Avec toute la délicate subtilité dont sont capables nos voisins du sud !
Le punch a déjà été volé : le projet du jour, c’est de récupérer une voiture de location, et de partir avec pour une semaine. J’ai réussi à trouver des tarifs vraiment intéressants, qui font qu’au final, j’arrête d’hésiter entre le stop, le bus, et la location. Je continue à préférer cette liberté de mouvement.
Je laisse Danielle à la maison le temps d’aller au centre-ville récupérer la voiture. Les gens au comptoir sont adorables. Je me souviens de mon expérience de dormir dans une voiture en Colombie Britannique et cette fois, je demande tout de suite à l’accueil s’il est possible d’avoir un modèle avec fauteuil arrière qui bascule. Ils étudient la question avant de me dire qu’ils viennent juste d’en récupérer une qui a cette option, mais que cependant, comme c’est un gros modèle, c’est 10$ de plus par jour. Je ne pense pas que la différence vaille vraiment la peine. Je les remercie donc, et dis que je me contenterais d’un petit modèle. La charmante madame de l’accueil, après quelques minutes de réflexions, me dit qu’ils me feront un upgrade gratuit. J’ai donc la grosse voiture, avec le fauteuil arrière qui se rabat. Que du bonheur !
J’attends un peu le temps qu’ils finissent de me la faire toute belle, puis embarque direction chez Danielle. C’est une Dodge Caliber. Le genre de voiture que mon frère qualifierait de « gros veau » et pour lequel je me contente de parler de « tank ». Bref, le genre de voiture qui fait que l’on aime ça avoir un camion citerne qui fait la route avec nous ! C’est gros, c’est lourd, ça fait peur aux gens. Ça a une inertie qui me rappelle celle du Pourquoi Pas ?. Mais bon, c’est plein d’options, notamment celle d’avoir une plug 110V à l’intérieur, ce qui permettra de recharger appareil photo et ordinateur sans inquiétude. Ça c’est le fun !
J’installe tout de suite la voiture en position « sièges rabattus » à l’arrière. On installe le matelas de Danielle là dessus. C’est juste parfait. Quand elle me demande quoi amener, je réponds avec plein d’enthousiasmes « tout ce que tu veux ». C’est ainsi que l’on retrouve dans la voiture une guitare, un didgéridoo (communément appelé tuyau de plastique), un accordéon et un violon chinois. Je trouve que ma flûte est une bien faible contribution à cet arsenal musical, mais je n’ai malheureusement plus de djembé avec moi, et j’ai préféré éviter de transporter mon bodhran. Pourtant j’aurais vraiment aimé l’avoir !
Une dernière petite pose rapide dans un magasin pour acheter des pâtes (ma chère tante n’a plus à s’inquiéter, je crois que j’ai enfin compris à l’orthographier comme il faut ce mot là), du lait en poudre et un câble son pour que l’ordinateur joue la musique sur l’ampli de la voiture, et c’est parti. Direction la 205 sud !
Comment ça sud ? Oui, changement de programme de toute dernière minute. Après réflexions et hésitations, j’ai finalement décidé que même si le thème de ce voyage était de voir ce que je n’avais pas encore vu, revoir un ou deux trucs que j’ai particulièrement adoré pouvait quand même être programmé. J’ai donc prévu de dormir ce soir à un endroit que je connais très bien. Trop bien. Beaucoup trop bien peut être. En tout cas, un endroit auquel je suis resté particulièrement attaché.
La route n’est pas très intéressante au début. Ça prend du temps, en fait, avant de devenir agréable. Mais bon, posé sur le cruise contrôle à 70 (n’oubliez pas que l’on est dans ce pays où les distances sont tellement grandes que l’on utilise des unités plus grandes pour faire moins peur), ça avance bien
Passer Eugène (« Ioudjine ») le paysage s’améliore un peu mieux, et à Roseburg, on quitte enfin la 5 pour embarquer sur la 138. Je reconnais enfin les paysages, en commençant par cette bretelle d’accès où j’ai ramassé une autostoppeuse, quelques mois plus tôt.
Nous voilà à remonter la vallée d’Umpqua. La rivière est là. Nous la suivons. Elle est belle comme dans mes souvenirs, ce qui n’est pas peu dire, vus les souvenirs que je garde !
Danielle ne sait pas où nous allons. J’ai changé d’avis à la toute dernière minute, sans lui en parler. Je lui dis à quelques reprises de fermer les yeux quand des panneaux indiquent la direction finale. Je trouve amusant de lui garder la surprise.
Les souvenirs reviennent, les uns après les autres. Je reconnais ce petit magasin, où nous sommes venus faire un mini ravitaillement, et où j’ai passé un coup de téléphone à Québec, pour annoncer que finalement, je ne rentrais pas pour mon anniversaire.
