Tête en bas

Down under wandering. Archipelagoes to islands; beaches to deserts; mountains to cities.

Lake St Clair, ou Mount Field, difficile à dire


Il y avait un gros soucis. Le même que la dernière fois. Comment faire pour quitter Hobart ? Sauf que cette fois, la configuration était encore pire. Car vers le nord, les banlieues s’étirent pendant un moment. Et l’autoroute n’est pas vraiment accessible aux stoppeurs. On aurait pu prendre le bus, s’éloigner… mais le bus à Hobart, ça semble encore pire que le bus à Sydney. Alors on a laissé tombé cette option… on s’est dit qu’on allait tenter notre chance, avec notre pancarte, sur le bord de la rue.

Et il y a eu Lil. Une fille tout simplement adorable, qui nous a pris en pitié, et qui a fait un énorme détour, juste pour nous déposer, 20 minutes plus loin, à un endroit beaucoup plus simple d’accès. Nous laissant même son numéro de téléphone au cas où on serait coincé à nouveau. Son numéro de téléphone, on a bien l’intention de l’utiliser. Pour l’inviter à boire une bière à Hobart, si on trouve le temps. On verra bien… il y a ensuite eut cette gentille madame qui s’est arrêté pour nous prendre, alors même que l’on n’avait pas atteint l’endroit où on s’était dit que ça serait bien de se poser. Elle avait l’air triste et bien seule la petite madame. On lui a peut être apporté un peu de nouveauté dans sa journée un peu morose. Et puis ensuite, on a eu droit à une famille tasmanienne profonde. Profonde, le mot n’est pas peu dire. « Ah, vous venez de France, vous venez de Paris ? ». Même pas envie de détromper, de contredire. Des gens absolument adorables, qui nous ont répété à plusieurs reprises qu’ils se sont arrêtés pour nous, parce que nous on a l’air gentil. C’est d’ailleurs parmi les rares choses que l’on a réussi à comprendre dans ce qu’ils ont dit. Dur l’accent ! Quand à l’enfant hyper actif à l’arrière, je plains son enseignant ! Mais bon, ils nous ont bien avancé. Ils nous ont posé à un petit carrefour. Un endroit parfait pour repartir. Sauf que là, on a eu un doute soudain. On est resté un moment à faire du stop, sur le bord de cette route qui devrait, en théorie, être un axe principal de la Tasmanie. Trop petit l’axe. Pas assez de circulation. Et puis ici, les numéros de route commencent par une lettre, pour indiquer leur importance : A, B ou C. Après vérification, nous ne sommes pas sur la A6 mais sur la C500 et quelque chose. On regarde à nouveau la carte. En fait, ils nous ont posé au milieu de nul part. Certes, la route où l’on est rejoint la A6 un peu plus loin. Mais nos espoirs de voir une voiture s’arrêter sont quasiment nuls. En revanche, on est juste pas loin du tout de Mount Field National Park. Lui, on se le gardait pour plus tard. On hésite. On discute. On réfléchit. On se rend compte qu’en réalité, il est beaucoup plus logique de faire Mount Field maintenant, et garder Lake St Clair pour plus tard. Parfait. Changement de route. On lève le pouce. Douze secondes après, une voiture s’arrête. Une fille baragouine ce qu’elle peut en anglais. Elle est française, et ça se voit. Par pitié, je passe tout de suite au français pour lui simplifier la vie : elle rejoint deux amis, trois cents mètres plus loin. Ils vont manger, puis aller à Mount Field. C’est parfait. On a faim. On a notre nourriture. On va manger aussi. Et ensuite, on part tous ensemble jusqu’au parc. Le courant ne passe pas vraiment. C’est dommage ; on aurait pu se faire une belle petite soirée, tous ensemble. Tant pis pour eux ! Nous, à la place, on se pose rapidement au centre d’informations, vu que l’on n’avait pas planifié du tout de se retrouver ici…

Mount Field est surtout connu pour ses cascades. Trois cascades, assez belles, et assez facile d’accès. Le centre d’accueil fermant dans un peu plus d’une heure, on décide d’y laisser nos sacs, le temps de faire une première petite boucle, histoire d’en voir deux, et de jeter un oeil sur quelques gros arbres. La première, Russell Falls, est probablement l’une des plus connues. À peine 5 minutes à pied, sur un chemin accessible même en fauteuil, et avec un charme absolument indéniable. Tellement charmant, d’ailleurs, que même la marche est agréable à prendre. Et on vous encourage même à revenir de nuit, pour admirer les « glow worms ». Non, ce ne sont pas des vers luisants. C’est autre chose, unique à la Tasmanie. On verra cette nuit !

