Agréable surprise ce matin au réveil : un ciel bleu tout simplement magnifique. Il fait chaud, mais pas trop. On est bien. C’est définitivement l’automne, ici aussi. Mais un automne ensoleillé, j’aime ça personnellement. Le site du camping où je suis est tout petit, mais très joli, et j’en profite pour faire le tour. J’aime de plus en plus ces petites marches, courtes et relaxes, au réveil. Ça commence toujours très bien la journée je trouve.

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C’est l’occasion aussi de découvrir que, si le Pourquoi Pas ? est bien propre après la pluie d’hier, il reste quand même pas mal de poussière là où je ne l’avais pas nettoyé du tout. Suffisamment pour réécrire mon petit credo personnel.

Je reprends la route un peu après, rejoignant la 199, pour la deuxième fois. Je ne me suis pas trompé : elle est aussi belle que dans mes souvenirs. Je revois l’endroit où j’ai récupéré les deux auto-stoppeuses la dernière fois. Aujourd’hui, il n’y a personne. Je continue donc, pour redécouvrir juste après le début d’une gorge magnifique, et un pont qui traverse la rivière pour aller vers « Stout Grove ». J’ai toujours aimé les Stouts, je me dis que peut être il y a un Séquoïa géant qui distribue de la Guinness. On sait jamais, alors je vais voir. Dans le doute… occasion également de découvrir un magnifique petit pont couvert. Comme quoi, il peut être tout petit, et pourtant très beau ! Il s’agit peut être du plus petit pont couvert du monde. Il faudrait que je me renseigne.

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On continue un peu sur une route de plus en plus petite, avant d’arriver à Stout Grove. Malheureusement pas de guinness, mais quelques arbres géants magnifiques, pour faire changement, et un magnifique exercice de mikado :

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Je rejoins la route principale juste après, et m’offre une pause là où je ne l’avais pas fait la fois d’avant, à cause de mes passagères. Parce que c’est magnifique à garder en souvenir dans ma tête, mais je trouve que c’est encore plus magnifique à garder en souvenir en photos.

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Les gorges, si on peut les appeler ainsi, ne sont pas très longues. Assez rapidement après, la vallée s’élargit à nouveau. Le décor reste magnifique, mais le plus spectaculaire est en arrière. Et il y a là quelqu’un, sur le bord de la route, avec son énorme sac à dos. Je ne vais pas très loin sur cette route. À peine une vingtaine de kilomètres. Mais j’ai bien compris que quand on fait du pouce, même avancer de seulement vingt kilomètres, ça peut être pas mal. Il s’appelle Robert et vient de l’Arizona. Je lui donne la quarantaine, il m’apprendra qu’il a cinquante sept ans et un background assez complexe. Il a passé quelques temps dans la marine, et beaucoup de temps à déménager dans la plupart des États Unis. Trois ex femmes, cinq enfants, trois petits enfants. À 55 ans, il a réalisé qu’il n’avait pas vu la mer depuis 20 ans. Il a quitté son désert en Arizona, a pris le train, et a fait les 150 derniers kilomètres en stop. Ça fait deux ans qu’il voyage, parfois en voiture, parfois en train, parfois en bus, parfois en stop. Il a une personnalité un peu étrange ; je me demande, d’ailleurs, s’il n’est pas mythomane. Peut être, peut être pas. En tout cas, on discute beaucoup, et je le trouve quand même bien agréable. Il me confirme d’ailleurs pour me confirmer que Bryce et Zion sont à ne pas manquer. Il a habité juste à côté de Zion pendant plusieurs années. Je n’aurais aucun soucis météo avant la mi novembre. Après ça, il y a des risques non nul de tempêtes de neige qui peuvent fermer les parcs pendant quelques jours. Selon lui, en 7 à 10 jours, j’aurais un très bon aperçu. Ça correspond assez bien avec le timing que j’imagine, si jamais je vais là bas. Tout mes projets sont désormais sujets à des « si » pis des « peut être » pis des « on verra bien ». Rien de précis, rien de fixe. Je suis à San Francisco dimanche, après ça, on verra bien où le vent m’emportera.

Comme tout les backpackers, Robert (qui me dit que je peux aussi l’appeler CB pour Crazy Bob) n’est pas vraiment pressé, et donc je m’offre quand même une autre petite pause photo à un moment.

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Je lui explique que je m’en vais visiter « Oregon Cave National Monument », des grottes qui semblent être plutôt belles et qui valent peut être le détour, on verra bien. Comme il semble intéresser, et comme ma passe annuelle me permet de rentrer gratuitement dans tout les parcs et monuments nationaux, en invitant jusqu’à trois personnes, je l’invite à se joindre à moi. Il accepte avec enthousiasme. On s’engage donc sur une route magnifique de trente kilomètres, tout en lacets et en montées, pour finalement arriver. On ne peut visiter qu’avec un guide. Le prochain départ est à 15h ; dans 45 minutes. J’ai un tit creux. Je n’ai pas encore mangé aujourd’hui, et je propose donc à Robert de partager mes pâtes au fromage. Il complète avec une tomate et un avocat, et m’offre même un carreau de chocolat en dessert. Un vrai petit moment de bonheur. Comme quoi, partager ça vaut la peine !

Pendant qu’on mange, une dame vient dire bonjour. Elle m’explique qu’elle a vu Pourquoi Pas ? la veille au matin, au phare, et qu’elle l’a revu une autre fois sur la route et sur le bord d’une plage. Elle trouve très amusant de le revoir une fois de plus aujourd’hui aux grottes, et trouvait que ça justifiait de dire bonjour. Je trouve ça très sympathique de sa part. C’est vrai qu’il est toujours aussi facile à repérer mon Pourquoi Pas ?.

