J4-Kamloops, les pieds dans l’eau… ou presque

May 9th, 2009 S�bastien

Les rencontres couchsurfing se suivent, mais ne se ressemblent jamais. Je sais pas trop pourquoi, j’allais vers celle-ci un peu à reculon. Difficulté à rejoindre Carly, peur d’un plan un peu foireux… Et puis j’avais le goût de nature. J’avais envie de foncer droit vers Well’s Gray Park. Mais bon… j’ai beaucoup roulé déjà ; le soleil plombe. J’ai décidé de tenter ma chance quand même. J’ai finalement réussi à rejoindre Carly, qui m’a dit qu’elle était chez elle et que je pouvais venir. Belle maison en retrait de la rue, sur le bord de l’eau. Je frappe, je sonne… pas de réponse. J’envisage encore un peu un demi-tour, mi-gênée, ni-stupide. Le portail vers l’arrière est ouvert. Je fais le tour. Magnifique terrasse, balancelle sur une petite page privée… Carly est là, avec un ami à elle. Elle s’excuse de ne pas m’avoir entendu. C’est pas vraiment grave en fait. On discute cinq minutes. Elle m’offre un verre d’eau et un bol de salade qui me font le plus grand bien. Coup d’oeil rapide sur une maison magnifique. Des poutres en bois apparents, cuisine ouverte superbe.. Je demanderais [ou pas] l’autorisation de faire quelques photos. Et puis Carly me dit qu’elle doit aller à un marché d’échanges de vêtements avec son ami ; elle me propose de venir, me disant aussi que je peux rester là. Un peu gêné, mais surtout fatigué, je décline l’invitation. J’ai beaucoup roulé, mangé des centaines de kilomètres de paysages hallucinants, et peu dormi. La balancelle sur le bord de l’eau me semble un endroit parfait pour se reposer en attendant son retour. Me voilà avec une maison pour moi tout seul. Ou presque : son père devrait bientôt rentrer. Mais bon, il sait que je suis là !

J4-Soirée à la ferme

May 10th, 2009 S�bastien

Carly est revenue. On a discuté tranquillement. Une fois de plus, je constate que malgré un accent terrible (elle confirme) je n’ai plus aucun problème à discuter en anglais. Quelques rares hésitations, mais rien de grave. Comme souvent avec des couchsurfers, l’un des premiers sujets abordés est celui du voyage. De là, la discussion peut évoluer tranquillement. Elle me parle ensuite de ses amis, qui possèdent une ferme bio, et qui font une soirée : le monde mange tous ensemble, discute, et ça finit au coin d’un feu avec de la musique. C’est juste « un peu loin ». Une quarantaine de minutes en voiture. Ça me fait hésiter un peu. J’ai déjà bien roulé, je suis quand même un peu fatigué, et mon anglais sera mis à rude épreuve. 

Je me décide finalement, en réalisant que ce n’est pas dans mes habitudes d’hésiter. Je lui réponds donc « why not ? » avec un grand sourire. Après quarante minutes de route, donc, nous entrons dans une maison où se trouvent déjà une quinzaine de personnes. Carly connaît à peu prêt tout le monde, et me récite une litanie de prénom que, fidèle à ma mémoire de poisson rouge, j’oublie immédiatement. Ici, tout le monde connaît les concepts du couchsurfing et du WWOFing (être hébergé sur une exploitation bio en échange d’un coup de main ; quelque chose à explorer). Avoir un voyageur de plus ou de moins ne les surprend donc pas. D’ailleurs, certains sont du Montana ; d’autres de Toronto. Cette maison semble une croisée des chemins : là où tout le monde finit par se retrouver. C’est la même ambiance bon enfant que l’on retrouve dans tout ces lieux ouverts sur le monde. J’essaie d’écouter un peu, de participer, mais ce n’est vraiment pas évident. Comme d’habitude, je préfère observer. 

