Tête en bas

Down under wandering. Archipelagoes to islands; beaches to deserts; mountains to cities.

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Freycinet jour 2 : Wineglass Bay à Cooks Beach

Altitude départ : 5 – altitude arrivée : 4 ; point culminant : 500
Dénivelé : + 530, – 530 

Distance : 18 km ; Temps de marche : 8 heures. 

J’ai déjà eu de très nombreuses raisons pour dormir mal. En camping, on peut encore en trouver pas mal d’autres. La température était parfaite. Il n’y avait pas trop de vent. Le matelas est confortable. J’ai pourtant passé la nuit à être réveillé. Par tous les possums qui sont venus me rendre visite. Les uns après les autres. À chaque fois que j’en éclairais un avec la flash light, il me regardait avec un grand air innocent sur le thème « bin quoi, c’est pas ici le buffet à volonté ». Non mon gars ; désolé, tu es arrivé trop tard. La bouffe est bien rangée dans le sac désormais, et je referais pas la même erreur. C’est, à vrai dire, le défaut de la tente : elle est constituée principalement d’une toile pyramidale. Puis dans un coin seulement, un tapis de sol et une moustiquaire pour fermer le tout. Le reste est donc entièrement ouverte. Et si les possums ne peuvent me dire me grignoter les pieds, ils peuvent entrer et sortir sans problème de la tente. Il faudra que je réfléchisse aux nombreuses conséquences de la chose…

Il est dix heures quand je me réveille. D’aucun trouverait cela scandaleux une heure de réveil partout. En camping. Et pour faire de la randonnée. Moi je dis que si j’ai dormi aussi tard, c’est que j’en avais besoin ! C’est donc parfaitement mérité. Quand je me réveille, le camping est entièrement vide. Ça sent les randonneurs sérieux. Sauf les trois français. Eux sont encore là. Ils ne font pas la boucle. Ils venaient juste passer une petite nuit dans la nature. On échange quelques mots. Mais pas de coordonnées. C’est aussi ça le plaisir de voyager. Il y a des rencontres que l’on aime et que l’on veut renouveler. D’autres qui sont tout aussi sympa, mais qui se suffisent à elle même. Et pour la deuxième fois, mon sac commence par passer par le service des douanes, avant d’avoir l’approbation pour le départ.

Les prévisions météos étaient mauvaises pour aujourd’hui, et je m’attendais à me réveiller sous la pluie. Mais le ciel est relativement bleu, et les nuages assez haut. La suite du chemin monte jusqu’au mont Graham à 579 mètres, avant de redescendre jusqu’à environ 300, où il y a un embranchement pour le mont Freycinet (620 mètres, point culminant du parc). Petit détour d’une paire d’heures, avant de redescendre sur la plage de l’autre côté. Je le ferais si le ciel est dégagé. Mais ça se couvre très rapidement. J’ai l’impression qu’il n’y aura pas beaucoup de photos aujourd’hui. Dommage de faire les sommets le jour où il y a de la brume. Ça monte un peu raide dès le début, et le sac commence à peser un peu, mais ça va quand même. Mes réserves d’eau ont baissé beaucoup plus vite que ce que je pensais. Il faudra vite que je me trouve un ruisseau pour reremplir mon camelback. Trois litres pour une telle distance, incluant un repas, n’était définitivement pas assez. C’est pas grave. J’apprends ! Je trouve finalement mon ruisseau, rempli ma bouteille secondaire à faire bouillir plus tard, et reprend le chemin.

Il y a des endroits où la voie est très mal marquée. Je ne suis pas sûr exactement de où je dois aller. Mais j’arrive quand même à me retrouver. La brume n’aide pas, il faut bien le dire. Et puis il y a cet endroit, particulièrement bordélique, et cette impression étrange de tourner en rond un peu trop. J’hésite un peu. J’ai moins l’impression d’être sur un chemin. J’avance un peu. Si, c’est bien le chemin. Est-ce que je dois aller à droite ? À gauche ? Je vois un fléchage à gauche. Parfait. Je reprends la marche, maugréant un peu contre ces chemins mal balisés. Si les sentiers très fréquentés se suivent sans problème, ceux un peu plus secondaire sont un peu plus difficile à suivre.

