Tête en bas

Down under wandering. Archipelagoes to islands; beaches to deserts; mountains to cities.

Archive for the ‘[Australia – Tasmania]’ Category

Lake St Clair, ou Mount Field, difficile à dire

Il y avait un gros soucis. Le même que la dernière fois. Comment faire pour quitter Hobart ? Sauf que cette fois, la configuration était encore pire. Car vers le nord, les banlieues s’étirent pendant un moment. Et l’autoroute n’est pas vraiment accessible aux stoppeurs. On aurait pu prendre le bus, s’éloigner… mais le bus à Hobart, ça semble encore pire que le bus à Sydney. Alors on a laissé tombé cette option… on s’est dit qu’on allait tenter notre chance, avec notre pancarte, sur le bord de la rue.

Et il y a eu Lil. Une fille tout simplement adorable, qui nous a pris en pitié, et qui a fait un énorme détour, juste pour nous déposer, 20 minutes plus loin, à un endroit beaucoup plus simple d’accès. Nous laissant même son numéro de téléphone au cas où on serait coincé à nouveau. Son numéro de téléphone, on a bien l’intention de l’utiliser. Pour l’inviter à boire une bière à Hobart, si on trouve le temps. On verra bien… il y a ensuite eut cette gentille madame qui s’est arrêté pour nous prendre, alors même que l’on n’avait pas atteint l’endroit où on s’était dit que ça serait bien de se poser. Elle avait l’air triste et bien seule la petite madame. On lui a peut être apporté un peu de nouveauté dans sa journée un peu morose. Et puis ensuite, on a eu droit à une famille tasmanienne profonde. Profonde, le mot n’est pas peu dire. « Ah, vous venez de France, vous venez de Paris ? ». Même pas envie de détromper, de contredire. Des gens absolument adorables, qui nous ont répété à plusieurs reprises qu’ils se sont arrêtés pour nous, parce que nous on a l’air gentil. C’est d’ailleurs parmi les rares choses que l’on a réussi à comprendre dans ce qu’ils ont dit. Dur l’accent ! Quand à l’enfant hyper actif à l’arrière, je plains son enseignant ! Mais bon, ils nous ont bien avancé. Ils nous ont posé à un petit carrefour. Un endroit parfait pour repartir. Sauf que là, on a eu un doute soudain. On est resté un moment à faire du stop, sur le bord de cette route qui devrait, en théorie, être un axe principal de la Tasmanie. Trop petit l’axe. Pas assez de circulation. Et puis ici, les numéros de route commencent par une lettre, pour indiquer leur importance : A, B ou C. Après vérification, nous ne sommes pas sur la A6 mais sur la C500 et quelque chose. On regarde à nouveau la carte. En fait, ils nous ont posé au milieu de nul part. Certes, la route où l’on est rejoint la A6 un peu plus loin. Mais nos espoirs de voir une voiture s’arrêter sont quasiment nuls. En revanche, on est juste pas loin du tout de Mount Field National Park. Lui, on se le gardait pour plus tard. On hésite. On discute. On réfléchit. On se rend compte qu’en réalité, il est beaucoup plus logique de faire Mount Field maintenant, et garder Lake St Clair pour plus tard. Parfait. Changement de route. On lève le pouce. Douze secondes après, une voiture s’arrête. Une fille baragouine ce qu’elle peut en anglais. Elle est française, et ça se voit. Par pitié, je passe tout de suite au français pour lui simplifier la vie : elle rejoint deux amis, trois cents mètres plus loin. Ils vont manger, puis aller à Mount Field. C’est parfait. On a faim. On a notre nourriture. On va manger aussi. Et ensuite, on part tous ensemble jusqu’au parc. Le courant ne passe pas vraiment. C’est dommage ; on aurait pu se faire une belle petite soirée, tous ensemble. Tant pis pour eux ! Nous, à la place, on se pose rapidement au centre d’informations, vu que l’on n’avait pas planifié du tout de se retrouver ici…

Mount Field est surtout connu pour ses cascades. Trois cascades, assez belles, et assez facile d’accès. Le centre d’accueil fermant dans un peu plus d’une heure, on décide d’y laisser nos sacs, le temps de faire une première petite boucle, histoire d’en voir deux, et de jeter un oeil sur quelques gros arbres. La première, Russell Falls, est probablement l’une des plus connues. À peine 5 minutes à pied, sur un chemin accessible même en fauteuil, et avec un charme absolument indéniable. Tellement charmant, d’ailleurs, que même la marche est agréable à prendre. Et on vous encourage même à revenir de nuit, pour admirer les « glow worms ». Non, ce ne sont pas des vers luisants. C’est autre chose, unique à la Tasmanie. On verra cette nuit !

Une petite quinzaine de minutes plus tard, et quelques dizaines de marches, on se retrouve au pied de la deuxième chute : Horseshoe Falls.

La suite de la balade, qui nous permet ainsi de faire une boucle assez sympa pour revenir jusqu’au centre, s’appelle « Tall Tree ». Il est vrai que la Tasmanie n’a pas grand chose à envier aux géants californiens. Un peu plus petit, certes. Un peu moins haut également. On parle ici d’un peu moins de 100 mètres. Ça reste quand même très impressionnant pour moi. Et surtout, je retrouve ce calme et cette tranquillité qui semble si commune aux forêts d’arbres géants. Tranquillité dont ne pouvons malheureusement pas trop profiter. Le centre va fermer, il nous faut récupérer nos sacs.

On a pris l’habitude de ne pas payer pour le camping. Et on s’attendait à un camping gratuit ici aussi. Ce n’est pas le cas. Le camping au centre coûte 16$ par nuit. Trop cher pour nous. On envisage donc de partir dans la nature : le début de la randonnée que l’on vise pour demain est à une quinzaine de kilomètres d’ici. Plutôt que de le faire en stop demain matin, on pourrait essayer de le faire en stop ce soir. On pourra se poser tranquillement là bas, sans s’inquiéter de devoir payer un camping, et on aura plus de temps pour la randonnée le lendemain. Seul soucis ? Après vingt minutes sur le bord de la route, le pouce levé, on doit se rendre à l’évidence : à cette heure là, les voitures reviennent. Aucune dans le bon sens. On se décide alors à prendre une chance. On va s’installer au camping, sans payer, et on fera pitié si jamais il y a un contrôle. On plante notre mini tente entre tous ces campings car gigantesques.

Le tout est vite installé. La soirée est encore jeune. On a le temps de s’offrir une petite marche jusqu’à Lady Baron, la troisième cascade. Celle-ci nous demande encore de monter et descendre quelques marches, mais on le fait sans trop rechigner. Encore une fois, très beau spectacle au rendez-vous. Petite cascade, toute simple. À une toute autre dimension, je repense à Yosemite, aux si nombreuses cascades, toutes différentes. Les cascades ont cette particularité je trouve… on peut en avoir vu une centaine, c’est un spectacle dont on se lasse pas.

