– Toc toc toc ! Park Ranger !
Oups…
Bon, en même temps elles sont très sympathiques ces deux madames, et si je m’excuse d’avoir dormi là où je n’avais pas le droit, j’ai l’impression qu’elles s’excusent encore plus de me demander de quitter l’endroit où je suis. Je leur promets donc de partir très rapidement, et en effet, deux minutes après, le Pourquoi Pas ? est sur la route. En même temps, il est 8h30, c’est une heure parfaite pour se faire réveiller. Je n’irais quand même pas jusqu’à les remercier… je me demande comment elles le prendraient !
Je reviens donc deux kilomètres en arrière, à « Anderson Viewpoint » histoire d’avoir un petit point de vue matinale sur les environs. Les deux hollandaises d’hier disaient qu’ils annonçaient un temps couvert et de la pluie pour aujourd’hui. Elles peuvent commencer à regarder une autre chaîne météo !
Ensuite, et bien je reprends une fois de plus la route, qui me fait aller de plus en plus vers le nord, sans que ça paraisse nullement au niveau des températures ou de la météo. Avec tout ça, j’ai oublié de préciser que j’ai franchit le 45e parallèle hier en milieu d’après midi.
Dans mon livre à moi, un phare c’est comme une valeur sûre de paysage magnifique et donc, en règle générale, je m’arrête quand il y en a un d’annoncé. Et comme à chaque fois, je ne regrette absolument pas. Celui de Cape Meares, même s’il est le plus petit de l’Oregon, est situé dans un endroit tout simplement superbe. Les falaises tombent dans une mer avec des vagues magnifiques, et la brume ne s’est pas encore tout à fait levée. C’est juste parfait.
À Cape Meares, on trouve aussi « Octopus Tree ». Personne ne sait si c’est naturel, ou si des indiens lui aurait forcé un peu la main. Moi je le trouve bien joli cet arbre pas de tronc (de la famille des Sitka Spruce).
Bref, l’endroit me plaît tellement beaucoup que même s’il est seulement 10h30, je décide de faire mon petit déjeuner. Ou mon repas de midi. À moins que ce soit un brunch. En même temps, sandwich de Cornedbeef, en brunch, c’est un peu décevant… Après, il n’est pas si pire que ça mon Cornedbeef. Et puis manger avec un paysage comme ça devant soit, comment dire…
Peu de temps après, la route rejoint l’estuaire de la rivière Tillamook qui, si j’ai bien compris, se la joue aussi « baie » en même temps. Ce que la quatrième photo montre (un peu) c’est que l’endroit semble extrêmement populaire au niveau des pêcheurs. C’est assez impressionnant, à vrai dire, de voir tout ces bateaux, les uns sur les autres (ça paraît un peu moins sur la photo que j’ai prise, dans un endroit moins peuplé, que dans la réalité).
Et tout cela nous amène dans la magnifique ville de Tillamook, où je retrouve la 101 (que j’avais quittée pour prendre l’itinéraire touristique le long de la côte). Tillamook, je lis le nom depuis un bon moment. Parce qu’à Tillamook, il y a une fromagerie, et ils font aussi de la crème glacée qui voyage pas mal en Oregon à ce que j’ai compris. Ma première pause sera pourtant à une autre fromagerie. Celle de « blue heron ». Quelques fromages en dégustation. Du brie. Du brie fumée. Du brie aux piments. Et un fromage bleu. J’essaie le brie classique, extrêmement gras et épais, et le bleu, qui me fait penser à un bleu danois. Je ne m’éterniserais donc pas plus. Je m’arrête à nouveau, deux kilomètres plus loin, devant l’immense fromagerie de Tillamook. Quand je dis immense, ça n’est pas exagéré. Je ne me souviens plus du tonnage quotidien de fromages produit. Beaucoup trop probablement. Surtout quand je découvre qu’ils ne produisent que du Cheddar. J’avais un petit espoir que peut être ils auraient un ou deux fromages intéressants. Je les goûte tous, histoire d’être sûr que je peux confirmer que ça ne présente absolument aucun intérêt. L’autre partie « amusante » de la fromagerie, c’est la visite auto-guidée. En gros, il y a un certains nombre de panneaux d’informations, et surtout, on peut admirer les employés à l’oeuvre par des fenêtres. Tout cela me rappelle de lointains souvenirs de découpeurs de jambons à la chaîne… quoi que… j’ai l’impression que ma job aux jambons d’Aoste étaient plus intéressantes ! Toujours est il que je me demande comment j’aurais réagis si j’avais vu des touristes me faire des « tatas » pendant que je travaille…
Je me paie une crème glacée chocolat-mûres pour me remonter le moral. Bin en fait, mon moral va parfaitement bien, mais on va dire que c’était à titre préventif, juste au cas où !