J’essaie d’avoir un ordre d’idée de où je suis grâce à la carte topographique. Mais il faut croire que je ne suis pas aussi bon que ça pour la lecture de carte, car je n’arrive pas à me situer. J’ai quand même l’impression de bien avancer. J’ai 11 kilomètres à faire, c’est quand même plutôt relaxe comme distance. Je fais une pause pour manger, et faire bouillir de l’eau histoire de pouvoir recommencer à boire. Il ne fait pas très chaud, tout la haut dans la brume.

Ça fait 4 heures que je marche quand je vois la plage. J’avoue être franchement fier de moi. Je ne comprends pas très bien pourquoi j’ai raté le début de chemin pour Freycinet. En même temps, vu comme c’est mal indiqué, je ne suis pas si surpris de l’avoir raté. Et sans regret, vu que je ne l’aurais pas fait dans la brume de toutes façons.

Et puis il y a ce doute soudain. Ce quelque chose qui ne marche pas. Cette baie qui arrive bien trop tôt, et surtout qui n’est pas exactement à l’endroit où elle devrait être. Cet arbre, puis cet autre qui ont un côté déjà vu. Ces montagnes, qui n’ont rien à faire là. Qui devraient être derrière moi.

Je suis attaqué par un mélange de sentiments. Stupidité, frustration, déception. Un léger sentiment d’inquiétude également. Ces randonneurs stupides qui se perdent en montagne, ça ne se voit que dans les films. Si vous suivez le chemin, il n’y a aucun problème. Je ne sais tout simplement plus quoi penser. Plus quoi faire. Je suis quand même un peu fatigué. Je n’ai pas assez d’eau pour tenir la soirée. Et puis je n’ai pas envie de repasser la soirée ici…

Je revois très clairement l’endroit où je me suis perdu. Ce chemin où j’ai hésité à tourner à droite ou à gauche. J’ai donc perdu la piste à un endroit, tourné sur moi même, revenu au chemin principal, et fait demi tour. J’ai bien senti que j’étais un peu déboussolé, que je n’allais pas exactement dans la bonne direction. Comme quoi, peut être qu’une petite boussole serait un achat intéressant à envisager… ça sert très rarement, mais quand il y a un doute, ça peut être extrêmement utile ! Je ne comprends quand même pas que j’ai pas reconnu le paysage. Il y a bien eut un endroit où une pierre m’a fait penser à une autre que j’avais vu plus tôt. Il y a aussi ce petit passage, qui m’a plus. Dans les deux sens. Mais que je n’ai pas reconnu :

Avouez que parmi les 27 photos précédentes, vous ne vous êtes pas dit « oh, c’est pareil ».

Je me pose quelques minutes sur le bord de la plage, à regarder la baie. Je fais quoi ? Je n’ai pas envie de faire demi tour à nouveau et réattaquer l’ascension. Je prends donc le chemin du retour. Il y a un embranchement plus loin qui me permettra d’atteindre Cooks Beach par un autre chemin (c’est l’avantage des boucles, il y a toujours deux routes).

Le sac s’est alourdi un peu… mais je marche courageusement. Je remonte Wineglass Bay et, au lieu de remonter jusqu’au point de vue, attaque le chemin qui permet de traverser la péninsule. La bonne nouvelle c’est que la marche sur le sable n’est pas trop pénible.

J’arrive à Hazards Bay, de l’autre côté de la péninsule. J’ai un panneau qui m’indique le parking de départ à 2h30 de marche sur ma droite. Un autre qui m’indique le prochain camping, à 2h30 de marche, sur ma gauche. Le problème, c’est que si je vais à gauche, il faut que je continue jusqu’au camping d’après. Et que je rajoute une autre heure et demi. Pourquoi ? Parce que ce dernier camping me permettra d’aller jusqu’au bout de la péninsule, de m’attaquer à Freycinet demain, et surtout, parce que lui a de l’eau.

Je suis là pour voir le parc. Je veux en profiter au maximum. Ça va me faire plus de marche aujourd’hui, mais ça va aussi décaler une partie de la marche prévue pour les deux prochains jours. Et bien je souffrirais plus. Je suis jeune, je suis capable. Je tourne à gauche, avec enthousiasme.

Le sac est rendu horriblement lourd. C’est fou comme ça serait plus facile sans rien sur le dos. Je commence à avoir vraiment mal aux pieds. Je préférais mes anciennes chaussures de marche. Celles avec lesquelles j’avais affronté Yosemite, sans jamais avoir trop mal aux pieds. Celles-ci sont moins confortables.