Je sursaute sur un cri d’Iris. Je me retourne. Elle indique la petite marre sur le côté. Dedans, il y a une forme qui bouge. Des pattes palmées. Un long museau. Une queue étrange… l’ornithorynque n’est donc pas une légende urbaine que l’on fait courir de part le monde pour faire venir les voyageurs, mais bien un fait réel ! Mais c’est surtout une créature très timide ; il disparaît très rapidement dans les branchages. On le voit refaire une apparition à un moment, puis plus rien. On rentre à la tente, le coeur joyeux. Une nouvelle case de cocher dans les animaux étranges. Ne manque plus que le koala… et quelques autres.
La nuit tombée, on décide d’aller voir les « glow worms ». Une lampe de poche, dans la poche, parce que la lumière, la nuit, ça empêche de voir. Et on avance tranquillement le long d’un sentier tout tranquille. On croise une ou deux personnes, qui nous éblouissent joyeusement de leurs lumières, avant de finalement arriver à « l’antre » des vers. Ça prend encore un moment pour les repérer. Pour savoir quoi regarder exactement. Et surtout où. Et puis finalement, on les repère. Plein de petits points, un peu partout. C’est joli tout plein. En avançant encore, on arrive à un endroit où il y en a plus. La grosse différence avec les vers luisants ? Ceux là semblent complètement immobile. Petits points de lumière, simplement suspendu dans le noir, avec énormément de poésie. Parfait petit spectacle tout simple avant d’aller se coucher !

Quand les astres s’enlignent parfaitement

Il est toujours agréable de revenir à la réalité après quelques jours déconnectés et de passer une journée avec que des bonnes nouvelles. Alors je vous le fais dans le désordre :

– nous avons reçu un mail de Michel et Marianne, nos deux suisses qui ont un bateau à Brisbane en ce moment. Comme on est toujours super intéressé à l’idée de passer quelques jours sur le bateau avec eux, on va donc les recontacter et voir ce qu’il est possible d’arranger

– je suis toujours en contact avec Chris, le surfer californien rencontré après Freycinet. Il a vraiment trippé sur mes photos, en a parlé un peu à certains de ses amis, qui seraient très probablement intéressés par une option « échange photo contre hébergement ». Il y a une piste vraiment intéressante à creuser, surtout si ça peut aller de paire avec quelques petites leçons de surf et/où de kite surf. D’ailleurs, on va chez Chris dimanche prochain si tout se passe bien

– il y a eut comme par magie une relocation de van Hobart-Melbourne qui est apparu sur mon site de relocation préférée. Et les dates coïncidaient juste parfaitement avec ce qu’il nous fallait. On devait normalement acheter nos billets d’avion aujourd’hui ; à la place, on a acheté des billets de bateau. On s’en tire pour un prix plus qu’excellent, et on fera la traversée retour de jour.

– quand on était encore à Sydney, je suis entrée en contact avec un anglais qui cherche des graphistes pour des contrats avec ses clients australiens. On avait échangé un peu, et puis il a disparu dans la nature. Il est réapparu aujourd’hui. Mon portfolio lui plait, mes tarifs lui conviennent… peut être un déblocage à prévoir à ce niveau là !

Donc d’un seul coup, en une journée, tout s’est mis en place pour les prochains jours.

Demain, nous repartons sur le pouce, direction Lake St Clair. On va jeter un oeil et passer deux jours là bas. Dimanche, retour à Hobart. On passe la journée et la soirée chez Chris. Lundi, on attrape une voiture de location pour quelques jours, histoire d’explorer le sud du sud, et la région du lac Gordon. Il y a aussi le mont Anne et ses 1400 mètres de dénivelé qui nous attend depuis quelques temps. « Beau défi », comme dirait le taureau de Fred Pelerin en voyant le ciel devenir entièrement rouge dans le soleil couchant. Le samedi, on troc la voiture pour un van. On va de nouveau être en mode grand luxe pour quelques jours. Lundi 27, on saute sur le bateau. Mardi 28, on rend le van à Melbourne.

Et ensuite ? Ça c’est une question qu’elle est bonne. Iris a deux amis, des gens très bien, qui vont être à Melbourne. On devrait passer quelques jours avec eux. Sans trop connaître les détails pour le moment. À ces dates là, ils devraient rentrer vers Sydney via Canberra. On les accompagnera peut être.

Non, nous ne retournons pas à Sydney. Mais nous sommes tout les deux animés par ce même sentiment. La Tasmanie est magnifique, mais ce n’est pas ce que nous sommes venus chercher en Australie. Tout comme Melbourne nous plait énormément, mais ne nous apportera pas le dépaysement recherché. Ce n’est pas non plus en s’éloignant de Melbourne que l’on trouvera des paysages différents. La Great Ocean Road est probablement magnifique, et il nous faudra la faire à un moment. Mais ça reste une route côtière, avec des falaises. Nous, on a des envies de nouveauté. De désert. Ou de grande barrière de corail par exemple. Alors pourquoi pas Perth ou Brisbane plutôt que Melbourne ?

L’idée vient juste d’être émise ; il y a encore pas mal de technicalité à prendre en considération. La décision est loin d’être finale. Mais bon, imaginons que l’on trouve une magnifique offre de relocation « Sydney – Brisbane » ou « Melbourne – Perth »… peut être devrions nous aller là où le vent voudra nous emmener !

Enfin… ce qui est sûr, c’est que d’ici au 27 février, le planning est quand même assez bien rempli. Les connexions internet seront peut être un peu rares ; ou pas du tout. On verra bien ! J’imagine que l’on arrivera quand même à donner quelques nouvelles sur la route pour vous tenir au courant !

Maria Island jour 4 : Fossil Cliffs et Bishop and Clerk

Altitude départ : 8 ; altitude arrivée : 8 ; point culminant : 620
Dénivelé : + 610, -610 

Distance : 6 km ; Temps de marche : 4 heures. 

Au moment d’acheter les billets pour le bateau, on avait dit que l’on rentrait le jeudi matin. Le fait d’avoir fait Maria la veille fait qu’il nous reste une balade plutôt courte pour le dernier jour. Le bateau partant à 16h30, ça devrait même nous permettre de repartir aujourd’hui, plutôt que demain matin. Ce qui n’est pas une mauvaise chose, vu notre emploi du temps qui s’annonce bien chargé pour les prochains jours. On laisse toutes nos affaires au camping pour le moment, sans démonter la tente, au cas où la balade prenne plus de temps que prévu. Mais tout porte à croire que l’on aura tout le temps nécessaire.

On commence par traverser les restes du village. Parce qu’il y a longtemps, il y avait un mini village sur l’île, alors qu’elle faisait fonctionner une cimenterie dont il reste quelques traces à droite à gauche. Il y avait aussi un centre de détention pour les convicts. Je ne voudrais pas dire d’erreur, mais il me semble bien que les deux n’étaient pas contemporains. La cimenterie a fermé dans les années 1920. L’île a été un peu 0ubliée abandonnée avant de devenir un parc naturel assez apprécié. Le village en soit même n’a pas grand chose à offrir. Ses 10 maisons sont jolies, mais sans plus. Il y a quand même quelques arbres magnifiques. Par contre, dès que l’on sort du village, la nature reprend le dessus. Après une bonne demi heure de marche, on arrive au sommet des Fossil Cliffs. Au loin, là bas, on devine Freycinet. Et là haut, au bout des falaises, en haut de la montagne, on devine notre objectif.

On avance très bien. Là encore, la marche commence assez tranquille, avant de commencer à grimper un peu plus. On a beau être prévenu qu’il y aura à nouveau des éboulis, quand on arrive, le mur est relativement impressionnant !

La fin offre même quelques petits passages d’escalade simple, qui rende la dernière ligne droite (qui n’est pas droite du tout !) particulièrement intéressante. À chaque fois que l’on pense être arrivé au sommet, un autre groupe de rochers apparait en arrière. On grimpe, on est heureux, on aime ça. Jusqu’à ce que soudainement, il n’y ai plus de dernier rocher à grimper, et que l’on se retrouve tout en haut. Cette fois ci, on y a le droit à la vue à 360 degrés. Largement plus impressionnante que la veille ! En bord de falaise, avec une magnifique chute sur la mer tout en bas. Spectacle assurément grandiose !

