Routes de France

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Dragonneries 2011 – du 29 au 31 juillet (environ)

Les dragonneries, pour faire un résumé succinct et rapide, c’est une fin de semaine de jeux qu’organise mon père, à chaque année, à la fin du mois de juillet. Il s’agissait, au début, des collaborateurs de la revue de jeux de rôles, le Dragon Radieux, que mes parents ont créés en 1985 et qui a fait faillite quelques années après. Depuis, tout ce beau monde se retrouve à chaque année…

Il y a d’abord eut la soirée d’échauffement. Gilles, Laurence et la bière sont arrivées jeudi en fin d’après midi. Pendant des années, pour moi c’était l’arrivée de Phiphi qui marquait le début prochain des dragonneries. Il arrive désormais avec trop d’avance pour que ça marche. L’arrivée de Gilles et Laurence avait donc, pour moi, un petit côté « enfin, ça recommence ». Parce que si je ne me trompe pas, mes dernières dragonneries (drageonneriez d’après le correcteur orthographique, je savais pas que ce mot existait) datent d’il y a cinq ans. Pour moi, ce sont donc moult souvenirs qui remontent à la surface, et une attente impatiente qui n’a que peu changée depuis mes premières dragonneries il y a une quinzaine d’années maintenant…

La soirée sera simple. Cinq à tables, puis cinq autour de la table de jeux pour la première partie. On commencera par le test de « Cargo Noir ». Le système me plait bien. Je terminerais premier exa eco avec Gilles, mais les règles de départage lui donnent la victoire. Pas de beaucoup ; ça ne me dérange pas : concéder une victoire à Gilles est toujours un plaisir.

Au moins, ça commence bien ces dragonneries. Je n’avais pas joué depuis un bon moment, c’est parfait.

Le jeudi passera tranquillement, rythmé par l’arrivée de Xavier, puis de Philippe, puis des nains. Je commence à me faire aux coups de vieux. Avec Lilou, ma cousine devenue ado à Noël, puis avec Lucie, que j’ai connue enfant et qui est rendue étudiante, ou Corwin, connu bébé et qui fait maintenant deux têtes de plus que moi. Je me retrouve à la place des participants des dragonneries, qui pour certains me connaissent depuis que j’ai 5 ans. Chacun son tour, j’imagine !

Le repas du soir d’abord prévu pour 10 se fera finalement pour 11, et se terminera à 12. Pascal, un nouvel arrivant, se joint à nous. Parce que c’est aussi ça les dragonneries : il y a le noyau dur, plus ou moins constant, et puis les nouveaux, qui arrivent par pistonnage. Certains restent et deviennent des habitués, d’autres ne font leur apparition qu’une ou deux années. Les visages se suivent, ne se ressemblent pas toujours.

À force de tergiversation, discussion, attente, et hésitations interminables, on arrive finalement à se retrouver autour d’une table de jeux. On commencera dans un joyeux délire, avec « Oui, seigneur des Ténèbres » qui permettra un certains nombre de rigolades, et qui prouvera que Pascal, bien que nouveau, est digne de confiance quand il s’agit de remplir des missions. On enchaînera ensuite sur deux parties de « Cash N Guns ». Encore une fois, tout ça s’annonce plutôt bien !

Le rythme « joueur » des dragonneries convient assez bien à mon rythme naturel : couché tard, levé tard. Sortir du lit à 10h, moi j’aime bien. Le vendredi matin voit encore un certains nombre d’arrivées, et on approche de la trentaine de participants dès le repas de midi. À partir de là, la fin de semaine se poursuit sur un rythme assez régulier : je me lève en fin de matinée, j’aide comme je peux pour le repas de midi qui s’éternise jusqu’à 14h-14h30, on enchaîne sur un ou deux jeux dépendant de la durée de chacun, et on recommence le soir : repas qui s’éternise et jeux qui durent jusque tard.

En fait, les dragonneries s’orientent autour de plusieurs grands axes :

– les jeux sont évidemment à la base de tout. Si il m’arrivait encore de jouer un peu à Montréal, c’était à des jeux pas très complexes, avec des gens pas nécessairement habitués à jouer. Pas de stratégies à réfléchir à long terme, pas de mal de tête, pas de règles compliquées… alors pour moi, les dragonneries, c’est quand même une excellente occasion de me fatiguer un peu le cerveau. Réfléchir aux meilleures stratégies possibles quand on est face à des joueurs redoutables est un vrai plaisir. C’est également l’occasion de découvrir plein de nouveautés sympathiques. Panthéon sera définitivement la plus intéressante découverte cette année. J’ai pu avoir ma dose, ça fait du bien ! Les jeux de ces dragonneries 2011 :

