Tête en bas

Down under wandering. Archipelagoes to islands; beaches to deserts; mountains to cities.

Archive for the ‘Everyday life’ Category

Rêves

Tout à la base de ce voyage, il y a un rêve. Un rêve qui m’habite depuis bien longtemps. Ce rêve est accompagné d’images d’immensités désertiques rouges et poussiéreuses. Des images qui me suivent depuis mon enfance. Je suis tombé dans l’Australie tout petit, et ça dure depuis. Mes parents se souviennent peut être que j’avais recherché à faire de la correspondance avec quelqu’un en Australie. La première lettre que j’avais reçu venant d’Autriche, tout le monde s’était bien moqué de moi dans la maison. Et moi, je m’étais mis à douter aussi. Australia, Austria, je me fais encore régulièrement avoir dans les menus déroulants sur internet… quoi qu’il en soit, quelques temps plus tard, j’avais aussi reçu une lettre d’Australie. Si je me souviens bien, le magazine qui mettait les correspondants en contact cherchait aussi des personnes avec des goûts similaires dans d’autres pays. Je me rappelle ni du nom de l’Australienne, ni du nom de l’Autrichienne. Je ne me souviens absolument pas si j’ai répondu à l’une ou à l’autre. Oui, il me semble me rappeler que c’était toutes les deux des filles. C’est bien un truc de filles, ça, de vouloir écrire à des gens à l’autre bout du monde…

Le Working Holliday Visa est présenté, et vu, comme un produit miracle. Le visa facile à obtenir, qui permet de venir faire fortune en Australie. La fortune, personnellement, ne m’intéresse pas. L’argent non plus, mais malheureusement, il en faut quand même pour vivre. Et pour payer l’essence pour traverser les grandes immensités rouges oranges.

J’ai répété à plusieurs reprises à Iris « un Working Holliday visa, c’est ce que tu en fais ». Je l’ai toujours vu comme un visa pour les audacieux. La possibilité de faire plein de choses, d’ouvrir plein de portes. Je dois bien reconnaître que je commence à douter. Un peu. Parce qu’il y en a qui ne joue pas le jeu. Qui ne sont pas intéressés par des rêveurs temporaires. Qui veulent juste des gens terre à terre, et permanent.

J’avais imprimé 40 CVs sur papier. Je n’en ai plus un seul. J’ai arrêté de compter ceux envoyés sur internet. La conclusion est simple. À Melbourne, il est extrêmement facile de trouver du travail. Si vous êtes prêts à faire de la vente, payé uniquement à la commission (donc probablement ne pas gagner d’argent les premières semaines, le temps d’apprendre) ou si vous êtes prêts à essuyer des assiettes en dessous du salaire minimum. Pour l’occasion, je vais rejeter la faute sur mes parents. Ils m’ont appris que c’était mal d’être exploité, que c’était important de garder une certaine estime de soi, y compris au travail. Du coup, je refuse de jouer ce jeu là. Je n’essuie pas d’assiettes, et je ne sonne pas aux portes de la moitié de Melbourne. La conséquence est radicale : du moment que l’on montre que le salaire nous importe, les employeurs ne rappellent pas. Je les comprends : ce sont des idéalistes, qui pensent que le salaire est quelque chose de secondaire et sans importance, et qui cherche des employés qui partagent leur opinion. Je ne partage pas leur vision socialiste du monde. Je suis un capitaliste qui veut gagner toujours plus. Hum…

Les journées se suivent et se ressemblent quand même beaucoup. Le matin, j’envoie des CVs et des lettres de motivations pour tout les postes de graphistes que je trouve. Puis ensuite, je fais le tour des annonces Gumtree. L’après midi, je choisis une rue vivante parmi celle que je n’ai pas encore fait, et je vais distribuer mes CVs. C’est un peu comme à un mariage ; au bout d’un moment, on est quand même un peu tanné de sourire. Le soir, je retourne sur internet, pour une deuxième série de CV sur Gumtree…

J’ai commencé à y croire un peu moins. Absolument personne qui ne rappelle, c’est pas terrible pour le moral. Et puis hier, j’ai reçu le mail de Benjamin. « Merci de votre candidature, vous nous intéressez, quand est-ce que je peux vous rappeler ». Sursaut d’optimisme. La vie tout entière ne serait elle donc qu’un long voyage en stop sans fin, à perdre patience en cherchant désespérément un travail, puis d’un seul coup à repartir super motivé au premier coup de téléphone ?

J’ai brièvement parlé au téléphone avec Benjamin aujourd’hui. « Hélas, nous cherchons quelqu’un de permanent ; pas juste 6 mois. Et nous ne pouvons pas offrir de sponsor ». Donc voilà… je les intéresse, ils aiment mon profil, mais ils n’aiment pas mon visa. Pas bon pour le moral tout ça. J’ai perdu courage pendant un bon trente minutes. Le temps de me retrouver dans un tram qui m’amenait au centre ville, et d’échafauder un plan. Après tout, j’ai un visa pour rêveur audacieux. Et, de l’audace, j’en ai. Puisque dans ce pays où les gens ne sont pas matérialistes, ils cherchent des gens qui ne sont pas intéressés par le salaire, c’est ce que je lui réponds. Je prends en compte l’expérience que ça m’apportera (c’est vrai que sur un CV, expériences de boulots internationales, je vois ça comme un gros plus ; et je pense aussi à la Nouvelle Zélande qui s’en vient). Le fait, aussi, que la boîte à l’air très sympa. Est-ce que je préfère un boulot de caissier chez IGA ou, pour quasiment la même paie, un boulot de graphisme ? Poser la question y répond un peu quand même. Les caissiers sont quand même bien payés ici. Mais ça non plus, ça n’a pas l’air d’un post pour rêveur audacieux. On verra bien si ça abouti à quelque chose ou pas. Au moins, j’aurais essayé.

Et puis à un autre moment, dans la journée, j’ai reçu un mail. D’un recruteur, qui cherche un développeur flash, pour début immédiat, à Richmond (rendu dans mon top 4 de mes quartiers préférés de Melbourne, depuis que St Kilda s’y est subrepticement glissé. Il faudra que je recommence à vous parler de choses moins personnelles et plus touristiques bientôt). Bin écoute, si je dois écrire des lignes de codes pour trouver un boulot, let’s go mon gars. On verra comment il va réagir à mon visa… quand à la madame de Brisbane, toujours pour un contrat en graphisme, qui m’a appelé un peu plus tard, et qui m’a dit qu’elle non plus n’aimait pas mon visa, de toutes façons, je la trouvais pas sympathique au téléphone.

