Autant l’accès à la John Hancock Tower est simple (on arrive, on achète le billet, on fait un sourire, on monte, ça prend trois minutes) autant là, on arrive dans de l’attraction touristique de haut calibre. On commence donc par un vingt minutes d’attente pour pouvoir passer les portiques de sécurité. Oui, on sait jamais, je pourrais décider de faire exposer le sommet de la tour. Pendant l’attente, on a le droit à tout plein de petits panneaux explicatifs. Des chiffres, des chiffres, et encore des chiffres. Je suis bon public comme touriste. J’aime savoir qu’il y a 936 toilettes dans la tour, ou encore 40233 kilomètres de tuyaux de plomberies. Deux millions de pieds cubes de bêtons, 61 000 vitres teintées… bref, une fois de plus, vous comprenez le principe.
Après la file d’attente pour la sécurité, vous avez la file d’attente pour être pris en photo. Environ 15 minutes. Ils prennent tout le monde en photo. Vous savez, on fait ça partout maintenant : sur un joli fond vert, pour vous détourer facilement dans photoshop, et vous vendre ça une fortune à la sortie. Comme je connais assez bien photoshop moi même, j’avoue que ça ne m’intéresse pas plus que ça. Quand on arrive à la billetterie, après un autre 15 minutes d’attente, on a vraiment l’impression que c’est terminé, que l’on va enfin atteindre les ascenseurs. C’est sans compter la petite projection d’une dizaine de minutes, qui vient nous présenter à quel point la tour est magnifique, fabuleuse, formidable. On a à nouveau le droit à tout les chiffres, mais ils nous sont dit, pis il y a des images qui bougent avec. Moi, ça fait un bon trente minutes que je suis tanné d’attendre. Après le film ? Encore un dernier dix minutes d’attente pour pouvoir rejoindre, pour de vrai cette fois, les ascenseurs. Au moins, pour ces dix dernières minutes, j’ai deux français en arrière de moi qui discutent. Ça m’occupe des les écouter. Pour les connaisseurs, je dirais qu’il y a de fortes chances que Gérard apparaisse quelque part dans leur arbre généalogique.
L’ascenseur a un petit côté « métro de Tokyo aux heures de pointes ». Il est écrit « capacité maximale 24 » à l’intérieur, donc on fait rentrer 24 personnes dedans. C’est la première fois que je découvre que l’on peut réellement remplir un ascenseur avec le nombre de personnes qui est écrit. Je pensais que c’était juste un délire d’ingénieur fan de Tétris. Bon, ok… il y a quand même un petit côté Tétris dans la façon dont tout cela est rangé (rappelons que « tout cela » représente un groupe de touristes). Enfin… l’avantage de ce genre d’ascenseurs, il faut le reconnaître, c’est qu’ils sont plus rapides pour atteindre le 90e étages que certains le sont pour vous amener au quatrième.
Et en haut ? Dans haut la vue est relativement décevante. La tour est un peu en dehors de la zone des gratte-ciels, contrairement à la John Hancock. Et puis on ne peut pas aller directement contre les vitres. On en reste un peu éloigné. Au final, tout cela donne l’impression que l’on n’est moins haut que dans l’autre tour, ce qui laisse un petit côté « tout ça pour ça ». Je fais le tour assez rapidement. À la fin, il y a le « skywalk ». Quatre cubes de verres, collés contre la parois. On peut marcher dedans, et donc flotter très très très haut en dessus du sol. Une fois de plus, je me contenterais de regarder les gens s’y amuser. Une fois de plus, ma confiance aux ingénieurs connaît ses limites.
Je me retrouve finalement en bas, après un dernier 5 minutes d’attente pour redescendre. C’est « amusant » : je me sens à nouveau dans un état de saturation. Trop de gens, trop de monde, trop de choses. La perspective de partir le lendemain me paraît excellente. Je ne regrette pas d’être resté une journée de plus, je ne regrette pas non plus d’avoir fait la tour Willis. Même si on m’avait dit que la John Hancock était bien mieux, j’avais envie de la faire aussi. Vous savez, mon côté collectionneur de tours…