Rue du Pourquoi Pas



Parce qu’il y a toujours une route qui, quelque part, m’attend.
Carnets de route, photos de voyages, et pensées vagabondes.

Écrit par : Sébastien ChionSeptember 5th, 2020

Bien… alors donc… parait que je voulais faire un peu un suivi sur la construction de ce futur nouveau chamion… mais il est vrai que la plupart de mes journées sont bien pleines, et quand le soir arrive, je cherche plus à me déconnecter et à penser à autre chose qu’à me replonger sur mon chantier… et pourtant, je continue de trouver ça intéressant de partager mes chantiers (qui, il est vrai, contribuent aux côtés de plus en plus éclectique de ce blog).

L’aventure est passionnante ; et très différent des deux premiers… contrairement à ce que j’affirmais à la fin du précédent article ( « pour ce qui est du plan, il devrait bientôt être terminé ») et bien ce n’est toujours pas le cas. Je continue d’avancer en quasi-impro. Les éléments se mettent en place au fur et à mesure de l’avancée. Il y a un côté potentiellement anxiogène en se disant que l’on oublie quelque chose d’essentiel… mais l’avantage d’en avoir déjà construit deux, c’est que j’ai désormais une bonne vision de l’ensemble.

L’idée est de voir la contrainte non pas comme un blocage, mais au contraire comme une source d’innovation et d’inspiration. Plutôt que d’essayer de créer un plan en essayant de prendre en compte les contraintes, ce sont les contraintes qui vont créer le plan. Des exemples (parlant je l’espère) s’en viennent.

J’ai donc attaqué la structure de mes murs latéraux. Qui se sont construits à une vitesse qui m’a surpris moi-même. D’abord le côté gauche :

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Le fait de pouvoir travailler à plat directement sur le faux châssis du camion, déjà ça aide beaucoup. Et puis pour le mur droit, j’ai réalisé qu’il était, à peu de choses près, une symétrie du mur gauche. J’ai donc construit ce deuxième mur directement sur le premier :

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On n’est pas très loin du copier coller…

Et ensuite, avec l’aide de quelques paires de bras supplémentaires, on relève tout ça.

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Oui ; vous avez bien compté. Pour l’instant, il n’y a que trois murs. J’ai pensé, dans un premier temps, utilisé la méthode que j’ai vue pratiquée chez Optinid : le mur arrière est fait à la fin, ce qui simplifie beaucoup le transfert des matériaux, et peut aussi aider pour la pose du lambris (si on travaille en latte longue).

Donc plutôt que d’attaquer le mur du fond, j’ai enchainé sur la toiture. Une première structure légère, pour rigidifier déjà un peu l’ensemble :

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Pour la première maison, j’avais considéré mes pans de toit comme des murs à part entière. J’avais donc construit les structures au sol, pour les relever ensuite ; pour la deuxième, comme j’étais sur un mono-pente, j’ai construit directement sur le toit. Et j’ai décidé de récidiver pour la troisième maison, en construisant le toit directement sur place, étape par étape. Au final, et pour avoir tester les deux, je préfère la méthode où le toit est assemblé au sol ; plus simple, plus confortable, plus précise.

En attendant, avec trois murs et un début de toit, il devient possible de transformer la maison en gros cadeau géant.

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Comme je travaille en extérieur, arriver au moment où la pluie ne dérange plus trop est assez primordial. Il peut désormais pleuvoir sur la maison sans que ce soit bien problématique. Il suffit de pensées les étapes suivantes pour rester tout le temps dans une phase qui ne craint pas la pluie (même si y’a plus de saison ma bonne dame et qu’un peu de pluie ça nous ferait pas de mal moi j’vous dis !).

Il n’aura fallu que 7 jours pour en arriver à ce stade. 40 heures de travail, et déjà 600 vis (et 300 agrafes).

Ça donne également une première idée du volume de l’ensemble. Celui-ci va évidemment diminuer un peu, mais c’est toujours un bon aperçu. Les choses sont claires : je suis sur un plus gros volume que le Chamion. Même largeur, même longueur, mais un toit un peu plus haut. Plus de volume, ça veut dire plus de bardage, plus de lambris, plus d’isolant… plus de poids. Il va me falloir faire attention ! J’espère avoir déjà économisé un peu de poids sur la tôle du mur avant, mais il va falloir encore réduire tout ça…

Mais dans un premier temps, il faut recommencer à voir à l’intérieur. Il est temps de poser tout mon stock de fenêtres…

