J8- Du kilomètre 1592 au kilomètre 1990
J8- En quittant Penticton
Cette fois-ci, j’ai fait l’effort d’écrire des cartes postales avant d’écrire mes notes. Au moins, je suis sûr que quelques unes seront faîtes ! Encore une longue et intense journée derrière moi. Longue en terme d’heures de routes, intense en terme de variété de paysages !
Je suis parti de Penticton sans m’éterniser : le fait de me réveiller à 8 heures du matin a du y être pour quelque chose. Ce qui est sûr, c’est que bien au chaud à l’intérieur, j’ai bien dormi. Pas très longtemps, mais intensément. Et ce, malgré le « tic-tac » du réveil d’une des personnes dans le dortoir.
Au matin, la ville est assez agréable, mais finalement, je ne m’y attarde pas : j’ai vu les deux rues importantes lors de ma balade de la veille. Balade au cours de laquelle j’ai dépanné un homme en fauteuil roulant en le poussant un bon moment. Il était à moitié saoul, mais ce genre de rencontre reste quand même agréable. Voyager seul rend extrêmement social. Je prends donc un peu de temps pour discuter avec le monde quand je peux. Mes principaux interlocuteurs sont dans les centres d’informations touristiques… ça fait du bien de parler anglais !
La route après Penticton est vraiment magnifique. La vallée va en s’étroitisant petit à petit autour de la rivière Okanagan jusqu’à la ville de Okanagan Falls, la zone la plus étroite, où se trouve probablement des chutes. Du moins je l’imagine, vu le nom, car il est impossible de les voir, ou de voir un panneau les indiquant. Le relief, lui, ne trompe pas : on voit très clairement une marche quand on arrive vers cette toute petite ville. La vallée est assurément quelques (dizaines) de mètres plus haut avant que après.
J8- En plein désert
Après cela, la vallée va en s’élargissant à nouveau, et surtout elle devient de plus en plus aride. Me voilà dans le seul et unique désert canadien. Celui-ci se prolonge par la suite aux États-Unis et jusqu’au Mexique.
Je fais une petite visite pas très intéressante au « Desert Center » juste avant d’entrer à Oliver.
J8- Ces balades qui n’existent pas
Il va bientôt être midi ; je passe donc à l’information touristique récupérer quelques sentiers de randonnées. Une petite balade d’une heure pour m’ouvrir l’appétit me conviendrait parfaitement.
Au final, je ferais une heure de voiture, incapable de trouver les départs des deux balades que je cherchais. Je repars frustré contre l’incapacité à trouver ce que je cherche. Je ne pensais pas que marcher puisse être si compliqué !
Mes errements en voiture me permettent tout de même de constater que dès que l’on s’éloigne un peu de la vallée de l’Okanagan, tout reverdit à une vitesse des plus impressionnantes !
J8- La frontière
Osoyoos marque la fin de la vallée de l’Okanagan, du moins pour la partie canadienne. Passé Osoyoos, on franchit le 43e parallèle, qui marque la frontière sur plusieurs milliers de kilomètres. N’ayant pas l’intention d’aller aux États, je tourne à gauche, sur la route qui longe la frontière. La sortie de la vallée est impressionnante, et implique une montée qui dure un bon moment et qui dévoile des immenses montagnes enneigées qui, jusqu’à présent, se cachaient un peu partout. Comme c’est presque toujours le cas en montagne, quelques kilomètres entraînent un changement radical de paysage. De la vallée aride, je me retrouve dans des hauteurs verdoyantes.
De vieux ranchs meublent le haut plateau que traverse la route. Ce n’est pas la première fois que je ressens cette ambiance « western », avec ces vieux ranchs de cowboys et d’immenses pâtures autour. Quelque part dans ce paysage se cache une frontière. Comme quoi, il semble y avoir encore quelques endroits où on doit pouvoir la franchir facilement ! Il est d’ailleurs assez amusant de constater l’omniprésence de l’unifolié (le drapeau canadien), visible sur une maison sur trois environ. Peut-être pour rappeler au randonneur égaré de quel côté il se trouve ?
