Rue du Pourquoi Pas



Parce qu’il y a toujours une route qui, quelque part, m’attend.
Carnets de route, photos de voyages, et pensées vagabondes.

Écrit par : Sébastien ChionJune 27th, 2021

Ils s’appellent Tassa, Mowglie, Clam, Joseph, Cassy, Pixi, Forest, Anya… ce sont des “kids”, comme Mowgly les appelle. Les enfants de la route. Une partie de ces nomades qui ont croisé mon chemin alors que je sillonnais les États-Unis à bord de mon Pourquoi Pas ?. Ou en faisant du stop. Ou dans un bus. Ou un train…

Des États-Unis, on ne voit à l’international que le résultat des élections présidentielles. Les gens observent le président et ses discussions, puis critiquent le pays. Ajoutez à la politique états-uniennes les films hollywoodiens, les massacres récurrents avec un fusil d’assaut dans une école, les crises économiques, et le scandale du système de santé. Et les gens pensent que les américains sont tous des abrutis obèses et violents. Des fois, quand les gens critiquent les américains devant moi, je pense à Macron, aux gilets jaunes, aux étudiants, aux teuffers… À tout ceux qui ont perdu main ou oeil au cours des dernières années. Mais oui, les États-Unis sont peuplés d’abrutis obèses et violents…

Je n’aimais pas l’image que l’on m’imposait d’avoir des États-Unis. Comme j’habitai à Montréal à cette époque, ça a été facile pour moi d’aller jeter un œil chez le voisin. Puis un deuxième. Puis d’y laisser des petits morceaux de mon cœur, petit à petit ; voyage après voyage. J’ai arrêté de faire la liste de tout ces lieux dont je suis tombé amoureux. « Non, mais en France on a aussi de beaux paysages ». Oui. Absolument. Et ils ne sont absolument pas comparable. En rien.

Mes plus belles rencontres, je les ai faites sur la route, sans le moindre doute. Des gens qui se débrouillent avec rien ; mais des gens qui partagent tout. Des gens qui ont le cœur sur la main. Les nomades que l’on rencontre dans « Nomadland » de Chloé Zhao ne sont plus des « kids » depuis des années. Surtout des retraités dont la retraite ne suffit pas. Qui se retrouvent à ne plus pouvoir payer de loyer. Ils s’achètent un van, un camping-car quand ils ont les moyens, et ils sillonnent les routes du pays. Et ils vivent de petits boulots à droite à gauche, comme ils peuvent. Les gens que l’on rencontre dans Nomadland sont les gens qui m’ont fait aimer les États-Unis. Ce sont ceux qui m’ont permis de comprendre qui étaient vraiment les habitants de ce pays… ce sont les marginaux qui font d’une ville ou d’un pays ce qu’iel est vraiment.

J’ai essayé de parler un peu de cet univers dans ma trilogie. On se retrouve encore plus sur la route, quand on voyage aux côtés de « la demoiselle de l’Alaska » (que je compte bien faire éditer ou auto éditer un jour, car j’en suis tellement fier de lui aussi…). Et dans Nomadland, on plonge à fond dedans… Alors certes, ma vie est un peu chamboulée en ce moment ; je suis en train de revoir tous mes plans. Et même si tout cela n’est rien que juste du positif et du joyeux, je suis un peu en mode « nerf à vif » (je vais vraiment devoir habiter dans un appartement ?). Mais bon, je me suis quand même retrouvé les larmes aux yeux à quatre reprises pendant ce film… pas parce que c’est triste ; mais parce que c’est intense. Parce que j’ai effleuré la surface de cet univers, j’ai entraperçu ces gens. J’ai fait quelques kilomètres à leur côté. Ces nomades, ces kids, ces hobos, je ne les ai croisés nul part ailleurs.

“I’m not homeless; I’m houseless. Not the same thing, right?”

« Avec domicile non fixe », comme je me plais à dire quand je parle de mon mode de vie…

En dehors de l’histoire, la bande son est magnifique (forcément, quand Ludovico Einaudi est impliqué….). Quand aux images, aux prises de vue… certes les paysages sont magnifiques de base, mais il y a une recherche d’images que je trouve juste sublime.

Frances McDormand (Fern, au centre de l’histoire) est juste sublime ; en même temps, elle a gagné son troisième oscar pour ce rôle dans Nomadland. Il m’a fallu un moment pour la reconnaître comme la policière enceinte dans Fargo, des frères Cohen (son premier oscar…). Les autres acteurs ? Ne sont pas des acteurs. Ils sont juste eux-mêmes…

Bref… il est plutôt rare que je fasse ce genre de post sur mon blog. Mais parfois, quand je me retrouve face à un tel coup de cœur, un film qui me parle autant (et qui me ressemble autant, j’ai envie de dire…) que je me dis qu’il est juste parfaitement à sa place ici !

Les cinémas ont rouverts… ce n’est pas forcément simple d’y aller en ce moment, mais si vous en avez l’occasion, allez le voir. Vraiment !

5 commentaires

  1. Commentaire de Iris

    C’est drôle, je rentre tout juste du cinéma et je me disais que j’allais t’envoyer un message pour te recommander Nomadland :)
    Il est magnifique oui, et Frances Mcdormand n’y est pas pour rien c’est certain. Je l’avais adoré dans Three billboards, elle a un superbe jeu d’actrice. Elle est toujours très touchante dans ses rôles, forte et fragile à la fois.

    J’ai une interrogation sur un passage au tout début du film. Quand elle donne le nom qu’elle a choisi pour son van… Son air malicieux. Il y a un jeu de mot derrière ? (je l’ai vu en VO évidemment). Merci!

  2. Commentaire de Sébastien Chion

    Son van s’appelle « Vanguard » ; ce qui n’a pas réussi à me connecter deux neurones au moment du visionnage. Et une recherche google ne me dit pas grand chose de plus… la seule référence qui pourrait vouloir dire quelque chose c’est “The Vanguard Group est une société américaine de fonds d’investissement. ” du coup, y a potentiellement un magnifique humour noir en arrière ;)

  3. Commentaire de Lavande

    “des abrutis obèses et violents” : C’est de la grossophobie caractérisée cet amalgame !

  4. Commentaire de Sébastien Chion

    Loin de moi une quelconque intention de tenir des propos grossophobes. Je me contente ici de répéter le cliché qu’on beaucoup de français sur les américains.

  5. Commentaire de Lavande

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