J’ai rencontré Danielle le 23 octobre 2010, à la soirée de décompression de Burning Man, à Portland. C’était le début de soirée. Je n’avais pas envie de passer la soirée seul. J’avais envie de rencontrer des gens, de discuter, d’échanger. Danielle était assise à une table, bien tranquille, à dessiner. Elle a levé les yeux, à croiser mon regard. Elle m’a sourit. Danielle a ce genre de sourire auquel il est impossible de résister. Si elle vous sourit, vous souriez en retour. Pire encore, vous vous approchez d’elle, et vous commencez à parler. On a passé la soirée ensemble, à discuter, à se promener, en s’abritant régulièrement de la pluie dans le Pourquoi Pas ?. J’ai passé le mois suivant à voyager avec elle.
Danielle est originaire du Kansas, qu’elle a quitté, pour venir à Portland, vivre de sa musique. Autodidacte, elle compose, chante, joue de la guitare, du ukulele, du didgeridoo, du piano et du violon chinois. Elle pratique aussi le chant de gorge. Elle vit en chantant dans la rue, vendant ses CDs (elle en a enregistré 5) aux passants qui veulent bien l’encourager.
J’ai essayé dans la mesure de mes modestes moyens d’aider Danielle, parce que je croyais en son talent incroyable. Je l’ai revue à l’été 2011. On a voyagé à nouveau un peu ensemble, en profitant pour enregistrer deux clips pour ses chansons.
Danielle a fait une embolie pulmonaire à l’automne 2011. Elle a sombré dans le coma juste avant que je m’envole pour l’Indonésie. Elle n’en est jamais sortie. Elle continue à souvent être près de moi quand je voyage.
Elle avait cette chanson, que j’aimais beaucoup. « The man made of owls ». Je lui avais demandé l’autorisation d’en faire un conte. Elle me l’avait donné. Je le raconte régulièrement depuis. C’est l’une des solutions que j’ai trouvée pour perpétuer la mémoire de cette artiste incroyable. Je garde aussi actif son site internet. Et je continue de parler d’elle, de faire vivre les souvenirs.
Mon voyage à Portland avait aussi comme objectif de lui dire au-revoir. Je n’avais aucune envie de voir une pierre tombale triste, dans un cimetière du Kansas, l’état qu’elle a quitté parce qu’elle n’y était pas bien. Non, je voulais me promener dans ces rues qu’elle a aimées, et qu’elle a fait vivre. Et dans la roseraie qu’elle aimait tant.
Je suis passé revoir cette fontaine qui était, je pense, son endroit préféré à Portland. Une fontaine sculpture qui, quand on la regarde vite, semble ne plus être fonctionnelle. Il ne tombe que quelques goutes, et le bassin à la base est vide… pour comprendre cette fontaine, il faut s’en approcher. Il faut coller son oreille contre. Parce que cette sculpture est une oeuvre musicale. L’intérieur est creux, et on peut entendre les goutes tomber dans un chant d’une douceur magnifique. Je suis persuadé qu’une partie de l’âme de Danielle est toujours là. Et je considère que j’ai eu une chance incroyable de pouvoir l’accompagner sur un petit bout de son chemin.
À l’époque de ta rencontre avec Danielle, rencontre que j’ai suivie sur ton blog comme tout le reste, j’ai très vite éprouvé une vive sympathie pour cette fille pleine de fantaisie et de joie de vivre.
Vous aviez vécu une aventure étonnante pendant ce long voyage.
Je parlerai autour de moi de cette jeune femme pleine de talent et que je regrette beaucoup.
Et je t’invite à réécrire cet hommage en anglais, comme tu l’as fait à une certaine époque sur ton blog de voyage, pour que les lecteurs anglophones gardent eux aussi son souvenir.
Elle mérite tellement d’être connue et reconnue !