Et finalement, la Cable Route apparaît devant moi. Toujours aussi impressionnante, toujours aussi intimidante pour le jeune homme parfois atteint de vertige que je suis. La bonne nouvelle, par contre, c’est qu’elle est quasiment vide. Il y a juste quelques personnes en train de descendre. Je vais pouvoir monter à mon rythme, comme j’en ai envie, sans me faire bousculer. Je reste un peu mal à l’aise quand même… enfin… j’attaque. Je monterais sans gant, me rappelant le commentaire de Fannie « je fais de l’escalade, j’ai plus confiance en mes mains qu’en des gants ». J’avoue que je partage un peu cet avis. Je serais plus à l’aise à mains nues.
Le début se fait sans problème, mais ça devient vite pas mal plus raide. Une fois de plus, je suis fasciné par mes chaussures, qui s’agrippent à la roche. Je croise les deux premières personnes sans problème : il y a largement assez de place. Mais juste après, je vois un gars qui, au lieu de descendre à reculons, comme il est on ne peut plus logique et normal de faire, se retourne avant de se glisser sous les câbles. Je commence à le maudire intérieurement. Pourquoi est-il obligé de faire n’importe quoi ? Finalement, il s’assoie, cramponné au câble, le temps de faire quelques photos. Ok, il n’a pas forcément l’intention de faire n’importe quoi, mais en même temps, ça a suffit à me donner un coup de stress. Je me sens beaucoup moins confortable. Je me force un peu pour monter encore deux « étapes » (les petites barres en bois, qui servent plus ou moins de marches pour se reposer). J’arrive à une saillie dans le rocher, ou je peux m’asseoir très confortablement. Il reste encore quelques personnes dans la descente. Je m’installe, et j’attends. J’essaie de me calmer, de me raisonner, de me dire que si il y a tant de gens qui montent à tout les jours et que ce n’est pas fermé, ça ne doit pas être si dangereux. S’il y avait des morts à tout les jours, ça serait sans doute fermé depuis longtemps. Ce qui est bien, c’est que je peux reprendre mon souffle sans problème. Le fait de pouvoir contrôler ma respiration aide énormément. Je sais que je suis allé un peu plus loin que la première fois. Fannie m’avait dit que j’avais fait demi tour dans l’endroit le plus difficile. Ça veut dire que je n’ai plus trop d’efforts à faire. Je m’invente un petit tantra hyper positif que je me répète en boucle. C’est fou comment ça aide ! Je reprends l’ascension, un peu rapidement, sans m’arrêter, pour ne pas me poser trop de questions. Et puis soudainement, c’est beaucoup moins raide, ça se fait tout seul, sans problème. J’ai un peu du mal à y croire. J’ai réussi à le faire. Je suis rendu au sommet.
Pour les photos de la Cable Route, version « avec touristes » :
http://sc.c-pp.biz/calivada/?p=406