Pas facile de parler de Berlin. Déjà après mon premier passage ici, je ne savais pas trop quoi dire. Comment raconter. Parce que Berlin, c’est un peu comme Montréal. C’est un peu comme Portland. C’est un peu comme Melbourne. Ce ne sont pas des villes qui se racontent. Ce ne sont pas des villes que j’ai envie de visiter. Ce sont des villes que j’ai envie de vivre. De découvrir dans le temps, et dans la profondeur. Quelques jours à Francfort, c’est très bien. Un aperçu éclair de Copenhague, c’est pas assez, mais c’est un bon début. Quelques temps à Sydney, sans problème. Mais Berlin a son atmosphère, sa personnalité, ce petit quelque chose qui en fait une ville absolument unique. Ce petit quelque chose qui n’est pas racontable. Que l’on ressent à peine arrivé en ville. Cette énergie qui nous attrape, et qui nous susurre doucement à l’oreille « bienvenue. Maintenant, reste ». Et on a envie de rester. De plonger. De s’immerger.
Du coup, une fois de plus, je n’ai pas fait beaucoup de tourisme à Berlin. J’ai surtout cherché à ressentir la ville. À écouter ses vibrations. Venir depuis Ferch me prenait une heure et demi environ, mais ce n’était pas plus grave que ça. Parce que l’énergie d’une ville se ressent aussi dans les trains, dans les transports. Dans ce qui l’entoure. Partout. Il suffit de prendre son temps. De regarder. De ralentir. De s’arrêter. Alors c’est ce que j’ai fait. Et j’ai eu la même impression que lors de ma première venue ici. La même impression qu’à Portland. La même impression qu’à Melbourne. Cette ville est faite pour moi. Elle a envie de devenir mon terrain de jeu. Elle le deviendra peut être. Alors… par où on commence ?
Berlin Hauptbahnhof
Par un endroit qui m’attire systématiquement. La gare centrale. Deuxième fois que je viens à Berlin. Deuxième fois que j’arrive en train. Berlin est une chouette ville pour arriver en train. Et la gare centrale est un endroit agréable pour arriver. Elle me plait cette gare. Esthétiquement, le bâtiment est imposant, mais plutôt bien réussi je trouve. Et à l’intérieur, tout est ouvert, aéré, aérien, spacieux.
Wedding
De là, on peut par exemple partir vers le nord, en suivant le canal de Nordhafen, pour se retrouver dans le quartier de Wedding. Je n’ai pas eu trop le temps d’y retourner sur ce voyage, mais puisque je n’ai pas parlé de mon premier voyage à Berlin, autant que j’en profite cette fois ! Wedding, c’est le quartier qui est annoncé pour être le prochain quartier « in ». L’endroit où il faut absolument vivre. Vous savez, comme Neustadt, comme le Plateau, comme la Croix-Rousse… sauf qu’il paraît que ça fait une vingtaine d’années désormais que l’on fait cette promesse à Wedding. Mais le lieu semble vouloir rester plutôt populaire. Avec ses magasins de quartiers, ses boutiques, et ses brasseries (toi, voyageur qui s’en va à Berlin, passe donc dire bonjour à la Vagabund Brauerei).
(et oui, si vous vous posez la question, vous avez bien le Comité Exécutif de BeWelcome en plein débat passionné lors d’une réunion plénière – moment historique puisqu’il s’agit de la première rencontre live du Comité Exécutif de BeWelcome au complet).
Charlotenburg
La mère de Sophie habite un quartier un peu plus à l’ouest de Berlin. Charlotenburg. Nous avons passé une nuit là-bas, le samedi soir, afin de pouvoir rester dehors un peu plus tard (parce que sinon il faut partir à 21h30 pour attraper le dernier bus à Potsdam). Et le lendemain matin, Sophie m’a fait une petite visite du quartier. Sa maternelle, son école primaire, les appartements de ses amis, le magasin de bonbons où ils allaient quand ils faisaient sauter les cours, etc… tout cela accompagné d’un certains nombre d’anecdotes qui m’ont donné l’impression d’une promenade dans un petit village. Et c’est l’une des qualités de Berlin. Avoir su garder ce petit côté « assemblage » de villages. La vie de quartier semble belle et bien exister, et Berlin -racontée par Sophie- donne l’impression d’être une ville chouette pour grandir.
