Routes de France

Redécouvertes, exploration et vie au quotidien pour un ex-expat

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Le festival de l’Ilophone 2011

L’idée d’un festival se tenant sur une île m’a, là encore, renvoyé à mon voyage aux îles de la Madeleine. Sauf que là, pour un festival de musique où tout le monde (sauf les autochtones) est à pied, impossible de multiplier les lieux des événements. Une seule adresse, donc : la vieille salle des fêtes un peu vieillottes et moribondes.

De la programmation, je ne connais quasiment rien. De Stéphane Eicher, je me souviens « déjeuner en paix » que mon frère écoutait ado. Tout ce que mon frère écoutait ado, bien ou mauvais, je l’ai instinctivement rangé dans la catégorie « arrrrrrgggh ». Catégorie dans laquelle j’ai réussi à faire des découvertes intéressantes, mais qui m’a demandé beaucoup d’efforts ! Au programme également : Yann Tiersen. Lui, je connais. Je connaissais même avant qu’il fasse la BO d’Amélie Poulin. Mais là, il jouera de la musique électro expérimental avec deux allemands. Mon petit doigt me dit que ça changera un peu. Toujours au programme : Miossec. L’amoureux de mon amoureuse, qui n’est avec moi par défaut, n’ayant pas encore pu épouser Miossec. À part ça, je n’en connais pas grand chose. Et puis Cali. Le meilleur ami de Miossec, et le (sur)nom de ma mère.

Une programmation aussi floue, j’avoue que ça m’attire. Comme je l’expliquais au chanteur de Leonid après nos échanges, de nouvelles découvertes musicales, même si je n’aime pas, ce n’est jamais du temps perdu !

Et là, en l’occurrence, j’ai aimé. Tout. Sans exception. Enfin non. Avec une exception. J’ai adoré les artistes. J’ai eut plus de mal avec le public. Alcool, encore une fois. Mais histoire de faire changement, pas chez des 15-20 ans, mais chez des 40-50 ans. Et oui, les jeunes n’ont pas le privilège de devenir stupides et insupportables (pour se limiter à employer des termes polis) avec quelques (beaucoup de) verres en trop. Quoi qu’il en soit, je ne m’attarderais pas sur ça, mais reviendrait plutôt sur les artistes :

– Ça a commencé par Montgomery. De eux, je ne pourrais pas dire grand chose, n’en ayant entendu que les deux dernières chansons. Mais les deux dernières chansons étaient très sympas et bien dynamique !

– Stéphane Eicher ? Très belle découverte. Musicalement, c’est vrai que oui, j’aimais bien « déjeuner en paix » ; je peux maintenant affirmer que j’aime bien le reste aussi. Non, ce n’est pas révolutionnaire côté musique, mais ça s’écoute bien. Et surtout, sur scène, c’est un vrai plaisir à voir. Il déborde d’énergie et d’enthousiasme. Il est là pour le public, et ça se voit. Il se fait plaisir, il s’amuse, il est heureux. Allant même jusqu’à courir en dehors du stage pour réussir à trouver une batterie, histoire de faire bouger un peu plus une des chansons. Beaucoup d’interactions avec le public, également. Mais un public qui, comme je l’expliquais plus haut, m’a fortement énervé. Les gens discutent entre eux, disent des conneries, et n’écoutent pas la musique, sans le moindre respect pour l’artiste. Et quand je parle des gens, ce ne sont pas les jeunes parce qu’il n’y a plus de jeunesse, mais les tites mémères coincées de 40-45 ans qui, après deux bières de trop, se croient dans leur salon et se moquent complètement du reste du monde. Sur la fin, elles se sont tues, heureusement !

– Pour Miossec, évidemment, j’avais de la pression. Un peu comme si j’avais pas vraiment le choix d’aimer. Bon, Iris a été rassuré à la fin : j’aime énormément ce qu’il fait. Paroles qui me plaisent -avec une petite tendance Thiéfaine qui me plait bien- belle (et simple) instrumentalisation, avec juste lui, sa guitare, et un pianiste. Par contre, un peu (beaucoup) déçu par sa présence sur scène. Bourré ; il paraît qu’il l’est à tout ses concerts. Ne connaissant pas, je n’ai pas pu voir les erreurs et les oublis dans les paroles, mais je l’ai vu ne faisant que chanter, sans vraiment faire d’intervention. Et l’intensité de Stéphane Eicher juste avant lui ne l’a pas vraiment aidé. Qu’on ne me fasse pas dire ce que je n’ai pas dit : j’ai adoré. Mais avec un chanteur en pleine forme, vivant et plus interactif, ça aurait été un vrai bonheur !

– Cali, c’était le lendemain. Après les trois belles découvertes de la veille, j’étais amplement satisfait de mon festival. La deuxième soirée aurait pu être mauvaise, je n’aurais pas été déçu. Mais en l’occurrence, Cali est venu éclipser tout le reste. On l’avait vu, brièvement, la veille. Dans le public, a écouté tranquille ses amis sur scène, et à se prêter au jeu des « je me fais prendre en photo avec mes fans ». Proche de son public, mais en toute simplicité. Sur scène, la proximité reste. Mais la simplicité est remplacée par un brin de folie magnifique. À déborder d’énergie, à sauter dans tout les sens, et même à s’organiser un petit bain de foule. Enfin plutôt un petit surf de foule. La musique est excellente, les paroles aussi, et sa présence sur scène transforme Stéphane Eicher en Renaud des dernières années… La programmation, c’est Miossec qui l’a faite. Il a invité ses amis. Alors évidemment, comme ils se connaissent tous, ils finissent forcément tous ensemble sur scène. Cali, Miossec, Eicher. Trio grandiose ! Et très belle marque d’humilité de Cali, qui a su laisser beaucoup de place aux musiciens et autres chanteurs. Mais bon ; il n’empêche qu’entendre une foule crier le nom de ma maman, j’ai pas l’habitude !

