Routes de France

Redécouvertes, exploration et vie au quotidien pour un ex-expat

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Paris

Après quelques jours de « repos » bien mérité chez mes parents (avec quand même un certains nombre de visite un peu partout), on a embarqué dans le TGV pour Paris. Dernière destination française avant le décollage pour Bali. On a embarqué avec mes parents ; et la mère d’Iris est encore là bas. Ce sera donc l’occasion de tout le monde de se rencontrer, et de laisser une nouvelle chance à la ville lumière.

Nouvelle chance ? Oui, parce que Paris, je m’y suis arrêté à plusieurs reprises. Souvent quand j’étais petit, pour accompagner mes parents à des salons de jeux. J’en garde le souvenir des stations de métro que je passais mon temps à compter et à recompter pour être sûr d’être le premier à savoir quand est-ce qu’il faut descendre ( « c’est celle d’après celle là » ; « c’est la prochaine » ). Habitude de comptage et d’avertissement qu’il m’est resté depuis. J’en garde également le souvenir des poignées bizarres pour ouvrir les portes de métro et du grand appartement de la cousine de ma mère, rue Notre Dame des Champs. J’en garde le souvenir que le petit garçon de la campagne, habitué au bon air pur du Charbinat, finissait toujours par tomber malade après 5-6 jours. J’en garde enfin le souvenir de mes premiers contacts avec ma cousine (ou plutôt la fille de la cousine de ma mère). Constance.

J’y suis repassé à l’hiver 2001, avec Marie-Noëlle. Pour jouer les touristes. Je me souviens de l’accueil vraiment chaleureux des Pounets. Des heures passées dans le RER et le métro, à aller du Louvre à la Tour Eiffel, de l’Arc de Triomphe au Père Lachaise, de l’Arche de la défense à la cathédrale Notre Dame. Je me souviens d’un budget transport et visite assez conséquent. Je me souviens de beaucoup trop de gens, partout.

Depuis, j’ai beaucoup baroudé, et j’ai surtout visité de nombreuses grandes villes. J’avais envie de redécouvrir Paris autrement ; d’essayer de m’en faire une image plus positive. Parce qu’après tout, Paris, c’est Paris.

Je n’ai pas vraiment réussi.

Les prix

Veut veut pas, quand je visite une ville, je me pose toujours la question « est-ce que je serais capable d’y vivre un jour » ? Et l’une des premières choses que ça oblige à regarder, c’est les prix. Côté loyer, c’est tout simplement inabordable. Que ce soit à l’achat ou à la location, pour moi c’est impensable. On a été hébergé dans trois appartements différents. La première fois, chez une amie d’Iris, qui devait avoir vingt mètres carrés, pas trop mal situé ; la deuxième fois, chez des couchsurfers, qui devaient avoir une trentaine de mètres carrés, un peu moins bien situé ; la troisième fois, chez Gilles et Laurence -des amis- qui avaient vraiment un appart super agréable et très grand. Habiter dans l’un des deux premiers appartements ne me tenterait. Aussi sympa qu’ils aient pu être, ils étaient beaucoup trop petits pour le montréalais habitué aux espaces gigantesques que je suis. Me retrouver à nouveau dans un appart type « étudiant » ne me fait tout simplement pas du tout envie. Quand au troisième, beau, sympa et bien situé, je ne me fais pas d’illusion : avec mon mode de vie actuel, il n’en est pas question.

