fera donc la petite boucle par le sud. Sans doute Portland-Tilamook-Astoria-Portland.

Portland se quitte très rapidement. Le fait que Danielle habite la banlieue ouest aide sans doute pas mal, vu qu’une bonne partie du travail est déjà fait. On se retrouve dans les montagnes, juste après. Elle me plaît bien cette microchaîne côtière, juste avant l’océan. Un dernier petit rappel, avec ses sommets qui peinent à atteindre les 1000 mètres, des barrières monstrueuses que l’on peut retrouver un peu plus à l’est. La route est belle. Je fais parti d’elle autant qu’elle fait partie de moi. Les couleurs et le relief me font penser au Québec. Petite montagne, petite rivière au lit caillouteux, sapins et érables…

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Et ma compagne de voyage :

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Portland n’est vraiment pas loin de la côte ; à peine une centaine de kilomètres. t même en prenant notre temps, on met moins de deux heures pour y arriver. Danielle aime le fromage, et n’a jamais visité de fromagerie. J’aime aussi le fromage, et je ne dis jamais non à une visite de fromagerie. Même si je les connais déjà, même si je sais qu’elles sont plutôt moyennes. On s’arrête donc dans un premier temps à la fromagerie du Héron Bleu. La grosse différence, par rapport à ma visite précédente, c’est que cette fois, le repas remonte un peu. Alors on déguste beaucoup de choses. On en profite bien. Du coup, cette fois, pour compenser, j’achète un tit morceau de fromage. Ça peut toujours servir ! On arrive ensuite à la fromagerie de Tilamook. La grosse. La vraie. Celle qui presse les vaches pour en extraire la moindre petite goûte de lait, histoire de ne pas manquer, et produire du cheddar en gigatonne quotidienne. Si dans l’ambiance encore un peu familiale du Héron Bleu j’étais resté raisonnable sur les dégustations, je me laisse aller sans hésitation ici. D’autant plus que la partie touriste ferme dans 15 minutes, et qu’ils vont probablement jeter tout ce qui n’a pas été manger. Je me sacrifie donc, autant que possible, pour diminuer les restes. Et puis là encore, j’achète un autre petit morceau de fromage pour compenser. C’est parfaitement intéressé : j’aime les pattes au fromage, Danielle aussi, et ça semble lui convenir comme plat de base. Le seul petit soucis, c’est qu’on tombe dans un piège au moment de sortir de la fromagerie. J’avais testé la partie crème glacée à la visite précédente ; j’avais repéré la partie « fudge » dans le lointain sans m’en approcher. Mais Danielle, elle, y va et m’invite à la suivre. Et évidemment, il y a des petits morceaux en dégustation. Je me souviens avec émotion du fudge de Mackinaw. Il avait quand même fait un bon bout de chemin, vu que je l’avais terminé avec Virginie, dans les rocheuses. C’est agréable d’avoir un petit dessert pour se sucrer le bec en fin de repas. Alors… pourquoi pas après tout ? On pourrait repartir avec une ou deux tranches. Bon, d’accord, avec trois. Chocolat noir, framboises et chocolat noir, beurre de cacahuètes et chocolat. Que du bonheur en perspective ! La vendeuse est sympathique, et je pense qu’on lui communique notre bonne humeur et notre enthousiasme. On rigole bien, et j’ai plaisir à penser qu’elle finira sa journée (dans 3 minutes) avec le sourire grâce à nous. Juste pour ça, ça valait la peine d’acheter un peu de fudge, non ?

Le soleil est en train de se coucher quand on sort de la fromagerie. Oui, à 18h. C’est fou comme tout a changé depuis que j’ai commencé mon voyage… c’était dans une autre vie, on dirait bien ! Enfin… autant profiter du paysage. En plus, les nuages se découvrent un mini peu pour l’occasion.

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La dernière étape est un classique : trouver un endroit où dormir. Après deux tentatives infructueuses, je me rappelle l’endroit où j’ai rencontré Anya, il y a environ une semaine de ça. Elle m’avait dit y avoir passé la nuit. C’est, en théorie, interdit. On est jeudi soir, fin octobre, il pleut, c’est à l’écart de la route… on devrait être tranquille je pense. On y va donc !

