Tête en bas

Down under wandering. Archipelagoes to islands; beaches to deserts; mountains to cities.

Freycinet jour 1 : Wineglass Bay


Le réveil s’est fait plus tard que je l’avais initialement planifié, mais c’était prévu. La nuit a été courte, mais je suis quand même en forme. Je finalise mon sac assez rapidement, finalement prêt à partir vers 10h15. Bernd me dit que si je patiente un tout petit peu, il me donne un lift vers la sortie de la ville, car il a une course à faire là bas. C’est parfait pour moi.

À 10h30, je suis donc sur le bord de la route, avec mon petit carton mal orthographié. Freycinet s’écrit Freycinet. Non pas Frecinet comme je l’ai cru à un moment. Ça ne semble pas empêcher les voitures de s’arrêter. Le profil des gens qui s’arrête est relativement le même que d’habitude : généralement, des hommes seuls dans les 40-50 ans. Ou un couple d’âge plus ou moins avancé. Les vans, eux, ne s’arrêtent pas. Une rencontre assez sympathique, avec ce couple qui a des enfants un peu partout dans le monde. Petit bout de trajet agréable avec eux. J’aime bien la conclusion du gars « je te souhaite d’apprécier de continuer d’aimer autant la vie, ce qui me fait aucun doute ». Je me retrouve perdu au milieu de nul part. Puis encore plus au milieu de nul part après un petit lift de quelques kilomètres seulement. Une autre voiture s’arrête. Petite. Genre Clio. Ou Echo. Ils sont trois dedans. Un allemand et deux suédois. Steph, Elin et Robert. Ils vont à Freycinet. Ils vont faire Wineglass Bay. On s’entend bien. Je me demandais dans quel sens attaquer la boucle, j’ai la réponse à ma question.

Je prends quelques informations à l’entrée du parc, notamment sur l’état des réserves d’eau un peu partout. Un ou deux ruisseaux buvables (après ébullition) et des réserves d’eau de pluie correct dans un des campings. J’ai donc une journée complète à tenir. Je partirais avec 3 litres.

Sur le parking, je retrouve un des vans qui ne s’étaient pas arrêter pour m’emarquer. Je suis toujours curieux sur le profil des gens qui voyagent en van. Deux filles françaises. Je reconnais à leur décharge qu’il n’y avait pas de places pour moi. J’arriverais à échanger deux trois mots avec elle à un moment, elles ne sont pas sympathique du tout. Je préfère largement mon allemand et mes deux suédois.

Inspection des douanes obligatoires avant le départ.

On attaque la marche. Eux voyagent léger ; moi j’ai 15 kilos sur le dos.

Jour 1 : 
Altitude départ : 14 – altitude arrivée : 5 ; point culminant 220
Dénivelé : + 206, -215 

Distance : 4.2 km ; Temps de marche : 2 heures. 

La montée jusqu’au point de vue, je l’ai déjà faite, mais la refaire est bien agréable. Certes, je suis un peu plus chargé, mais ça monte quand même bien. Juste plus lentement. On croise aussi ces deux américains qui viennent juste de tomber en panne de batterie. Je les prends donc en photo, avec la promesse de leur envoyer par email par la suite. Ça ne coûte rien, et ça leur fait plaisir. Ce n’est pas la première fois que je le fais ; et je me souviens à Bali le gars qui avait fait une photo de nous sous l’eau avec son appareil étanche. Échange de bons procédés j’imagine.

La descente sur Wineglass Bay se fait elle aussi sans problème. Le sac commence à peser un peu, mais j’ai désormais un bâton de marche en plus avec moi, et c’est vrai que ça aide aussi. La baie est magnifique… mais comme disait Iris à Tasman « prend ça Wineglass Bay » ; je suis d’accord avec elle. Si la baie est belle, ce n’est pas la plus belle de Tasmanie. Elle mérite quand même une petite marche, mais le point de vue que l’on avait en hauteur valait déjà bien la peine. Au loin, au bout de la plage, un peu sur la droite, on devine Mount Freycinet. Le point culminant de la péninsule. J’ai rendez-vous avec lui demain. Je l’attends avec impatience. Mes collègues de marche sont plus courageux que moi. Il faudra, un jour, que j’apprenne à me mettre à l’eau froide. Je ne comprends juste pas pourquoi je n’y arrive pas. J’aime l’eau, les vagues sont superbes et font rêver, mais je sais bien que ce n’est pas la peine d’essayer.