Mais je continue à avancer. La veille, le français de Toulouse dont le nom m’est toujours pas revenu, disait en parlant du GR20 (qui est dans ma liste de choses à faire) que la marche c’est 55% pour de volonté. Rendu là, la volonté n’a plus rien à voir. Je mets un pied devant l’autre, avançant de façon mécanique, attendant simplement d’arriver au bout. J’ai mal aux épaules, j’ai mal au dos, je suis tanné de marcher. Je passe le premier camping. Il me reste une heure et demi. Dans les bois. Je me perds dans le camping. Le chemin est mal indiqué. Je le retrouve à nouveau, en maugréant d’autant plus contre le fléchage trop aléatoire à mon goût.

J’arrive à la dernière plage. Tout la bas au bout, c’est le repos qui m’attend.

La dernière ligne droite est parfois la plus facile, parfois la plus dure. Depuis Wineglass Bay, je n’ai presque fait que marcher sur le sable. Aucun dénivelé, mais pas une marche agréable pour autant. Il n’empêche que quand j’arrive finalement au camping, je pose mon sac avec un bonheur difficile à égaler. Il y a pas mal de tentes, éparpillées de tout côté. Je trouve un endroit qui me plait. Avec une vue magnifique sur l’océan. Installe la tente. Plante les piquets comme je peux dans le sable. Construit l’ensemble. Coup de vent. Deux piquets sautent. Je les remets. Coup de vent. Deux autres piquets sautent. J’ajuste un peu tout ça. Je bataille un long moment. Je pensais que ça serait simple ce soir, car je maîtrise la tente maintenant. Mais vent + sable, ce n’est pas l’idéal. Cette tente a définitivement besoin des piquets pour tenir… Je me bas encore un moment, avant de me dire qu’en même temps, je suis un peu stupide. Quand viendra le temps de dormir, je m’en foutrais complètement de la vue sur la plage. Je m’éloigne un peu, à l’abris du vent, sous les arbres. Il y a quelques goûtes, à droite à gauche. Rien de trop menaçant pour le moment.

Je remonte la tente. C’est plus rapide. Et les piquets tiennent. Il y a moins de vent. Je m’installe à l’intérieur pour écrire sur un petit calepin qui me sert à prendre quelques notes pour quand viendra le moment de retranscrire tout ça sous forme de blogue. Le vent se fait de plus en plus fort. J’ai beau être à l’abris des arbres, un peu, ça bouge encore pas mal. La pluie s’arrête un peu. Il n’empêche que ça pourrait bien recommencer à pleuvoir. Il ne fait pas encore nuit. Mais je vois bien le plan galère, de la tente qui s’écroule au beau milieu de la nuit, sous la pluie. Et puis vue la force des rafales, quand je pense aux gros arbres juste à côté de moi, je me dit que je ne suis pas forcément à la meilleure place.

Je ressorts. Démonte la tente à nouveau. Embarque tout ça. M’enfonce dans un bosquet très touffu de petits arbres. Je n’ai plus un souffle de vent. Et rien qui risque de me tomber sur la tête. L’endroit est juste parfait. La prochaine fois, je le choisirais en premier tiens !

J’ai eut l’occasion de voir que le ciel était magnifique. Il ne fait pas encore nuit ; il est un peu tôt pour dormir. Je me dirige donc vers la plage. Il n’y a personne. Je l’ai pour moi tout seul. Le vent souffle de plus en plus fort. Plein nord. Je réfléchis. Oui, ce matin, il était plein sud. Il y a une ou deux heure aussi. Il vient juste de tourner soudainement.

Je reste un long moment à contempler la danse magnifique des nuages. Tout les ennuis de la journée s’envole devant ce spectacle merveilleux. Les nuages bas, accrochés à Freycinet et à Amos un peu plus loin, se déchirent petit à petit. Le vent les emporte. Dans le lointain, le ciel paraît plutôt clair. La journée devrait être belle demain. Le ciel est grandiose. Je ne me lasse pas de l’observer. Il change à tout les instants.

Je réfléchis à mes plans pour la journée de demain. En marchant plus que prévu les deux prochains jours, en tassant un peu tout ça, je devrais être capable de voir absolument tout. Freycinet devrait être entièrement dégagé demain. Je pense bien que je vais aller lui rendre la visite que j’ai raté aujourd’hui !