Forcément, une ville où on ne pense pas trouver un endroit qui nous plaise où s’installer, à la base, ça n’aide pas. À cela, il faut ajouter des prix plus élevés aussi bien dans les bars que les resto, lieux que j’ai habituellement grand plaisir à fréquenter. Là encore, vus les prix afficher, je n’aurais pas le choix de couper là dedans. Quand à Paris, ville de culture, là encore, il faut aligner le portefeuille. Je garde un souvenir mi ému / mi halluciné d’un mois de juillet à Montréal où, profitant de mon chômage récent, je suis sorti 28 soirs sur les 31 du mois. Concerts, concerts, concerts, un peu de théâtre. Budget sorti ? 50 euros pour le mois. Avoir un choix énorme d’activités culturelles, pouvoir hésiter entre 45 pièces de théâtre différentes, c’est sûr que c’est intéressant. À condition de pouvoir se payer les soirées théâtres ; ou cirque (4 spectacles de cirque pour 60 euros à Paris ? peut être que ça se trouve, quand on connait les trucs et astuces) ; ou improvisation ; ou… bref, je pense que vous avez compris le truc. Les parisiens vantent l’aspect hyper culturel de leur ville ; je n’ai jamais entendu parler du budget que cela impliquait. Les petites villes de province, moins bien desservi, où les noms sur scène sont un peu moins connu, où il n’y a pas le lustre de dire « oui, alors moi, ce soir, je vais salle Playel »ont l’avantage d’être beaucoup plus accessible. On ne paie pas pour avoir écrit « Paris » sur le billet.

Des espaces verts

J’ai pris l’habitude de pouvoir me poser dans l’herbe avec des amis, ou bouteille de bière plus ou moins cachée à la main (dépendant du pays). Assis sur la pelouse, à l’ombre d’un arbre. Les grandes villes américaines ont toute leur grand parc urbain, et ça me plait énormément. Petit oasis de fraicheur, où il est possible de se poser, pour relaxer. À Paris, il est interdit de marcher sur les pelouses. À peu prêt partout. Se balader dans un parc, c’est marcher sur une allée caillouteuse et poussiéreuse, et se poser sur un banc en métal pas forcément très confortable. Je trouve que ça manque de petits parcs agréables et relaxants (même si il s’agit plutôt là d’un manque au niveau national, et pas juste parisien). C’est bien beau toutes ces vieilles statues dans les parcs ; mais personnellement, ça ne me parle pas du tout… Je n’ai pas eut la chance de visiter les buttes Chaumont, qui semblaient pouvoir offrir ce que je cherchais. Évidemment, je ne dis pas que ça n’existe pas. Juste que c’est dur à trouver. Et que s’il faut faire 12 arrêts de métro avec 3 correspondances pour s’y rendre, ça perd un peu en intérêt.

La taille de la ville et la circulation à pied

À Grenoble, je traversais la ville au grand complet tout les jours, en roller. Ça me prenait trente minutes. À Toulouse, Rennes et Nantes, on a pu faire le tour à pied, sans problème. À Montréal, avant de déménager en plein centre ville, ça me prenait une heure à pied pour rentrer après un concert. À Paris, je n’ai tout simplement pas eut l’impression que ce soit possible. En cinq jours, on a énormément marché dans tout les sens, sans en faire le tour. La perspective de rentrer à pied de la rue Moufetard à la butte Chaumont ne me tentait tout simplement pas. Ni même de Chatelet à Denfer Rocherau. Paris ne donne pas envie de marcher. Trop de voitures ne faisant pas attention aux piétons, trop de petits trottoirs, trop de distances trop grandes. Évidemment, chacun ses goûts ; personnellement, j’aime être capable de saisir une ville dans son ensemble. Je n’ai jamais habité un arrondissement de Montréal ou un quartier de Grenoble. J’ai toujours habité la ville dans son ensemble. Qu’on se mette bien d’accord : je pars à chaque fois de la ville, pas de l’agglomération. Je n’inclus pas Echirolles, Fontaine et Saint Martin d’Hère à Grenoble ; pas plus que je ne parle de Dorval, Montréal Nord ou Laval quand il s’agit de Montréal. Tout comme je ne sors pas de Paris zone 1.

L’aspect historique et l’urbanisme

Bin oui, Paris c’est vachement beau. C’est plein d’anciens bâtiments. Le palais du Louvre, les immeubles anciens, etc… après avoir visité Bordeaux et vu comment il était possible de vraiment embellir un quartier historique, je suis désolé, mais la grisaille du Louvre ne fait pas le poids (par contre, je suis toujours aussi fan de la pyramide). Surtout avec ses horribles barrières vigipirate et les voitures qui le traversent. La place de l’Obélisque est d’une laideur à couper le souffle (et d’une circulation à traumatiser un Balinais) ; l’observatoire ne m’a pas inspiré, et la place de l’Étoile ressemble juste à un rond-point géant avec un gros truc en pierre au milieu. Les rues sont souvent assez étroites, et les bâtiments assez hauts, dans un ensemble assez oppressant.