On s’offre une fois de plus un petit repas au sommet, où l’on passe une bonne heure, à admirer la vue et à manger. Je resterais bien plus longtemps, mais on a un bateau à attraper à un moment. Alors on s’attaque à la descente, qui se révèle être tout aussi amusante et agréable que la montée !

On rencontre même un échidné particulièrement peu farouche, qui nous laisse lui tourner autour pendant un moment. On essaie de décider qui du wombat et de l’échidné à l’air le plus stupide. Difficile à dire… le wombat aura définitivement ma préférence quand viendra le moment du câlin par contre !

Une dernière petite visite d’une maison abandonnée pour la route, et nous voilà finalement de retour au camping.

Nous avons largement le temps avant le départ du bateau. Alors on plie tranquillement nos affaires et on fait nos sacs. Il y a une mini inquiétude quand même : notre place est réservée pour le lendemain matin ; il y a un risque que le bateau soit complet cette après midi, et que l’on doive quand même attendre le lendemain pour revenir.

Mais ça ne sera finalement pas le cas. On se retrouve confortablement installés, et rapidement endormi, bercés par les vagues. Les derniers jours ont été éprouvants !

On s’est fait une petite pancarte « Hobart », juste au cas où quelqu’un nous verrait à bord du bateau. Bonne idée, puisque ça marche ! Un couple en van nous propose de nous ramener en centre ville. Même pas besoin de lever le pouce. Le stop devient presque trop facile ! Et la dépose en centre ville nous permet une heure de marche supplémentaire pour rentrer chez Bernd… mais au moins, nous sommes rendus ! Encore une nuit où dormir ne sera pas un problème !

Maria Island jour 3 : Mont Maria, Painted Cliffs et les pingouins

Altitude départ : 100 ; altitude arrivée : 8 ; point culminant : 711
Dénivelé : + 610, -710 

Distance : 15 km ; Temps de marche : 6 heures. 

Je pense que l’un des souvenirs qui me restera le plus de l’Australie, c’est le chant des oiseaux. Cette impression, dès que l’on est dans la nature, d’être enfermé dans une volière Des chants de perroquets, partout, tout le temps. Des sons complètement surprenants et inhabituels. Des cris d’oiseaux qui ressemblent à des hurlements de singes. D’autres, on ne sait pas vraiment à quoi… c’est le chant des oiseaux qui m’a réveillé ce matin. L’un des plus beaux concerts que j’ai entendu jusqu’ici. Perdu au milieu de la forêt, sans personne pour les déranger, ils s’en donnent à coeur joie. Et ça commence magnifiquement bien la journée !

Ça ne fait pas très longtemps que l’on est réveillé, pas encore sorti de la tente, quand j’ai l’impression d’entendre un bruit de moteur au loin. Mais celui-ci s’arrête. Je pense donc à une hallucination produite par réflexe à chaque fois que je dors dans un endroit où je n’ai pas le droit. À moins que… non, un peu après, le son recommence. Un bruit de moteur, qui approche. Les seuls engins motorisés sur l’île sont ceux des rangers. Je dois sans doute être maudit. Je ne vois plus que ça…

Le petit véhicule s’arrête. Deux personnes en descendent. Nous saluent. Nous demandent si on a aimé l’emplacement, si on était bien. Puis nous souhaite une bonne journée, prennent leurs sacs, et attaquent le chemin qui mènent au mont Maria. Mon esprit de déduction me permet donc de comprendre que peut être au final le camping sauvage n’est absolument pas interdit. Et bien c’est tant mieux !

On prépare nos affaires, et à nouveau un petit pique nique pour le sommet. La marche risque d’être longue une fois de plus. Et une fois de plus, on attaque tranquillement. La majeure partie du chemin monte en prenant son temps, sillonnant dans une autre magnifique forêt d’eucalyptus. Tout cela paraît facile. Presque trop facile. Un peu comme s’il y avait un piège. Après tout, il nous faut monter plus de 600 mètres, et après deux heures de marche, je ne pense pas que l’on ai monté plus de 200… ça fini quand même par commencer à se raidir. On commence à marcher sur des cailloux. De plus en plus gros. Avant de se retrouver au pied d’un magnifique éboulis. On voit très clairement où se trouve les 3oo mètres qu’ils nous restent à faire… on grimpe rapidement, et l’île s’étale petit à petit devant nous. Pendant ce temps, les nuages commencent à s’accumuler au sommet…

La grimpette me plait quand même bien. Raide, certes, mais les jambes arrivent quand même à suivre, et on arrive finalement au sommet… en plein brouillard… on ne désespère pas. D’après les informations que l’on a, les nuages apparaissent et disparaissent très rapidement au sommet. Alors on se pose tranquillement pour manger, en attendant sagement la prochaine éclaircie. Qui arrive finalement !

Une mini déception quand même, parce que la vue n’est pas à 360 degrés comme promis. Une partie de la vue est cachée par des arbres, qui empêchent de voir le nord de l’île. Et puis il y a aussi quelques nuages qui persistent à ne pas vouloir partir, et qui nous cachent donc un peu la vue également. On reste quand même ravis. Fatiguant, certes, mais justifié !

On est rejoint, juste avant notre départ, par l’allemand avec qui on a partagé un thé la veille. On échange donc à nouveau quelques mots, avant de reprendre notre chemin.

La descente se fera plus rapidement, dans la joie et la bonne humeur !

On récupère nos sacs que l’on a laissé en bas avant l’ascension. On commence à se préparer à repartir quand l’allemand nous rattrape à nouveau. Et puis juste après, les deux rangers en véhicule motorisé. Certains diront sans doute que c’est de la triche, ce que je ne trouve pas vraiment grave. C’est sûr qu’ils n’ont pas de la place pour des passagers supplémentaires… par contre, pour des sacs ? Sans problème ! Ils retournent à côté du camping vers lequel nous nous dirigeons également. Nous ferons donc le restant de la balade sans avoir à nous soucier du transport de tout notre bordel. Y a pas à dire, ça fait plaisir !

Du coup, on attaque le chemin du retour le coeur (et surtout le dos !) léger. On fait la route avec l’allemand, dont on ne connaitra au final jamais le prénom.

Le chemin du retour nous fait passer à nouveau à côté des Painted Cliffs, qui justifient amplement un mini détour. La lumière est beaucoup plus belle sans les nuages, et à marée haute, les lieux sont encore plus beaux ! Le détour valait vraiment la peine !

Les jambes commencent à être pesante, et les 30 dernières minute de marche qui nous ramènent au camping se font vraiment ressentir ! Mais on récupère finalement nos sacs à dos, on se trouve un bel arbre ombragé, et on plante notre maison en dessous.

La journée aurait pu se terminer là. Après tout, elle était déjà bien remplie ! Mais c’est sans compter une petite activité d’observation de petits pingouins dans la soirée. Il y a quelques nichées à côté de la jetée ; un ranger sera là avec une lampe spéciale.

Alors après un bon petit repas bien simple, on s’offre une petite marche sur la plage pour admirer le soleil couchant en se dirigeant vers la jetée.

On attend un bon moment avant de finalement voir les premières silhouettes ressortir. Ces bestioles sont toujours aussi ridiculement mignonnes. On reste un moment à les suivre, à les observer, à faire quelques photos. De quoi terminer la journée en beauté !