Il commence à tomber quelques goûtes à nouveau. Je ne pense pas que ça durera longtemps. Je rentre quand même me mettre à l’abris sous la tente, dont je testerais l’étanchéité… je remercie les nuages et le vent pour ce spectacle magnifique qu’il vient de m’offrir, et qui m’a permis d’oublier mon cuisant échec d’orientation…

Freycinet jour 1 : Wineglass Bay

Le réveil s’est fait plus tard que je l’avais initialement planifié, mais c’était prévu. La nuit a été courte, mais je suis quand même en forme. Je finalise mon sac assez rapidement, finalement prêt à partir vers 10h15. Bernd me dit que si je patiente un tout petit peu, il me donne un lift vers la sortie de la ville, car il a une course à faire là bas. C’est parfait pour moi.

À 10h30, je suis donc sur le bord de la route, avec mon petit carton mal orthographié. Freycinet s’écrit Freycinet. Non pas Frecinet comme je l’ai cru à un moment. Ça ne semble pas empêcher les voitures de s’arrêter. Le profil des gens qui s’arrête est relativement le même que d’habitude : généralement, des hommes seuls dans les 40-50 ans. Ou un couple d’âge plus ou moins avancé. Les vans, eux, ne s’arrêtent pas. Une rencontre assez sympathique, avec ce couple qui a des enfants un peu partout dans le monde. Petit bout de trajet agréable avec eux. J’aime bien la conclusion du gars « je te souhaite d’apprécier de continuer d’aimer autant la vie, ce qui me fait aucun doute ». Je me retrouve perdu au milieu de nul part. Puis encore plus au milieu de nul part après un petit lift de quelques kilomètres seulement. Une autre voiture s’arrête. Petite. Genre Clio. Ou Echo. Ils sont trois dedans. Un allemand et deux suédois. Steph, Elin et Robert. Ils vont à Freycinet. Ils vont faire Wineglass Bay. On s’entend bien. Je me demandais dans quel sens attaquer la boucle, j’ai la réponse à ma question.

Je prends quelques informations à l’entrée du parc, notamment sur l’état des réserves d’eau un peu partout. Un ou deux ruisseaux buvables (après ébullition) et des réserves d’eau de pluie correct dans un des campings. J’ai donc une journée complète à tenir. Je partirais avec 3 litres.

Sur le parking, je retrouve un des vans qui ne s’étaient pas arrêter pour m’emarquer. Je suis toujours curieux sur le profil des gens qui voyagent en van. Deux filles françaises. Je reconnais à leur décharge qu’il n’y avait pas de places pour moi. J’arriverais à échanger deux trois mots avec elle à un moment, elles ne sont pas sympathique du tout. Je préfère largement mon allemand et mes deux suédois.

Inspection des douanes obligatoires avant le départ.

On attaque la marche. Eux voyagent léger ; moi j’ai 15 kilos sur le dos.

Jour 1 : 
Altitude départ : 14 – altitude arrivée : 5 ; point culminant 220
Dénivelé : + 206, -215 

Distance : 4.2 km ; Temps de marche : 2 heures. 

La montée jusqu’au point de vue, je l’ai déjà faite, mais la refaire est bien agréable. Certes, je suis un peu plus chargé, mais ça monte quand même bien. Juste plus lentement. On croise aussi ces deux américains qui viennent juste de tomber en panne de batterie. Je les prends donc en photo, avec la promesse de leur envoyer par email par la suite. Ça ne coûte rien, et ça leur fait plaisir. Ce n’est pas la première fois que je le fais ; et je me souviens à Bali le gars qui avait fait une photo de nous sous l’eau avec son appareil étanche. Échange de bons procédés j’imagine.

La descente sur Wineglass Bay se fait elle aussi sans problème. Le sac commence à peser un peu, mais j’ai désormais un bâton de marche en plus avec moi, et c’est vrai que ça aide aussi. La baie est magnifique… mais comme disait Iris à Tasman « prend ça Wineglass Bay » ; je suis d’accord avec elle. Si la baie est belle, ce n’est pas la plus belle de Tasmanie. Elle mérite quand même une petite marche, mais le point de vue que l’on avait en hauteur valait déjà bien la peine. Au loin, au bout de la plage, un peu sur la droite, on devine Mount Freycinet. Le point culminant de la péninsule. J’ai rendez-vous avec lui demain. Je l’attends avec impatience. Mes collègues de marche sont plus courageux que moi. Il faudra, un jour, que j’apprenne à me mettre à l’eau froide. Je ne comprends juste pas pourquoi je n’y arrive pas. J’aime l’eau, les vagues sont superbes et font rêver, mais je sais bien que ce n’est pas la peine d’essayer.