Templehof
Un autre de mes coups de coeur de mon premier passage à Berlin : l’aéroport de Templehof. Oui, j’ai eu le coup de coeur pour un aéroport. Moi qui ose pourtant écrire « j’ai toujours détesté les aéroports ». Mais celui-ci, il est un peu différent.
Petit retour dans le passé. Parce que forcément, à Berlin, le passé n’est quand même jamais très loin. Si toute l’Allemagne garde des traces de la seconde guerre mondiale, Berlin reste probablement la ville qui a été le plus marquée par l’après guerre. Et le mur. Le mur n’est plus là depuis des années maintenant, mais il n’a pas complètement disparu.
Berlin ouest. Enclave américano-franco-anglaise au milieu de l’Allemagne de l’est. Ville encerclée par un mur de plus de quarante kilomètres de long. Une seule solution pour la ravitailler : un pont aérien permanent entre Berlin ouest et l’Europe capitaliste. Et pour cela : un aéroport en pleine ville. Templehof. Cordon vitale pour alimenter la ville.
Avec la chute du mur, Templehof a perdu sa raison d’être. Plus besoin de ravitailler. Plus besoin d’avions. L’aéroport a vite cessé de fonctionner. Pourtant il était là. Notamment lorgné par les promoteurs immobiliers. Après tout, Templehof est bien situé. La surface est considérable. Il y aurait une fortune à se faire en copropriétés de luxe. Mais la ville a préféré demander son avis à la population. Et la population a répondu de façon très nette « on veut garder notre aéroport ». Non, pas ce truc horriblement bruyant et polluant avec des avions qui arrivent et repartent sans cesse. Non, ce que les Berlinois ont fait des lieux : un parc gigantesque. De grandes pelouses pour pique-niquer et jouer au frisbee, quelques arbres qui commencent à pousser pour faire de l’ombre, et quoi de mieux que les anciennes pistes pour faire du vélo, du patin, et pour danser ?
Je n’ai passé que quelques heures à Templehof. Mais je pense que cet aéroport est bien placé pour rester mon aéroport préféré pendant très longtemps ! Et je pourrais même devenir un habitué si je devais un jour me retrouver à habiter pas trop loin !
Et puis nous avons rejoint les amis de Sophie a deux reprises. Parce qu’après tout, moi aussi je voulais quand même goûter un peu de cette vie nocturne. Le samedi soir, donc, nous sommes allés écouter un de ses amis, pour un petit concert dans un club quelconque, mais à l’ambiance finalement sympa grâce à la musique. Soirée qui s’est terminée dans la joie et la bonne humeur dans un parc, à boire un certain nombre de bières. Oui, l’allemand boit beaucoup de bières. Et le touriste, par soucis de ne pas choquer l’autochtone, se retrouve dans l’obligation de faire de même. Et l’Allemand, de façon ouvertement généralisée, à l’alcool joyeux et festif. Du coup, les fins de soirée dans les parcs sont des moments bien agréables !
Et le dimanche, 21 juin et fête de la musique oblige, nous nous sommes retrouvés dans un autre parc. Beaucoup plus grand. Avec beaucoup beaucoup plus de monde. Et de la musique. Et oui, bien sûr, dans la joie et la bonne humeur !
Manque plus que de faire un arboretum avec l’aéroport, parce que là, ça fait un peu vastitudes vides… L’idée en tout cas est vraiment sympa.
Je note que “le touriste (…) se retrouve dans l’obligation de faire de même” : boire de la bière. La vie du touriste est pleine de dangers et de difficultés, mais je n’ai aucune crainte : cette difficulté-là, malgré le risque de mal aux cheveux, tu l’auras surmontée haut la main, tchin !