 

la st valentin

Maria Island jour 2 : McRaes Isthmus et Haunted Bay

Altitude départ : 15 ; altitude arrivée : 100 ; point culminant : 210
Dénivelé : + 350, -275 

Distance : 30 km ; Temps de marche : 8 heures. 

Aujourd’hui, donc, on s’en va au sud, voir à quoi ça ressemble. La tente était bien confortable, et on a relativement bien dormi. Je suis quand même sorti, au milieu de la nuit, en entendant les opossums farfouiller dans les sacs. Parce que si la tente est confortable, elle n’est pas assez grande, par contre, pour que l’on garde les sacs avec nous. Mais ce n’est pas grave. Maintenant, je suis prévenu, et la nourriture était quand même bien en sécurité. Par contre, ma petite virée nocturne m’a permis d’observer un ciel tout simplement grandiose. Forcément, avec le lampadaire le plus proche à trente kilomètres, si ce n’est plus, et un ciel assez dégagé, la vue sur les étoiles et la voie lactée était à couper le souffle. Dans mon demi sommeil, par contre, je pense avoir un peu exagéré ce que j’ai vu… quoi qu’il en soit, j’en garde une image impressionnante !

On part pour un bon vingt kilomètres aller-retour. Avec le pique nique, la crème solaire, et tout ce qu’il faut. Pas de gros dénivelé au programme, si ce n’est monter un peu vers la fin, avant de redescendre brutalement jusqu’au bord de l’eau. Pas mal de distance, par contre, que l’on préfère attaquer tranquillement. Le chemin, comme la veille, est large. Il permet aux petits véhicules d’entretien du parc de circuler. Assez sableux également, la marche n’est pas forcément des plus agréables. On se retrouve sur l’isthme assez rapidement. Mais on finira par découvrir que celui-ci n’est pas aussi étroit que ce que l’on pensait. Il n’a pas l’air si large que ça sur la carte, mais comme il est boisé, il n’est pas possible de voir des deux côtés en même temps. Ce qui est vraiment dommage, vu que les deux baies qui le compose sont très belles. Pas grave, on en admirera d’abord une, puis une autre. Iris en profitera pour se baigner un peu. Toujours trop froid pour moi par contre.

On s’enfonce alors dans une forêt d’eucalyptus. Plus le temps passe, et plus j’aime ces arbres. Il n’y a pas de chênes en Australie. Enfin pas de façon endémique. Ils ont été importé par la suite. Mais l’eucalyptus m’y fait fortement penser. Un bois sombre et dur, avec un dessins assez particulier. Et avec une silhouette assez similaire (même si cette photo n’en est pas le meilleur exemple).

La marche n’est pas inintéressante, sans être franchement passionnante non plus. Je finis par attendre avec assez d’impatience le moment où l’on va attaquer la descente, et voir le bout du paysage. Moment qui fini par arriver. La récompense en vaut quand même la peine !

On s’installe confortablement sur les cailloux, histoire de savourer notre pique nique. Bien au chaud au soleil. On discute du planning des prochains jours. On essaie de tout faire rentrer dans un carcan temporel un peu contraignant. On arrive à une solution qui nous plait… mais qui implique de marcher 10 kilomètres supplémentaires aujourd’hui. On n’est pas vraiment sûr d’en avoir envie. On décide donc de rentrer tranquillement. On verra comment on se sent à l’arrivée.

Le chemin du retour se fait tout aussi rapidement qu’à l’aller. À ceci prêt que ça paraît encore plus long. Marcher dans le sable, sous le soleil, n’est vraiment pas agréable. On prend une pause à nouveau sur le bord de l’eau au retour, mais ça ne fait pas tout. On est écoeuré de marcher quand on arrive finalement à la tente.

On décide de prendre notre temps. On a des petits biscuits, un petit thé avec ça, ça pourrait quand même faire du bien. Si on se repose un peu, on devrait être capable de repartir pour les dix kilomètres supplémentaires et les deux grosses heures que ça représente. Un marcheur solitaire arrive à ce moment là. Je lui demande s’il veut du thé. Il accepte. On échange quelques mots rapides. Il nous propose du chocolat. Il y a des choses qui ne se refusent pas.

On hésite encore un peu, mais ça nous simplifierait vraiment l’organisation des jours suivants de marcher encore un peu. En fait, l’idée est de remonter dans le nord de l’île, au départ du sentier qui permet de gravir le mont Maria, point culminant de l’île avec ses 711 mètres. On marche plus aujourd’hui, pour marcher moins demain, Un deal qui pourrait être intéressant au final. Et qui signifie aussi que, puisque l’on ne vise pas un terrain de camping, mais que l’on va dormir au milieu de nul part, on peut en fait s’arrêter un peu quand on veut. L’idéal serait d’aller au bout, mais si on pose les sacs avant, ce n’est pas bien grave non plus. On démonte la tente, on refait les paquetages, les réserves d’eau, et on part. Sans amener trop d’eau : il y a plusieurs ruisseaux indiqués sur la carte, on devrait pouvoir se servir en chemin.

Alors que l’on avance et que le ciel commence à s’obscurcir, je me demande si c’était une bonne idée… la pluie semble de plus en plus inévitable. En plus de la tente, on a une petite bâche pour rouler les sacs dedans pour la nuit, mais s’il pleut un peu fort, les sacs seront trempés… alors j’espère très fort que le mauvais temps ne s’installera pas, et que notre idée lumineuse ne deviendra pas un plan catastrophe.

À priori, la météo semble rester sur mode nuageux mais non pluvieux. On avance bien, malgré la fatigue et les sacs quand même assez lourd. Le premier ruisseau sur la carte est à sec. Tout comme le deuxième. Le troisième, par contre, est bien vigoureux. On remplit donc une bouteille d’eau supplémentaire pour la cuisine. Et puis surtout, les ruisseaux nous permettent de suivre notre avancée, et de calculer combien de temps ils nous restent. Jusqu’à ce que l’on arrive finalement à la dernière ligne droite. Une dernière petite côte. On a bien marché, on a bien monté, bien descendu… et on est très  heureux d’arriver !

Iris reprend son souffle pendant que je monte la tente puis que je m’occupe du repas. Je n’ai aucune idée de si on a le droit de dormir ici ou pas. En même temps, je ne vois pas trop qui pourrait venir ici au beau milieu de la nuit ! On est tranquille. Rien ni personne aux environs. Juste quelques oiseaux qui gazouillent. Le repas est vite expédié. Une fois de plus, je mets le sac en position « anti opossums ». La bonne nouvelle, c’est qu’ils ne savent pas exploser la toile de sac à dos à coup de griffes. Ce qui est quand même mieux. Autant pour le sac que pour les stocks de nourriture.

Une fois de plus, on s’endort sans le moindre problème.

Maria Island jour 1 : Painted Cliffs, Wombat et Frenchs Farm

Cette fois-ci, il n’y a pas Bernd pour nous faire sortir de la ville. Pour quitter Hobart, il y a un seul pont, à tendance autoroute. Pas évident pour faire du stop. C’était un peu mon inquiétude du trajet… j’ai commencé par m’offrir une petite heure de marche pour rejoindre Iris au centre ville. Avec, une fois de plus, le sac sur le dos. Plus lourd que la fois précédente : Bernd nous prête une tente plus adaptée, mais plus lourde. Et surtout, j’ai de la nourriture pour les prochains jours. Pas de voitures sur l’île. Pas d’épicerie non plus.

