J19- Stephen

À la fin du spectacle, mes yeux se sont soudainement trouvé attirés par un mouvement familier : deux petites boules de feu en mouvement… un gars vient tout juste d’allumer des poïs, sur la plage. Je me suis évidemment précipité, appareil photo à la main. Pour ce que j’en connais (et, après tout, je commence à plutôt bien connaître le sujet) il est vraiment doué ; il maîtrise parfaitement ce qu’il fait. J’en profite donc, jusqu’à ce qu’une personne responsable de la plage vienne lui demander d’arrêter. C’est malheureusement interdit ; difficile de comprendre les raisons, mais bon…

J’ai quelques clichés sympas, mais rien d’exceptionnel (il y a encore trop de lumière). Pas grave : je vais le voir. Ça me surprend moi même, mais j’engage la conversation, en lui montrant les photos. Et du coup, je me suis installé, et on a discuté un bon moment. Moment très agréable. Dans la vie, il est prof d’anglais ; il me dit que je me débrouille très bien. Je suis très fier. J’apprécie énormément le fait de simplement discuter, socialiser avec un parfait inconnu. Ça devait me manquer !

Je me rappelle soudainement ce que j’ai dans la poche : il y a deux semaines de cela, à Kamloops, en faisant mes courses pour le camping, j’ai acheté un briquet : ça peut toujours être utile. Sauf qu’ils ne les vendaient que par quatre, et théoriquement j’ai le droit de n’en avoir qu’un seul dans l’avion. J’avais donc décidé de donner les trois autres au cours de la journée. J’avais déjà abandonné mon reste de sauce de salade à l’Auberge de Jeunesse et une boîte de conserve à un mendiant. Ce sentiment de redistribution (toute petite et ridicule) est surprenament agréable. Non, je ne suis pas du tout en train de me donner bonne conscience d’avoir donner quelque chose ; je trouve simplement agréable de me départir de biens matériels, en les distribuants autour de moi. Aucune bonne conscience la dedans, simplement une impression de détachement.

Stephen est surpris, mais accepte en rigolant les briquets quand il connaît l’histoire. Le froid s’installant, il repartira chez lui, et moi vers l’Auberge de Jeunesse.

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