Alors voilà… toujours du surplace, mais maintenant, la moitié de Melbourne sait que je cherche du travail. Oui, je sais, il me reste encore une autre moitié à informer ! Demain, je retourne imprimer des CVs.

Cette demoiselle, je l’ai trouvée sur le chemin du retour. Je trouve qu’elle correspond parfaitement à mon humeur du moment. Moi, en tout cas, j’arrive à cerner l’humeur qui se dégage de tout ça. Le petit texte, pas forcément évident à lire, dit simplement « Be Free » (rien à voir, je pense, avec un fournisseur internet français). Ça m’a rappelé que j’avais l’habitude, pendant mon voyage en van, de mettre parfois une simple photo, avec juste un titre, et pas de légendes. Il y a certaines habitudes qu’il est temps que je reprenne.

Quelques assiettes plus tard

On était vendredi matin. Je me suis courageusement levé pour aller travailler à l’autre bout de la ville. Une heure de train, pour aller essuyer des assiettes, en dessous du salaire minimum, il est vrai que la motivation est difficile à trouver… et puis juste avant d’arriver à la gare, j’ai vu ce café, qui cherchait « waitress et kitchen hand ». J’étais déjà un peu en retard. Et puis je n’avais pas de CV avec moi de toutes façons. Alors je suis monté dans le train, et je suis allé essuyer mes assiettes.

J’ai eu un doute soudain, quand vers 13h ma boss m’a dit de revenir le lendemain, vers 10h. Je me suis demandé à quel moment j’allais trouvé le temps de distribuer d’autres CVs. Parce que c’est très clair, je ne passerais pas les 6 prochains mois à essuyer des assiettes, à un salaire plus qu’indécent. J’en ai parlé à ma boss. Je lui ai dis que je ne pouvais pas rester si elle ne me payait pas plus. Elle ne pouvait pas me payer plus. Je suis parti.

Décision prise peut être un peu rapidement. Travailler quelques jours de plus m’aurait permis d’avoir quand même un peu plus d’argent pour les jours suivants. Sans doute… quoi qu’il en soit, j’ai arrêté de laver des assiettes. Je pense que le ton condescendant de l’apprenti cuisinier n’a pas aidé non plus. J’ai toujours du mal quand quelqu’un dans le début de la vingtaine essaie de m’expliquer la vie…

Je suis rentré, j’ai récupéré des CVs, et je suis allé en distribuer. Dans le café, l’option « waitress » avait déjà disparu. Il ne restait plus qu’une option « gars qui fait la plonge à 15$ de l’heure ». C’est toujours ça de plus… test le lundi matin… on verra si j’ai mieux à faire ou pas.

Je suis reparti faire du repérage avec Iris le samedi. Il y a, pas loin de nos couchsurfers actuels (oui, je ferais un récap des derniers canapés à un moment) la célèbre « Chapel St. », qui nous a réconcilié avec St Kilda. Oui, nous sommes revenus à St Kilda. St Kilda que l’on trouvait trop « Sydney ». En fait, c’est surtout quand on est proche de la plage. Quand on s’éloigne, on retrouve le côté un peu plus bohème de Melbourne. J’ai encore distribué des CVs le dimanche. Je continue à répondre à des annonces sur Gumtree aussi. D’ailleurs, il y a même quelqu’un qui m’a rappelé. Pour une entrevue le lundi matin. Bon salaire, bons horaires, et ça n’avait pas l’air d’être de la vente. Quand j’ai fait la première entrevue le matin, ça n’avait pas non plus l’air d’être de la vente. Alors j’ai accepté de me revenir l’après midi. Qui s’est avéré une formation sur comment démarcher les gens en faisant du porte à porte. Là encore, je suis le plus vieux dans la salle. La plupart ont entre 20 et 25 ans. La plupart ont anglais en langue seconde. Encore un job payé uniquement à la commission. Encore des promesses de beaucoup d’argent. Je n’y retournerais pas.

Dans le tram, je regarde les gens dehors, dans la rue. J’ai à nouveau cette même impression qu’à Sydney. Cette impression de ne pas réussir à rentrer dans la bulle. Je voudrais faire parti de la vie ici, m’intégrer pendant quelques temps. Vivre avec la ville, ne pas me contenter de la traverser. Sauf que Melbourne m’inspire bien plus que Sydney… alors je n’en suis que plus motivé. En attendant, une chose est sûre : trouver du boulot, quand on est prêt à travailler sous le salaire minimum ou uniquement à la commission, c’est facile. Par contre, quand on veut un salaire normal, c’est une autre paire de manche. D’ailleurs, les deux fois où j’ai parlé salaire, je n’ai jamais été rappelé…

Sur ce, c’est encore une belle journée ensoleillée. Un temps parfait pour aller distribuer des CVs j’imagine…

Ma première expérience comme « fund raiser »

« Hi, my nage is Ming. What is your name ? » Telle est la question que Ming répète sans cesse. C’est la seule chose qu’elle a appris à dire en anglais, et elle ne se lasse pas de le dire. Je me suis senti un peu comme elle au cours des deux derniers jours. L’impression que mon vocabulaire se limitait soudainement à quelques mots. « Hi, how are you ? », sans vraiment aller plus loin.

Inutile, évidemment, d’essayer de compter le nombre de visage que j’ai vu défiler. Tout aussi inutile d’essayer de compter le nombre de fois où les passants m’ont ignorer. « Si vous ne supportez pas que les gens passent devant vous sans vous voir, si vous n’aimez pas que l’on ne vous prête aucune attention, alors ce job n’est pas pour vous ». Quand Paul, notre formateur, nous a dit ça, je n’ai pas pu m’empêcher de penser à mes quelques expériences à lever le pouce sur le bord de la route. C’était la théorie. Dans la pratique, il se trouve que l’exercice est quand même énormément ressemblant. On sourit à tout le monde, on essaie d’attirer le regard, de commencer une discussion. La très grande majorité des gens va vous ignorer, d’autres se contenteront de répondre à votre salut sans s’arrêter. Ça fait partie du jeu. Ça ne m’a pas poser le moindre problème. Pas plus que le fait de sauter sur des parfaits étrangers pour tenter d’amorcer la conversation.