Il y a également beaucoup de faucons dans le ciel. La route ne se prête pas à les photographier, mais j’en vois quand même un ou deux de proche.
J8- Anarchist Summit
En planifiant mon voyage, j’ai découvert l’existence du « Anarchist Provincial Park » dont le nom m’a beaucoup intrigué. Je n’en sais pas d’avantage. La route d’aujourd’hui ne passait pas loin. J’ai donc eu la chance de franchir le mont Anarchist à 1233 mètres d’altitude (la ville de Osoyoos, elle, est à 219 mètres, et j’ai roulé une dizaine de kilomètres depuis) ! Je sais maintenant d’où vient le nom du parc. Ne reste plus qu’à trouver l’origine du nom de la montagne.
Quelques recherches sur google me permettent de trouver deux petites références :
– un colon du nom de Sidley, aux idéaux un peu étranges, se serait installé non loin de là.
– un certains Fred Lawless aurait construit son ranch dans les environs.
Le mystère restera donc complet.
J8- Paysages, ponts, lacs, trains
Le reste de la route est époustouflant, et je n’avance vraiment pas vite. Je mange une fois de plus des kilomètres de paysages. On continue de monter tranquillement jusqu’à 1500 mètres d’altitude. La neige est à portée de main, et j’admire un lac magnifique, là encore un peu gelé. Pause rapide également à Christina Lake (recommandé quelques jours plus tôt par Geoffray), mais le centre d’informations est fermé. Je continuerais donc ma route sans faire de pause.
Mes jambes me démangent. Nouvelle pause à Castlegar, après une descente qui dure un bon moment : on a rejoint une nouvelle vallée, et on repasse de 1500 à 500 mètres d’altitude, ce qui explique les oreilles qui se bouchent/débouchent régulièrement.
Au centre d’informations de Castlegar, je trouve ce que je cherchais depuis un moment ! Un atlas topographique de toutes les Kootenays ! Je devrais enfin pouvoir improviser mes balades, ou au moins les repérer plus facilement. J’ai toutes les infos dont j’ai besoin.
L’emplacement de Castlegar (à un endroit où trois vallées convergent, ça me rappelle une autre ville… mais en fait ça n’a rien à voir !) est magnifique. Je m’offre une mini-balade sur une track de chemin de fer, avant de me cacher de la pluie dans la voiture.
J8- et barrages
Je remonte désormais la rivière Kootenay, suffisamment large pour donner son nom à toute la région, et qui compte de nombreux barrages. Je me demande où vont toutes ces rivières. Il me semble que ça prendrait un fleuve, dans le nord des états, pour ramener tout ça dans le Pacifique, mais je ne me rappelle pas que ça existe.
J8- Nelson
Arrivée à Nelson. Depuis tantôt, je longe une vallée profonde, où se trouve une rivière, un train et une route. Magnifique… pour faire changement ! Dernière étape pour aujourd’hui. Je suis rendu à l’Auberge de Jeunesse (« the White House ») ; la ville semble très agréable, et je vais y faire quelques pas lors d’une courte balade de fin de soirée.
Incertitude pour demain : j’envisage de peut être rester une deuxième nuit ici. Ça pourrait se faire si la météo le permet. Au quel cas, je m’offre une journée Randonnée-Canot. Sinon, l’étape suivante sera probablement Golden. On verra !
J8- Le salon de la Maison Blanche
Où je suis présentement en train d’écrire.
J9- Nelson sous la pluie
Ce matin, je me réveille à l’auberge de jeunesse de Nelson. J’avais prévu d’y rester deux nuits de suite, ayant repéré plein de belles balades à faire dans le coin. Mais vue la météo, on va prendre l’option “on oublie ça” pour faire changement… j avoue que la météo devient un peu lassante…
Donc histoire d’être original, retour dans la voiture, avec pauses aux sources de Ainsworth (sources chaudes). Direction : Revelstoke ou Golden, dépendant de la météo. Si il pleut toute la journée, je roulerais probablement beaucoup donc Golden. En espérant que là bas il fasse beau, vu les balades qu’on peut y trouver ! Et si ca se lève, et bien j’irais sûrement moins loin.
