Il me reste une dernière petite pause à faire, pour aller voir une cascade qui semble magnifique. J’ai vue une photo, j’ai demandé où c’était, et on me l’a indiqué. Après ça, j’avais l’intention de faire une petite pause à Port Angeles (qui représente pour moi le bout de la 101, et l’endroit où l’on prend le traversier pour aller sur l’île de Vancouver. Oui, au Canada !). À Port Angeles, il faut aussi que je trouve une connexion internet pour vérifier quelque chose. Je viens d’apprendre que Seattle avait aussi un événement de décompression pour Burning Man, demain également. Plutôt que de rouler jusqu’à Portland, je pourrais m’arrêter à Seattle, y passer la fin de semaine, et repartir vers le sud après. J’hésite.

La promenade pour aller jusqu’à la cascade est magnifique. Là encore, l’air est saturée d’humidité, les arbres couverts de mousse, et tout est vert et beau. Sauf que, à ma grande surprise, la cascade où j’arrive n’est pas celle de la photo. C’est pas grave, elle est belle quand même, mais je suis intrigué. Je ne saurais pas où est la cascade que j’avais prévu de voir. Je me contenterais d’une autre donc.

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Retour au van, retour sur la route, qui m’amène finalement à Port Angeles. Il est 18h ; je n’ai pas encore mangé aujourd’hui. J’aime ça aller à mon rythme quand je voyage, et si je n’ai pas faim, et bien je ne mange pas, tout simplement… pourtant, je commence à avoir un petit creux, et je me dis qu’une ville de la taille de Port Angeles doit avoir son buffet à volonté quelque part. Malheureusement, le seul que je trouverais, qui était indien et me tentait beaucoup, n’offre le buffet qu’à midi. Je tourne quand même un peu en ville, regarde à droite, à gauche. M’essaie à un autre restaurant. Nouvel échec. Sauf que là, quelqu’un vient me voir et me dis « dîtes, vous savez que vos lumières n’éclairent plus à l’arrière ? ». Euh… non, ça je ne savais pas… merci pour l’info… un fusible qui aurait sauté ? Peut être. J’en vérifie plusieurs, sans succès. Ce qui est étrange, c’est que j’ai perdu le rétro éclairage du tableau de bord depuis un bon moment maintenant. Et ce qui ne m’arrange pas du tout, c’est que j’étais d’humeur à rouler toute la nuit. J’aime rouler la nuit. C’est reposant, agréable, ça me détend, ça me change les idées ; j’en avais envie. Là, je ne suis plus trop sûr.

Après une longue hésitation, j’ai laissé tombé l’option Seattle. J’irais à Portland, comme je l’avais prévu initialement. Ça veut dire que j’ai cinq heures de route à faire. J’aimerais vraiment les faire cette nuit. Sans lumière, j’hésite. Pas sûr que la police aime ça. Et puis bon, je me décide à y aller, on verra bien.

Je roule un moment. Peut être une trentaine de kilomètres. Je fais attention, je surveille en arrière que tout va bien, que personne ne me fait de mauvaise surprise, ça semble correct. Les voitures me voient quand même. L’énorme nappe orange qui me sert de pare brise arrière doit sans doute aider. Et puis je vois très nettement la voiture de police garée sur le bas côté. Je la vois très clairement démarré quelques secondes après que je passe devant. Et je la vois très clairement mettre ses gyrophares. Bon, bin je n’irais pas beaucoup plus loin aujourd’hui on dirait.

Le policier est très sympathique. Évidemment, je feins la surprise quand il m’annonce que je n’ai plus de lumière. Et au moment où je fais ça, je me rends compte que j’en ai assez de tout ça. Je me suis toujours considéré comme quelqu’un d’honnête, et je découvre que ces derniers temps, je passe mon temps à mentir, à dire des demi vérités, à changer un peu la version des faits. Et ça me fatigue. Je n’ai pas envie de payer une amende pour mes lumières qui ne marchent pas. Et puis ça vient juste d’arriver. Mais en même temps, je le savais. Bref, tout cela est pénible à la longue. Même chose pour ces parcs nationaux que je ne paie pas, où ces endroits où je fais semblant de ne pas savoir que je n’ai pas le droit de dormir. Il est temps que je m’arrête de faire ça, parce que je me rends compte que ça va devenir une habitude systèmatique, et pour moi, c’est hors de question.

Le policier me dit qu’il ne me mettra pas d’amande, mais qu’il ne faut pas que je roule comme ça. En même temps, je suis quand même assez d’accord avec lui. Il me dit qu’il y a un restaurant avec un parking, juste un peu avant, où je serais très bien pour dormir pour la nuit. Je l’écoute. Je fais demi tour, et je me gare. J’ai faim. Ce soir, ça sera quinoa et corned beef. Ça y’est, la dernière boîte est morte ! Enfin débarrassé.

Le parking est juste sur le bord de la route, on est vendredi soir, pas loin de Seattle, et ça roule. Beaucoup. La nuit ne s’annonce pas terrible du tout !