+ Cargo Noir

+ Seven wonders

+ Fame Us

+ Le seigneur des anneaux

+ Linq

+ Panthéon

+ Good idea

+ Objets trouvés

+ Oui Seigneur des Ténèbres

+ Cash and Guns

+ Cyrano

+ Pyramides

– les repas. Avoir trente personnes à table pendant trois jours demande une logistique impressionnante. Calculez vite : en 3 jours, vous êtes déjà pas loin des deux cent services. Ça demande une certaine habitude, et une cuisine rodée. Le rodage, c’est mon père qui l’a. Au final, il passe quasiment les trois jours à préparer les repas, organiser tout ça, faire les courses, compléter, ranger, calculer… un travail assez titanesque pour lequel on est quelques uns à l’aider autant que possible. Les autres donnent juste un petit coup de main rapide pour débarrasser en fin de repas. La nourriture semble se faire toute seule, apparaître directement dans leurs assiettes, et ça leur convient. J’avoue que je trouve dommage que les gens ne soient pas plus conscients de la masse de travail demandée en cuisine. Cette année, j’ai décidé de rendre hommage aux plats préparés. Ils passeront tous (à l’exception de certains, tels que les melons) devant l’objectif de mon appareil photo. Les gens ne semblent pas comprendre pourquoi je fais ça. C’est ma façon à moi de rendre hommage au cuisinier, et de rappeler que la nourriture est l’un des éléments clés des dragonneries. Les menus :

+ Jeudi soir : Salade, sauté de porc au curry et ratatouille

+ Vendredi midi : Tête de moine et pizza en apéro, filet mignon en croûte et patates au four

+ Vendredi soir : Salades variées, charcuteries variées, gratin de courgettes et tagliatelles, fondant au chocolat à la façon de Lucie

+ Samedi midi : salades variées, gigot d’agneau, petit pois et pommes dauphines

+ Samedi soir : croquants à la tomme des Bauges, daube à la dauphinoise et crozet de Savoie

+ Dimanche midi : saucisses (parfois maison), merguez et gratin de courgettes

+ Dimanche soir : salade de haricots, roulés de veaux, gratin de coquillettes, et pudding corse (à la façon du corse)

+ Lundi midi : buffet

– les gens. Au début, il n’y avait que les collaborateurs de la revue. Et puis certains ont arrêté de venir. D’autres ont amené des amis. Certains sont devenus des habitués, d’autres ne sont apparus qu’une seule fois. Certains des visages des dragonneries ont toujours été dans ma vie. Ils y sont entrés quand j’avais 5,6 ou 7 ans et sont là depuis. J’ai parfois l’impression d’avoir grandi entouré d’adultes qui jouaient. Forcément, c’est un univers étrange mais passionnant pour un enfant. Même si j’ai réalisé par la suite que les « adultes » n’avaient même pas vingt ans, pour certains, quand je les ai vus pour la première fois. Bien plus jeunes, donc, que je ne le suis aujourd’hui. Il y a quelques années, nous n’étions que quatre (plus mon père évidemment) à n’avoir jamais raté les dragonneries. Et puis la distance aidant, j’ai quitté ce petit groupe de privilégiés. Je me suis rendu compte, en revoyant tout ces gens après plusieurs années d’absence, que la pause m’avait fait du bien. J’ai pu regarder les gens autrement, j’ai pu me défaire de certaines opinions négatives ou renforcer certaines plus positives. Il me semble avoir toujours observé les gens, mais mon regard a changé depuis quelques années, et redécouvrir les participants aux dragonneries a été un vrai plaisir, même s’il était un peu étrange de découvrir des habitués que je ne connaissais même pas ! Les personnes qui viennent aux dragonneries (à de très rares exceptions) sont tous des joueurs ; beaucoup sont fans de jeux de rôles, et ça paraît. Avec le temps, un bon nombre de participants se sont créés des « personnages dragonneries ». Bâtis à base de morceaux de leur personnalité, souvent caricaturisée. L’observation est intéressante. Année après année, les gens se sont spécialisés dans leur rôle et, à bien y regarder, ne semblent pas pouvoir en sortir. Même moi, en m’observant, je me rends bien compte du personnage que je joue. Et que je ne peux pas changer. Les dragonneries seraient elles, en réalité, un grandeur nature de 3-4 jours ?

À quoi ressemblent les gens des dragonneries ?

– la bière. 30 personnes, 3-4 jours, 154 litres de bière. L’arrivée des fûts de 5 litres simplifie énormément le travail des personnes qui vont à la benne à verre pour le recyclage !