La première journée dans la rue s’est très bien passée. L’exercice est relativement éprouvant, j’étais épuisé en fin de journée, mais le moral était là. La volonté de continuer aussi. Pour ce genre de choses, je sais être patient et entêté. Persuadé, donc, d’avoir la personnalité parfaite pour ça. J’avais réussi à parler un peu plus en détail à quelques personnes, à leur dire pourquoi on était là, et à bafouiller quelques mots au sujet de «Plan International », l’organisme pour lequel on essaie de lever des fonds. En fait, ce qui est amusant, c’est que l’on cherche tellement à entamer la discussion, et on se fait si souvent rembarrer, que quand la personne en face se montre intéressée, on ne sait plus comment continuer. Évidemment, c’est une question d’habitude. De répétition.

On nous a donné quelques exemples de speech à débiter. On nous a expliqué quoi dire, comment le dire, et à quel moment. Je me suis rendu compte que ça ne me convenait qu’à moitié. Ça n’allait pas avec ma façon de faire. J’ai fait à nouveau le parallèle avec une autre expérience que j’ai vécue. Un peu. Celle de conteur. On peut, bien évidemment, préparer l’histoire dans sa tête. La répéter, encore et encore, voir comment les mots s’enchaînent, se répondent les uns aux autres. L’exercice est assez facile. Ensuite, on le fait à voix haute, pour s’assurer que ça marche toujours bien. On ajuste encore un peu le rythme, on change quelques mots… et on se retrouve soudainement avec cinq, dix, ou quinze personnes en train d’écouter. Et on découvre que quand on parle à quelqu’un, même si la personne ne participe pas, il y a quand même une interaction. Les silences, les pauses, les regards deviennent soudainement extrêmement important. Le rythme de l’histoire change à nouveau. Et plus on raconte le même conte, plus celui-ci évolue. Je ne l’ai pas fait beaucoup. Je pense que le conte que j’ai présenté le plus souvent, je ne l’ai répété que 6 fois en public. Ça a largement suffit pour le faire évoluer. Sachant cela, il était hors de question que je prépare un pitch par coeur. J’avais besoin de le faire vivre. De le créer au fur et à mesure, en interagissant avec les personnes en face de moi. Prendre le temps de leur parler, mais aussi regarder tout ça de l’extérieur, afin de voir comment « l’histoire se construit ». Et à partir de là, les choses allaient se faire toute seule. Il me suffisait d’arrêter une vingtaine de personnes, et je savais qu’après ça, je commencerais à être rodé sur quoi dire. je saurais ce que les gens écoutent, et ce qui ne les intéressent pas.

Aujourd’hui, nous sommes retournés sur le terrain, pour la deuxième journée. Cette fois-ci, accompagné par quelqu’un de plus expérimenté. Quelqu’un qui fait ça depuis presque une année. Après quelques temps, j’ai pu le voir aller. J’ai pu voir comment il interagissait avec la fille à qui il essayait de vendre un parrainage. J’ai pu comprendre son approché et ses manoeuvres. Et c’est ce qui m’a convaincu d’arrêter.

J’avais le profil presque parfait. Patient, assez imperturbable face à l’indifférence des gens ; j’aime interagir avec les inconnus. J’aime créer des interactions. J’aime parler. J’aime sourire. J’aime raconter des histoires. Mais tout ça, j’aime le faire pour le plaisir. J’aime le faire sans raison particulier. « Complimentez les ; vous verrez, les gens adorent les compliments, c’est une bonne façon de les approcher ». C’est là que j’ai commencé à comprendre que tout cela était artificiel. J’ai vu une fille approcher. Elle avait des cheveux vraiment magnifiques. Je l’ai pensé. Je me suis dit que si, ce jour là, je m’étais promené en anonyme dans le centre commercial, je l’aurais peut être complimenté. Sans raison particulière. Gratuitement. Pour le plaisir. Aujourd’hui, avec mon t-shirt bleu et son logo blanc, même en ayant pensé le compliment, celui-ci serait devenu artificiel. J’ai compris que les (quelques) échanges que j’ai eu au cours des 24 dernières heures étaient tous entièrement factices. Ce que je peux faire sans aucun problème pour le plaisir d’échanger un sourire, ou juste quelques phrases avec un ou une inconnue, je me rends compte qu’il est hors de question que je le fasse avec une intention cachée en arrière. Il est hors de question que mes sourires, mon enthousiasme, ma bonne humeur et le plaisir que j’ai à parler avec des gens deviennent soudainement artificiel. J’ai plié mes affaires, remercié tout le monde, et je suis parti.

Il y a deux ou trois ans, alors que j’étais à Montréal, j’ai entendu parlé de cet étudiant qui s’était lancé dans un projet très simple. Étude générale finie, il n’avait aucune idée de ce qu’il voulait faire. Aucune idée de la direction dans laquelle il voulait orienter sa vie. Il a décidé de se donner une année. Une année pour savoir. Il a trouvé 52 entreprises/artisans prêts à le prendre en stage pendant une semaine chacun. Je n’ai aucune idée de ce que le projet a donné, où tout cela a abouti. J’ai juste trouvé l’idée plutôt intelligente, et vraiment intéressante. « Je ne sais pas ce que je veux faire, parfait, je vais tout essayer, et on verra ».

Ce n’est pas vraiment ma situation. Ce n’est pas que je ne sais pas ce que je veux faire. C’est plus qu’il y a beaucoup d’opportunités différentes. Je suis dans un moment de ma vie où j’ai l’occasion assez unique et exceptionnelle de faire de nombreuses expériences. J’ai déjà passé quelques heures dans une cuisine, et ça va continuer. Je peux maintenant dire que j’ai aussi essayé de faire des levées de fond. Je ne regrette aucune l’expérience, qui est loin d’être un échec, mais une autre occasion d’en apprendre d’avantage sur moi. Sans compter que je trouve très intéressant le lien qu’il peut y avoir entre l’auto-stoppeur, le conteur et le vendeur fatiguant dans la rue. Bref, très belle expérience, aucun regret, mais pas pour moi !

Demain, je retourne nettoyer des assiettes.

Trois jours et trois jobs plus tard

Je me demande quand même… changement dans l’alignement des astres ? Changement dans la période de l’année ? Changement dans le CV ?Changement dans la ville ? Changement dans les démarches ? Sans doute un peu de tout ça en même temps…

Mercredi soir, j’envois quelques mails pour répondre à des annonces via Gumtree. Le site internet de petites annonces, qui marchait si mal à Sydney, à cause des centaines de milliers de personnes qui répondent à chaque annonce. Il n’empêche que jeudi matin, j’avais un mail m’invitant à un entretien d’embauche le lendemain.