Danielle a vu l’océan pour la première fois il n’y a pas si longtemps. Tiens, prenez à nouveau une carte, et cherchez le Kansas dessus. Un indice pour repérer facilement ? Prenez le milieu des États Unis en hauteur, prenez le milieu des États Unis en largeur, et vous y êtes. Le Kansas, c’est l’état le plus au milieu de tous. Dans ce contexte, avec douze frères et soeurs, j’imagine assez facilement la difficulté à aller voir la mer… ce soir, ça sera la première fois qu’elle voit l’océan, la nuit. Et ça lui plaît.

L’endroit est aussi paisible que la première fois. J’aurais trouvé amusant de revoir la voiture blanche et de croiser Anya à nouveau, mais le parking est vide. On s’installe, on se prépare un petit thé. Pas besoin de manger ce soir, on est plein de fromage. On discute, encore, et encore, et encore. On écoute de la musique. Et on en joue un peu aussi. Danielle à la guitare, moi à la flûte, tout les deux en improvisation. Je n’ai jamais improvisé avec quelqu’un, ou alors au djembé, ce qui ne compte pas vraiment. Suivre un rythme, c’est facile. Accompagner une mélodie, c’est autre chose. On a fait déjà plusieurs expériences d’improvisation ensemble, et on se trouve vraiment super facilement à chaque fois. Après le piano à quatre mains en début d’après midi, le duo guitare et flûte et un vrai petit moment de bonheur. Qui est d’ailleurs enregistré par ma caméra. Qui sait, peut être que j’arriverais à vous le faire partager ! À vrai dire, ce que j’aimerais réussir, c’est l’accompagner à la flûte pendant qu’elle chante !

Danielle est fatiguée, et finit par se coucher. Moi, en bon oiseau de nuit que je suis, je reste encore réveillé quelques temps. J’ai mes quatre fidèles lecteurs et demi qui vont me mettre de la pression si je prends plus de deux jours de retard ! Et puis c’est tellement agréable d’écrire au milieu de la nuit, dans un endroit si tranquille, où l’on entend simplement le bruit des vagues…

Reprendre vie, tranquillement pas vite.

Le réveil qui sonne à 8h30 du matin, c’est vraiment pas sympa, surtout quand la veille on a été inspiré jusqu’à très tard. Mais bon, c’est pour Pourquoi Pas ?, alors je suis prêt à faire quelques efforts quand même. Je me lève donc, difficilement, et roule jusqu’au garage. Dehors, le ciel est presque bleu. Il y a un peu de brouillard, mais ça semble vouloir se dégager un peu. La météo, si proche de la côte, relativement dans le nord, au milieu de l’automne, c’est pas folichon. J’ai été très chanceux jusqu’à présent, l’automne tardant à s’installer, mais maintenant qu’il est là, il semblerait bien qu’il n’ait plus l’intention de partir. Donc en gros, les prévisions météos pour les six prochains mois, c’est « ciel couvert et pluie ». La bonne nouvelle, c’est que je vais bientôt remplacer la pluie par de la neige…

Je laisse le van aux bons soins du garagiste, pendant que j’attends sagement dans la salle d’attente. Le verdict arrivera une petite heure plus tard. Une pièce à changer. Avec la main d’oeuvre, la facture va être un peu salé ; mais je peux pas vraiment y faire grand chose. Faire le chemin de retour uniquement de jour, je n’y crois pas. Au contraire, d’ailleurs, je me voyais bien faire des immenses étapes de nuit. Ça fait toujours du bien. Donc dans ce contexte, pas le choix, une fois de plus, de faire réparer. Je demande une info rapide pour un remplacement de pare brise arrière… à priori, vu ce à quoi je devrais m’attendre, à ce niveau là, y a pas urgence, et j’attendrais donc.