– Et puis il restait Yann Tiersen. J’attendais avec une curiosité non dissimulé. Le gars qui a écrit la valse des monstres se mettant à l’électro ? Belle promesse ! La qualité était au rendez-vous… mais pas longtemps. Après le premier morceau (genre Amélie a pris 14 pilules différentes, un ou deux acides, et s’est offert un synthétiseur) la musique s’arrête. Ils regardent une des grosses machines. Puis un technicien arrive. Puis un autre. Message d’excuse. Ils ont un problème. Finalement, après 45 minutes à essayer de démonter et réparer, ils finissent par s’excuser. Leur synthétiseur principal est mort. Ils vont donc faire le maximum sans, pour nous donner quand même un aperçu. Aperçu qui vaut la peine, mais qui est bien frustrant. Parce que les 15 minutes, on en aurait bien entendu une heure complète ! Bon, certes, il faut aimer l’électro-techno-allemande. Ça tombe bien, moi j’aime ça !

Kumpania 2011

Passer un été en France sans assister à un festival, ça aurait été quand même dommage. On avait, il est vrai, le festival de l’Ilophone sur l’île d’Ouessan, en Bretagne, programmé depuis un moment… mais pourquoi ne pas profiter des bonnes choses le plus possible ? On prend donc la voiture (celle de la maman d’Iris) qui nous accompagnera pour les prochains jours ; direction : Arvieux, petite ville perdue dans les contreforts des Pyrénées, où se déroule le festival Kumpania, qui met à l’honneur la culture balkanique.

SI vous me demandez mon expérience en terme de festival, en dehors des festivals urbains à Montréal et Québec, je n’en ai qu’une : Burning Man. Évidemment, si on peut considérer cela comme un festival… toujours est il, donc, que pour moi, un festival c’est une horde de personnes se rassemblant à un même endroit, dans un esprit festif et communautaire. La horde se compose de 3000 personnes. Dont seulement 1000, en réalité, participent au festival. Les autres profitent du lieu de rassemblent pour camper gratuitement, squatter et faire la fête.

De prime abord, il y a un grand parking, avec beaucoup de voitures, quelques camionettes/van/westfalia, et pas mal de tentes. Et surtout, de la techno à fond. Le festival, lui, se tient à une petite dizaine de minutes à pied du parking.

J’avais gardé un souvenir plutôt mitigé du concert des Fatals Picards à Chatte, en raison du taux d’alcoolémie assez élevé d’une partie du public, et de leur comportement agressif et insupportable. J’ai retrouvé le même genre de situation le premier soir de Kumpania. Gens agressifs, complètement saouls, qui se foutent littéralement des autres personnes. Si la musique était bonne, si le lieu était agréable et l’ambiance vraiment festive, il suffit d’un petit groupe de quelques ivrognes pour un peu tout foutre en l’air. On a donc pris un peu de recul. Plutôt que d’être à l’avent pour profiter au maximum de la musique, on est allé s’asseoir dans l’herbe. Plus confortable, plus relaxe, plus tranquille.

Le deuxième soir -le samedi- a par contre été très différent. La veille, un jeune complètement saoul est mort noyé dans les abords du festival. Ce n’était pas un festivalier, donc Kumpania n’a pas été tenu responsable, mais un arrêté préfectoral a interdit la vente (et l’entrée) d’alcool sur le site et dans un périmètre de 10 kilomètres autour. Évidemment, interdire l’alcool ne règle pas le problème ; il le déplace : les gens se sont retrouvé à boire avant d’entrer sur le festival. Contexte différent par contre : pas de musique, pas de possibilité de faire le plein à la buvette, obligation de ressortir pour boire.. les gens ont été beaucoup plus calmes le deuxième soir et la soirée d’autant plus agréable. Surtout qu’elle avait commencé dès la fin d’après midi avec des contes, puis du théâtre. Bref, la deuxième soirée m’a bien réconcilié avec tout ça.

Est-ce que je suis en train de dire que je suis en faveur des festivals sans alcool ? À la base, non. Je suis en faveur d’une consommation raisonné et responsable. Moi, avec ma bière ou mes deux bières dans la soirée, je suis bien heureux et, il me semble, pas vraiment agressif. Il y a un besoin d’associer « alcool » et « plaisir » que je n’arrive tout simplement pas à comprendre. Comme cette fille qui disait « c’est nul ça d’interdire l’alcool ; ça veut dire qu’on aura pas de fun ce soir » ; puis la même, un peu plus tard « pas d’alcool, ça veut dire qu’on pourra même pas danser ». J’avoue ne pas comprendre. Je suis sorti danser deux soirs par semaine pendant un long moment sans consommer une goutte d’alcool, et en ayant beaucoup de plaisir. Peut être qu’un festival sans alcool pourrait permettre aux gens de redécouvrir le plaisir d’être sobre… ou peut être pas. Je me souviens quand même de québécois tout autant festif, joyeux, et beaucoup plus sobres (St Jean mis à part).

Bref, tout cela me laisse perplexe ; mouillé, également, mais là, c’est plus la faute à ma tente qui n’est étanche que quand il ne pleut pas. Dommage !