Le réveil qui sonne à 8h30 du matin, c’est vraiment pas sympa, surtout quand la veille on a été inspiré jusqu’à très tard. Mais bon, c’est pour Pourquoi Pas ?, alors je suis prêt à faire quelques efforts quand même. Je me lève donc, difficilement, et roule jusqu’au garage. Dehors, le ciel est presque bleu. Il y a un peu de brouillard, mais ça semble vouloir se dégager un peu. La météo, si proche de la côte, relativement dans le nord, au milieu de l’automne, c’est pas folichon. J’ai été très chanceux jusqu’à présent, l’automne tardant à s’installer, mais maintenant qu’il est là, il semblerait bien qu’il n’ait plus l’intention de partir. Donc en gros, les prévisions météos pour les six prochains mois, c’est « ciel couvert et pluie ». La bonne nouvelle, c’est que je vais bientôt remplacer la pluie par de la neige…

Je laisse le van aux bons soins du garagiste, pendant que j’attends sagement dans la salle d’attente. Le verdict arrivera une petite heure plus tard. Une pièce à changer. Avec la main d’oeuvre, la facture va être un peu salé ; mais je peux pas vraiment y faire grand chose. Faire le chemin de retour uniquement de jour, je n’y crois pas. Au contraire, d’ailleurs, je me voyais bien faire des immenses étapes de nuit. Ça fait toujours du bien. Donc dans ce contexte, pas le choix, une fois de plus, de faire réparer. Je demande une info rapide pour un remplacement de pare brise arrière… à priori, vu ce à quoi je devrais m’attendre, à ce niveau là, y a pas urgence, et j’attendrais donc.

Je dispose d’une paire d’heures à tuer. Je profite du soleil pour aller me promener dans les rues de Portland, un peu au hasard à nouveau. Je me dirige quand même vers le bord de l’eau, suivant mon feeling, suivant les rues qui semblent plus inspirantes. Et puis à un moment, je me retrouve à un arrêt de tram. Je me rappelle que c’est gratuit dans le centre ville. Alors juste pour le plaisir, juste parce que ça fait longtemps que je n’ai pas pris le tram, j’embarque. C’est toujours aussi agréable. Je ne fais qu’un arrêt, mais celui-ci me permet de traverser la rivière, histoire de voir de l’autre côté. Je reprends le pont à pied, en sens inverse pour le chemin du retour. Je reviens jusqu’au garage, où je poireaute encore une petite demi heure, avant de récupérer finalement les clés, et une facture, légèrement inférieure à ce que l’on m’avait dit. Le patron a accepté de me faire une tite ristourne comme je viens de loin. C’est bien aimable !

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Quand je suis de retour chez Danielle, elle est allée faire quelques courses ; on a beaucoup parlé de nourriture, à plusieurs reprises de fondues au fromage. Elle a trouvé une recette, et est en train d’en préparer une. Pour fêter ça, et la remercier, je vais chercher deux bouteilles de bière dans le van. Je suis définitivement fan de mon cellier sur roue. Je l’ai rempli consciencieusement, petit à petit, tout en avançant. Maintenant que je me mets à acheter des billets d’avion et à faire réparer le van toutes les deux semaines, et que je n’ai plus de contrats, mes finances sont un peu plus limitées, alors je n’ai pas le choix de tourner sur les stocks. Il n’y aura sans doute plus trente bouteilles quand je repasserais la frontière. C’est pas plus grave, sans doute. Ça simplifiera les formalités.

J’avais pensé retourner en ville avec Danielle pour l’après midi, profiter du soleil, mais celui-ci n’est pas resté. Les nuages sont déjà de retour. À la place, on reste bien au chaud chez elle, à discuter, et à jouer de la musique. Je l’écoute, elle m’écoute, on s’écoute quand on fait jouer des enregistrements, ou des fois on joue ensemble. On se trouve très facilement à ce niveau là, et c’est un vrai plaisir.