Une petite quinzaine de minutes plus tard, et quelques dizaines de marches, on se retrouve au pied de la deuxième chute : Horseshoe Falls.

La suite de la balade, qui nous permet ainsi de faire une boucle assez sympa pour revenir jusqu’au centre, s’appelle « Tall Tree ». Il est vrai que la Tasmanie n’a pas grand chose à envier aux géants californiens. Un peu plus petit, certes. Un peu moins haut également. On parle ici d’un peu moins de 100 mètres. Ça reste quand même très impressionnant pour moi. Et surtout, je retrouve ce calme et cette tranquillité qui semble si commune aux forêts d’arbres géants. Tranquillité dont ne pouvons malheureusement pas trop profiter. Le centre va fermer, il nous faut récupérer nos sacs.

On a pris l’habitude de ne pas payer pour le camping. Et on s’attendait à un camping gratuit ici aussi. Ce n’est pas le cas. Le camping au centre coûte 16$ par nuit. Trop cher pour nous. On envisage donc de partir dans la nature : le début de la randonnée que l’on vise pour demain est à une quinzaine de kilomètres d’ici. Plutôt que de le faire en stop demain matin, on pourrait essayer de le faire en stop ce soir. On pourra se poser tranquillement là bas, sans s’inquiéter de devoir payer un camping, et on aura plus de temps pour la randonnée le lendemain. Seul soucis ? Après vingt minutes sur le bord de la route, le pouce levé, on doit se rendre à l’évidence : à cette heure là, les voitures reviennent. Aucune dans le bon sens. On se décide alors à prendre une chance. On va s’installer au camping, sans payer, et on fera pitié si jamais il y a un contrôle. On plante notre mini tente entre tous ces campings car gigantesques.

Le tout est vite installé. La soirée est encore jeune. On a le temps de s’offrir une petite marche jusqu’à Lady Baron, la troisième cascade. Celle-ci nous demande encore de monter et descendre quelques marches, mais on le fait sans trop rechigner. Encore une fois, très beau spectacle au rendez-vous. Petite cascade, toute simple. À une toute autre dimension, je repense à Yosemite, aux si nombreuses cascades, toutes différentes. Les cascades ont cette particularité je trouve… on peut en avoir vu une centaine, c’est un spectacle dont on se lasse pas.

Je sursaute sur un cri d’Iris. Je me retourne. Elle indique la petite marre sur le côté. Dedans, il y a une forme qui bouge. Des pattes palmées. Un long museau. Une queue étrange… l’ornithorynque n’est donc pas une légende urbaine que l’on fait courir de part le monde pour faire venir les voyageurs, mais bien un fait réel ! Mais c’est surtout une créature très timide ; il disparaît très rapidement dans les branchages. On le voit refaire une apparition à un moment, puis plus rien. On rentre à la tente, le coeur joyeux. Une nouvelle case de cocher dans les animaux étranges. Ne manque plus que le koala… et quelques autres.
La nuit tombée, on décide d’aller voir les « glow worms ». Une lampe de poche, dans la poche, parce que la lumière, la nuit, ça empêche de voir. Et on avance tranquillement le long d’un sentier tout tranquille. On croise une ou deux personnes, qui nous éblouissent joyeusement de leurs lumières, avant de finalement arriver à « l’antre » des vers. Ça prend encore un moment pour les repérer. Pour savoir quoi regarder exactement. Et surtout où. Et puis finalement, on les repère. Plein de petits points, un peu partout. C’est joli tout plein. En avançant encore, on arrive à un endroit où il y en a plus. La grosse différence avec les vers luisants ? Ceux là semblent complètement immobile. Petits points de lumière, simplement suspendu dans le noir, avec énormément de poésie. Parfait petit spectacle tout simple avant d’aller se coucher !

One Response to “Lake St Clair, ou Mount Field, difficile à dire

  1. March 2nd, 2012 at 8:46 am

    Kaly says:

    “Horsehoe Falls” , les chutes de la chaussure de cheval, les chutes en fer à cheval. J’ai vérifié, elles forment bien un fer à cheval.

    Parfois, je préfère l’anglais au français : “horseshoe”, c’est un peu plus poétique que fer à cheval, non ?

    Superbe, cette balade !!! Et on a beau avoir ici des températures qui remontent, je vous envie !