Il y a un grand changement sur ce chantier par rapport aux deux précédents : j’ai accès à une défonceuse ! Et en fait, une défonceuse, quand on en a une, ça vous change la vie ! Par exemple, au lieu de faire affleurer mes fenêtres contre ma structure, je peux « défoncer » ma structure pour rentrer mes fenêtres à l’intérieur. Mais pourquoi donc ? Pour que l’appui fenêtre puisse affleurer au bardage plutôt qu’être en retrait. Esthétiquement plus joli, et mieux au niveau du ruissellement de l’eau. Mais la vraie raison cachée en arrière est encore plus subtil. En rentrant mes fenêtres de 1 centimètre dans ma cloison, je gagne deux centimètres de largeur à l’intérieur (car oui, l’espace intérieur le plus étroit de la maison se trouve au niveau des poignées de fenêtres ; hors il se trouve que pour une idée que j’ai dans un coin de ma tête, il me faut toute la largeur possible, et que deux centimètres, ça peut me changer la vie – oui, je l’avoue, il y a un peu de planification quand même).

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Et je fais de même pour la porte d’entrée, pour la raison inverse : éviter qu’elle ne dépasse trop sur l’extérieur.

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Après réflexion, je me décide à finir mon mur arrière aussi. La structure sera beaucoup plus rigide avec les quatre murs, ce sera beaucoup plus agréable pour travailler. Et comme je travaillerai avec de la frisette courte et pas de matériaux encombrants, finalement, même si j’aime cette idée de ne pas faire le mur arrière tout de suite, je change d’avis. Au moins ma structure est posée, bien droite, bien résistante.

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Oui, je me fais plaisir sur les jambes de force. Pas de contreventement OSB (beaucoup trop lourd), pas de feuillard (je n’aime pas travailler le métal et je connais pas assez bien), pas de contreventement en écharpe (parce que). Moi je suis fan des jambes de forces, des croix de Saint André, et des trucs qui ne bougent plus (en construction, un carré ça se déforme, un triangle ça ne bouge pas). Bon, je sais parfaitement que je me maudirai quand je poserai l’isolant, mais j’ai encore le temps de voir venir. En attendant, j’attaque la préparation de la pose du bardage. Des liteaux partout !

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Et j’en reviens à mes tôles. Histoire d’alléger tout ça. Évidemment, poser des tôles ne doit pas être une contrainte. Au contraire : ça doit rajouter quelque chose à la maison. Alors donc, un peu de découpe (je découvre avec joie et bonheur qu’on peut découper de la tôle à la scie sauteuse, et ça change ma vie – je déteste les disqueuses). Sans oublier, bien évidemment, l’atelier pliage !

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Donc le truc (que je sais plus où et quand je l’ai appris) quand on veut plier de la tôle avec un bel angle bien régulier : il faut la garder serrée pour pas qu’elle ne se déforme. Et hop, c’est coupé, c’est plié, c’est posé :

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Toujours dans cette idée d’improvisée un peu, je savais pas trop quelle forme j’allais donner à la tôle. Et je dois bien me rendre compte que, posée comme ça, ça ne me plait pas. Mais… et si…

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Voilà. beaucoup mieux !

Je peux donc finir le deuxième côté, en symétrie. Et comprendre qu’il manque quelque chose sur l’arrière.

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Rendu là, ne reste plus qu’à compléter avec le bardage. Comme d’habitude, je reste sur du Douglas. Oui, je sais, le Douglas, c’est lourd. Beaucoup de gens utilise du Red Cedar pour construire leur Tiny. Parce que c’est léger (deux fois moins lourd que le Douglas) et encore plus résistant à l’humidité. Oui, mais le Red Cedar, pour rappel, il provient des forêts primaires de la côte ouest canadienne. Donc des arbres qui prennent des siècles à être remplacées, et qui traversent la moitié du monde pour arriver ici. Pour moi, utiliser du Red Cedar sur une Tiny, c’est un peu comme faire de l’agriculture raisonnée en disant « je traite le moins possible pour protéger le sol, mais si y a quelque chose, je passe du glyphosate pour être sûr ». Bref, le Red Cedar, c’est le mal. Le Douglas, c’est très joli, et raboté en 18mm d’épaisseur, c’est pas si lourd que ça. Surtout quand en plus on met de la tôle par endroit pour alléger encore plus. C’est même…

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Ok… j’avais pas ça du tout en tête quand j’ai commencé, mais je suis juste hyper satisfait du résultat ! La couleur de la tôle se marie très bien avec le bardage, et ça fait une finition super jolie !

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(l’observateur attentif notera l’apparition d’une nouvelle fenêtre sur ce mur droite ; si si, la petite à l’avant, elle n’était pas là au début ; je me suis finalement décidé à la rajouter ; j’en aurai préféré une plus petite, mais impossible à trouver, je suis donc resté sur ce grand format, qui devrait garantir une douche… avec vue).

