J1-6 mai : 00h00

Ce  voyage est une suite de prises de conscience qui s’enchaîne les unes après les autres. “Prises de consciences” est peut-être un peu fort par contre, pour désigner quelque chose qui ressemblerait peut être plus à “ah bin oui tiens”. La première a été au moment de noter les adresses des personnes à qui je veux écrire. Je me suis rendu compte que beaucoup était au Québec. Ne changeant pas de pays, je peux donc emmener mes timbres avec moi, sans me poser de questions… le voyage dure 5 heures… à l’aéroport, on ne m’a pas demandé mon passeport. Ma carte d’assurance maladie suffit à monter dans l’avion après un rapide coup d’oeil de la responsable de l’embarquement. Evidemment, pas de changements de monnaie non plus. J’ai donc pu m’arrêter à la banque avant de partir, histoire de faire un simple reetrait… j’avais eut le même sentiment de liberté de mouvement il y a quelques années, lors d’une virée d’une après midi en Italie : nous étions en France, puis en Italie. Nous étions passés d’un pays à l’autre sans se compliquer la vie avec des formalités. Cette liberté de mouvement est tellement magnifique ! Je n’arrive pas à réaliser complètement la richesse que cela représente. Il est si important, si formateur, de pouvoir aller voir ailleurs ! Les autres ont tant à nous montrer, à nous apprendre ! Il n y a pas de raisons de ne pas profiter de cette liberté.

La veille de mon départ, un ami me faisait remarquer qu’il n’y a pas le Québec et le reste du Canada. Il l’avait constaté en traversant le Canada d’un océan à l’autre. En vélo. Respect ! En fait, je me doutais bien de cela, mais j’avais besoin de le vérifier par moi même. Alors même que je suis en train de finaliser mes démarches de citoyenneté, je ne connais qu’une infime partie, qu’un point de vue de ce pays. Le rapprochement entre le Canada et l’Europe me semble logique : peut-on être canadien en n’ayant connu que le Québec ? Peut-on être européen en n’ayant connu que la France ? La réponse est évidente pour moi. Je ne suis pas un canadien-européen, mais un franco-québécois. Pour le moment en tout cas, puiseque je compte bien faire changer cela. Ce voyage devait être pour moi la source de nombreux questionnements, nombreuses remises en question également. Sans  vouloir entrer dans le débat identitaire québécois, je suis en faveur d’un Québec indépendant. Mais en même temps, je suis persuadé que ce serais une erreur pour le Québec de quitter complètement le Canada et de s’isoler. Le lien qui unie les provinces entre elles n’est peut être pas identitaire, mais il y a un lien fort, qui doit rester. À l’image de l’Europe ? Peut-être, au moins en partie. Le résultat est étrange : me voilà en faveur d’une Europe en construction et d’une déconstruction partielle de la Confédération canadienne. Tout cela devient complexe à expliquer. Je m’y essaierais peut être un jour. Quand je saurais de quoi je parle !

J’ai pris l’habitude de partir vers l’est. Partant de Montréal, je me dirigeais toujours vers l’Europe. C’est la première fois que je change de bord depuis bien longtemps. La première fois que je vais plus à l’ouest que Ottawa. Vers l’autre océan. Ce pacifique mythique qu’il a fallu relier pour créer un pays. Oui mais voilà… tant de voyages, de kilomètres, d’observation… et à peine plus d’un tier de tour de fait. Et encore, je suis loin d’avoir fait le tier d’un demi hémisphère ! Je ne suis probablement jamais descendu au dessous du 30e parralèle, ni monter au dessus du soixantième. Absolument ridicule, non ? Je commence enfin à avoir un commencement d’aperçu… et encore ! Je n’ai jamais quitté la culture occidentale. C’est fou à quel point plus on voyage et plus le monde s’aggrandit. Et en même temps, ça fait un bien énorme de découvrir cette absence complète de limite. Il reste temps à découvrir, tant à photographier !

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Finalement, il n’y aura pas eut tellement d’attente. Le siège est confortable, et j’ai bien assez de place pour mes jambes. Avec en plus un siège vide à côté, je pourrais presque avoir l’impression de voyager en classe grand luxe ! Quand à l’écran tactile en face de moi, il me laisse un choix de programmes libres des plus éptatants ! Entre une comédie romantique plate et sans intérêt, et une romance comique sans intérêt et plate. Enfin, le (très) petit écran aura parfaitement joué son rôle, en m’abrutissant juste comme il faut. Le temps, au moins, aura passé, l’observation des autres voyageurs me faisant réaliser à quel point je ne suis pas du tout à jour : maintenant, pour voyager il faut son iPod pour écouter sa musique, son téléphone cellulaire pour le déconnecter dans l’avion, et son ordinateur portable pour faire plein de choses avec.

Tout à l’heure, quand je vais arriver chez Ryana, la couchsurfeuse vancouveroise qui m’hébergera quelques jours, il faudra que je me rappelle que je suis parti vers l’ouest. De l’autre côté. Ca veut dire qu’au lieu de me battre contre le sommeil suite à une nuit blanche, il faudra que je me batte contre l’excitation pour que je puisse m’endormir. Un voyage qui commence par une nuit de sommeil ? Pourquoi pas après tout !

Début de la descente sur Vancouver, aterrissage dans 20 minutes. Je me demande si je vais finir par ouvrir mon guide de voyage. Je devrais peut être. Ou pas.

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