On se fait un petit déjeuner consistant en ville, tout en discutant sur la meilleure démarche à suivre pour quitter Hobart. Il y a, une trentaine de kilomètres plus loin, une ville qui s’appelle Sorell. Ça peut être pas mal de la rejoindre comme première étape, et on décide donc de se faire un petit panneau pour y aller ; avant de se diriger vers l’une des rues qui quitte Hobart. Je tiens mon panneau au dessus de l’épaule, plus par principe, mais sans conviction. L’idée était quand même bonne : une voiture s’arrête avant même que l’on arrive au carrefour que l’on avait prévu de rejoindre. On se fera déposé à Sorell quelques dizaines de minutes plus tard. On marche un peu, le temps de se rendre à un meilleur spot. Là où j’avais attendu un long moment la fois précédente. On attend une minute que la voiture suivante s’arrête, et nous embarque pour dix kilomètres. À peine le temps de sortir de la voiture, de déposer les sacs, que la voiture d’après s’arrête, prête à nous embarquer ! Le gars va jusqu’à Triabunna, où nous devons prendre le ferry. Le problème, c’est que tout s’est passé tellement vite, qu’on va avoir une éternité à attendre là bas. On ne pensait pas que ça marcherait aussi bien ! Alors à la place, on s’arrête à Orford. Le temps de manger une crème glacée, et de jeter un oeil à une ville qui, au final, ne semble pas présenter beaucoup d’intérêt. On retourne lever le pouce sur le bord de la route. Ce sera finalement un gars qui pêchait juste à côté qui nous embarquera, après une vingtaine de minutes d’attente. Pour nous déposer au ferry.

Il y a deux écoles de stop. Avec et sans panneau. Pour l’occasion, à part pour quitter Hobart, nous avons avancé sans panneau. Est-ce à cause de ça que c’est allé beaucoup plus rapidement que les deux autres fois ? Ou le hasard ? Ou le fait que le stop est, selon moi, plus facile quand on est en couple qu’un gars tout seul… aucune idée. On fera sans doute d’autres expériences, et on verra bien !

Le bateau arrive finalement pour nous embarquer. Nous attendrons une heure de moins que prévu : je me suis planté sur les horaires ! Bonne nouvelle que l’on soit en avance, dans ce contexte, vu que des bateaux, il n’y en a que deux par jours.

Il n’y a pas grand monde à bord. Nous sommes 5 passagers. Deux autres français (qui sont venus nous parler parce que « vous comprenez, vous parlez français aussi, alors il fallait que l’on vienne vous voir ») et une fille, qui se fait la côte est en cinq jours. C’est rapide, mais c’est faisable.

La traversée se fait assez rapidement, et offre une vue assez sympa sur Freycinet, et nous donne un aperçu agréable de ce qui nous attend pour les prochains jours.

Altitude départ : 0 ; altitude arrivée : 15 ; point culminant : 30
Dénivelé : + 30, -15
Distance : 9 ; Temps de marche : 3 heures. 

Maria est en deux parties. L’île nord, la plus grande, où arrive le bateau, et où se trouve le plus de choses à voir, et une petite île sud, reliée à l’autre par un tout petit isthme. Il y a un camping, juste avant l’isthme, à une petite dizaine de kilomètres du quai d’arrivée, qui permet par la suite de partir faire l’un des deux chemins pour découvrir l’île sud. C’est notre objectif pour ce soir. Il est 16h30 quand nous arrivons, presque 17h le temps de gérer quelques petites formalités. Deux heures et demi de marche avant que le soleil se couche, c’est juste ce qu’il nous faut. Il faudra simplement ne pas prendre trop notre temps en chemin.

La marche commence tranquillement, sur un chemin assez large, et on avance bien. Avant de s’arrêter, trente minutes plus tard, pour admirer les Painted Cliffs, le principal attrait touristique de l’île. C’est d’ailleurs d’avoir vu les photos de ces falaises qui n’en sont pas qui nous ont donné envie de venir découvrir l’île. Le temps est un peu couvert, ce qui n’est pas idéal pour la lumière pour les photos ; il n’empêche que les Painted Cliffs sont à la hauteur de leur célébrité (certes assez locale). C’est superbe !

On ne reprendra pas la marche bien longtemps. Juste après, on voit ce groupe de kangourous (ou de wallabies, on ne maîtrise pas encore très bien la subtile différence) en train de paître tranquillement dans un champ. Les kangourous, on commence à être assez habitués, et à ne plus trop faire attention. Par contre, là bas, l’un des kangourous n’a pas du tout la forme d’un kangourou. Non, celui-ci, il semble plutôt être cubique. Forme caractéristique du wombat. Le wombat, c’est le genre d’animal que vous savez que ça existe, parce que quelqu’un, quelque part, un jour, vous en a parlé. Vous avez lu le blog d’un ami qui est parti en Australie, il était écrit wombat dedans. Le mot vous est resté, parce qu’au scrabble, ça permet de se débarrasser d’un W. Mais à part ça, on sait pas trop. On voulait en voir, ça avait l’air super cute, mais comme c’est un animal nocturne, c’est pas évident à croiser. Pourtant, en cette fin d’après midi, nous avons enfin levé le voile sur ce mystérieux wombat. Il rentre dans la catégorie des animaux bin bin bin relaxe. Il est gros, il a des petites jambes, il apprécierait que vous ne le forciez pas à bouger. Il veut juste brouter tranquillement. À priori, l’humain n’essaie pas de le manger, et ça l’arrange. Un peu comme le kiwi, je pense que le wombat fait parti de ces animaux qui doivent leur survie non pas à leur parfaite adaptabilité, mais simplement à l’absence de prédateur. Arrêtez donc de vous demander où Lucas est parti cherché ses ewoks, et avouez simplement qu’il est mignon !

Jusqu’au moment où, finalement, il commence à trouver pénible tout ces paparazzis, et décide de s’en aller fièrement, continuer son petit bonhomme de chemin.

Et nous de faire de même, puisqu’il nous reste encore une bonne trotte à faire. On repart tout guilleret par cette rencontre imprévue mais vraiment joyeuse. L’enthousiasme baisse petit à petit, alors que les kilomètres s’éternisent. On met du temps avant de finalement voir le toit de la petite maison qui nous sert de point de repère. La nuit commence à tomber, les moustiques à sortir. On laisse tomber les sacs. On monte la tente rapidement. On mange tout aussi rapidement. Et on disparaît à l’abris des bêbêtes qui piquent pour faire un bon dodo !

 

Les soirées qui se suivent

J’ai éventuellement fini par revenir à Hobart. Chris et ses trois enfants sont partis assez tôt le lendemain matin ; je suis resté avec Michelle pour aider à nettoyer la maison qu’ils avaient loué. Après tout, il est toujours agréable de pouvoir rendre ce que l’on a reçu. Même si c’est juste un peu. J’ai finalement dormi bien au chaud et à l’abris de la pluie et j’ai en plus eut le droit au petit déjeuner. Michelle a également payé des frittes à tout le monde pour le repas de midi. On s’est aussi arrêté à Sorel, le temps de partager un chocolat chaud avec ses parents. Là encore, on ne m’a pas laissé mettre la main à la poche. Évidemment, Michelle m’a déposé à la porte de chez Bernd, faisant quand même un détour assez conséquent par rapport à où elle habite. Confronté à la gentillesse et la générosité des gens, je reste toujours un peu sans voix. Coincé. Bloqué. Quand j’étais moi même l’hôte, celui qui ne voyageait pas, je n’avais aucun problème à être le généreux. En me disant que j’aimerais bien que ça m’arrive en retour. Mais à chaque fois que l’on a droit à un retour, on veut redonner quand même… Michelle est tout simplement adorable…

Les choses ont repris leur rythme tranquillement de retour chez Bernd. J’hésitais à repartir tout de suite pour quelques jours. À aller affronter le Mont Anne, qui là bas m’attend… et puis finalement, je suis resté sur une option plutôt relaxe. Reprendre mon souffle, pour mieux repartir.