Bref, comme d’hab… on vera bien ce que réserve la météo… un peu d’enthousiasme de sa part serait le bienvenue !
J9- Du kilomètre 1990 au kilomètre 2244
Voir le plan en grand.
J9- Bourgeois Bohèmes
La ville de Nelson me plaît vraiment beaucoup. Elle semble être un point de rendez-vous pour de nombreux backpackers (ou routards, en français dans le texte). Sorte de point de rassemblement incontournable. La Maison Blanche, l’auberge de jeunesse de la ville, contribue assurément à se sentir bien à Nelson. J’avais prévu de rester deux nuits, la place m’y incitait également, mais la pluie m’en a dissuadé. Mais avant de partir, je me suis offert une petite balade lèche-vitrine : j’avais du magasinage à faire. Alors même que je me suis répété qu’il ne fallait pas que j’oublie mon maillot de bain en faisant mes bagages, je l’ai quand même laissé à Montréal… mon entourage apprendra sûrement avec une grande joie et soulagement profond que j’ai désormais un maillot assurément moins quétaine et beaucoup plus fashion.
Nelson semble une ville très bobo : magasin un peu luxe sur le bois, grande surface à tendance bio, magasins new age… c’est sans doute parce que je suis moi même un peu bobo (juste un peu, mais pas trop) que Nelson me plaît, me donne l’impression que je vais revenir ici. En fait, en pensant cela, je me rends compte que la Colombie Britannique dans son ensemble dégage cette impression de bourgeois bohème. Un mélange de Canada, de Québec, de Californie et de côte ouest (on le ressent, sans être capable de l’expliquer). Les gens sont souriants, ouverts. Même à Vancouver : j’ai pris l’habitude, depuis quelques temps maintenant, de regarder (parfois un peu trop) les gens que je croise : j’aime observer mon prochain. Sauf qu’ici, regarder est une invitation : plusieurs fois, en marchant dans les rues de Vancouver, j’ai eut le droit à des saluts amicaux.
J9- Pulpit Rock Trail
Le temps de faire mes courses, la pluie s’est arrêtée. Je me décide donc pour une petite marche pas trop longue avant de partir : la «Pulpit Rock Trail » monte tranquillement la montagne de l’autre côté de la rivière, pour donner une très belle vue sur Nelson. Une fois de plus, je m’acharne à essayer de trouver le départ de la balade, malgré une carte des plus précises. Je trouverais finalement ce qui semble être ce que je cherche. La balade commence plutôt raide, en suivant un chemin d’entretien. C’est bien confortable, et facile à suivre. Je ne suis pas exactement le parcours exact, sans trop savoir où je l’ai perdu. Mais l’important est là : je me suis rendu. Un petit panneau m’indique que je suis à 903m. La ville, elle, est a 548 mètres. Un dénivelé des plus correct donc.
La vue sur la ville est en effet magnifique. Non seulement il ne pleut toujours pas, mais en plus, un coin de ciel bleu apparaît. Je découvre alors un autre sentier qui descend, et qui semble bien plus agréable que mon premier chemin. Il l’est, en effet : petit sentier, serpentant entre les arbres. Je ferais toute la descente au soleil. Pour arriver à 15 mètres de où je suis parti. Dommage que le fléchage ne soit pas plus précis !
J9- Ainsworth Hot Springs
Il est déjà passé midi. La balade aura finalement duré 1h40, et il est temps que je me mette en mouvement. La route, qui suit le lac Kootenay est tout simplement magnifique. Je sais que je me répète, que cet adjectif ressort beaucoup trop souvent, mais je me sens vraiment limité en vocabulaire devant de telles images.
Si les montagnes font changer les paysages rapidement, il en est de même pour la météo : j’alternerais toute la journée soleil bleu, averse ponctuelle, et même grosse averse.
L’arrêt suivant est la raison de ma séance de magasinage : les sources chaudes de Ainsworth (Ainsworth Hot Springs). Une eau très chaude à 40°, pour laquelle ils ont gardé l’aspect naturel : il est donc possible de nager dans une grotte, dans une eau naturellement très chaude. Certes, c’est une petite grotte, mais l’expérience vaut vraiment la peine.