Et puis après un moment, nous sommes quelques uns à nous retrouver dehors, autour d’un énorme feu. Je commence la soirée avec des poïs lumineuses, que je troque très rapidement contre mon appareil photo. Je fais quelques essais, mais ne m’éternise pas. Je le remplace par un djembé. Me voilà enfin en terrain connu. La musique se construit petit à petit. Au plus gros de la soirée, joueront en même temps trois violons, trois bandjos, une guitare, un hukulele, une flûte traversière, un accordéon, une flûte de pan et trois djembés. Ceux qui n’ont pas d’instruments s’improvisent des percussions ou chantent. Communion générale grâce au langage universel. La soirée s’étire. Les gens partent peu à peu, au fur et à mesure que le feu diminue. Nous ne sommes que cinq debout autour du feu quand vient notre tour de partir. Trois heures du matin, je m’allonge sur un matelas beaucoup trop mou, et m’endors immédiatement. 

J5-Well’s Gray Park

May 10th, 2009 S�bastien

Finalement, je ne dormirais pas dans le parc Well’s Gray. Il est trop tôt dans la saison, me dit on à l’information. La plus part des camps et des sentiers sont fermés. Le camping le plus proche, au North Thompson River Provincial Park, est à 5 kilomètres du centre en direction Kamloops. Ça veut dire 40 kilomètres de l’entrée du parc, si je veux marcher. Je suis plutôt déçu… je reviens vers le camping quand la pluie commence à tomber. Chute de moral. Jamais agréables les successions de malchances juste après de bons moments. J’hésite énormément à faire demi-tour : retour à Kamloops, je pourrais ensuite attaquer ma boucle par le sud et les Kottenays. Ça laisserait une semaine de plus aux parcs plus au nord pour finir de dégeler. Je n’avais pas pensé que ça pourrait encore poser problème à la mi-mai. Mais une personne, rencontré par hasard à un belvédère, m’informe qu’ils ont eut beaucoup de neige cette année. Je suis probablement 7 à 10 jours trop tôt. Ça justifierait de changer le sens de ma boucle, mais Kamloops est à 120 kms, et ça ne me tente pas de multiplier les kilomètres pour le plaisir. Le camping est un « self check-in ». En fait, j’ai l’impression que la majorité des parcs provinciaux en Colombie-Britannique sont de simples campings avec inscription selon la bonne volonté des gens. Ça explique les parcs provinciaux tous les 15 kilomètres (le magnifique camping vu hier était sur le même principe). Cette option me laisse toute la latitude voulue : je peux quand même aller voir les trois cascades principales (attraction majeure du parc), marcher un peu et ne décider seulement en fin de journée : faire demi-tour ou camper.

J’ai découvert à quoi sert le bouton « info » sur le volant. Il affiche différentes statistiques : vitesse et consommation moyenne, consommation instantanée, etc… ce qui me permet d’apprendre que ma consommation moyenne est de 7,9 litres au cent. Ça m’apprendra à faire n’importe quoi. Je réinitialise donc l’information, et je remplace le « Kaly Style » par le « Écono Style » essayant tant que possible de rester au dessous des 7 litres en consommation instantanée. Je pars découvrir Well’s Gray…. et me retrouve plutôt déçu : très beau paysage, mais pas aussi extra-ordinaire que ce que j’avais cru comprendre. Les trois cascades sont vraiment superbes, mais ne se méritent pas : la plus loin demande une marche de cinq minutes. J’avais pensé qu’elles offriraient au moins de belles randonnées d’une demi heure. Mais non. Je peux ajouter deux chevreuils et un ourse brun à ma liste, grâce au passage dans le parc. Rendu presque au fin fond de la partie accessible du parc, je réalise mon niveau d’essence. Le gentil ordinateur de bord m’informe que je n’en ai plus que pour 100 kms. Théoriquement, la station d’essence la plus proche est à 60 kms. J’ai donc un peu de marge. Mais je suis quand même content de mon idée de rouler économique, et l’applique encore plus. Je suis très fier du 6,7 de moyenne affiché en fin de journée. On verra si j’arrive à le garder voir même à le baisser encore ! Et en vous inquiétez pas : je n’ai pas eut à pousser. J’ai aussi pu m’offrir une petite marche d’une grosse heure. Finalement, je ne change pas mes plans. Je vais simplement raccourcir à une seule nuit mon séjour dans la région, avant de continuer vers Jasper. Demain, je vais sans doute retourner faire une longue marche au parc, avant de reprendre la route. On verra bien rendu là !

