Pour ça, changement de quartier. Les glaces (gelato) sont assurément bonnes. J’en profite pour goûter « Balsamique », mais je suis pas convaincu par contre, et la mangue ne bât pas celle du « Havre aux Glaces ». Je me régale quand même ! On continuera par une petite promenade dans les environs. Le quartier me plaît beaucoup. Assez vivant, beaucoup de bars en terrasse ; typiquement le genre d’endroit où j’aime sortir, ou simplement déambuler. Une fois de plus, je me pose la question classique. Tout cela me plaît énormément, la ville est magnifique, semble regorger de choses à faire… mais y vivrais-je vraiment ? Pour la première fois, j’ai l’impression de trouver l’explication de ma réponse négative. Tant de villes que j’ai aimé visiter, mais que pourtant, à chaque fois, une petite voix me disait « reste à Montréal ». Pourtant, je le sais pourquoi j’aime Montréal. Je l’explique à quasiment tout les couchsurfeurs que j’héberge, à tout les gens que je rencontre.

Étrangement, je n’avais jamais réalisé que c’était ce sentiment, que je ne trouvais nul part ailleurs, qui me donnait le goût de rester. Montréal est une toute petite ville. Elle paraît très grande dans les chiffres et sur la carte, mais en fait, elle n’est pas grande du tout. On n’est pas surpris quand on rencontre quelqu’un que l’on connaît dans la rue. La ville a beau faire plus d’un million d’habitants, c’est tout à fait normal. Montréal se vit et se découvre à pied sans aucun problème. Tout est relativement proche. Quelque soit le quartier où j’ai habité (à l’exception notable de Montréal nord) je suis toujours revenu au moins une fois à pied du centre-ville à chez moi. À chaque fois, c’était une balade magnifique. Tout est à portée de chaussures et, en roller, tout est à côté. J’aime cette petitesse, alors que la ville a tant à offrir. J’aime ce sentiment de proximité alors que l’espace est si grand. Dans des villes comme Chicago, Toronto, Vancouver, New-York, la marche à pied n’est quasiment pas envisageable. Il y a aussi le côté « communautaire » de Montréal. La ville est un ensemble de communautés, chacune liée par un intérêt particulier. Quand vous vous intéressez à l’une d’elle, vous ne croisez plus que les mêmes personnes. « Surfer » de communauté en communauté de vient une expérience des plus enrichissantes. Conteurs, improvisateurs, artistes de cirque, artistes de feu, gothiques. Mettez le doigt dans un engrenage, et vous êtes embarqués pour un bon moment ! Il y a, enfin, le sentiment de « village » que l’on ressent dans certains quartier. Où tout est tellement proche qu’on a l’impression que nos voisins, que l’on ne connaît pourtant pas, partagent énormément avec nous.

Ces sentiments, je m’en souviens maintenant, je les ai ressenti à Grenoble. Grenoble, toute petite ville comparée à Montréal. Trouverais-je une autre grande ville aussi inspirante que Montréal ? Difficile à dire !

Toutes ces pensées m’occupent bien l’esprit pendant que nous marchons. Je suis content d’avoir enfin pu mettre le doigt sur ce petit détail qui me chicotait. Après tout, il est quand même perturbant à la longue de découvrir tant de villes que l’on aime, qui nous plaisent, mais d’être incapable de dire ce qui cloche. Qui sait, tout cela va peut être me permettre de regarder les choses autrement.