Mes compagnons de marche font finalement demi tour après leur baignade. Et je finis la marche le long de la baie tout seul comme un grand. Le camping m’attend juste après. Je m’installe tranquillement. Il y a pas mal de monde, ce qui est assez logique pour un samedi soir. Je monte ma tente sous le regard curieux des kangourous du coin. Kangourous qui doivent bien se moquer de moi. Je n’ai pas le mode d’emploi. C’est la première fois que je la monte ; ça n’a rien d’intuitif. Jusqu’à ce comprenne finalement que les crochets ne servent pas à faire tenir les machins mais les bidules, et qu’il n’y aucun truc pour accrocher le chose. À partir de là, je me retrouve finalement avec une vraie maison. Et oui, le bâton de marche devient le pilier central de la tente. Astucieux. Et pas mal pour gagner du poids !

La maison construite, je profite de la lumière de fin de journée, qui est tout simplement superbe. L’eau change de couleur toutes les deux minutes, selon la couverture des nuages et l’angle du soleil. Rien qui ne rende bien en photo, malheureusement… mais un souvenir d’une couleur jamais vue jusqu’à présent.

Je rentre à la tente me faire à manger. Sur le regard tout aussi attentif des kangourous. Sans doute pense-t’il que vu mon incompétence à monter la tente, je serais aussi incompétent à cuisiner, et j’en renverserais partout. Malheureusement pour eux, je me débrouille plutôt bien avec ma petite casserole et mon mini brûleur. Je ne sais pas si j’ai fait pitié au couple là bas, où s’ils trouvent juste mignon mes interactions avec mon voisin kangourou, mais à un moment, la femme vient me voir et me demande si je veux un peu de poissons qu’ils viennent juste de pêcher. J’imagine qu’ils ont trop pour deux, peut être pas assez pour quatre. Toujours est il que je me retrouve avec ce magnifique morceau de poisson, et qu’il est délicieux. Et puis les cadeaux spontanés, gratuits, sans rien demander en retour, j’ai toujours aimé ça. Ma journée semble se placer sous le signe de la générosité. Entre ces gens qui m’ont offert généreusement une place dans leur voiture, Elyn qui m’a offert des biscuits, et ce couple qui m’offrent un saumon. Je ne peux pas m’empêcher d’avoir une crise de nostalgie en repensant à Burning Man.

Est-ce que c’est la nostalgie de Burning Man, qui est aussi un lieu de rencontre, qui me pousse ? Je ne sais pas. Il n’y a que des couples qui voyagent ensemble. Pas vraiment facile de me joindre sans avoir l’impression de déranger… et puis il y a ces trois personnes qui viennent juste d’arriver. Tout sourires et bonne humeur. Oserais-je dire que c’est inhabituel pour des français ? Toujours est il que j’ai une occasion d’échanger quelques mots avec eux, et que je décide de pousser un peu. Je demande si ça dérange que je passe la soirée avec eux, ils m’accueillent tout sourire. Comme bien souvent, ne me demandez pas de me rappeler leurs noms. Il y a un couple, qui vient de Toulouse. Ils voyagent avec une fille de Perpignan, qu’ils ont rencontré en faisant du fruit picking à Mornington. Ils me parlent du fruit picking avec le même enthousiasme que tout les autres. « On s’est fait 1300$ en 10 jours ». C’est vrai que la somme est alléchante. Quelques mathématiques ramènent ça à 130$ par jours, probablement aux environs de 15$ de l’heure. Juste un peu au dessus du salaire minimum, donc, impôts déduis… par contre, il est vrai que le gros avantage est que tu arrives, tu es engagé sans condition, et que tu restes le temps que tu veux. Très pratique pour pouvoir remettre un peu d’essence dans le van quand on est perdu au milieu de nul part. Les restaurants et autres classiques de backpackers attendent que l’on reste plus longtemps évident. La discussion s’étire un peu dans la soirée. Les échanges sont agréables. Ma dernière nuit a été très courte, mais je ne ressens pas trop de fatigue quand je vais finalement me coucher.

S’il y a des kangourous dans les environs du camping, il y a aussi des opossums. C’est un peu le bordel dans ma tente, avec les sachets explosés. La bonne nouvelle, c’est qu’ils n’ont à peu prêt rien ouvert de ma bouffe. À part les crumpets que j’avais prévu pour mes petits déjeuners. Bon, bin je ferais les prochains jours sans petit déjeuner j’imagine. On verra comment arranger tout ça. Et je m’endors finalement, tout heureux, dans ma petite tente au milieu de nul part.