J’étais venu ici avec Tassa, et deux autres personnes de la Fat Kid Kitchen. Je ne me souviens plus lesquelles. J’ai ce petit espoir improbable que Tassa sera là, tout en sachant très bien que c’est impossible. Elle est plus que probablement quelques centaines de kilomètres au nord d’ici, au Rainbow Gathering. J’aurais bien aimé la revoir.
Et puis finalement, la petite route est là, sur la gauche. On passe le pont, on roule quelques kilomètres, avant de s’engager sur le chemin de gravel pour un petit dix kilomètres. Danielle me regarde, en se demandant si je sais vraiment où je vais. Je la rassure. Je sais parfaitement où je suis. Je reconnais la route, je reconnais les arbres. Le parking apparaît sur la gauche. On roule un peu plus loin. On gare « Because » le long du chemin pour ne pas avoir à payer les 5$ d’accès au parking.
Oui, j’ai décidé que cette grosse dodge très laide n’était pas du genre à poser des questions, mais plutôt à imposer des réponses. Alors franchement, dans ce contexte, « Parce que » est un nom qui lui convient parfaitement.
On installe la voiture, avant de manger rapidement un pot de crème glacé acheter quelques minutes plus tôt, avec une pensée émue pour Estelle.
Je propose à Danielle d’aller marcher un peu. Je me trouve bien drôle à ne pas lui dire où nous sommes. Je me suis contenté de dire que l’on dormirait ici ce soir.
Elle découvre « Umpqua Hot Springs » avec enthousiasme. Faut dire que les lieux sont aussi magnifiques que la dernière fois.
Pour des raisons de « waterproofing », j’ai fait un changement d’appareil photo. Évidemment, ça paraît sur la qualité des photos, mais au moins, je peux en faire sans trop m’inquiéter.
Maintenant que Danielle sait pourquoi on est ici, on retourne à la voiture, le temps de se mettre en maillot de bain, et de revenir s’installer bien au chaud.
Quand j’étais venu la première fois, à l’automne, il y avait quelque chose en moins. En même temps, le quelque chose en plus qui est désormais là, je m’en serais bien passé. Moustiques dans tout les sens, ça enlève un peu au plaisir de la relaxation et de la détente dans l’eau chaude. En même temps, du moment que l’on s’immerge complètement, tout se passe bien !
On reste un long moment à en profiter, et à se relaxer. Après un long moment à conduire, ça fait du bien ! On discute un peu avec une des personnes qui profite lui aussi des lieux. Il y a une famille avec des enfants en bas âge, un couple vraiment mignon avec un bébé nouveau né, un autre couple sans enfant, et un groupe de jeunes qui débarque un peu plus tard. Ambiance agréable, décontracte, comme dans mes souvenirs.
Et puis après une paire d’heures à mariner tout en se faisant manger par les moustiques, on décide de rentrer à la voiture. L’opération « passage en mode nocturne » commence, et se déroule plutôt bien à vrai dire. Les choses prendront leur place rapidement, et je ne doute pas un seul instant que nous serons bientôt d’une efficacité redoutable ! C’est sûr que c’est loin de valoir le confort du Pourquoi Pas ?. Je crois que la principale différence c’est qu’on ne peut pas « vivre » dans une voiture. Je suis assis, le dos complètement cassé, sinon ma tête cogne au plafond. Pas l’idéal pour écrire. C’était pratique d’avoir une table !
Bref, vivre dans une voiture pendant une semaine, ça devrait aller. Plus, j’ai du mal à y croire. On a réussi à supporter la petitesse du Pourquoi Pas ? pendant un mois avec Danielle. Survivrons nous à la encore plus petitesse de la Because pendant une semaine sans s’entretuer ? La suite au prochain épisode !
La nuit est assez agitée. Danielle dort mal, alors que j’espérais enfin réussir à me reposer un peu. L’installation dans la voiture n’est pas des plus confortables, mais c’est pas si pire non plus.
Après un petit déjeuner à base de purée en flocon réhydratée dans du lait en poudre, on décide de retourner faire un petit tour rapide aux sources avant de partir. Pour l’occasion, on amène le erhu (violon chinois) et ma flûte. Le son des deux instruments devrait plutôt bien se marier, et convenir à l’atmosphère sources chaudes. Ce qui correspond moins à l’atmosphère sources chaudes, par contre, c’est l’immense soleil très très chaud. C’est agréable ça fait du bien, certes, et il vient de paire avec un ciel complètement bleu, ce qui n’est pas une mauvaise chose. Mais quand le soleil est aussi chaud, mais le bassin le plus frais reste trop chaud. On se contentera donc de faire nos improvisations musicales les pieds dans l’eau. Mariage intéressant, et qu’il nous faudra continuer de travailler. Je fais quelques autres photos, toujours avec le modèle waterproof, qui a décidé qu’aujourd’hui il voyait la vie en jaune.
On se décide finalement à reprendre la route. Pour une fois que l’on a une source chaude, on voudrait une source tiède. C’est malin !