Reste plus qu’à faire la même chose sur le mur gauche, et revenir à un exemple parlant de contrainte créant le plan dont je parlais en tout début d’article :

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Depuis le début, je sais qu’il va falloir que j’installe quelque part une trappe me permettant d’accéder à ma bouteille de gaz depuis l’extérieur (la bouteille elle même se trouvant dans un compartiment étanche vers l’intérieur – contrainte d’homologation du véhicule). Mon plan n’étant toujours pas fini, je n’étais pas sûr de l’endroit où aller finir ce coffre. J’ai donc regardé dans ma structure où j’avais un espace qui me permettait de passer une bouteille 13kg. Et l’emplacement s’est donc trouvé enfin fixé.

Elle est pas belle ma tortue quand même ?

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Pour l’occasion, elle gagne un nouveau surnom. Warum Nietzsche devient Because Pythagore. Et pas juste parce que ça demande beaucoup moins de réflexion à écrire en mettant les Z et les H aux bons endroits !

Alors donc, les murs sont faits. Au tour du toit.

Je ne suis toujours pas fan du bac acier ; pour le chamion, j’en ai trouvé un profilé arrondi qui me plaisait plus. Mais pour des raisons de simplicité et de commodité, je suis revenu sur du bac acier plus classique. J’ai aussi cherché des rives (la partie qui protège le mur) sans en trouver. C’est le vendeur qui m’a mi la puce à l’oreille quand je lui ai demandé s’ils en vendaient. « On les fait sur demande, en les pliants nous même ».

C’est ce qui m’a permis de trouver enfin une méthode de pose qui me plait pour le bac acier. Plutôt que de partir des bords et de raccorder comme je peux au milieu, je suis parti du milieu, et j’ai utilisé mes bandes de rives pour finaliser le toit, et protéger mes hauts de mur

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(Sans photo du résultat final, ce qui est regrettable ; il faudra que je pense à en mettre).

J’ai mes quatre murs, j’ai mon toit, il manque…

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D’un côté, j’ai envie de le garder comme ça… j’aimerai garder la transparence du sol, parce que c’est quand même assez unique de voir un arbre de transmission dans le sol de son salon ! Mais à mon grand regret, c’est techniquement beaucoup trop compliqué… je reste donc sur l’option habituelle : je ferme mes caissons par en dessous avec du contreplaqué 5mm goudronné. Tant pis, on ne verra plus les fondations…

Et pour jouer sur le toit, il a aussi fallut que je bosse les bras en l’air à renforcer ma structure de toit. Dire que j’aurai pu faire tout ça au sol…

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La coquille extérieure de la maison est terminée ; il reste quelques ajustements, quelques finitions, mais dans l’ensemble, elle est finie (il me reste plus qu’à fixer la tôle faitière et je pourrais même rouler si je le voulais !). Je suis désormais prêt à attaquer les intérieurs…

Total cumulé :
Temps de travail : 111h
Nombre de vis : 1650
Nombre d’agrafes : 300

4 commentaires

  1. Commentaire de Jonas

    Merci pour tes publications, c’est vraiment intéressant. Très beau travail !

  2. Commentaire de Sébastien Chion

    Avec plaisir :) Je sais qu’il y a pas mal de gens intéressés par le concept, donc si ça peut motiver d’autres personnes à se lancer, je partage avec joie et enthousiasme :)

  3. Commentaire de Romane

    Merci pour tous tes partages. Ta maison sur roue me fait rêver, c’est dans une maison comme ça que je veux vivre depuis que je l’ai vu. Les informations que tu partages me sont précieuses car je compte sérieusement construire ma maison sur roue dans quelques années (quand j’aurais l’argent pour le faire, je viens seulement de finir mes études cette année).

  4. Commentaire de Sébastien Chion

    J’essaie de partager autant d’infos que possible afin d’encourager d’autres personnes à faire de même ; montrer que c’est possible et pas si compliqué que ça (mais oui, prenant et fatigant ;) ). Pour ce qui est du budget, les dépenses peuvent quand même être réduite pas mal en faisant de la récup (si tu as déjà des endroits où stocker les matériaux, tu peux même t’y mettre dès maintenant ^^). En tout cas, n’hésite pas à garder mes coordonnées si tu as des questions, j’essaie toujours de répondre au mieux. Et si tu as l’occasion de passer pas loin du Nord Isère n’hésite pas à faire un détour pour passer dire bonjour. Je fais visiter avec plaisir :)

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