Le temps est vite passé. Il y a eu une soirée jeu, qui s’est finie un peu tard. Et des bagages à terminer. Mon sac est encore plus lourd que la dernière fois. Cette fois, il y a de la nourriture pour deux. Demain, je rattrape Iris, et on va en direction de Maria Island. Passer quelques jours. On sait pas combien. Le temps qu’il nous faudra.

Ça me paraît un beau petit projet tout simple !

Le gars qui joue à chat perché avec la marée haute

Voyager en stop à quelque chose d’extrêmement particulier. On ne va pas comprendre pourquoi les voitures ne s’arrêtent pas. Après un moment, la rancoeur commence à s’installer vis à vis de tout ces véhicules qui ne s’arrêtent pas, mais qui ont de la place. Ils font des haussements d’épaules, des sourires, des signes de la main. Moi, je leur demande juste quelques kilomètres… chaque véhicule qui passe, c’est un peu de patience qui s’effrite. Et si on a beaucoup marché les derniers jours et que l’on transporte un gros sac à dos, la patience s’effrite d’autant plus vite. On sent cette impatience s’accumuler ; cette incompréhension à l’égard de ces gens qui vous ignorent complètement… et en même temps, on sait parfaitement qu’au moment où une voiture va s’arrêter, tout va disaparaître. Le compteur est remis à zéro, et repartira la prochaine fois que l’on se retrouvera sur le bord de la route à attendre.

Je venais tout juste d’arriver à Coles Bay, après un petit peu plus de 4 kilomètres de marche non prévue. J’ai vu un van sortir d’une maison à reculons. Un peu en avant de moi. J’ai fait signe et montré mon panneau, mais il est parti. Une voiture a suivi juste après. La fenêtre ouverte. Une dame regarde mon panneau et me dit « je vais à Hobart seulement demain ». Elle ne dit rien d’autre. Au moment où je m’apprête à tenter un « est-ce que vous pouvez quand même m’avancer un peu », elle ajoute « mais je vais quand même jusqu’à la grand route si vous voulez ». Le compteur est remis à zéro. Je fais un grand sourire, et accepte avec plaisir. Dix mètres plus loin, le van attend. Le chauffeur fait signe ; il allait me dire que lui aussi allait à Hobart demain matin. J’ai l’impression que le monde m’en veut personnellement. Mais en même temps, je ferais un premier bon de trente kilomètres. Le plus difficile selon moi…

Ça fait cinq minutes que je discute avec Michelle quand elle me dit « tu sais, si tu n’es pas pressé de rentrer, on va à la plage se faire un barbecue avec un ami et cinq enfants. Si tu veux passer la soirée avec nous, tu auras juste à planter la tente dans le jardin, et on partira ensemble demain matin ». J’accepterais volontiers l’invitation… mais je n’ai juste plus rien à manger avec moi… « c’est pas grave, quand il y en a pour deux adultes et cinq enfants, il y en a pour un adulte en plus ». Je n’ai pas vraiment d’autres raisons de refuser. Mon mini contrat m’attendra bien une journée de plus, et j’envoie un texto à Bernd pour lui dire que je ne rentrerais que le lendemain.

Les gens qui voyagent ont tous des anecdotes. Ceux qui voyagent en stop vont toujours vous parler de cette personne qu’ils ont rencontrés, qui les a invité à manger ; sur leur bateau ; à passer la soirée avec eux ; ou que sais-je d’autres… j’ai moi même partager des moments très sympas avec des gens que j’avais ramassé sur le bord de la route. Voyager parfois comme chauffeur, parfois comme auto-stopeurs donne parfois cette impression de « ce que j’ai donné me reviens ». Non pas au centuple par un vieux barbu abstrait et à l’existence contestable, mais par d’autres êtres humains, généreux et agréables.

Oui, je voyage pour les paysages et les photos que j’ai fait aujourd’hui même au sommet du mont Amos. Mais je voyage aussi pour tout ces gens que je rencontre. Toutes ces personnes qui me font réaliser que l’espèce humaine a quand même de bonnes bases et que tout n’est pas perdu. Voyager me permet de regarder vers l’avenir avec un optimisme indéniable.

On s’arrête brièvement pour faire des courses à Bicheno. Ma proposition de participer aux dépenses est poliment déclinée. On s’arrête à nouveau une dizaine de kilomètres après Bicheno, pas très loin de la plage.

Michelle est la mère célibataire de Sebastian et Alex, qui étaient dans la voiture également. Le van est conduit par Chris, originaire du Kensas, qui a ensuite déménagé en Californie avant de venir s’installer en Tasmanie. Passionné de surf, père célibataire de Kinen, Mikah et Ava. Les enfants ont entre 6 et 13 ans a vu de nez. Ils se connaissent bien, et débordent d’énergie !

Un peu plus loin sur la plage, il y a une rivière qui se jette dans la mer. Sebastian a très envie de faire du canoë. Le Sébastien avec un accent et un ‘e’, celui qui a fait de la randonnée et qui est très fatigué, se retrouve pourtant à aider Chris à porter le canoë sur un petit kilomètre. Enfin… j’ai quand même pu me reposer un peu dans la voiture, je survis donc à l’expédition !

La suite du programme consistera à faire une énorme réserve de bois, se faire cuire des brochettes comme on peut, faire un gros feu de bois, et griller des shamallow. Petite soirée toute simple, super agréable, et très tranquille. J’ai regardé rapidement à l’épicerie si par hasard je trouvais de la paraffine liquide, histoire de donner un mauvais exemple aux enfants, mais je n’ai rien trouvé d’autre que du kérosène ou de l’éthanol. N’étant pas sûr de mon coup, j’ai préféré laisser faire. La seule autre chose que j’ai pour remercier tout le monde pour leur gentillesse, c’est mon appareil photo. Alors j’en profite, autant que possible.

La soirée aurait pu se terminer là. On aurait fini nos guimauves, et on serait rentré tranquillement. Mais au moment même ou le paquet de guimauves était terminé, il a commencé à pleuvoir. Branle bas de combat, tout le monde par en courant sous la pluie. Je me suis retrouvé à tirer le canoë tout seul (au final, moins fatiguant que de le porter à deux). C’est aussi à ce moment là que l’on a découvert que la marée avait montée, et que les grosses vagues recouvraient complètement la plage. Je m’en suis surtout rendu compte quand j’ai du courir et sauter sur une dune pour éviter de me retrouver les chaussures détrempées. J’ai failli crier « chat perché », mais j’imagine que personne n’aurait compris. Et la vague non plus.