En fait, on ne s’arrête pas loin du tout, pour un petit coup d’oeil à Tokete Falls. Ça aussi je connais déjà, mais bon, c’est sur la route alors pourquoi pas ! Ma conduite d’eau préféré 100% tout en bois est toujours là. Je ne suis pas sûr si ce sont toujours les mêmes fuites ou si ce sont des différentes. Danielle pense avoir trouver une solution au problème de chômage dans l’Oregon. Malheureusement, son essai est non concluant.
Le parking est plutôt rempli, mais la balade reste agréable, et on est tout seul au moment d’arriver à la cascade.
À ce niveau là, les moustiques ne sont pas encore trop insupportables. Par contre, ils réduiront la pause suivante -à la cascade d’après- à un aller retour très rapide pour prendre une photo et c’est tout. Dommage, on avait prévu de s’arrêter là pour grignoter un autre tit quelque chose !
On fera la pause 5 minutes plus loin, dans un endroit qui en vaut bien la peine aussi. Au menu : crêpes au fromage et restant de beignes. Comme quoi, les menus de pique nique ne se ressemblent pas toujours !
La neige semble se rapprocher un peu ; elle rajoute au paysage une couleur que je n’avais pas lors de mon premier passage ici.
En fait, elle finit même par s’approcher beaucoup trop :
Nous voici de retour à Crater Lake. L’un des plus beaux endroits que j’ai eut la chance de voir. L’un des plus tranquilles également. Le désert de cendres est toujours au rendez-vous.
On monte encore un peu. Je commence à désespérer en voyant la neige. Moi qui pensait en être débarrassé pour un bon bout de temps en fuyant vers l’hémisphère sud avec Iris au commencement de l’automne, il semblerait que je sois dû pour une couche supplémentaire !
De quoi déprimer, non ?
Bon, j’avoue que c’est quand même magnifique et que ça présente un paysage différent de la dernière fois. En plus, la neige quand on peut se promener en short et t-shirt dessus, c’est déjà pas mal moins dérangeant.
Je me souviens de Crater Lake comme d’un lieu d’un calme absolu. Si c’est vrai début octobre, ça l’est un peu moins début juillet. Surtout que tous les touristes sont cantonnés sur une toute petite partie. On découvrira un peu plus tard, à notre grande déception, que toute la partie est du cratère est encore fermée à cause de la neige. Enfin, on appréciera quand même autant que faire ce peu !
Petit coup d’œil admiratif à des fleurs bien courageuses. Je serais bien curieux de connaître leur nom à celles là !
La visite de Crater Lake s’arrêtera donc beaucoup plus vite que prévu. On reprend donc la route vers l’est, parcourant des chemins qui nous sont inconnus à tous deux !
On sort soudainement de la zone de montagne, pour nous retrouver dans la grande plaine de Klammath (je sais pas si c’est son vrai nom officiel, mais comme au sud de cette plaine il y a « Klammath Lake », c’est ainsi que j’ai décidé de la baptiser).
Je bloque le tank sur 90 avec le cruise contrôle (cette fois, je parle en km/h) et ça avance tout seul. Histoire de faire un peu dans l’originalité, j’arrête de faire des photos de dehors pendant que je conduis. À la place, je prends une photo du conducteur. Photo qui me convainc très rapidement que le paysage est bien plus intéressant.
On quitte la petite route transversale que l’on avait emprunté pour faire une vingtaine de kilomètres sur la 97 vers le nord. Cette portion là, je l’avais déjà faite, dans l’autre sens quelques mois plus tôt, en m’en allant vers Burning Man. C’était il y a longtemps !
Et puis on tourne à droite, direction Silver Lake. On se retrouve sur une belle petite route, qui traverse un gigantesque marais plein de beaux nénuphars.
Cette immense platitude ainsi que le soleil déclinant à l’horizon me donne une idée. J’embarque sur un petit chemin de terre, jusqu’à trouver un point de vue sympa, persuadé que le couché de soleil sera au rendez-vous.
La proximité des marais, par contre, fait de ce lieu un autre paradis à moustiques. On attendra donc sagement à l’abrit de la voiture. Bien au chaud. Un peu trop au chaud même. Je sortirais brièvement, le temps de faire au moins une cinquantaine de victoires. Je n’insiste pas plus que ça, parce qu’au final, le coucher de soleil n’est pas aussi beau que ce que j’attendais.
À priori, on est dans un endroit où l’on n’a pas totalement le droit d’être. En tout cas, je suis pas tout à fait sûr. Dans le doute, je préfère reprendre la route et aller un peu plus loin. Comme on est dans une National Forest, là, au moins, je sais qu’on peut.
On prend un petit chemin à droite. On roule un peu avant de trouver un grand endroit dégagé. C’est parfait.
Les moustiques nous regardent par la fenêtre en nous montrant les dents. On répond en tirant la langue, bien protégés que nous sommes par les vitres de la voiture. Il ne reste plus qu’à écrire un peu pour le blog, monter quelques photos panoramiques, et on pourra ensuite mettre la voiture en position nuit !