Je suis parti me promener un peu dans le quartier de la Défense. Parce que personnellement, j’aime bien ces hauts building en verre. Quand ils sont bien pensés, ça permet d’augmenter la densité d’une zone, en guidant le regard vers le ciel, et en donnant un aspect très ouvert et très agréable. Plus de gens, moins de sentiment d’oppression. À Paris, ça marche aussi ; je me posais la question, j’ai eut la réponse : le sentiment est très différent que dans un centre ville nord américain. Pourquoi ? Parce que ce n’est pas en angle droit, parce qu’il y a plein d’oeuvres d’arts bizarres dans tout les sens et surtout parce que le parvis est entièrement piéton. Et ça, par contre, c’est un plus indéniable. Évoluer là dedans est étrange : quand on est au milieu, on se rend compte que l’on est pas en Amérique. Par contre, quand on en sort, et que l’on regarde de l’extérieur, le côté nord américain refait surface.

Je ne me souvenais pas vraiment de la Grande Arche. Je trouve l’extérieur de l’arche magnifique, avec les vitres qui font miroir, mais l’intérieur très laid avec les fenêtres profondes, en forme d’alvéoles, qui rendent l’ensemble très gris et austère. Pourquoi ne pas avoir choisi le même traitement à l’intérieur de l’arche ? Il me semble que le résultat aurait été beaucoup plus intéressant !

Je me suis aussi offert une petite visite au sommet de la tour Montparnasse. Je me souvenais y être allé tout petit, sans me souvenir de la vue. Il se trouve qu’ils viennent de refaire complètement la terrasse extérieure. Le résultat est grandiose. On sort avec l’impression de se retrouver dans un rendu 3D. Entièrement vitré, on peut admirer la ville de tout les côtés. Et il y a même des ouvertures dans les vitres, pour permettre aux photographes de ne pas avoir de reflets. Que demander de plus ? Une vue d’ensemble à 360 degrés. Qui permet de voir que la ville est trop grande et toute tordue. Mais on aime quand même !

La Seine

Évidemment, elle est l’une des raisons d’être de Paris. Elle traverse la ville et en a contrôlé une bonne partie de son développement. La Seine est là, en effet. On la voit quand on traverse un pont, ou quand on marche sur un trottoir qui la longe. On la voit. On ne la touche pas. On n’en profite pas. C’est juste un court d’eau, inaccessible. Pas de petits parcs où se relaxer en regardant passer les bateaux mouches. Pas de pistes cyclables ombragées pour la suivre. Pas d’endroits sans le bruit des voitures pour profiter du côté paisible du cours d’eau. Et c’est bien dommage.

Évidemment, je fais ici un portrait plutôt très négatif qu’autre chose. Je n’ai pas détesté Paris. Mais je n’aime pas. J’ai beau essayé, je n’accroche pas à la ville. Il y a trop de choses qui me bloque. La taille, le bruit, le stress, la grisaille. Je n’arrive pas à y trouver le petit truc qui vient me chercher, qui me donne envie de rester plus longtemps, d’en apprendre plus. Bien sûr, j’ai aimé déambuler dans la rue Moufetard et les environs. L’aperçu que j’ai eut du quartier de la but Chaumont m’a beaucoup plus, et donné envie d’en voir plus. J’ai eut des contacts très sympas avec beaucoup de gens très sympas. Et si autant de gens y habitent, il y a quand même une raison ! Bref, je ne suis pas du tout en train de dire qu’il faut être stupide pour habiter à Paris. Mais ça reste une ville qui, pour moi, présente énormément d’aberration, et de trucs qui me dérangent.

