« Parfois, quand j’écris bien, il m’arrive d’avoir l’impression d’être mon écrivain préféré. »
Her, un film de Spike Jonze
Je me reconnais dans cette phrase. Je m’y retrouve. Je ne sais pas si c’est le cas d’autres écrivains… mais il y a des passages que j’ai réussi à écrire qui me transporte. Ils reflètent exactement ce que je voulais dire. Et je résonne avec les mots quand je les relis…
Alors que je m’apprête à envoyer « la demoiselle de l’Alaska » à mes relecteurs, je ne peux m’empêcher de penser à Jacques Poulin qui, à chaque fois qu’il écrit un livre, est persuadé d’écrire le chef d’oeuvre de sa génération. Jusqu’au moment où il l’a terminé. Alors il a une nouvelle idée. Il se débarrasse du précédent ouvrage, car il en est convaincu : le suivant sera son chef d’oeuvre !
J’ai commencé la rédaction de « À Vancouver, tourne à gauche » en août 2010. Au printemps 2012, quand j’ai fini la première écriture, je savais déjà que j’allais continuer. J’avais l’ébauche d’une trilogie en tête. Alors j’ai continué. Et j’avais déjà commencé à écrire certains passages de « À Portland, tourne la page » (le tome 3) avant d’avoir terminé « En Oregon, tourne en rond » (tome 2).
À l’automne 2014, alors que je sillonnai les routes des États-Unis pour chercher les passages manquants du dernier tome de ma trilogie, j’ai compris qu’il me faudrait aussi écrire l’histoire de la demoiselle. Cette voyageuse dont le narrateur de la trilogie a croisé la route à plusieurs reprises sans s’en rendre compte. Le monde du voyage est petit. On se croise et se recroise souvent sur les routes. Animés par la même volonté, par un amour universel identique, le narrateur et la demoiselle ont avancé en parallèle. Sans jamais se rencontrer.
Ainsi donc, depuis août 2010, j’avance dans ce même univers. J’évolue dans ce même monde. Côtoyant les mêmes personnes. Suivre la demoiselle m’a permis de retrouver des visages familiers. Des personnes qui me manquaient. Une bibliothécaire, un jeune mendiant souriant, une jeune fille dont les cheveux sentent le sirop d’érable, un barman de Portland… Et aujourd’hui, alors que je m’apprête à clore un nouveau chapitre, je me demande quelle sera la suite. Car si ces quatre livres se sont suivis sans interruption dans ma tête, j’arrive au moment où je dois me poser cette question. Est-ce que je continue à suivre ce petit groupe de voyageurs ? Est-ce que je continue à les accompagner ? Ou est-ce que je pars vers l’inconnu, découvrir de nouvelles contrées, de nouveaux mondes… et de nouvelles approches de l’écriture !
La décision ne sera de toutes façons pas vraiment la mienne. Les mots continuent à voleter tout autour de moi. On verra bien lesquels se laisseront attraper, quelles histoires ils me raconteront, et quelles surprises ils me réservent !
[…] En rêvant de partir. En rêvant de liberté. Je savais que ça finirait par arriver. » – La Demoiselle de l’Alaska, toujours en recherche […]