Rue du Pourquoi Pas



Parce qu’il y a toujours une route qui, quelque part, m’attend.
Carnets de route, photos de voyages, et pensées vagabondes.

Écrit par : Sébastien ChionJune 14th, 2021
  • Et j’ai donc rejoint Iris, sur le quai numéro 7. C’est une visite rapide ; pas de planification ; pas de projet. Comme elle repart dès le lendemain, on verra bien sur place ce qui nous inspire.

    Plutôt que de revenir directement à Biganos, le bled sans intérêt où est posée ma maison, on décide de rester dans le train jusqu’à Arcachon, pour visiter la ville. Nous sommes samedi après-midi, le 12 juin, il fait grand soleil. Et nous sommes plusieurs à avoir eu la même idée !

    Voyager au temps du Covid. Masque ou pas masque dans la rue ? Dedans, la question ne se pose pas. Mais en extérieur ? Certains le portent, d’autres ne le portent pas. Il y a sans doute une règle officielle, mais ça fait un moment maintenant que je suis déconnecté des sources d’informations officielles… je prends l’option bon sens. Comme à Limoges. Masque quand il y a du monde (centre ville, artères commerçantes…) mais sinon, quand on croise personne, j’ai un sérieux doute sur l’intérêt de la chose… tout en restant conscient de la limitation de mon bon sens ; après tout, j’imagine que tous les gens ici suivent également leur bon sens. Avec des résultats différents…

    Les premières rues d’Arcachon ne présentent que peu d’intérêt. Le grand ciel bleu, les gens qui se promènent, la piétonisation de certaines rues, et les magasins qui sortent des étales dans la rue jouent clairement à l’avantage de la ville. Un mardi matin avec un ciel un peu gris, ça doit être d’un tristoune assez impressionnant…

    On trouve un restaurant avec un menu qui nous inspire bien. Sur le front de mer, vu sur la plage, le temps d’attente est long… mais on ne regrettera pas. Je fais la connaissance de Jean-Eude. Une relation très sympa, mais plutôt courte. Qui n’a sans doute pas beaucoup bénéficié au pauvre Jean-Eude…

    J’ai grandit avec un papa qui n’aime pas le poisson ; c’est un goût que j’ai découvert sur le tard, et que je n’ai pas forcément apprécié tout de suite. Puis j’ai essayé le saumon fumée, certains poissons, les sushis… comme mon cerveau n’enregistre pas forcément certaines informations, je continue à avoir la pensée première que je n’aime pas le poisson, et c’est une option que je regarde rarement sur les menus. Et pourtant… les moules marinières de Greg à Montréal (mes premières moules, souvenir ému !) puis celles qu’on a fait au Pied de Vent (fromage locale) aux Îles de la Madeleine avec Brigitte, et toutes celles qui ont suivi (encore tout récemment avec Lou), les sushis de Vancouver ou Singapour, le homard chez Louisette et Alain à St Romuald (que je n’ai pas fini, ni parce qu’il était mauvais -j’ai adoré- ni parce que j’y suis allergique -je laisse ça à d’autres- mais juste parce que j’ai du mal à me battre avec ma nourriture ! ), les acras de morue de Jérôme, les pattes de crabes, commandées sur un coup de tête avec mes parents en Gaspésie le poisson grillé sur la plage à Bali (tiens, avec Iris là aussi, coïncidence ?), la pizza anchois/câpre de Stéphane (un autre souvenir ému, qui ne s’est pas encore produit dans la temporalité du lecteur, mais dans la mienne si)… allez… peut-être qu’un jour mon cerveau se décidera à comprendre qu’il aime le poisson. Mais par contre, pas les fruits de mer… c’est toujours pas mon truc (non, les moules ne sont pas des fruits de mer, ce sont des poissons ! si si si si si !).

    Mes hommages à toi, Jean Eude.

    Et on retourne se balader. Des boutiques un peu partout, mais rien qui m’inspire… notre itinéraire nous ramène vers la gare. On regarde les horaires de train. On a encore le temps. On retourne se balader. Pour se retrouver dans une autre partie d’Arcachon, que je trouve cette fois plus agréable. Des bâtiments avec un peu plus de style, des rues plus agréables… bon, je ne déménagerai toujours pas à Arcachon, mais je préfère ce quartier là.