Paris, plus belle ville du monde ? Pas pour moi ! Pour ça, je regarderais plutôt du côté de Vancouver, San Francisco ou Sydney.
Paris, ville culturelle ? Sans doute, quand on a le budget.
Paris, capitale gastronomique ? Même chose : tout à fait ; mais il faut pouvoir se payer les resto.

Grenoble

On est repassé par Rennes, et on a beaucoup aimé à nouveau. Ça, vous le saviez déjà. Ensuite, on a traversé Paris et retrouver la maman d’Iris pour lui rendre sa voiture, 2060 kilomètres plus tard. Un petit restaurant, avant de marcher jusqu’à la gare RER, direction gare de Lyon. Avec des sacs beaucoup beaucoup trop lourds. On a quand même survécu. On a pris le train. On est arrivé à Grenoble. On a marché jusqu’au tram. On a pris le tram. On a marché jusqu’à chez Olivier. Avec des sacs beaucoup beaucoup trop lourds. On a passé la soirée à discuter avec Olivier, et le lendemain on a visité Grenoble. Sans nos sacs !

En fait de visite, on a retrouvé Olivier dans un restaurant Indien ; c’était très bon, même comme petit déjeuner. Puis on est monté à la Bastille. Avec les bulles.

Et du haut de l’une de mes montagnes préférées, alors que j’admirais cette ville qui me plait beaucoup, dans ce décor magnifique, j’ai eut une vision. Non, pas une vision divine. Il y avait trop de nuages. Je ne l’aurais pas vu. Une vision du type « connexion accidentelle de deux neurones ». Et si mon amour pour les tours venait de là ? Du fait que, pendant trois ans, je montais régulièrement au Rabot pour passer des soirées avec des amis ? Et parfois jusqu’à la Bastille pour simplement admirer la beauté de la vue ? Avoir la ville qui s’étale à mes pieds est, pour moi, un grand classique. J’y ai amené plusieurs visiteurs, en leur montrant « et donc, là bas, c’est chez moi. Si tu suis cette rue, tu arrives à tel endroit. Et puis par là, tu trouveras ça ». Rien de tel qu’une vue de haut pour avoir un magnifique aperçu d’un endroit. Pour s’en faire une très bonne idée. J’aime les tours, et c’est sans doute la faute d’une montagne !

Et puis on s’est promené dans le centre ville. Avant de retourner récupérer nos sacs, de marcher jusqu’au tram, de prendre le tram, puis de prendre le train. Tout ça, avec nos bagages beaucoup beaucoup trop lourds. Direction : maison.

Brest… ou pas.

On est revenu d’Ouessant. On a récupéré la voiture. On a roulé jusqu’à Brest. On s’y est promené un peu. On n’y a rien trouvé d’intéressant. On n’a pas aimé. On est reparti.

Le festival de l’Ilophone 2011

L’idée d’un festival se tenant sur une île m’a, là encore, renvoyé à mon voyage aux îles de la Madeleine. Sauf que là, pour un festival de musique où tout le monde (sauf les autochtones) est à pied, impossible de multiplier les lieux des événements. Une seule adresse, donc : la vieille salle des fêtes un peu vieillottes et moribondes.

De la programmation, je ne connais quasiment rien. De Stéphane Eicher, je me souviens « déjeuner en paix » que mon frère écoutait ado. Tout ce que mon frère écoutait ado, bien ou mauvais, je l’ai instinctivement rangé dans la catégorie « arrrrrrgggh ». Catégorie dans laquelle j’ai réussi à faire des découvertes intéressantes, mais qui m’a demandé beaucoup d’efforts ! Au programme également : Yann Tiersen. Lui, je connais. Je connaissais même avant qu’il fasse la BO d’Amélie Poulin. Mais là, il jouera de la musique électro expérimental avec deux allemands. Mon petit doigt me dit que ça changera un peu. Toujours au programme : Miossec. L’amoureux de mon amoureuse, qui n’est avec moi par défaut, n’ayant pas encore pu épouser Miossec. À part ça, je n’en connais pas grand chose. Et puis Cali. Le meilleur ami de Miossec, et le (sur)nom de ma mère.