La visite de la grotte dure une heure et demi, et vaut vraiment la peine. Ça me rappelle beaucoup de vieux souvenirs de quand je faisais de la spéléo, et que j’étais tout petit petit. Ça me donnerait presque envie d’en refaire tient ! Parce qu’une grotte tout aménagé, avec des lumières partout, c’est confortable et agréable, mais devoir se débrouiller en rampant dans la boue, ça aussi un côté amusant ! La visite a été l’occasion d’apprendre deux trois choses, plus ou moins importantes. Par exemple, si vous avez besoin d’un moyen mnémotechnique pour arrêter de confondre les stalagmites qui mites, et les stalactites qui tites, dîtes vous que G c’est pour « ground » (sol) et C pour « cell » (plafond). Comme ça, vous ne confondrez plus ! Sinon, d’après le guide, il y a 40 ans, la température moyenne de la grotte était de 4 degrés. 5 degrés il y a 20 ans et 6 degrés de nos jours. Le réseau visitable a considérablement grandi, notamment pendant la dépression : comme il fallait bien occuper les chômeurs, il y a eut pas mal d’investissements faits dans les parcs nationaux. Dans les grottes, ça s’est traduit sous la forme de « on creuse de tunnels pour relier les différents réseaux de la grotte qui resteraient sinon inaccessible ». Bon, par contre, l’avantage d’une grotte très légèrement éclairée, c’est qu’avec un bon appareil photo, et un bon objectif, le résultat vaut vraiment la peine. Pas toujours évident de faire la mise au point, et les poses sont forcément un peu longues (souvent au 1/4 de seconde, mais avec un réflex, il est possible de rester stable sur ce genre de durée). Ma première série de photo souterraine donc.

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Sinon, pour la petite anecdote, les « graffitis » ont été écrit par certains des premiers visiteurs de la grotte, dans les années 30. Une vingtaine d’années plus tard, quand on a essayé de les nettoyer, il était trop tard : c’est une grotte qui est toujours « vivante » : il y a encore de l’eau qui coule de partout, elle continue d’évoluer, de changer, et donc de faire des dépôts calcaires un peu partout. Les textes disparaîtront d’eux même, avec le temps, recouvert par une nouvelle couche de calcaire.

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On ressort de la grotte un peu après, et on remercie le guide vraiment très sympa. Un petit détour sur le chemin pour retourner à l’accueil permet d’avoir un joli point de vue sur les montagnes environnantes.

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Oui, les nuages ont profité que l’on ne regardait pas pour ressortir. En même temps, j’étais plus surpris par le grand ciel bleu du début de journée, vu que la météo annonçait une journée nuageuse.

Un peu après, on retourne au van, et je ramène Robert jusqu’à Cave Jonction, là où il pourra se chercher un lift jusqu’à Medford, sur l’autoroute 5. Moi, de mon côté, je reviens quelques kilomètres en arrière, pour prendre la route de « Happy Camp ». Le nom me plaît bien. C’est une petite ville dans une vallée, et c’est sur mon chemin. Je ne m’y rendrais pas ce soir, c’est un peu trop loin, mais je m’y arrêterais sans doute deux minutes demain. Robert est un grand fan de Bigfoot (yéti/sasquatch/bonhomme carnaval version plein de poiles). Personnellement, je rentre dans la catégorie « fortement sceptique », mais bon. Il m’a expliqué à un moment de la journée qu’il l’a entendu, alors qu’il était perdu dans le noir complet, sans lumière, dans les bois. Il paraît aussi qu’il a été enregistré, et que les sons correspondaient. Il paraît enfin que là où l’on l’a vu, c’est à Happy Camp.

J’ai roulé une quinzaine de kilomètres dans la montagne, pour m’éloigner de la vallée. Il n’y a rien, à part la route. Je me suis trouvé un petit endroit très tranquille, bien isolé, avec personne pour me déranger. Vous l’avez deviné, sans doute, en lisant le nom des grottes : j’ai refait un mini saut dans l’Oregon. J’y dormirais cette nuit ; c’est bête, mais je suis content. J’aime l’Oregon. Ce soir, je me suis fait cuir mon steak. Serais-je en train de devenir végétarien ? Assurément pas. Il n’était pas mauvais du tout, mais en effet, je n’avais plus ma rage de protéines animales. Enfin ; peut être que j’aurais la visite de Big Foot cette nuit…

Un petit panneau, pas loin de où je dors, me raconte un mini bout d’histoire du coin. Au début du 20e siècle, le sud de l’Oregon et le nord de la Californie rentraient un peu dans la catégorie « au milieu de nul part, genre tsé comme inaccessible ». Isolés et ignorés de Salem (capitale de l’Oregon) et de Sacramento (capitale de la Californie), les gens en ont finalement eut assez. Suivant un meneur d’hommes du nom de Jefferson, la région a fait sécession et s’est déclarée indépendante le 27 novembre 41. Une région sans taxes sur les revenus, les ventes, ou les propriétés. Quelques jours plus tard avaient lieu Pearl Harbor, et les rebelles ont laissé tombé le mouvement sécessionniste pour redevenir soudainement patriotes. Il semblerait que les gens du coin gardent quand même un petit côté indépendantiste. Jefferson a son propre réseau de radio public…