    Et finalement, on retourne à la gare, et le train nous ramène à ma maison. Je fais faire un tour du propriétaire rapide à Iris (bon, faut bien reconnaître, c’est quand même rarement très long, sauf quand c’est une maison que j’essaie de vendre). Puis on décolle. Direction la Hume, objectif initial planifié avec Lou.

    J’ai rencontré Stéphane le 12 novembre 2010, à Bryce Canyon (et réciproquement, version Stéphane), un des (juste complètement inimaginables) parcs nationaux du sud de l’Utah. Ça faisait un peu plus de trois mois que je vadrouillai sur les routes avec mon petit van, et j’étais sur le chemin du retour, direction Montréal (mais en évitant les chemins les plus directs quand même, faut pas déconner). Stéphane, lui, faisait le tour des parcs nationaux du coin, avec son appareil photo. Contact très sympa (il m’avait même fait utiliser un de ses objectifs, je sais plus lequel, mais il était vachement lourd !). On avait discuté un peu. Une heure. Peut être deux. Puis chacun avait continué son chemin de son côté. On s’était simplement ajouté sur Facebook pour éventuellement garder contact. Onze ans plus tard, on s’est recroisé. Stéphane a une galerie photo à la Hume ; c’est là qu’on s’est retrouvé. Il voulait voir le Chamion, je voulais voir ses photos. En vrai.

    Parce que bon, côté photo, le travail de Stéphane c’est un vrai régal pour les yeux. Du coup, je vous encourage très fortement à aller jeter un oeil sur son site : www.stephanescotto.fr ; c’est une très belle porte d’entrée sur le bassin d’Arcachon. Mais pas que ! Et donc, bin c’est vrai que voir son travail en grand format… j’avoue que j’ai de la chance : les murs du Chamion sont trop petits, donc je suis sûr de ne pas pouvoir craquer. Ouf ! Bon, d’accord, j’embarque quand même son dernier livre, parce que quand même !

    On passe un moment à discuter dans la galerie, puis on l’accompagne jusqu’à son bateau (il part pour une petite virée de deux jours le lendemain), avant de faire un repérage sur les coins possibles ou poser le Chamion pour la nuit (beaucoup plus simple à gérer en voiture). Il passe ensuite prendre l’apéro à la maison, avant de retourner se préparer pour le lendemain. Avec Iris, on déplace le Chamion jusqu’au parking de la plage de la Hume, où aucun panneau vient nous expliquer que ce qu’on fait est très très mal.

    Réveil tranquille le lendemain, on prend notre temps. Un employé de la police municipale vient nous expliquer que ce que l’on a fait est très très mal. « Le panneau sera bientôt installé, la mairesse n’aime pas les camping car ». Ah, oui, bon, d’accord monsieur, bien monsieur. Promis on bouge bientôt monsieur.

    Bon, l’idée de se poser sur le bord de la plage, c’était quand même de profiter de la plage le matin. Donc on bougera un peu plus tard dans la journée. Iris fait plouf ; moi pas ; je suis pas trop un ploufeur du matin (sauf quand l’eau elle est vraiment vachtement chaude). Le reste de la journée se poursuit à un rythme effroyable. Retourner se poser au Chamion ; il fait chaud. Très chaud. Partout. Pas que dans le Chamion, dont toutes les fenêtres sont ouvertes. On se motive à aller faire quelques courses pour un pique-nique. Puis à se trouver un endroit où se poser pour manger le dit pique nique. Puis on revient au camion. Et on retourne même marcher un peu. Pas facile la vie !

    La journée trénouille tranquillement. Je raccompagne Iris à la gare, pour qu’elle retourne sur Toulouse. Le train arrive, puis repart. J’aime avoir de la compagnie. Et j’aime aussi être seul. Et là, quelques jours seuls, ça me fera quand même un peu du bien. Tout en étant conscient que je voyage à nouveau seul. Donc que je n’ai personne avec qui partager en direct mes petites aventures tranquilloutes.

    Une jeune femme avec son vélo m’interpelle. Elle a vu que je ne suis pas monté dans le train, et se demande si c’est pour la même raison qu’elle : le train qui déborde, pas assez de place (surtout un vélo). Elle se demande comment être sûr de rentrer sur Bordeaux ce soir. Je ne suis pas du coin ; je ne sais pas trop quoi lui conseiller d’autres que d’attendre le prochain train et d’espérer.