Une programmation aussi floue, j’avoue que ça m’attire. Comme je l’expliquais au chanteur de Leonid après nos échanges, de nouvelles découvertes musicales, même si je n’aime pas, ce n’est jamais du temps perdu !

Et là, en l’occurrence, j’ai aimé. Tout. Sans exception. Enfin non. Avec une exception. J’ai adoré les artistes. J’ai eut plus de mal avec le public. Alcool, encore une fois. Mais histoire de faire changement, pas chez des 15-20 ans, mais chez des 40-50 ans. Et oui, les jeunes n’ont pas le privilège de devenir stupides et insupportables (pour se limiter à employer des termes polis) avec quelques (beaucoup de) verres en trop. Quoi qu’il en soit, je ne m’attarderais pas sur ça, mais reviendrait plutôt sur les artistes :

– Ça a commencé par Montgomery. De eux, je ne pourrais pas dire grand chose, n’en ayant entendu que les deux dernières chansons. Mais les deux dernières chansons étaient très sympas et bien dynamique !

– Stéphane Eicher ? Très belle découverte. Musicalement, c’est vrai que oui, j’aimais bien « déjeuner en paix » ; je peux maintenant affirmer que j’aime bien le reste aussi. Non, ce n’est pas révolutionnaire côté musique, mais ça s’écoute bien. Et surtout, sur scène, c’est un vrai plaisir à voir. Il déborde d’énergie et d’enthousiasme. Il est là pour le public, et ça se voit. Il se fait plaisir, il s’amuse, il est heureux. Allant même jusqu’à courir en dehors du stage pour réussir à trouver une batterie, histoire de faire bouger un peu plus une des chansons. Beaucoup d’interactions avec le public, également. Mais un public qui, comme je l’expliquais plus haut, m’a fortement énervé. Les gens discutent entre eux, disent des conneries, et n’écoutent pas la musique, sans le moindre respect pour l’artiste. Et quand je parle des gens, ce ne sont pas les jeunes parce qu’il n’y a plus de jeunesse, mais les tites mémères coincées de 40-45 ans qui, après deux bières de trop, se croient dans leur salon et se moquent complètement du reste du monde. Sur la fin, elles se sont tues, heureusement !

– Pour Miossec, évidemment, j’avais de la pression. Un peu comme si j’avais pas vraiment le choix d’aimer. Bon, Iris a été rassuré à la fin : j’aime énormément ce qu’il fait. Paroles qui me plaisent -avec une petite tendance Thiéfaine qui me plait bien- belle (et simple) instrumentalisation, avec juste lui, sa guitare, et un pianiste. Par contre, un peu (beaucoup) déçu par sa présence sur scène. Bourré ; il paraît qu’il l’est à tout ses concerts. Ne connaissant pas, je n’ai pas pu voir les erreurs et les oublis dans les paroles, mais je l’ai vu ne faisant que chanter, sans vraiment faire d’intervention. Et l’intensité de Stéphane Eicher juste avant lui ne l’a pas vraiment aidé. Qu’on ne me fasse pas dire ce que je n’ai pas dit : j’ai adoré. Mais avec un chanteur en pleine forme, vivant et plus interactif, ça aurait été un vrai bonheur !

– Cali, c’était le lendemain. Après les trois belles découvertes de la veille, j’étais amplement satisfait de mon festival. La deuxième soirée aurait pu être mauvaise, je n’aurais pas été déçu. Mais en l’occurrence, Cali est venu éclipser tout le reste. On l’avait vu, brièvement, la veille. Dans le public, a écouté tranquille ses amis sur scène, et à se prêter au jeu des « je me fais prendre en photo avec mes fans ». Proche de son public, mais en toute simplicité. Sur scène, la proximité reste. Mais la simplicité est remplacée par un brin de folie magnifique. À déborder d’énergie, à sauter dans tout les sens, et même à s’organiser un petit bain de foule. Enfin plutôt un petit surf de foule. La musique est excellente, les paroles aussi, et sa présence sur scène transforme Stéphane Eicher en Renaud des dernières années… La programmation, c’est Miossec qui l’a faite. Il a invité ses amis. Alors évidemment, comme ils se connaissent tous, ils finissent forcément tous ensemble sur scène. Cali, Miossec, Eicher. Trio grandiose ! Et très belle marque d’humilité de Cali, qui a su laisser beaucoup de place aux musiciens et autres chanteurs. Mais bon ; il n’empêche qu’entendre une foule crier le nom de ma maman, j’ai pas l’habitude !