– le tarot. Une année sans tarot ? Je serais bien surpris que l’on ait déjà vu ça ! Il y a toujours une soirée (ou deux) ou un groupe de 5 personnes se retrouvent autour d’une table, des grandes cartes à la main. Voilà une éternité que je n’avais pas joué, il faut bien le reconnaître, ça fait du bien !

Certains disent que les dragonneries ne durent que 3 jours. En fait, les premières arrivées se faisant le mercredi soir, et le dernier départ le mardi matin, on pourrait éventuellement dire que ça dure un peu plus que ça. Il y a, derrière l’événement, un exercice d’endurance qui me plaît particulièrement. Entre les soirées jeux qui se terminent très tard, et les excellents repas qui s’enchaînent, il faut savoir trouver un équilibre entre sommeil, digestion et jeux qui n’est pas forcément des plus évidents ! Cette année, en tout cas, j’aurais bien réussi. Pas de siestes, et aucune soirée jeux raccourcie pour cause de fatigue. Bref, de magnifiques dragonneries que celles-ci, après une pause aussi longue. Et puis il fallait que j’en profite, puisqu’à priori, j’ai déjà trouvé une excuse pour ne pas venir en 2012 et en 2013 !

 

Agen – Toulouse – Lyon – Bourgoin – Charbinat

Je continue à être fasciné par le train. Ça reste mon moyen de transport préféré. Comme je le disais avant de quitter Montréal, si j’avais pu faire Montréal-Paris en train sur 6 jours, je l’aurais fait sans hésitation. C’est un confort de voyage impossible à égaler. Tiens, d’ailleurs, en parlant de confort, Via Rail remporte la palme selon moi. Amtrak arrive en deuxième, et la SNCF en troisième. Exaeco avec les chemins de fer suisses, pour ce que je m’en rappelle. Les fauteuils de Via Rail sont tellement confortable… on s’enfonce dedans, et les trains longues distances (j’ai essayé sur Montréal – Gaspé) ont des wagons panoramiques ! L’espace pour les jambes est tout simplement gigantesque. Amtrak arrive juste après ; l’espace entre les sièges me paraît un peu plus petit, les fauteuils un peu moins moelleux. Mais on peut quand même s’enfoncer bien confortablement. La différence, au niveau de la SNCF, c’est qu’on privilégie l’efficacité du transport. On ne vous offre pas une expérience de vie, simplement un moyen d’aller rapidement et confortablement partout où vous le voulez. Ça marche, même si on pourrait s’enfoncer 10 centimètres de plus dans les fauteuils !

C’est la première fois que je prends le train avec Iris. On passera une bonne partie du voyage à dormir tout les deux (quelle idée de partir à 7h15 du matin !), mais il n’empêche que ça a un petit côté symbolique qui nous plait. Le début de nombreuses aventures !

On reste ensemble à Toulouse le temps d’un chocolat chaud et d’une chocolatine. J’avais prévu de réadapter mon vocabulaire en commandant un pain au chocolat, mais on dirait que dans le sud ouest, ils mangent des chocolatines… tant mieux, je trouve que ça goûte meilleur avec ce nom là !

Je saute ensuite dans le métro pour rejoindre mon covoiturage direction Lyon. Iris, elle, fait un petit détour par Marseille. On se retrouve dans quatre jours.

On quitte Toulouse à 3 dans une Citroen Saxo. On récupère un quatrième passager à Albi. C’est loin d’être l’extase côté place ; j’ai même le bodhran sur les genoux pendant tout le voyage, mais ça reste raisonnable. Je trouve les échanges plus sympathiques lors de ce voyage. Benjamin et Xavier sont amis, tout deux thésards en mathématique. Le premier étudie les statistiques, et la façon dont évolue notre signature à chaque fois que nous la faisons. Sa thèse étudie l’efficacité de la signature comme système d’authentification. Sans trop de surprises, ça ne vaut rien. Xavier, lui, étudie les nouveaux modèles mathématiques utilisés pour les nouveaux appareils médicaux destinés à remplacer les rayons X. Je me retrouve à l’arrière avec Alban qui, après avoir fait 4 années d’étude en Biologie/Géologie est devenue charpentier. Il est ensuite devenu guide de randonnées dans la région d’Albi, et en septembre il attaque une formation de facteur/réparateur d’instruments à vent au Mans. La seule école qui existe en France pour les instruments à vent. Il regarde d’ailleurs Solly (ma flute en bambou) avec beaucoup d’intérêt. Échange sympa, la route avance bien, on ne s’arrête pas plus que ça, et on arrive même en avance à Lyon sur ce que j’avais anticipé. Un autre petit vingt minutes de train, je retrouve mes parents, vingt minutes de voiture, et hop, maison !

Mon appareil photo a un mode rafale

Qui laisse Iris stoïque à la terrasse du bar.