    Je retourne au Chamion ; en chemin, deux neurones se connectent. Je fais demi-tour. « en fait, y a peut être une autre option possible, si jamais tu veux être sûre d’avoir une place : les trains arrivent de Bordeaux, et font demi-tour à Arcachon avant de repartir ; si tu montes dans le prochain train vers Arcachon, tu restes à bord quand il fait demi-tour, et pouf c’est magique ». On discute encore un peu. Elle est chanteuse (et étudiante, et aussi elle bosse dans une radio, et aussi…). Elle est venue se balader dans le coin, voir si jamais elle pouvait trouver une ou deux adresse type piano bar pour performer. À nouveau, je suis dans l’impossibilité de la conseiller ; je l’encourage quand même à contacter Stéphane qui lui saura peut-être. Puis je reprends à nouveau le chemin de ma maison. Et je me décide enfin à la déplacer. Je ne vais pas beaucoup plus loin ; un autre parking que l’on avait repéré la veille, et qui semblait avoir du potentiel aussi. Une fois de plus, j’ouvre toutes les fenêtres du Chamion, espérant faire baisser un peu la température intérieure une fois la nuit tombée. Ça marche super bien… mais ça ne permet malheureusement pas de descendre en dessous de la température extérieure. Encore une nuit chaude en perspective ! Je me dirige vraiment vers le sud moi ?

    Finalement, je ne dors pas trop mal. Par contre, au réveil, le Chamion est à l’ombre. Et je n’ai plus d’électricité. Ça fait plusieurs jours que je fais le même verdict : mes batteries sont presque mortes. Elles arrivent à supporter le frigo pendant une nuit, mais c’est tout. Si je n’ai pas de soleil le lendemain, c’est le bordel. Bon, en même temps, pour le moment j’arrive quand même à me débrouiller, donc je vais rester comme ça encore un peu, et on verra comment tout ça évolue.

    Au programme, journée tranquille. J’envisage de ne pas bouger. Je vais quand même me balader dans le parc juste à côté de où je suis garé. Promenade en forêt, le long d’une rivière. Câlin aux arbres (quelques spécimens vraiment magnifiques) ! Tranquille. Pas vite. Ça fait du bien.

    Retour par le Chamion. Je retourne me balader dans l’autre direction. Voir à quoi ca ressemble. Et refaire un petit tour sur le bord du bassin. La promenade est agréable. J’hésite à aller un peu plus loin, mais une femme commence à me faire la causette. Trop de soleil, trop d’alcool, les deux sans doute… je fais demi-tour, fuyant vers ma maison.

    J’étais plutôt dans l’idée de ne pas bouger le Chamion. Mais en même temps, je savais que je n’aurai pas le choix : il y a un panneau qui interdit de rester stationner là où je suis du lundi 23h au mardi 23h. Interdiction somme toute inhabituelle il est vrai. J’étais plutôt parti dans l’idée de juste bouger de 10 m. Mais finalement, je décide de bouger de 10 km. Je vais dormir au pied de la dune du Pyla.

    5 commentaires

    1. Commentaire de Kaly

      Jean-Eude, c’est un poisson ? Pourquoi Jean-Eude ? Pourquoi pas Jean Bart ? Ou Jean-Marée ?

      Ou encore poisson-scie ou raie ou sole, mais celles-là, c’est pas de moi…

      S’il y a jeu de mot, j’ai pas trouvé !!!

    2. Commentaire de Sébastien Chion

      Même pas de jeu de mot. Il a (avait) juste une tête à s’appeler Jean Eude.

    3. Commentaire de DIEU

      Ben non les moules ce ce sont pas des poissons mais des mollusques. Bivalves les mollusques. Et c’est pas bon. C’est tout plein de pétrole et ça fait vomir Nicole ! Comme les huîtres.

    4. Commentaire de Sébastien Chion

      Nicole est une huitre bivalve qui vomit du pétrole ? Elle cache bien son jeu ! Parce que comme ça, quand on la regarde, on dirait pas !

    5. Commentaire de Iris

      C’est tout plein de pétrole qui fait vomir Nicole.. On dirait un peu du Bashung là non…? :)

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