– Et puis il restait Yann Tiersen. J’attendais avec une curiosité non dissimulé. Le gars qui a écrit la valse des monstres se mettant à l’électro ? Belle promesse ! La qualité était au rendez-vous… mais pas longtemps. Après le premier morceau (genre Amélie a pris 14 pilules différentes, un ou deux acides, et s’est offert un synthétiseur) la musique s’arrête. Ils regardent une des grosses machines. Puis un technicien arrive. Puis un autre. Message d’excuse. Ils ont un problème. Finalement, après 45 minutes à essayer de démonter et réparer, ils finissent par s’excuser. Leur synthétiseur principal est mort. Ils vont donc faire le maximum sans, pour nous donner quand même un aperçu. Aperçu qui vaut la peine, mais qui est bien frustrant. Parce que les 15 minutes, on en aurait bien entendu une heure complète ! Bon, certes, il faut aimer l’électro-techno-allemande. Ça tombe bien, moi j’aime ça !

L’Île d’Ouessant

Quand vous arrivez au Conquet, à la pointe ouest de la Bretagne, montez dans un bateau, puis attendez une bonne heure. Vous arriverez à l’île d’Ouessan. J’imagine qu’en temps normal, le bateau est plutôt calme, plutôt tranquille. Mais avec un festival à l’arrivée, le bateau est plein de gens que je qualifierais simplement de « joyeux, mais avec faculté légèrement (beaucoup) affaiblies ». À bord d’un bateau, à moitié saoul, à deux heures de l’après midi… pourquoi pas. On est crevé ; les dernières journées ont été assez intenses à courir dans tout les sens. Alors pour l’occasion, on se pose confortablement, et on laisse le bateau avancer. La voiture nous attend sagement dans un parking. Je n’aurais pas à conduire pendant 48 heures. Ça fait du bien !

Vous roulez longtemps, jusqu’au bout du monde, pour monter dans un bateau qui vous emmènera encore plus loin. Pour moi, ça sonnait fortement « îles de la Madeleine », et je suis donc parti avec un certains nombre d’images en tête. Sauf qu’en même temps, si on a fait des centaines de kilomètres, c’était en slalomant de grandes villes en grandes villes. Alors on n’est pas vraiment au bout du monde. Et puis on n’a pas franchit de pont qui n’en finissait pas. Et le bateau prenait seulement une heure. Pas six. En y repensant, ça paraît donc assez logique que l’on ne soit pas arrivé aux Îles de la Madeleine. Même si, à quelques brasses prêt, on peut y aller directement…

On s’attendait à un petit camping isolé sur le bord de la falaise ; en fait, il nous faut monter dans une navette, qui nous amène dans un petit camping isolé au milieu du village. Un village, on s’en rendra compte bien vite, qui n’a aucune âme. Aucune personnalité. Rien de bien inspirant à vrai dire. Si l’Île est jolie -on est loin d’en avoir fait le tour, mais on a gambadé un petit peu quand même- on n’a jamais ressenti son côté « insulaire ». On aurait été relié à la côte qu’il n’y aurait pas eut de différences. Enfin si. On serait venu en voiture. Et il n’y aurait pas eut des banderoles demandant un accès aérien quotidien entre l’île et le continent. Mais ces deux petits détails mis deux côtés, on a passé la fin de semaine dans un petit village, sans grand intérêt, avec des jolies falaises pas très loin.

En tout cas, sans intérêt 363 jours par an. Heureusement, on a choisit les deux jours par an qui valaient la peine !