Le jeudi, je m’en suis allé porté des CVs. Je discute avec la fille dans la première place où je rentre. Elle m’annonce que c’est sa mère qui s’occupe de la place, mais que je peux venir en test le samedi matin.

Le vendredi, l’entretien est une rencontre de groupe. Paul est le fondateur de ASAP, une agence spécialisée dans la levée de fond. C’est un truc qui marche formidablement bien en Australie. Ça embauche à tour de bras. Il nous présente le concept, nous pose une ou deux questions, pour être bien sûr que l’on a compris ce que l’on attend de nous, pour voir nos personnalités. Un peu après, je reçois un texto me confirmant mon embauche et une formation le mardi d’après. Qu’est-ce que je vais faire ? Parler aux gens dans un centre commercial. Les encourager à faire des dons pour aider des enfants dans le besoin. La levée de fond est quelque chose qui a un côté très immoral pour moi, notamment pour ce qui est de la paie. Zéro paie de base, tout fonctionne à la commission. Comme la dit le recruteur « vous gagnez ce que vous valez ». Ça sonne bien « exploitation du petit voyageur » tout cela. Il n’empêche que je suis vraiment intéressé à faire l’expérience. Parce que j’y vois quelque chose d’extrêmement formateur : apprendre à vendre. Pour un graphiste, pour quelqu’un qui fait beaucoup de travail autonome, et dont la grosse lacune, c’est le démarchage de nouveaux clients, je pense que j’ai beaucoup à apprendre. Je suis très curieux de voir ce à quoi ça va ressembler, et attend la formation, et surtout la première journée, avec impatience.

Le samedi, j’ai fait mon test, non payé, d’esclave en cuisine. Il est fortement recommandé de refuser les longs tests non payés, chose que j’approuve fortement. Mais pour l’occasion, j’étais autant testé que je testais le job. Parce que « kitchen hand » (l’appellation officielle des esclaves en cuisine) c’est quelque chose que je n’avais jamais fait. J’ai eu l’outrecuidance et l’audace d’annoncer un 6 mois d’expérience comme kitchen hand au restaurant de La Feuille, dans la ville de Charbinat. Les chances de vérification était, je pense, plutôt mince. Oui, vous avez bien lu, j’ai franchi le cap : je me suis décidé à mentir sur mon CV. Il était hors de question pour moi de me créer des compétences que je n’avais pas. Il n’empêche que je prétends savoir ma place en cuisine. Je sais qu’on utilise la lame du couteau pour couper, et le manche pour tenir. Je sais que couper des oignons ça fait pleurer, et qu’un couteau à petites dents c’est beaucoup pour couper les tomates. Alors fier de toutes ces connaissances (et de quelques compétences pratiques aussi) je me suis dit que je pouvais toujours tenter ma chance. Dire « oui oui je sais faire » et voir ensuite, dans le fait accompli, si je sais faire ou pas. La seule chose que j’ai apprise, c’est que les laves vaisselles de restauration, tu mets du produit dedans juste en début de journée. La chose la plus difficile que j’ai eu à faire ? Étaler de la sauce tomate sur des pizzas. J’ai réussi toutes ces tâches avec brio, j’ai accepté sans rien dire quand la madame m’a parlé d’un salaire en dessous du salaire minimum, et je me suis donc retrouvé avec mon deuxième job. Aucune expérience a gagné à ce niveau là, mais une petite rentrée financière qui sera la bienvenue. Il est très clair dans ma tête que je quitte dès que je trouve mieux.

Le samedi soir, de retour su gumtree, je réponds à une annonce demandant de l’aide d’urgence. L’annonce est publiée depuis moins de dix minutes. Je réponds bravement « je peux être sur le plancher demain ». Une heure après, un mail m’invite à me présenter à 7h du matin au café. À une heure de là, en tram. Tram qui commence à circuler plus tard le dimanche matin. Pas grave, j’irais en vélo. Je suis courageux. Quand le réveil sonne, à 5h45, je me sens beaucoup moins courageux. J’hésite un tout petit peu. Les gens qui me connaissent (j’entends mes parents rire d’ici) savent que je ne suis pas vraiment quelqu’un du matin. Quand j’ai entendu la sonnerie, je me suis demandé si j’avais vraiment envie de me réveiller à cette heure là cinq jours par semaine. Je me suis rendormi sans problème, et sans scrupule. Pourquoi ? Parce que j’ai déjà un travail. Parce que j’en teste un autre bientôt. Que ça n’a pas l’air d’être la situation catastrophique de Sydney. Alors je me permets de faire mon difficile. Et toc !

Dimanche après midi, après une petite promenade en ville avec Iris, on se pose tranquillement chez Lindt, à boire un milkshake au chocolat. Je vois déjà les yeux de ma poulpinette s’ouvrir en grand « le chanceux, il va bosser chez Lindt ». En fait, non. J’ai juste pas entendu mon cellulaire sonner. Je reçois le message par contre. Je suis invité pour une interview, esclave en cuisine dans un restaurant fusion japonais. Problème ? Je ne suis pas sûr de comprendre le numéro à rappeler, et je n’arrive pas à rappeler. Pas grave. Quelques recherches sur google me donne l’adresse du restaurant. Je m’y présente directement. Le cuisinier me regarde méfiant. Je dis le nom de la personne qui m’a appelé. Ça débloque tout de suite la porte. Je suis en entrevu improvisée 30 secondes après. Une demoiselle adorable, très gentille, avec qui le courant passe très bien. Je lui parle de ma passion tout à fait réelle pour la cuisine, ma passion tout aussi réelle pour la cuisine fusion, mon intérêt tout aussi grand pour la cuisine japonaise, et ma volonté tout à fait sincère d’apprendre des choses dans une cuisine. Parce que d’après elle, il y a beaucoup à apprendre. Je lui confirme savoir tenir un couteau, être motivé. Là encore, quand je demande le salaire minimum, elle me regarde avec des grands yeux ronds, me disant que ça ne sera pas possible. Pas grave. Je suis curieux. Intrigué. Je veux apprendre. Elle doit en discuter avec son manager, et devrait donner suite pour une journée de test (payée, mais au lance pierre).