C’est à ce moment là que tout s’est enligné. Un peu comme on entend le « clic » dans les films quand le voleur trouve le code du coffre fort. Ou le genre d’alignement qui permet à un astrologue de prédire la fin du monde. Tout était parfaitement à sa place. Trempé, fatigué, épuisé, à tirer un canoë en courant pour éviter une vague sous la pluie alors que j’ai passé les derniers jours à marcher… c’est pour ce genre d’instant, complètement improbable et impossible, que je voyage. C’est pour ce moment précis où, mort de rire, on refait la liste des événements qui nous ont amené à cet endroit précis, à ce moment précis. Il a fallut une météo pourrie en début de semaine pour que je reporte mon voyage à Freycinet de quelques jours ; que je me perde dans la brume et que je change mon planning ; que je sois suffisamment têtu pour continuer ma randonnée quand même ; que je marche pendant une heure sans personne pour me ramasser. Et que finalement Michelle s’arrête. Si j’arrivais deux minutes plus tard à Coles Bay, c’était raté… J’aime prendre le temps de reregarder en arrière. D’analyser la succession improbable des événements. Me demander quand tout a commencé.

Si mes parents ne m’avaient pas offert « Albatros II » de Colin Thiele, quand j’avais une dizaine d’années, me faisant rêver d’Australie pour la première fois… me serais-je retrouver sur cette plage ?

Je contemple le passé et les successions d’événements avec plaisir. J’aime voir ces enchaînements d’improbabilités. Où tout commence, et où tout se termine. J’aime voir comment la vie nous promène tranquillement, en nous prenant par la main, et comment il est si agréable de la suivre, et d’avancer en suivant les signes qu’elle nous réserve, pour nous amener là où l’on veut. Il suffit de lui faire confiance. Tout simplement.

Freycinet jour 4 : Hazards beach track et Mount Amos

Altitude départ : 4 ; altitude arrivée : 14 ; point culminant : 454
Dénivelé : + 470, -460 

Distance : 12 + 4 km ; Temps de marche : 5 + 1 heures. 

Je ne fais définitivement pas confiance en ma tente, et c’est bien dommage. J’avais beau être à l’abris du vent, celui-ci c’est encore fait plaisir cette nuit, et a offert une série de rafale vraiment impressionnante. Bref, j’ai passé la nuit dans un demi sommeil, à me demander si la tente n’était pas en train de tomber, si un des piquets ne venait pas de se faire arracher, si je n’allais pas bientôt être dans une situation désagréable. J’ai aussi eu une petite visite de possum pendant la nuit, mais celui-ci n’a rien trouvé. Je fais désormais attention !

Au final, j’ai du dormir 4 ou 5 heures. Vraiment pas l’idéal pour se reposer… mais bon, au moins je commencerais la journée tôt. Mon objectif est d’être de retour au parking à midi pour faire l’aller retour jusqu’au mont Amos, celui-ci prenant habituellement 3 heures. Ça me laisserait amplement le temps de rentrer à Hobart. Je me projette déjà… je me souviens après 10 jours passés à Yosemite en ne mangeant quasiment pas de viande, à quel point un steak me faisait rêver. Certes, je suis resté moins longtemps. Mais il n’y a pas eut de viande non plus ; et un peu de protéines, ça pourrait faire du bien. Je me vois déposer au centre ville d’Hobart, et m’offrir un petit restaurant bien mérité. La récompense du combattant. Je salive d’avance. J’anticipe. Peut être un peu trop. Je n’arriverais pas à Hobart ce soir…

Je prends mon temps pour me préparer. Je n’aime pas me précipiter. J’ai calculé mes affaires avec suffisamment de marges justement pour ne pas avoir à me stresser. Mais une fois de plus, je me retrouve sac à dos sur les épaules ; celles-ci protestent un peu quand même. Elles rejoignent mes jambes et mes pieds et mon dos dans le club des tannés.

Remonter Hazards Beach se fait assez rapidement. Là encore, le sable n’est pas trop mou, et la marche reste supportable. Et puis j’attaque la dernière ligne droite. Plusieurs kangourous m’encouragent silencieusement sur le bord de la route. Je profite bien un peu du paysage, mais il n’y a pas grand chose à voir. Rien que  je n’ai déjà vu. Et rien qui ne vaille ce que j’ai vu la veille, même si il y a quelques belles formations rocheuses.

J’arrive au parking. Il est midi. L’heure parfaite pour me faire un dernier petit repas. J’ai calculé la bouffe juste comme il faut. Voir même peut être un peu short. J’aurais sans doute préféré avoir un tout petit peu plus. Je n’ai pas eut faim, mais avoir de l’énergie en randonnée, c’est toujours bienvenu.

Autre calcul parfait : ma bouteille de gaz rend l’âme quand mon repas est prêt. J’avais commencé à m’inquiéter la veille en la sentant presque vide. Tout aura parfaitement tenu. La tente, le matelas de sol, le sac de couchage, la bouteille de gaz. Je remercie tout ça. Je n’arrive toujours pas à savoir ce que je ferais de la tente… à la fois hyper pratique et pas du tout… à voir.

Enfin… il me reste une dernière petite formalité à accomplir. 450 mètres plus haut, le mont Amos m’attend. Il est indiqué comme très raide et épuisant, ne convenant qu’à des randonneurs expérimentés et bien équipés. En contrepartie, il promet de magnifiques points de vue au sommet. Ça vaut la peine de souffrir une dernière fois, non ?

Je cache une fois de plus mon sac ; je ne vois pas l’intérêt de l’amener jusqu’au sommet avec moi. Je pars le coeur léger mes les jambes lourdes. L’ascension démarre tranquillement pendant une petite demi heure. Puis on arrive au panneau « au delà de ce point, le chemin devient difficile et dangereux sans équipement adéquat ». Belle promesse… ça commence à monter plus raide en effet, la plupart du temps, directement sur du granit de surface. Parfait pour descendre très rapidement quand c’est mouillé. Mais là, j’ai un grand ciel bleu, aucun risque de pluie. Le bâton m’aide bien quand même.

Le sommet de Amos est relativement plat. Mais juste avant, il y a un dernier petit passage raide. 120 mètres de dénivelés, sur environ 200 mètres de distance. On n’est pas loin de l’angle à 45 degrés ! Mais personnellement, j’adore. Je me retrouve à courir à 4 pattes sur la roche. C’est certes épuisant, mais un vrai moment de bonheur en même temps. Je rattrape une mère avec ses deux enfants qui sont coincés. Je leur montre par où passer… ils n’ont pas trouvé le bon chemin. En même temps, j’envisage de leur dire de faire demi tour un peu… ça me paraîtrait plus raisonnable… je cours encore un peu, fait un peu d’escalade… j’ai oublié que j’ai mal aux jambes et au dos. Je m’amuse et j’aime ça.

Et puis le sommet est là. En fait, le sommet c’est un plateau pas très grand, avec quatre formations rocheuses dans les coins. Genre de mini forteresse, parfaitement bien aménagée. J’irais au sommet de seulement deux, les deux autres étant un peu plus compliqué à accéder. J’ai à nouveau le droit à quelques paysages époustouflants. Je revois à nouveau toute la péninsule, sous un autre angle. Tout ces endroits où j’ai été. La vue est superbe. Je crapahute dans les rochers, m’amusant comme un petit fou. J’ai le sommet pour moi tout seul ; ça ne le rend que meilleur ! Une fois de plus, je mets les panoramiques de côté pour un peu plus tard.

La descente se fait avec autant de plaisir que la montée. Le bâton, pour l’occasion, est rangé. Je descends à quatre pattes une bonne partie du temps. Je manque prendre un mauvais chemin à un moment, mais je m’en compte assez rapidement et fait demi tour. Je croise quelques personnes dans la montée. Tous sont épuisés. Moi j’ai un grand sourire. La descente est belle. C’est rare qu’une descente soit agréable, mais pour l’occasion, c’est le cas. En tout cas pour le début.