Je dispose d’une paire d’heures à tuer. Je profite du soleil pour aller me promener dans les rues de Portland, un peu au hasard à nouveau. Je me dirige quand même vers le bord de l’eau, suivant mon feeling, suivant les rues qui semblent plus inspirantes. Et puis à un moment, je me retrouve à un arrêt de tram. Je me rappelle que c’est gratuit dans le centre ville. Alors juste pour le plaisir, juste parce que ça fait longtemps que je n’ai pas pris le tram, j’embarque. C’est toujours aussi agréable. Je ne fais qu’un arrêt, mais celui-ci me permet de traverser la rivière, histoire de voir de l’autre côté. Je reprends le pont à pied, en sens inverse pour le chemin du retour. Je reviens jusqu’au garage, où je poireaute encore une petite demi heure, avant de récupérer finalement les clés, et une facture, légèrement inférieure à ce que l’on m’avait dit. Le patron a accepté de me faire une tite ristourne comme je viens de loin. C’est bien aimable !

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Quand je suis de retour chez Danielle, elle est allée faire quelques courses ; on a beaucoup parlé de nourriture, à plusieurs reprises de fondues au fromage. Elle a trouvé une recette, et est en train d’en préparer une. Pour fêter ça, et la remercier, je vais chercher deux bouteilles de bière dans le van. Je suis définitivement fan de mon cellier sur roue. Je l’ai rempli consciencieusement, petit à petit, tout en avançant. Maintenant que je me mets à acheter des billets d’avion et à faire réparer le van toutes les deux semaines, et que je n’ai plus de contrats, mes finances sont un peu plus limitées, alors je n’ai pas le choix de tourner sur les stocks. Il n’y aura sans doute plus trente bouteilles quand je repasserais la frontière. C’est pas plus grave, sans doute. Ça simplifiera les formalités.

J’avais pensé retourner en ville avec Danielle pour l’après midi, profiter du soleil, mais celui-ci n’est pas resté. Les nuages sont déjà de retour. À la place, on reste bien au chaud chez elle, à discuter, et à jouer de la musique. Je l’écoute, elle m’écoute, on s’écoute quand on fait jouer des enregistrements, ou des fois on joue ensemble. On se trouve très facilement à ce niveau là, et c’est un vrai plaisir.

Sa coloc nous parle à un moment de la projection d’un documentaire sur le chocolat, en fin d’après midi. Projection accompagnée d’une petite dégustation gratuite. Ça semble assez intéressant, et ça nous obligera à bouger un peu. C’est pas un mal. Ça fait du bien de sortir, de temps en temps. En fait, il s’agit d’un documentaire sur les enfants esclaves dans les plantations de cacao en Côte d’Ivoire. Je trouve personnellement le documentaire moyennement intéressant. C’est organisé par une coop spécialisée dans le commerce de chocolat équitable, évidemment. Il y a donc quelques discussions sur la question également. Quelques échanges. Le chocolat, quand à lui, est excellent. Ça fait bizarre, un peu, d’être de retour dans un monde « militant ». Je qualifierais de nihilistes la plupart des personnes que j’ai rencontré sur ma route. Des gens écoeurés de la société, qui ont décidé d’en sortir, plutôt que d’essayer de la changer. Me rappeler qu’il est aussi possible d’être actif plutôt que passif, ça a aussi du bon…

Il est encore tôt quand tout cela se termine. Il ne fait pas très chaud, mais il ne pleut pas, et c’est une belle soirée pour se promener. On retourne donc sur le bord de l’eau, où on passera finalement plus de temps à contempler la ville et à discuter qu’à réellement marcher. Les habitués de Montréal reconnaîtront peut être la tour de la Bourse (là où je travaillais, quand j’étais chez Canoë) au milieu de la première image. Une trentaine d’étages en moins simplement. Je trouve la ressemblance vraiment amusante ; il faudrait que j’essaie de me renseigner, voir si c’est le même architecte, la même inspiration, ou simplement une coïncidence.