La situation a beaucoup changé depuis Sydney… je trouve du travail sans problème, mais j’accepte des choses que je n’aurais sans doute pas accepter à Sydney. En même temps, si je les accepte, je pense que c’est plus par curiosité que par réelle nécessité. Évidemment, je n’ai pas le choix de commencer à travailler, et une paie, même à 13$ de l’heure, sera plus que bienvenu. Mais il y a, en plus, une réelle volonté d’apprendre comment la vie se passe dans les cuisines. De voir l’envers du décor. D’essayer, un peu, pour une fois, d’être de l’autre côté.

Voyager, c’est aussi les nouvelles expériences, les formations, les découvertes, les apprentissages. Alors pour moi, tout ça, ça m’intrigue au plus haut point. Je sais très bien qu’en faisant cela, je joue un jeu que je devrais refuser. Après tout, je peste contre les annonces « recherchons graphiste bénévole désirant améliorer son portfolio ». Parce que dans un certains sens, c’est ce que je fais. Accepter de me brader, pour essayer quelque chose que je ne connais pas. Je le fais sans trop de scrupule. Ma conscience, pour  l’instant, se porte pas trop mal. Et de toutes façons, je continue de porter des CVs, en attendant de trouver un endroit où j’aurais au moins le salaire minimum !

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C’est mon premier voyage du genre. C’est bête à dire, c’est simple comme affirmation, mais ça n’en reste pas moins très vrai. Je n’avais jamais expérimenté cela avant. Avoir une année pour découvrir un pays, le plus possible. Du coup, je découvre à la fois le pays et la façon de voyager. Et évidemment, comme dans tout voyage, je me découvre moi même.

Sydney… je n’ai pas accroché à la ville plus que ça, mais en y restant un peu plus d’un mois, j’avais commencé à mettre en place des projets. À vouloir faire des photos de tels endroits, une vidéo de tel autre… partir n’a pas été trop difficile, même si ça m’a fait réfléchir un peu.

Il y a ensuite eu ce premier passage à Melbourne. Un séjour assez mouvementé, certes, mais qui nous a permis de découvrir la ville en vitesse accélérée. Brunswick, Fitzroy… les noms sont restés dans ma tête. Melbourne me plait, Melbourne m’inspire. Je voulais y rester, je voulais m’y installer pendant quelques temps. J’ai eu du mal à partir, à enchaîner sur la Tasmanie. J’étais à Melbourne, j’avais envie d’en profiter. Pourquoi aller voir ailleurs ? Pourquoi continuer ?

Et puis nous sommes arriver en Tasmanie. La première relocation, la route sur le bord de la côte, un aperçu inspirant. Et surtout, Freycinet. L’existence de cette randonnée de 3 jours, sans ours pour manger les touristes et leur nourriture (les opossums, une fois que l’on sait comment ils fonctionnent, sont faciles à maîtriser). Puis la Tasman Peninsulae. Il y a eu cette enchaînement de découvertes. Toutes ces randonnées. Tout ces paysages qui attendaient. Tout ces endroits sauvages, accessibles uniquement à pied. La Tasmanie a été un coup de coeur. En pensant Australie, je ne pensais pas du tout montagnes, falaises et randonnées. Plutôt désert, poussière, rouge… j’attendais la Nouvelle Zélande avec impatience. J’attendais les paysages à randonnée là bas. La Tasmanie, ça a été un petit aperçu de Nouvelle Zélande, un peu en avance. L’achat de matériel de camping destiné à la randonnée. Regarder les cartes. Planifier. Je ne voulais plus partir. Je voulais aller là. Et puis là. Et aussi ici. La Tasmanie est une toute petite île, avec Hobart au milieu, mais complètement décentré. De Hobart, petite ville simple et sans prétention, on peut aller partout. On peut tout faire. Tout est possible. J’ai entendu des gens dire « San Francisco / Vancouver c’est génial. Tu n’es pas loin du tout de la nature, tu peux facilement aller te perdre dans des paysages grandioses ». Je n’imagine pas me faire prendre en stop au centre ville de San Francisco. J’ai redécouvert une échelle de pays qui me plait. J’ai redécouvert la possibilité de pouvoir rayonner si facilement. Je serais resté sans problème 6 mois (d’été évidemment) à Hobart, en alternant stop + randonnée, et petit boulot. Je me voyais très bien travailler, et profiter de mon moindre jour de congé pour aller grimper tel ou tel sommet que je n’ai pas encore fait, mais que j’avais vu depuis un autre. J’ai commencé à me demander si je voulais quitter la Tasmanie. On s’est posé la question. On y a longtemps réfléchi. On se posait encore la question sur le bateau.

J’étais animé d’un sentiment étrange en revenant à Melbourne. Je savais que la ville me plaisait, mais ce n’était pas non plus exactement ce que je venais chercher en Australie. En étant loin, l’image s’est peut être un peu pâlie. Je n’avais plus forcément l’intention de revenir m’installer ici. N’importe quelle autre ville pouvait convenir après tout, non ? Adelaide, que j’imagine être à la porte du désert. Ou Brisbane, sur la côte, au début de la grande barrière. Ou pourquoi pas Perth, de l’autre côté du continent ?

En descendant du bateau, je me suis rendu compte que je n’étais pas prêt à m’arrêter. Était-ce d’avoir roulé toute la nuit d’avant ? Je ne sais pas… comme je le disais un peu plus tôt, c’était un peu comme si je n’avais pas fait la préparation psychologique nécessaire. Mon coeur était encore en Tasmanie. Je n’étais pas très enthousiaste, au début, à l’idée de faire un aller-retour à Sydney. J’ai commencé par y aller un peu à reculons, avant de me rendre compte que ça me donnait le temps de préparer la transition. Plutôt que de sauter directement de la Tasmanie à Melbourne, on faisait une petite transition sur la route avant. Une transition qui a fait le plus grand bien.

Finalement de retour à Melbourne. Le van est rendu. Et maintenant, on fait quoi ? Il nous faut trouver appartement et travail. Le plus rapidement possible. Mais Melbourne est elle vraiment la meilleure place pour ça ? J’ai un doute soudain. Et pourquoi ne pas repartir tout de suite ? Il y a des relocations intéressantes. Vers Adelaïde, vers Perth. Même vers Alice Spring. J’hésite un peu. Ne pas aller trop vite. Prendre une nuit pour réfléchir.