J5-Première cascade

May 10th, 2009 S�bastien

J5-Deuxième cascade

May 10th, 2009 S�bastien

J5-Troisième cascade

May 10th, 2009 S�bastien

J5-La balade

May 10th, 2009 S�bastien

J6- Demi tour

May 11th, 2009 S�bastien

Si je me fie à ma programmation initiale, je devais faire une journée complète de randonnée dans Well’s Gray Park. À entendre les « plic-ploc » sur la tente, j’ai une hésitation. J’ai très bien dormi, si on considère la situation : il faisait froid (même si mon manteau qui n’est pas fait pour la randonnée convient très bien en deuxième couverture) et ça m’a réveillé régulièrement. Tout comme les trains. Habituellement, c’est papa qui choisit ce genre d’endroit : perdu au milieu de nul part, mais avec une voie ferrée cachée de l’autre bord de la rivière, où des trains de marchandises d’une centaine de wagons passent aux deux ou trois heures. Mais en fait, les trains ne me dérangent pas trop. Je suis plutôt impressionné par l’omni-présence du ferroutage. J’ai vu une demi douzaine minimums de trains à chaque jour, quelque soit l’axe sur lequel je voyageais (sauf Vancouver-Whistler, en fait). À cent wagons le train et à deux containers le wagon, c’est une quantité assez impressionnante de camions que l’on est heureux de voir disparaître des routes. Une fois cette constatation faite, on réalise que, en effet, il y a beaucoup moins de camions sur les routes de la Colombie Britannique que sur celles du Québec (ou de la France, d’ailleurs). J’imagine que le fait que l’histoire de la Colombie Britannique repose en grande partie sur la voix ferrée explique en partie cela. Enfin… tout cela pour dire qu’il pleut ! L’intérieur de la tente a eut la gentillesse de rester au sec par contre. De même que toutes mes affaires : c’est pratique une voiture. Je plie en boule le matelas et le duvet que je jette dans le coffre et démonte rapidement la tente. Je la roule en boule dans les pieds du passager avant : la ventilation la séchera peut être un peu. Et j’improviserais si je croise un auto-stoppeur. Nouveau petit déjeuner au nutella et philadelphia, puis retour à l’accueil du parc. Je voudrais aller rapidement sur internet pour trouver une solution couchsurfing plutôt que camping à Jasper et Banff, où les nuits risquent d’être encore plus froides. Il y a une file d’attente pour les ordis. Malgré la pluie dehors, je discute avec la personne à l’accueil des possibilités de balade. La plus part des pistes devraient ouvrir la fin de semaine prochaine… je m’étais aussi renseigné sur une possibilité de balade à cheval la veille. Même réponse. Je sais également que le parc du Mont Robson, situé un peu plus loin et que l’on m’a très fortement recommandé, ouvre le 15 mai. Bref, je suis très clairement une semaine en avance. S’ajoute enfin à cela que j’ai réussi à rejoindre mon amie Stéphanie, qui n’habite « qu’à » trois heures de routes de Banff. Elle pourrait me rejoindre dimanche. Date à laquelle je devais quitter Banff… Bref, tout cela m’énerve. Un voyage organisé étant fait pour être désorganisé, je me décide à faire demi tour : retour à Kamloops, puis direction la vallée de l’Okanagan, et les Kootenays. Geoffray m’avait suggéré Christina Lake et Nelson. Je me dirigerais donc par là, avant de remonter par Revelstoke, Rogers Pass et Golden. Parfait pour être à Banff dimanche, et revenir dans la région quand tout sera ouvert. Je viens de faire un détour de 300 kilomètres, mais on fera avec ! Ma décision me remonte le moral. Il pleut, mais la vie est belle, et la route est encore plus belle dans ce sens : longue vallée suivant une rivière, les deux allant en s’élargissant en s’approchant de Kamloops. Par contre, je ne veux pas m’éterniser, et je fais le retour en surveillant un peu moins ma consommation. Le retour vers Kamloops se fait donc vite. Rendu là, je fais une brève pause à l’information touristique pour confirmer mon trajet et je découvre l’existence de Lumby. Petit village perdu, qui se vente de déborder de pistes de randonnées. Ce sera donc ma destination pour aujourd’hui.