Lannion

De Rennes, on fait un autre petit saut de puce jusqu’à Lannion, où on est supposé retrouver un ami d’Iris. Bon, on n’a toujours pas son adresse, mais on y croit ! Les technologies modernes ça permet presque d’arriver chez les gens sans même avoir leur adresse ! Et puis en chemin, on en profite pour ramasser un stopeur. Un peu du style fils à papa qui a bu l’argent de son billet de train la veille et qui n’a pas le choix de rentrer en stop. Alors du coup, on le laisse comater à l’arrière, et on roule sagement. Et comme arrivé à Lannion on sait toujours pas où aller, je sacrifie les 30 centimes qu’il me reste pour nous payer 40 minutes de parking. Oui, c’est bien les petites villes ! On fait un tour rapide. C’est petit, mais sympathique. Et puis finalement, on a enfin l’adresse de Baptiste. La soirée se termine autour de plusieurs bières bretonnes et de discussions bien sympa.

Rennes

Sur la route entre Nantes et Lanion se trouve Rennes. Façon étrange, sans doute, de présenter la ville. Iris aime bien Rennes, c’est sur le chemin, et on a tout les deux envies d’une crêpe. Ça fait plein de bonnes raisons de s’y arrêter. En fait, les quelques heures de pause nous plairont tellement que l’on décide de s’y arrêter sur le chemin du retour également, afin de plus en profiter.

Les vieilles maisons avec leurs façades en parti boisées me plaisent énormément et ça tombe bien, il y en a beaucoup à Rennes. On choisit au hasard la crêperie de la mère Madeleine ; choix que l’on ne regrettera absolument pas ! Crêpes excellentes, service des plus agréables par une serveuse vraiment souriante et le tout à un prix tout à fait acceptable. Tout ce qu’il faut pour qu’on parte se balader en ville plein d’enthousiasme et de bonne humeur.

Notre deuxième passage quelques jours plus tard confirmera ma première impression : la ville est vivante, festive, joyeuse… et magnifique. En fait, le seul petit truc qui lui manque, c’est un tramway. À la place, ils ont un petit métro. Pourquoi pas après tout ? Ce qui est sûr, c’est que la ville me plait vraiment énormément. En fait, elle me donnerait bien le goût de rester quelques jours. Une semaine, par exemple, histoire de l’apprivoiser un peu plus… peut être -sans doute- dans quelques années ? La rue St Michel et la place St Anne m’inspire énormément. Et quand on passe devant le restaurant « La Réserve », on décide de craquer en voyant le menu. Le repas est excellent, la présentation bien faite, le service de qualité… là encore, tout se passe bien !

Quand à Rennes la nuit, le potentiel photo semble sans limite.

Nantes

L’idée première, à Nantes, c’était surtout de revoir Estelle, puisqu’elle a eut la bonne idée de revenir en France juste exactement à la bonne date. Occasion également de revoir Marie, puisqu’elle a eut la bonne idée de faire son stage pas très loin d’ici. Et bien évidemment, d’en profiter également pour visiter la ville.

Autant il y a des villes sur lesquelles j’avais déjà des images et des attentes, autant de Nantes je ne savais rien du tout, si ce n’est qu’à une époque il y avait une prison, et dans la prison, un prisonnier que personne ne venait voir. Ça ne donne pas grande information sur une ville. Et en l’occurrence, je continue à aimer toujours autant le fait d’arriver à un endroit qui m’est complètement inconnu.

Le centre ville n’est pas très grand, mais il est bien agréable et assez joli et un petit tour dans une grande roue habilement placée nous a en plus permis d’avoir un très beau point de vue sur la ville. Découverte des plus sympathiques, en agréable compagnie !

Bordeaux

Toulouse est derrière nous. Agen aussi. On y a passé la soirée et la matinée. Le temps de faire sécher le matériel de camping et, pour Iris, de finaliser ses bagages balinéaires et australiens.