La dernière demi heure s’éternise un peu. Mes jambes se rappellent soudainement qu’elles souffrent et qu’elles ont trop marchées. Mais cette fois, c’est fini. Je peux récupérer mon sac. Hobart m’attend. Je prépare mon petit carton, reprend mon sac à dos… et recommence à marcher. Je suis fatigué, mais en même temps il y a pas mal de petites routes dans le parc. Donc plus j’avance, plus j’aurais de chances de me faire embarquer.

Une heure plus tard, après m’être offert un petit quatre kilomètres de marche en bonus, la première voiture s’arrête finalement. Je reprends courage. Je repense à mon restaurant…

Freycinet jour 3 : Bryans Beach, Mount Freycinet, Hazards Beach

Altitude départ : 4 – altitude arrivée : 4 ; point culminant : 620
Dénivelé : + 670, – 670 

Distance : 18 km ; Temps de marche : 8 heures. 

Ne pas dormir à cause des opossums est inhabituel. Ne pas dormir à cause de la pluie est plus classique. Ma tente n’ayant pas de sol sur la plus grande partie de sa surface, je suis inquiet à l’idée de voir de l’eau ruisseler à l’intérieur. Et puis même à l’abris du vent, il y a quelques rafales qui m’inquiètent un peu. Je passe donc une autre nuit à me réveiller régulièrement avant de me décider à me lever pour de bon vers 9h du matin. J’ai une journée à nouveau bien chargée aujourd’hui, à cause de mes erreurs de la veille. J’ai remplacé un 8 kilomètres de plat par un 10 kilomètres avec 600 mètres de dénivelé… sans compter les à côté.

J’ai rarement faim en me réveillant, ce qui est toujours pratique quand des opossums ont mangé votre petit déjeuner. J’ai une première petite marche pour me réveiller, consistant à faire un aller retour jusqu’à Bryans Beach. Deux petites heures aller-retour, et sans sac à dos. Ça me permet de commencer la journée très tranquillement. Et de découvrir une petite plage, un peu cachée, mais tout aussi belle que les autres.

L’aller retour se fait assez rapidement, comme prévu. De retour à la tente, je me prépare un petit repas rapide, rempli les réserves d’eau, et repart. Je ne ferais pas l’erreur de me contenter de trois litres d’eau cette fois. Sauf que 6 litres, ça commence à vraiment faire son poids. La bonne nouvelle, c’est que je ne porterais pas trop mon sac aujourd’hui.

J’ai le droit à un magnifique ciel bleu. Le mont Freycinet m’attend tranquillement. J’ai le temps, tout va bien. Je retraverse Cooks Beach. Je cache mon sac à dos derrière un arbre. Je n’aurais pas besoin de lui, vu que je fais un aller-retour jusqu’au sommet. Je pars avec un appareil photo et trois litres d’eau. Le premier kilomètre est tranquille, puis ça commence à monter. De plus en plus.

La marche est agréable ; j’avance bien ; j’en profite. À cause des arbres, je ne vois pas trop le paysage évoluer autour, jusqu’à ce que j’arrive au croisement. À gauche, ça monte sur Freycinet, à droite sur le mont Graham. C’est là que j’aurais du passer hier. Le mont Graham, 40 mètres plus bas que le mont Freycinet, ne m’intéresse pas plus que ça. En même temps, la vue pourrait être intéressante aussi. On verra quand je serais de retour ici. Chaque chose en son temps.

Il est clairement indiqué sur la description de la randonnée que ça monte beaucoup. Et aussi que le chemin n’est pas toujours évident à trouver. Ce qui est très honnête. Les indications sont souvent assez difficile à voir. Je fais quand même confiance à mon instinct, et cette fois ci, il ne me trompe pas. Graham me sert d’indicateur pour savoir combien il me reste à marcher. Ma logique est assez simple : quand le sommet de la montagne sera alignée avec la mer, ça devrait vouloir dire que je suis à peu prêt à la même hauteur. Et donc qu’il ne me reste plus qu’une quarantaine de mètres à grimper.

Ma théorie ne me paraît pas trop ridicule. En l’occurrence, une fois le sommet aligné, il ne me reste plus qu’un peu d’escalade à faire… oui, ça passe vraiment par des endroits sympa. À grimpouiller comme on peut sur des gros blocs de pierre. Et puis très rapidement après, j’arrive au sommet. Je n’ai pas trop souffert, je suis encore assez en forme. Mais surtout, la vue est tout simplement grandiose. Je vais d’un endroit à un autre, d’un rocher à un autre, multipliant les panoramiques, pour saisir l’ensemble. Je vois tout. Le mont Amos, qui m’attend demain. Le Wineglass Bay Look out, la baie elle même. Hazards Beach. Southern Island, tout l à bas au sud. Et beaucoup plus loin, une partie du reste de la Tasmanie.

J’ai fait pas mal de panoramiques… que je réserve pour dans quelques temps. Un projet qui me tient à coeur depuis un bon moment. Du coup, je les mets de côté. Je les révèlerais plus tard. LE temps de les préparer, et de tout ajuster…

Depuis le croisement, il m’a fallut juste trois quart d’heures pour atteindre le sommet. Comme quoi, des fois une grimpette bien sévère, ça permet d’économiser du temps ! Je reste un moment à admirer la vue, avant d’attaque la redescente. J’hésite un moment sur le chemin du retour. Est-ce que je m’offre le plaisir du Mont Graham en plus ? Ça veut quand même dire un autre 200 ou 300 mètres de dénivelé… j’hésite jusqu’à la dernière minute. J’ai encore beaucoup à marcher aujourd’hui. Je vais donc rester raisonnable.

Le chemin du retour se fait sous le signe des animaux. Il y a énormément de lézards tout le long de la route. Un dragon des montagnes, c’est plus rare à priori. Mais très facile à photographier. D’après les infos que j’ai, il est tellement persuadé d’être un roi du camouflage qu’il ne bouge pas, sûr que l’on ne peut pas le voir. Avoir su, j’aurais changé d’objectif pour en profiter un peu plus. Mais j’étais persuadé qu’il allait disparaître au moindre mouvement. Et puis deux magnifiques serpents noirs aussi. À priori, des “Whitelipped”. Il y a trois variétés de serpents en Tasmanie. Les trois sont relativement dangereux. Je n’avais pas vraiment l’intention d’aller lui faire des chatouilles de toutes façons.

Je ne regrette pas ma décision d’avoir laissé faire Graham. Quand je récupère mon sac, j’ai mal aux jambes et au pied. Il me reste encore une heure et demi de marche à faire. Je m’offre une pause, le temps de manger. Je ressens le manque d’énergie. Je ne pense pas que mon habitude de marcher uniquement propulser par des barres de céréales soit si mauvaise. Apport d’énergie constant et intense, ça aide à monter des montagnes ! Enfin, je me contenterais de riz aux légumes. C’est toujours mieux que rien !

J’arrive à survivre à ma dernière heure et demi de marche, mais je suis quand même bien heureux d’arriver. Cette fois-ci, il n’y a tout simplement personne. Pas d’être humain à au moins 4 ou 5 kilomètres à la ronde. Une plage juste pour moi, un coucher de soleil magnifique, et une tente installée pas loin de l’eau, mais à l’abris du vent. J’ai toutes les images de la journée dans la tête. Je me couche tôt. Je dois me lever tôt demain. J’ai 6-7 heures de marche de prévu, plus un retour à Hobart en stop. Une dernière journée où il faut que je sois en forme !