Et puis j’ai vu passer un tram. Ça m’est revenu, un peu. Je me suis rappelé que j’aimais Melbourne. Qu’il y avait ici plein de belles choses. Nous sommes arrivés chez Kizza et tout les autres. Cinq personnes dans une maison caricature de squat hippie. Ambiance étrange et particulière. Dès le premier soir, j’ai envoyé des CVs et des lettres de motivation. J’ai reçu ma convocation pour mon premier entretien d’embauche dès le lendemain matin. Je suis allé marcher un peu dans la rue. Je suis rentré dans un restaurant avec un panneau « personnel demandé ». J’ai discuté cinq minutes. J’ai obtenu un test pour le samedi matin…

Soudainement, c’est devenu comme si Melbourne me rouvrait les bras. Comme si la ville m’avait attendu, et qu’elle était désormais prête à m’accueillir. À m’offrir le meilleur d’elle même. Je me suis retrouvé dans un tram, à admirer ces rues qui me plaisent tant. Qui sont si vivantes et bariolées. J’ai redécouvert le quartier Richmond, où nous avions déjà erré un peu. Et celui-ci vient s’ajouter aux côtés de Fitzroy et de Brunswick dans ces lieux qui me plaisent tant.

Le petit garçon est revenu dans le magasin de glace. Avec l’impression qu’il y a encore plus de parfums qu’avant. Les choses sont un peu compliquées à gérer, pas évidentes à mettre en place. Mais ça se fait, lentement. Ça ne se passe pas aussi bien que l’on voudrait. C’est du jonglage sur beaucoup d’éléments. Mais ça devrait se mettre en place très prochainement.

Demain, je vais bosser dans la cuisine d’un restaurant pour la première fois.

Hartz National Park

La veille, Alia – charmante hippie tchèque- nous avait parlé de la toute petite balade qu’on pouvait faire autour de l’air de repos. Elle nous a parlé de la magie de l’endroit, et de la tristesse des arbres coupés. Nous sommes allés voir par nous même. L’endroit est magnifique, avec quelques arbres majestueux, souvent couverts de mousse. Il se dégage de l’endroit, non pas de la magie et des arbres tristes, mais plutôt une sérénité et une tranquillité teintée de nostalgie. C’est vraiment superbe.

On profitera des lieux encore quelques minutes, avant de remonter à bord de la voiture. Aujourd’hui, on grimpe. Notre objectif, le mont Hartz, se situe dans les 1400 mètres. Il fait parti des hauts sommets tasmaniens. Mais celui ci est relativement facile d’accès, alors que la voiture nous amène à 900 mètres environ.

On s’arrête très brièvement sur la route pour profiter d’un point de vue sur la vallée. Puis on attaque la grimpette vers le sommet. Le début se fait assez tranquillement, et on en profite pour admirer le paysage et prendre notre temps.

On enchaine ensuite sur une grimpette un peu raide, mais qui ne s’éternise pas. Elle nous amène jusqu’au col, où le vent nous attend. Un vent froid et mordant qui n’est pas des plus agréables. Le ciel est assez couvert. Le sommet est dégagé, et nous attend sagement. Mais la vue n’est pas aussi bonne qu’elle aurait pu l’être malheureusement .

Depuis le col, on grimpe encore, mais toujours assez tranquillement. Une dernière petite zone d’éboulis nous amène jusqu’au sommet. Même si le temps est relativement couvert, on arrive à voir assez loin de tout les côtés. On devine tout ces sommets magnifiques à gravir. De quoi nous occuper encore quelques mois si on veut tous les faire !

Nous sommes rejoins au sommet par un groupe de préados, qui -avec le vent toujours froid et les nuages qui ne bougent pas vraiment- nous incitent à attaquer la descente. La montée a été des plus agréable. La descente l’est tout autant. On s’offre un petit détour par un lac sur le chemin du retour. Un sommet assez facile d’accès, pas trop fatiguant, et qui offre pourtant un superbe point de vue !

Pour fêter ça, on complète les deux autres balades du parc. La première nous amène vers un autre petit lac de montagne, tout calme et tout paisible alors que la deuxième nous emmène voir une cascade. Toute simple et toute belle.

On remonte dans la voiture. On vérifie. J’ai fait toutes les randonnées possibles à Freycinet. Nous avons quasiment fait toutes les randonnées possible à Maria Island. Voilà un autre parc que l’on a fait au grand complet. En une grosse demi journée. Certes, celui-ci était plus facile. Mais il y a toujours ce petit plaisir de quitter un endroit en disant « ça, c’est fait ». Et puis il y a toujours ce projet secret, que j’essaie de faire avancer en cachette (normal, il est secret). Ça n’avance pas vite. Ça me prendra du temps. Mais ça se dessine tranquillement pas vite.

Notre objectif suivant est un peu plus loin, et nous oblige de faire un autre saut de puce. On profite un peu de la voiture pour multiplier les kilomètres. Il faut dire que l’on a rayonné un peu en stop autour d’Hobart. Forcément, il nous faut aller voir plus loin désormais. Et nous avons une escale parfaite où nous arrêter : Mount Field. Maintenant on connait, on sait que le camping est gratuit quand on ne veut pas payer. La distance est parfaite, l’étape qu’il nous faut. Et en plus, on sait qu’il y a là bas des barbecues au gaz disponible. Alors on en profite pour acheter un bon gros steak, de la crème, et du fromage bleu. On peut camper et prendre soin de soit, non ?

L’arrivée à Mount Field est assez impressionnante. Il y a beaucoup plus de monde que la dernière fois, série de van plus gros les uns que les autres, enligné au cordeau dans des emplacements tellement petit que même un parisien se sentirait au large.

Ça fait un moment que je n’ai pas écrit. Nos journées sont trop chargées, et je n’ai même pas le temps de prendre des notes pour bloquer plus tard. Je décide ce soir de prendre un peu de temps pour noter les faits importants des derniers jours, histoire de ne pas oublier. Coïncidence ? je n’ai pas écrit depuis notre derniers passages à Mount Field. J’écris rapidement. Et puis très vite je réalise « mais c’était hier ; mais c’était ce matin ». Il ne s’est même pas passé une semaine depuis que l’on a quitté Mount Field. Et il s’est passé tellement de choses. Le temps passe vite, parfois, en voyage.