Bordeaux est devant nous. On m’avait dit que la ville était magnifique. Une bonne partie du centre, si j’ai bien compris, est au patrimoine mondial de l’Unesco. Ce qui, il me semble, n’est pas peu dire. Et l’arrivée en fin de journée est, en effet, très prometteuse. On s’offre une belle soirée bien sympa en compagnie de François (le frère d’Iris) Lucile, sa copine, et deux autres amies. Et pour faire changement, on ouvrira une bouteille de champagne. J’aurais bu au cours des deux derniers mois autant de champagne, peut être même plus, qu’au cours des dix dernières années. Je ne m’en plaindrais pas !

Et le lendemain, on part à la découverte de la ville. Il ne faudra pas marcher longtemps pour se rendre compte que Bordeaux mérite parfaitement sa réputation. La ville est vraiment superbe. On se retrouve rapidement à se promener sur les quais. À force de visiter des villes, je suis devenu assez sensible à certains détails d’urbanisation. Comme, par exemple, la facilité d’accès à l’eau. À Bordeaux, les quais de la Garonne (en tout cas côté centre-ville) sont livrés aux piétons. La première rue est assez loin, et les marcheurs peuvent déambuler joyeusement en toute tranquillité. Le passage du tram vient rythmer une promenade agréable. Dans un monde idéal, évidemment, la rue n’existerait plus. Ça n’en serait que plus tranquille, et plus agréable. Mais on évolue déjà dans les espaces verts et le bord de l’eau, ce qui est chose assez rare, aussi bien en France qu’en Amérique du Nord.

Nos pas nous dirigent ensuite vers le Miroir d’eau. J’avais déjà vu structure similaire à Boston, où j’étais vraiment tombé sous le charme. À Bordeaux, la surface est plus petite, et les gens peuvent y marcher. Le miroir est souvent trouble. En revanche, il se vide parfois, pour devenir brumisateur. On se retrouve avec un espace qui change régulièrement, et l’effet est vraiment original.

On se perdra ensuite dans les rues piétonnes ; je finirais par avoir confirmation de ce que je ressentais déjà un peu au début : c’est trop. Non, pas trop de rues piétonnes ! Mais trop de bâtiments grandioses, de marbres, de colonnes. Si la ville est magnifique, je trouve qu’elle manque un peu de modestie. Elle écrase ses visiteurs en s’imposant de toute sa force, sans lui laisser la place de respirer. On bénéficie par contre d’un grand ciel bleu qui contribue encore à mettre l’ensemble en valeur. Un vrai bonheur, donc, de déambuler le long de la rue Ste Catherine, plus longue rue piétonne d’Europe. Tout cela me fait rêver d’une Ste Catherine montréalaise, et de son potentiel à devenir la plus longue rue piétonne d’Amérique du Nord ! Un jour peut être, qui sait !

Toulouse

La voiture nous a ramené à Toulouse. On n’avait pas beaucoup de temps de disponible pour se promener en ville. En fait, notre emploi du temps est plus que bien rempli pour les jours à venir. La pause Toulouse ne durera donc qu’une petite après midi, qui se révèlera quand même des plus agréables.

Je n’étais pas venu à Toulouse depuis bien longtemps. Une douzaine d’années environ. Je retrouve donc la ville avec un regard complètement changé, et quelques souvenirs nostalgiques.

Y’a pas à dire, la ville dégage quelque chose qui me plait. Joyeuse, festive, animée, même en ce dimanche après midi un peu couvert.

Les grandes villes nord américaines ont tous adoptés à un moment ou à un autre de leur développement le concept de « grand parc urbain ». Central Park, Mont Royal, Plaines d’Abraham, Stanley Park, Golden Gate Park, etc… des espaces verts suffisamment grand pour que, bien qu’en pleine ville, on puisse avoir l’impression d’être déconnecté complètement de celle-ci. Si on omet ceux de New York et Vancouver, ça marche plutôt bien. C’est quelque chose qui me manque dans les grandes villes françaises. La ville est toujours là ; impossible de l’oublier. En l’occurrence, j’ai découvert avec grand plaisir que Toulouse avait un petit endroit comme celui-ci : le jardin japonais dans le quartier de Compens est un havre de paix assez merveilleux. Typiquement le genre d’endroit où, si j’étais toulousain, on pourrait me retrouver régulièrement avec un livre…