Mes compagnons de marche font finalement demi tour après leur baignade. Et je finis la marche le long de la baie tout seul comme un grand. Le camping m’attend juste après. Je m’installe tranquillement. Il y a pas mal de monde, ce qui est assez logique pour un samedi soir. Je monte ma tente sous le regard curieux des kangourous du coin. Kangourous qui doivent bien se moquer de moi. Je n’ai pas le mode d’emploi. C’est la première fois que je la monte ; ça n’a rien d’intuitif. Jusqu’à ce comprenne finalement que les crochets ne servent pas à faire tenir les machins mais les bidules, et qu’il n’y aucun truc pour accrocher le chose. À partir de là, je me retrouve finalement avec une vraie maison. Et oui, le bâton de marche devient le pilier central de la tente. Astucieux. Et pas mal pour gagner du poids !

La maison construite, je profite de la lumière de fin de journée, qui est tout simplement superbe. L’eau change de couleur toutes les deux minutes, selon la couverture des nuages et l’angle du soleil. Rien qui ne rende bien en photo, malheureusement… mais un souvenir d’une couleur jamais vue jusqu’à présent.

Je rentre à la tente me faire à manger. Sur le regard tout aussi attentif des kangourous. Sans doute pense-t’il que vu mon incompétence à monter la tente, je serais aussi incompétent à cuisiner, et j’en renverserais partout. Malheureusement pour eux, je me débrouille plutôt bien avec ma petite casserole et mon mini brûleur. Je ne sais pas si j’ai fait pitié au couple là bas, où s’ils trouvent juste mignon mes interactions avec mon voisin kangourou, mais à un moment, la femme vient me voir et me demande si je veux un peu de poissons qu’ils viennent juste de pêcher. J’imagine qu’ils ont trop pour deux, peut être pas assez pour quatre. Toujours est il que je me retrouve avec ce magnifique morceau de poisson, et qu’il est délicieux. Et puis les cadeaux spontanés, gratuits, sans rien demander en retour, j’ai toujours aimé ça. Ma journée semble se placer sous le signe de la générosité. Entre ces gens qui m’ont offert généreusement une place dans leur voiture, Elyn qui m’a offert des biscuits, et ce couple qui m’offrent un saumon. Je ne peux pas m’empêcher d’avoir une crise de nostalgie en repensant à Burning Man.

Est-ce que c’est la nostalgie de Burning Man, qui est aussi un lieu de rencontre, qui me pousse ? Je ne sais pas. Il n’y a que des couples qui voyagent ensemble. Pas vraiment facile de me joindre sans avoir l’impression de déranger… et puis il y a ces trois personnes qui viennent juste d’arriver. Tout sourires et bonne humeur. Oserais-je dire que c’est inhabituel pour des français ? Toujours est il que j’ai une occasion d’échanger quelques mots avec eux, et que je décide de pousser un peu. Je demande si ça dérange que je passe la soirée avec eux, ils m’accueillent tout sourire. Comme bien souvent, ne me demandez pas de me rappeler leurs noms. Il y a un couple, qui vient de Toulouse. Ils voyagent avec une fille de Perpignan, qu’ils ont rencontré en faisant du fruit picking à Mornington. Ils me parlent du fruit picking avec le même enthousiasme que tout les autres. « On s’est fait 1300$ en 10 jours ». C’est vrai que la somme est alléchante. Quelques mathématiques ramènent ça à 130$ par jours, probablement aux environs de 15$ de l’heure. Juste un peu au dessus du salaire minimum, donc, impôts déduis… par contre, il est vrai que le gros avantage est que tu arrives, tu es engagé sans condition, et que tu restes le temps que tu veux. Très pratique pour pouvoir remettre un peu d’essence dans le van quand on est perdu au milieu de nul part. Les restaurants et autres classiques de backpackers attendent que l’on reste plus longtemps évident. La discussion s’étire un peu dans la soirée. Les échanges sont agréables. Ma dernière nuit a été très courte, mais je ne ressens pas trop de fatigue quand je vais finalement me coucher.

S’il y a des kangourous dans les environs du camping, il y a aussi des opossums. C’est un peu le bordel dans ma tente, avec les sachets explosés. La bonne nouvelle, c’est qu’ils n’ont à peu prêt rien ouvert de ma bouffe. À part les crumpets que j’avais prévu pour mes petits déjeuners. Bon, bin je ferais les prochains jours sans petit déjeuner j’imagine. On verra comment arranger tout ça. Et je m’endors finalement, tout heureux, dans ma petite tente au milieu de nul part.

2 Responses to “Freycinet jour 1 : Wineglass Bay

  1. February 14th, 2012 at 9:52 pm

    alexandra says:

    les opposum ca se mangent pas au petit déjeune ?

  2. February 15th, 2012 at 11:51 am

    Sébastien Chion says:

    Fichtre ! Que n’y ai-je point pensé ! La prochaine fois, Alex, je t’engage comme conseillère alimentaire 😉