Quand les astres s’enlignent parfaitement

Il est toujours agréable de revenir à la réalité après quelques jours déconnectés et de passer une journée avec que des bonnes nouvelles. Alors je vous le fais dans le désordre :

– nous avons reçu un mail de Michel et Marianne, nos deux suisses qui ont un bateau à Brisbane en ce moment. Comme on est toujours super intéressé à l’idée de passer quelques jours sur le bateau avec eux, on va donc les recontacter et voir ce qu’il est possible d’arranger

– je suis toujours en contact avec Chris, le surfer californien rencontré après Freycinet. Il a vraiment trippé sur mes photos, en a parlé un peu à certains de ses amis, qui seraient très probablement intéressés par une option « échange photo contre hébergement ». Il y a une piste vraiment intéressante à creuser, surtout si ça peut aller de paire avec quelques petites leçons de surf et/où de kite surf. D’ailleurs, on va chez Chris dimanche prochain si tout se passe bien

– il y a eut comme par magie une relocation de van Hobart-Melbourne qui est apparu sur mon site de relocation préférée. Et les dates coïncidaient juste parfaitement avec ce qu’il nous fallait. On devait normalement acheter nos billets d’avion aujourd’hui ; à la place, on a acheté des billets de bateau. On s’en tire pour un prix plus qu’excellent, et on fera la traversée retour de jour.

– quand on était encore à Sydney, je suis entrée en contact avec un anglais qui cherche des graphistes pour des contrats avec ses clients australiens. On avait échangé un peu, et puis il a disparu dans la nature. Il est réapparu aujourd’hui. Mon portfolio lui plait, mes tarifs lui conviennent… peut être un déblocage à prévoir à ce niveau là !

Donc d’un seul coup, en une journée, tout s’est mis en place pour les prochains jours.

Demain, nous repartons sur le pouce, direction Lake St Clair. On va jeter un oeil et passer deux jours là bas. Dimanche, retour à Hobart. On passe la journée et la soirée chez Chris. Lundi, on attrape une voiture de location pour quelques jours, histoire d’explorer le sud du sud, et la région du lac Gordon. Il y a aussi le mont Anne et ses 1400 mètres de dénivelé qui nous attend depuis quelques temps. « Beau défi », comme dirait le taureau de Fred Pelerin en voyant le ciel devenir entièrement rouge dans le soleil couchant. Le samedi, on troc la voiture pour un van. On va de nouveau être en mode grand luxe pour quelques jours. Lundi 27, on saute sur le bateau. Mardi 28, on rend le van à Melbourne.

Et ensuite ? Ça c’est une question qu’elle est bonne. Iris a deux amis, des gens très bien, qui vont être à Melbourne. On devrait passer quelques jours avec eux. Sans trop connaître les détails pour le moment. À ces dates là, ils devraient rentrer vers Sydney via Canberra. On les accompagnera peut être.

Non, nous ne retournons pas à Sydney. Mais nous sommes tout les deux animés par ce même sentiment. La Tasmanie est magnifique, mais ce n’est pas ce que nous sommes venus chercher en Australie. Tout comme Melbourne nous plait énormément, mais ne nous apportera pas le dépaysement recherché. Ce n’est pas non plus en s’éloignant de Melbourne que l’on trouvera des paysages différents. La Great Ocean Road est probablement magnifique, et il nous faudra la faire à un moment. Mais ça reste une route côtière, avec des falaises. Nous, on a des envies de nouveauté. De désert. Ou de grande barrière de corail par exemple. Alors pourquoi pas Perth ou Brisbane plutôt que Melbourne ?

L’idée vient juste d’être émise ; il y a encore pas mal de technicalité à prendre en considération. La décision est loin d’être finale. Mais bon, imaginons que l’on trouve une magnifique offre de relocation « Sydney – Brisbane » ou « Melbourne – Perth »… peut être devrions nous aller là où le vent voudra nous emmener !

Enfin… ce qui est sûr, c’est que d’ici au 27 février, le planning est quand même assez bien rempli. Les connexions internet seront peut être un peu rares ; ou pas du tout. On verra bien ! J’imagine que l’on arrivera quand même à donner quelques nouvelles sur la route pour vous tenir au courant !

Ma cabane en Tasmania

Le temps semble se décider à s’éclaircir un peu. Encore quelques prévisions d’averses, mais bien faibles et plutôt minimes. Si je veux la faire ma rando, si je veux essayer mon matériel, il faudra bien que je me décide à y aller ! Donc s’est partir. Retour à Frecynet dans 7-8 heures environ. La pluie m’a bien rendu service au final, vu que ça m’a permis d’être présent juste quand des anciens clients ont eut besoin d’un programmeur flash de tout urgence. Le décalage horaire n’est vraiment pas évident à gérer (en gros, mes heures de sommeil correspondent exactement aux heures de bureaux au Québec) mais on s’en est pas trop mal sorti. Petit ajustement de programme, par contre, je dois revenir mardi, pour finaliser/ajuster/corriger/terminer tout ça. Rien de bien grave. Ça me convient.

Je laisse derrière moi une cabane qui avance moins vite que prévu, et qui est loin d’être terminée encore. Je n’ai pas vraiment de remords en fait. D’autant plus qu’une paire de bras américains a été livrée il y a quelques jours pour me remplacer. Parfait. Vue l’heure avancer, je ne parlerais pas ce soir de ce que je pense d’Helpx, mais à premier trois expériences relativement semblables et différentes, je me sens prêt à faire une première mise au point je pense. Sur ce, je pense qu’il est temps que je vous abandonne, histoire de dormir un peu !

Hogs : à la semaine prochaine

Bernd fait partie de la Hogs. Hobart Games Society. Ou, autrement dit, un club de joueurs. Des gens qui jouent à des vrais jeux qui fait réfléchir. Ça fait parti des arguments qui m’ont donné envie d’aller passer quelques temps chez lui.

J’ai fait une première soirée jeu la semaine dernière. Occasion pour moi de découvrir Vikings ; uniquement en spectateur, mais spectateur suffisamment attentif pour en comprendre les règles et apprécier. Un jeu que j’essaierais volontiers. J’ai, par contre, pu tester un autre jeu, de type « deck builder ». Première fois que je m’essayais à ça. En gros, vous commencez avec quelques cartes, dont vous utilisez les pouvoirs pour acheter des cartes plus puissantes, et ainsi de suite. Dans un contexte assez connu : des aventuriers, qui s’équipent en  d’armes et autres objets magiques, dans le but d’aller tuer des monstres dans un donjon… et parfois trouver des trésors. Oui, ça a un petit côté déjà vu. J’ai aimé jouer, aimer essayer ce type de jeu pour la première fois, mais je n’accroche pas plus que ça. C’est un jeu très solitaire, avec absolument aucune interaction avec les autres joueurs. Tout ce que l’on espère, c’est qu’un autre joueur n’achètera pas la carte que l’on veut avant que l’on ait l’occasion de le faire, ou qu’il nous laisse le monstre que l’on avait prévu de tuer. Aucun moyen de négocier, échanger, interagir. Bref, c’est quand même bien dommage.