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Je crois que je commence à comprendre quelque chose, même si je suis incapable de l’expliquer : mes projets, mes planifications, restent relativement stables et inchangés, tant que je ne les formule pas, tant que je ne les partage pas. Mes plans sont assez précis, et le reste pour une longue période. Et puis à un moment, je formule à haute voix « je vais faire ça », et comme par hasard, le lendemain se produit de quoi qui vient tout chambouler. On pourrait croire que je le fais exprès, mais je ne pense pas. D’ailleurs, c’est même un peu difficile à suivre, parfois. Pas toujours facile d’organiser de quoi, en sachant que ça change si souvent… le dernier exemple en date est extrêmement récent. J’ai formulé, tout juste hier, mes intentions de voyage. Une petite boucle en Oregon, puis un dernier petit babaille à la mer avant de rentrer à Montréal. Il semblerait que ça ne sera plus ça.

Danielle a le mal du pays un peu. Depuis un an, elle n’est jamais retournée au Kansas, et ça lui manque un peu. Elle aimerait y retourner, mais ça n’est pas très simple à organiser. En même temps, si vous prenez une carte, et que vous tracez une ligne « Portland – Montréal via Chicago » vous verrez que s’arrêter à Lawrence, au Kansas, c’est pas vraiment ce que l’on pourrait appeler un gros détour. Alors quand elle me dit qu’elle a le mal du pays, je n’hésite pas vraiment à lui proposer un lift. C’est même plus rationnel pour moi. On continue à prendre un peu notre temps en Oregon, et ensuite, plutôt que de revenir à Portland, on continue vers l’est. Et comme elle a vraiment envie de voir un phare, on commence par une petite boucle de deux jours sur le bord de l’océan. Ça lui laisse un peu plus de marge pour réfléchir à tout ça, et pour se préparer au voyage. Moi, ça ne change quasiment rien pour moi. Hormis le fait que je vais avoir une compagne des plus charmantes pour une bonne partie du voyage.

L’itinéraire de retour, je n’essaierais même pas de le formuler. Déjà parce qu’on hésite entre plusieurs options (allant de la ligne pas droite à la ligne vraiment mais vraiment pas droite du tout) et que si en plus je vous dis le chemin qu’on va prendre, on ne va pas le prendre. À la place, j’envoie un message à Jane, pour l’informer des nouveaux changements de plans, et voir si ça peut aller de paire avec une rencontre quelque part, sur la route. J’ai des envies de soleil et de désert, et ça, c’est plutôt dans le sud que ça se passe !

Les plans complètement chamboulés, on rentre tranquillement à l’appartement, histoire de fêter ça en regardant un film. Demain soir, on dort sur le bord de l’océan.

Petit mauvais plan, par contre, qui m’énerve un peu : si les phares arrières du van fonctionnent à nouveau, je découvre à la nuit tombée que les lumières du tableau de bord ne fonctionnent toujours pas, alors qu’elles devaient être réparées. Pas cool. Ça veut dire qu’il faut que je repasse au garage demain, et j’aime pas ça !

Une programmation de plus en plus précise

Ça fait quelques temps maintenant que je me sens prêt à rentrer à Montréal. Le moment approche tranquillement, et comme d’habitude, les éléments se mettent en place tranquillement, par eux même. Danielle n’a vu l’océan que quelques fois, et n’a jamais vu de phare. Moi, j’ai mangé beaucoup de côtes ces derniers temps, et j’ai des envies de désert. On a un compromis qui nous convient tout les deux. D’abord une boucle d’une semaine dix jours dans le sud de l’Oregon, puis une deuxième mini boucle de 2 jours sur la côte. Après tout, celle-ci est juste à une heure ou deux de route, et Anya m’avait dit que la route entre Portland et Astoria vaut vraiment la peine.