Le deuxième bassin, lui, est à peine à 36°. Avec vue sur le lac et les montagnes, je l’apprécie plus : 40°, c’est un peu trop pour moi.
J9- La route de New Denver
Je prends mon temps, me repose et me relaxe, avant de repartir en pleine forme. Par la suite, le paysage n’ira qu’en s’améliorant, me prouvant une fois de plus que « magnifique » peut devenir encore plus « magnifique ». C’est tout simplement hallucinant.
Passé Kaslon, on coupe par la montagne, pour rejoindre New Denver. La route monte tranquillement, en suivant une rivière. Des deux côtés de la route, des petites cascades viennent régulièrement la grossir.
On avance entre deux murs de hauts sapins, eux même entre deux falaises. L’effet est saisissant. Et puis soudainement, on sent quelque chose qui vient de changer : la rivière est devenue torrent. Les arbres sont plus petits, plus espacés. L’odeur de l’air a changé également. Subtilement. Plus froide, plus pure. Même la lumière semble différente. Être capable de ressentir la transition vers la haute montagne vient me chercher au plus profond de moi.
On arrive finalement en haut : le torrent est devenu lac. Nous sommes sur un petit plateau. Un torrent redescend de l’autre côté. Comment l’eau du lac fait elle pour décider de quel côté elle va descendre, je n’en ai aucune idée ! Mais le schéma est le même, à l’inverse, dans la descente. Avec un fond de très hautes montagnes, et de neiges éternelles en plus.
J9- New-Denver
New Denver est une toute petite ville, formée par des chercheurs d’or il y a des années de cela, dans un lieu paradisiaque. Lac, montagnes et forêts sont au rendez-vous.
Je suis très surpris de voir beaucoup de jeunes dans une ville qui semble assez petite, et surtout perdue au milieu de nul part.
J’ai une petite hésitation, car les lieux me plaisent vraiment : camper ici, ou pousser jusqu’à l’auberge de jeunesse de Revelstoke ?
J9- Une autre averse
Entre New-Denver et Revelstoke, je prendrais finalement une option intermédiaire : je repère un « Provincial Park » (donc un camping, je pense que vous avez compris le truc) une quinzaine de kilomètres avant Revelstoke. J’espère que le deuxième sac de couchage aidera à bien dormir !
Sur la route, j’ai le droit à une autre averse magnifique. Monstrueux nuages noirs à l’horizon, et nuit complète quand on passe dessous. Pendant 5 minutes maximums.
J9- La traversée du lac Arrow
Sur la fin du trajet, la route a besoin de traverser le lac Arrow. Un traversier assure donc une liaison régulière entre les deux rives. Je me suis retrouvé au milieu d’un lac gigantesque, en montagne, avec un soleil en train de se coucher. Je vous laisse imaginer !
J9- Blanker Creek Provincial Park
Le camping est tranquille, et je m’offre une petite promenade vespérale dans un décor sensationnelle. J’en profite, d’ailleurs, pour voir mon premier Bobcat (en fait, non, après analyse de la photo, c’est bien d’un coyote qu’il s’agit). Il me regardera de l’autre côté d’un lac, et nous ferons le tour dans le même sens, pour ne pas nous déranger. Là encore, c’est un moment très fort que de voir ce cougar en liberté (d’ailleurs, même si c’est un coyote, c’est tout aussi fort). Il s’ajoute à l’ours et aux trois chevreuils de la journée.
J9- Pensée souriante
Cette journée vient de me réconcilier avec mon voyage : les problèmes des derniers jours (chemins fermés, météo mauvaise, etc…) commençait à me peser… je veux bien faire du positivisme, mais je me permets quand même quelques limites !
Heureusement, la journée vient de me faire le plus grand bien. Le soleil y est assurément pour beaucoup. En fait, la pluie aussi : l’alternance des deux offrant des contrastes et des éclairages de toute beauté ! Paysages grandioses, randonnée, source chaude relaxante, bateau, camping… tout cela fait vraiment du bien ! J’espère que ça va durer encore longtemps comme ça !