Sa coloc nous parle à un moment de la projection d’un documentaire sur le chocolat, en fin d’après midi. Projection accompagnée d’une petite dégustation gratuite. Ça semble assez intéressant, et ça nous obligera à bouger un peu. C’est pas un mal. Ça fait du bien de sortir, de temps en temps. En fait, il s’agit d’un documentaire sur les enfants esclaves dans les plantations de cacao en Côte d’Ivoire. Je trouve personnellement le documentaire moyennement intéressant. C’est organisé par une coop spécialisée dans le commerce de chocolat équitable, évidemment. Il y a donc quelques discussions sur la question également. Quelques échanges. Le chocolat, quand à lui, est excellent. Ça fait bizarre, un peu, d’être de retour dans un monde « militant ». Je qualifierais de nihilistes la plupart des personnes que j’ai rencontré sur ma route. Des gens écoeurés de la société, qui ont décidé d’en sortir, plutôt que d’essayer de la changer. Me rappeler qu’il est aussi possible d’être actif plutôt que passif, ça a aussi du bon…

Il est encore tôt quand tout cela se termine. Il ne fait pas très chaud, mais il ne pleut pas, et c’est une belle soirée pour se promener. On retourne donc sur le bord de l’eau, où on passera finalement plus de temps à contempler la ville et à discuter qu’à réellement marcher. Les habitués de Montréal reconnaîtront peut être la tour de la Bourse (là où je travaillais, quand j’étais chez Canoë) au milieu de la première image. Une trentaine d’étages en moins simplement. Je trouve la ressemblance vraiment amusante ; il faudrait que j’essaie de me renseigner, voir si c’est le même architecte, la même inspiration, ou simplement une coïncidence.

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Je crois que je commence à comprendre quelque chose, même si je suis incapable de l’expliquer : mes projets, mes planifications, restent relativement stables et inchangés, tant que je ne les formule pas, tant que je ne les partage pas. Mes plans sont assez précis, et le reste pour une longue période. Et puis à un moment, je formule à haute voix « je vais faire ça », et comme par hasard, le lendemain se produit de quoi qui vient tout chambouler. On pourrait croire que je le fais exprès, mais je ne pense pas. D’ailleurs, c’est même un peu difficile à suivre, parfois. Pas toujours facile d’organiser de quoi, en sachant que ça change si souvent… le dernier exemple en date est extrêmement récent. J’ai formulé, tout juste hier, mes intentions de voyage. Une petite boucle en Oregon, puis un dernier petit babaille à la mer avant de rentrer à Montréal. Il semblerait que ça ne sera plus ça.

Danielle a le mal du pays un peu. Depuis un an, elle n’est jamais retournée au Kansas, et ça lui manque un peu. Elle aimerait y retourner, mais ça n’est pas très simple à organiser. En même temps, si vous prenez une carte, et que vous tracez une ligne « Portland – Montréal via Chicago » vous verrez que s’arrêter à Lawrence, au Kansas, c’est pas vraiment ce que l’on pourrait appeler un gros détour. Alors quand elle me dit qu’elle a le mal du pays, je n’hésite pas vraiment à lui proposer un lift. C’est même plus rationnel pour moi. On continue à prendre un peu notre temps en Oregon, et ensuite, plutôt que de revenir à Portland, on continue vers l’est. Et comme elle a vraiment envie de voir un phare, on commence par une petite boucle de deux jours sur le bord de l’océan. Ça lui laisse un peu plus de marge pour réfléchir à tout ça, et pour se préparer au voyage. Moi, ça ne change quasiment rien pour moi. Hormis le fait que je vais avoir une compagne des plus charmantes pour une bonne partie du voyage.

L’itinéraire de retour, je n’essaierais même pas de le formuler. Déjà parce qu’on hésite entre plusieurs options (allant de la ligne pas droite à la ligne vraiment mais vraiment pas droite du tout) et que si en plus je vous dis le chemin qu’on va prendre, on ne va pas le prendre. À la place, j’envoie un message à Jane, pour l’informer des nouveaux changements de plans, et voir si ça peut aller de paire avec une rencontre quelque part, sur la route. J’ai des envies de soleil et de désert, et ça, c’est plutôt dans le sud que ça se passe !

Les plans complètement chamboulés, on rentre tranquillement à l’appartement, histoire de fêter ça en regardant un film. Demain soir, on dort sur le bord de l’océan.

Petit mauvais plan, par contre, qui m’énerve un peu : si les phares arrières du van fonctionnent à nouveau, je découvre à la nuit tombée que les lumières du tableau de bord ne fonctionnent toujours pas, alors qu’elles devaient être réparées. Pas cool. Ça veut dire qu’il faut que je repasse au garage demain, et j’aime pas ça !