En parlant de jeux où il n’y a quasiment aucune interaction, cette semaine j’y suis retourné. Sans Bernd, qui s’occupait de Gypsy Anna. J’ai eut l’occasion de rejouer à Seven Wonders. Encore un jeu qui se joue en solitaire. On regarde son voisin de droite et de gauche de temps en temps, on leur donne des cartes, mais là non plus, il n’y a pas vraiment d’interactions. Dommage.

Il y a des soirées jeux à toutes les semaines. Du coup, à la fin de la dernière, j’ai dit aux gens « à la semaine prochaine ». Dire cette phrase m’a paru étrange. J’ai essayé de me rappeler quand je l’ai dit pour la dernière fois, dans un contexte routinier. Quel a été la dernière fois où je suis allé, régulièrement, à toutes les semaines, faire la même chose ? Je ne suis pas du tout quelqu’un de routinier. Ne pas avoir de routines, je m’en rends bien compte, ne me dérange pas le moins du monde. Ne pas savoir ce que sera demain n’est pas vraiment un soucis. Mais il est vrai que j’aime jouer, et que j’en ai rarement l’occasion. Alors me débrouiller pour me libérer une soirée par semaine pour rejoindre des joueurs, c’est quand même relativement possible.

En parlant de ne pas savoir de quoi sera fait demain, mardi je m’en retourne à Frecynet National Park, pour ma petite rando de quelques jours. J’ai profité des derniers jours pour m’équiper un peu plus sérieusement. J’ai donc un vrai sac de couchage de randonnée (1-10 degrés, 800 grammes), une vraie tente une ou deux places de randonnée (1,3 kg) et un vrai petit matelas confortable (400g). J’ai hâte de tester tout ça !

La vie chez Bernt

Bernt est père célibataire. Il a une fille de 9 ans, Gypsy Anna, en garde partagée. Oui, Gypsy Anna. Ça surprend un peu comme nom, surtout quand on sait que Gypsy, en anglais, veut dire bohémien. En même temps, quand on apprend un peu à connaître le père, on comprend assez vite. Bernt est, entre autre, passionné par le stop. Il a énormément voyagé de cette façon, et la bibliothèque avec qui je partage ma chambre, déborde de livres et études sur la question. On en a pas mal discuté ensemble. Comme tout les passionnés, il est aussi un peu extrémiste, mais ça reste quand même totalement raisonnable. Il habite une maison assez agréable, à 30 minutes à pied du centre ville d’Hobart. Il accueille des Helpers depuis bien longtemps, et a fait énormément de travaux de rénovations et d’aménagements grâce à ces bras supplémentaires. Le fait d’accueillir énormément fait aussi qu’il a vécu toute sorte d’expériences, et qu’il a pris toute sorte d’habitude. Ça se traduit par un petit guide de quatre-cinq pages sur comment fonctionne la maison. Un peu pointilleux pour certaines choses, mais ça reste quand même supportable.

Quand je suis arrivé, j’ai appris qu’il y avait de autres helpers. Garvin et Fanfan. J’ai commencé à m’inquiéter un peu, mais j’ai vite été rassuré. Garvin vient de Hong Kong, Fanfan de Taïwan. Les deux sont adorables, et après un premier contact un peu difficile, on s’entend maintenant super bien. Je parlerais plus amplement d’eux plus tard, mais leur présence est vraiment agréable. Étant tout seul, ma dynamique et mes attentes sont pas mal différentes. Je n’ai pas de problèmes avec de très grosses journées, pour cumuler un peu de temps de repos pour plus tard. Je préfère travailler huit heures et avoir une journée de libre le lendemain que de faire deux journées de quatre heures. Ça convient très bien à Bernt, et tout le monde est heureux. Sauf, peut être, mon dos, qui est quand même mis à rude épreuve.

L’une des raisons pour laquelle j’étais heureux de venir ici et le projet pour lequel je vais aider Bernt : il veut construire une petite maison pour Gypsy Anna. Pas mal de travail en perspective, mais un projet très intéressant. Et surtout, la finalité de la chose me plait. Il ne s’agit pas de permettre à des gens de faire fonctionner leur bed and breakfast ou à une dame d’économiser de l’argent, mais de faire plaisir à une enfant. Certes, Gypsy Anna ne manque pas vraiment de quoi s’amuser. Bernt est un grand adepte du freecycle (des réseaux locaux qui donnent au lieu de jeter les objets dont ils ne se servent plus). Ça, combiné à l’aide bénévoles de nombreux helpers, fait que Gypsy Anna a un petit terrain de jeux vraiment sympa juste pour elle. Mais bon, je ne serais pas jaloux, vu que mon frère et moi avions largement de quoi nous amuser aussi ! Et comme en plus les enfants du quartier en profitent un peu aussi, tout le monde est heureux !

Sauf mon dos, donc. Il faut dire qu’en trois jours, je pense avoir déplacé au moins trois tonnes de matériaux divers à moi tout seul. Terre et mélange à béton essentiellement. Garvin a fait sa part lui aussi. Bref, gros travaux.

La terre s’en va ensuite à l’arrière du camion de Bernt, que j’ai eut la chance de conduire jusqu’à la décharge pour le vider. Après tout, il y a des endroits que l’on ne pense jamais à visiter !

Certes, on peut comprendre pourquoi en même temps… même si la vue sur le mont Wellington et joli, ça n’en fait pas une destination touristique.

En plus de l’excavation, je me suis retrouvé confier la tache de récupérer et déposer des objets divers et variés à des endroits tout autant divers et variés. J’ai donc passé une après midi complète avec Garvin, à conduire le camion de Bernt, pour déposer de la terre, récupérer une structure métallique pour que les enfants puissent s’amuser, déposer des CDs, récupérer de la moquette, déposer de la moquette… le gros avantage, c’est qu’en plus de rendre énormément service à Bernt, ça m’a permis de me promener un peu dans les environs d’Hobart. Et ça me plait bien !

Bref, si je bosse beaucoup, je m’entends bien avec Bernt, FanFan et Garvin. Je n’ai vu Gypsy qu’une après midi, mais je l’ai trouvée très agréable, et simple (ni princesse, ni enfant gâté). J’aurais d’autres occasions de la voir à l’avenir. On verra bien.