Au final, avec tout ce monde, je n’arrive à retrouver personne. Comme prévu, l’événement se termine à 22h30. À Chicago, les parcs sont fermés à partir de 23h, ça laisse donc le temps à tout le monde de partir. D’ailleurs, la foule évacue tranquillement. Un groupe conséquent reste à danser avec les tams-tams qui continuent, eux, de jouer. Je n’arrive pas à retrouver Neal ; ce n’est pas grave, je décide de rentrer tranquillement de mon côté.
Tranquillement ? Le roller, la nuit, c’est bien agréable. Certes, j’en ai déjà fait une bonne trentaine de kilomètres aujourd’hui, mais j’ai bien envie de rouler encore un peu. Et puis je me dis que c’est toujours ça d’économiser en métro. Certes, j’ai aucune idée du coup du billet, mais quand même…
Je décide donc de repartir pour trente autres kilomètres.
Je suis quand même dans une ville que je ne connais pas vraiment. La première impression que j’en ai eut, c’est en traversant un parc sombre, avec des voitures vandalisées sur le côté. Quand aux images que l’on a de Chicago, ce n’est pas non plus celles d’une ville spécialement sécuritaire. Le jour même, j’ai trouvé très amusant le commentaire d’une amie : « fais attention à toi quand même, c’est pas une ville de chrétiens ». J’avais demandé à Neal, en début de journée, si son quartier était sûr. Sa réponse, sensée me rassurer, m’a laissé très mitigé : il habite juste à côté de l’Université de Chicago qui, paraît il, à la deuxième plus grosse police privée au monde, après le Vatican. Le quartier est donc sécuritaire. Je le verrais pas nécessairement comme ça, mais bon… d’autant plus que les bornes bleues pour contacter les urgences et que l’on trouve à tout les coins de rues ne sont pas non plus des plus rassurantes.
Toujours est il qu’après hésitations et réflexions, je me suis dit que j’allais faire le retour en roller. Enfin au moins une partie. Après tout, j’ai déjà une trentaine de kilomètres dans les jambes. Côté sécurité, tant que je vois tout ces petits couples se promener main dans la main et les familles revenir de la plage un panier à pique nique sous le bras, je me dis que c’est sans doute très tranquille.
Il est onze heures moins le quart. Les plages et les parcs ferment donc dans un quart d’heures environ. Ça paraît. Alors que j’avance, je vois les lieux se vider tranquillement. Il y a très régulièrement des policiers ; toujours par deux. Mais pour une fois, je ne les trouve pas dérangeant ou imposant. Ils sont juste assis, tranquilles, à discuter. Ils semblent simplement attendre que les gens partent, et s’assurent que tout se passent bien. Aucune interaction ; aucun échange ; aucune demande. Ils sont juste là. J’hésite même à leur demander quelles sont mes chances de survies si je rentre en roller. Dans ma tête, je décrète que si j’ai de la lumière et que je croise des tits couples d’amoureux, c’est que c’est pas dangereux.
La piste est très bien signalisée, sauf un moment en arrivant dans le centre ville, où je la perds pour un moment, sans que ce soit bien grave. Ça me permet de revoir quelques choses que j’avais entre-aperçu le jour même.