Tout cela devrait donc me faire terminer mes aventures Oregonaise aux alentours du 10 novembre. Je me donne une dizaine de jours pour compléter les 3500 kilomètres qui séparent Portland et Chicago. C’est presque beaucoup, je trouve, mais ça me permet de m’arrêter un peu en chemin pour regarder le paysage. Je sais qu’il va me falloir me vider la tête à la fin de ce voyage, et que quitter la côte ouest ne va pas être évident. Voir les kilomètres défiler par centaine me fera le plus grand bien pour ça. Je peux donc arriver à Chicago aux environs du 20 novembre. Deux trois jours à revoir mes amis de là bas, une journée pour aller à Toronto, une journée à Toronto (si Angela est disponible). Tout cela m’amène à Montréal vers le 25-26. Juste attend pour l’anniversaire de mon ami Laurence (le 27), pour voir un peu Olivier avant qu’il reparte, pour défaire mes bagages, et les refaire pour reprendre l’avion le 7 décembre, direction la France.

Ça me paraît bien tenir la route tout ça !

Il existe pourtant une alternative. Un genre de plan B, qui me plairait bien également. Il consisterait à réussir à vendre le van sur la côte ouest, et à rentrer en train sur Montréal. Intéressant aussi, non ?

D’ailleurs, pour les gens qui voudraient plus de détails, ou qui voudraient simplement voir des photos :

http://pourquoi-pas.info/?page_id=7276

Le mardi, on ne fait pas grand chose de plus

Après un autre début de journée complètement relaxe et tranquille, à essayer de trouver la motivation pour affronter le temps gris et pluvieux qui nous attend si on ose mettre le nez dehors, des oeufs à la coque finisse par nous donner le coup de pouce nécessaire. À priori, on prévoit toujours de partir jeudi ; moi j’ai un van à faire réparer, et Danielle veut essayer de chanter un peu pour faire un peu d’argent.

Je la dépose donc, histoire de savoir où la retrouver plus tard, puis je vais voir un garage. Évidemment, on est déjà le milieu de l’après midi, donc pour aujourd’hui, ça ne sera pas possible. Par contre, ça pourra se faire demain, si j’arrive avant 9h. Ça c’est cruel, mais en même temps, on ne me laisse pas vraiment le choix. Je retourne donc dans le coin où Danielle chante pour lui expliquer la situation. Je l’abandonne quelques temps à sa guitare, faire un petit tour en ville.

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Portland me fait quand même pas mal pensé à Grenoble. Peut être parce que c’est une ville de 450000 habitants, traversée par une rivière, avec quelques lignes de tram, et que l’automne y est gris, froid, humide, et pluvieux. N’empêche que ça me plaît bien, et que j’aime m’y promener. Il y a, comme à Grenoble, un atmosphère agréable au dessus de la ville. On s’entend que je parle d’atmosphère conceptuel. Parce que l’atmosphère qu’on respire à Grenoble, c’est peut être un peu exagéré de le qualifier d’agréable !

Je finis par rejoindre Danielle. Comme j’ai mon djembé dans mon van, je l’accompagne même un petit peu, mais pas très longtemps. Ça fait un bon moment qu’elle chante, et si à une époque elle était capable de chanter 6h d’affilées, elle manque un peu d’entraînement ces derniers temps. Alors à la place, pour la remercier pour l’hébergement, et pour le plaisir que j’ai eut à l’écouter chanter, je lui propose un restaurant. Ça fait un moment que ça me fait envie, et même si je sais que je dois être raisonnable, une fois de temps en temps, ça ne fait pas de mal.

Après avoir erré et hésité un moment, on se retrouve dans une taverne des plus sympathiques, avec un peu plus d’une centaine de bières à la pression, et un menu de pub classique. Le hamburger est excellent, la bière est excellente, les frites sont bonnes, la vie est belle !

On rentre à l’appartement. Ça fait un moment que je n’ai pas écris ; autant le livre que le blog ont besoin d’être mis à jour. Je passe donc la soirée sur l’ordi pendant que Danielle lit « Finegan Wake » de James Joyce. C’est la cinquième ou sixième fois qu’elle le lit, et elle m’a bien fait comprendre que je n’aurais pas le choix de le lire moi aussi ! Bon, bin pourquoi pas !

It’s a long way to Tipperary

Ce genre de panneau indicateur, j’ai toujours aimé. Mais si en plus vous rajoutez de l’humour, ça n’en est que meilleur. En tout cas, moi, ça me fait rire !

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