J6- Le kilomètre 22

May 11th, 2009 S�bastien

La route jusqu’à Vernon ne présente que peu d’intérêt. Belle, mais sans être exceptionnelle, avec une alternance de pluie et d’éclaircies, et la ville de Vernon semble plutôt horrible. Je traverse sans m’arrêter, et m’engage dans une vallée très florissante, aux montagnes assez escarpées. Tout cela s’annonce très bien, même s’il pleut de plus en plus : j’ai foi en la météo !

J’arrive enfin à Lumby, avec l’espoir d’un camping pas trop loin et d’une belle randonnée pour finir la journée. La fille à l’info touristique doit venir de Vancouver. Peut être même de plus loin encore : elle a du mal à me suggérer une balade. Côté camping, j’ai le choix : un juste à côté d’ici, au « centre ville », un à trente kilomètres et un à cinquante kilomètres : le Monashee Provincial Park. Perdu au milieu de nulle part, trente kilomètres de routes non goudronnées, mais très bien entretenues m’assure-t’elle, et des balades à foison. Exactement ce que je cherche, mais un peu loin. J’hésite, mais me décide enfin : ce que je veux, c’est une place où rester deux nuits de suite, pour ne pas conduire demain. J’aime conduire, mais je ne veux pas faire que ça. La route qui suit « Sugar River » est magnifique. Les paysages où je roule sont de toute beauté, malgré la pluie. Le Requiem de Mozart épouse parfaitement le paysage.

Petite pause le temps d’aller voir le barrage qui ferme Sugar Lake, puis la route devient un chemin non goudronné. Ça roule bien, la balade est jolie, quoi que plutôt répétitive. Quelques beaux point de vue sur le lac, que la route longe jusqu’au bout. Kilomètre 22. Ça veut dire qu’il ne reste plus que quelques kilomètres. Je devrais donc être bientôt arrivé. Sauf que la route change d’un seul coup. La terre se transforme en neige à la sortie d’un virage. Environ un pied, sur une distance inconnue. Même si ce n’était que sur les 20 mètres que je peux voir, ce n’est même pas la peine d’y penser. J’ai une voiture qui va vite. Pas un modèle qui roule sur la neige. Je suis frustré : la fille m’a assuré que je n’aurais aucun problème à me rendre, et il n’y avait pas la moindre indication sur l’état de la route. Je n’ai pas le choix : je viens de faire un beau cinquante kilmoètres pour rien. Je grignote rapidement. Il est 16h, je commence à avoir faim. Philadelphia et nutella sont loin. Je voulais manger une fois installer, mais là, je ne sais juste pas quand j’aurais une tente montée. La balade aller-retour m’aura quand même permi de voir 11 chevreuils… nouveau programme : retour au camping du centre ville, le temps d’une nuit, puis voiture et vroum vroum loin !

J6- Mabble Lake

May 11th, 2009 S�bastien

Sur le chemin du retour, je croise la route du Parc Provincial de Mabble Lake. Trente deux kilomètres. C’est loin. Mais je veux de la tranquillité, de beaux paysages, tout ça ! Je tente ma chance. La vallée est parallèle à celle que je viens de remonter, mais plus large, plus verdoyante, et plus habitée. Une ambiance très décontractée, relaxe. C’est beau, inspirant, réconfortant. Je passe à côté d’un élevage de cochons en liberté. Ils ont un espace impressionnant. Ce seront ensuite des vaches qui passent au côté de deux vieilles granges. C’est beau, la pluie a cessé, le soleil est revenu. Je vois cela comme un signe que j’ai pris la bonne décision. L’arrivée au camping me le confirme. L’emplacement est magnifique. La tente est montée en cinq minutes (c’est l’avantage de ne pas tout replier à chaque fois) et le matelas est gonflé en 274 coups de pompe. Le tout à 10 mètres d’un lac gigantesque et magnifique. Ouf ! Je suis content.