Et je reprends la route à nouveau. J’avoue que je n’aime pas vraiment la région. On a perdu les falaises, les montagnes et la forêt. C’est juste un très grand estuaire, avec des villes pas très belles, pis des vaches. Heureusement, ça ne dure pas trop longtemps !
Nouvelle pause, un peu plus loin, pour aller jeter un oeil à une plage en principe jolie. Je me gare à côté d’une voiture blanche d’où sort une fille avec un magnifique manteau rose, et un chapeau encore plus magnifique. Elle me sourit et me dit bonjour. Moi j’aime les gens qui me sourient et me disent bonjour, alors je lui rends sourire et salutations, avant d’aller faire un petit tour sur la plage.
Et puis j’ai l’idée d’un plan machiavélique. Enfin non, l’idée je l’avais déjà eut avant, mais je n’avais pas encore pu la mettre à exécution. La plus part du temps, ce sont les gens qui viennent me parler, et ça serait bien que de temps en temps, ce soit moi qui aille vers les gens je trouve. Et franchement, la demoiselle avec son chapeau, elle a l’air full sympathique et charmante. Alors quand je repasse à côté d’elle après mon petit tour sur la plage, je lui dis que j’ai l’intention de me préparer un thé, et lui demande si elle en veut. Évidemment, ça n’est qu’un demi mensonge, puisque partager un thé avec quelqu’un me tente bien, mais le boire tout seul m’intéresse moins. Elle accepte l’invitation, et on se retrouve à discuter pendant une bonne heure, surtout de tout, un petit peu de rien.
Elle s’appelle Anya et habite Portland en ce moment. Quand je lui ai demandé d’où elle vient, elle m’a répondu « d’un peu partout ». Par la suite, j’ai compris qu’elle a grandi en Europe (notamment en Angleterre) et en Afrique, avant de se retrouver coincée dans l’Oklahoma pendant plusieurs années, et que ça ne fait pas longtemps du tout qu’elle a pu venir s’installer dans l’Oregon. Elle aime l’océan, ça lui manquait, et elle est heureuse d’habiter pas loin de la côte. Elle a travaillé dans un truck stop, comme monitrice de tir à l’arc, comme vendeuse dans un magasin d’outils, comme secrétaire dans un cabinet de comptabilité, et en ce moment elle travaille dans un restaurant rapide sur le campus universitaire de Portland. Je continue à aimer ces petites rencontres aléatoires. J’aime « voler » des petits bouts d’histoire à ces inconnus que je croise sur la route. Je ne sais pas ce que j’en ferais. Peut être rien. Après tout, c’est avant tout le plaisir de parler à ces inconnus qui me plaît. Évidemment, j’ai du lui redemander son prénom quand on s’est dit au revoir, vu que je l’avais oublié. Elle m’a dit que par contre, pour elle, c’était facile de se souvenir du mien. Elle a appelé son piano « Sébastien ». Moi je trouve que c’est un joli nom pour un piano ! Comme je lui dis, je suis très fier de savoir que quelque part dans le monde il y a un piano qui porte mon nom !
Et puis elle doit rentrer à Portland. Elle travaille ce soir. On se dit « au revoir » ; on se dit « peut être à bientôt ». Et la voiture blanche disparaît. Pourquoi Pas ? démarre un peu après, direction Astoria, avec une pause « gros rocher » un peu avant d’arriver.