Si la vue depuis le wagon restaurant est des plus inspirantes, les prix et le menu le sont un peu moins. Oh, bien sûr, rien de très extravagants. Des tarifs SNCF quoi. Tant pis. Je regarderais le paysage par la fenêtre, avant de revenir m’asseoir confortablement à ma place pour le reste du trajet. Un livre, un appareil photo, un paysage sympa de temps à autre, le temps passe tout seul.
Vancouver est finalement annoncé. Je continue à trouver ça très drôle d’avoir deux Vancouver à même distance de Seattle, un au nord, un au sud. Certes, celui du sud est pas mal plus petit, mais ça continue à me faire rire. Ah ! La joie d’avoir un humour simple !
Dix minutes plus tard, le train franchit la rivière Columbia (oui, bon, c’est un fleuve, mais l’anglais ne faisant pas de distinction, j’ai pris l’habitude de dire rivière, alors même qu’on pourrait sans doute faire tenir trois ou quatre fois le Rhône dedans, c’est malin), et nous voilà dans l’Oregon. Portland apparaît dans le lointain.
J’ai du mal à réaliser, au moment de sortir du train, que je suis vraiment à Portland. Mais pourquoi pas après tout !
La gare est jolie, mais je ne m’y attarde pas. Le bus que je dois attraper pour me rendre chez Danielle passe aux heures, le prochain est dans pas longtemps, alors je préfèrerais ne pas le rater.
Je remonte quelques coins de rues avec mon gros sac à dos, et attend sagement le numéro 17.
C’est étrange comme je fonctionne des fois. Je peux aller jusqu’au musée de l’aviation de Seattle, en ne sachant pas vraiment où c’est, en sachant juste que je dois prendre le bus 124 et descendre à un moment, sans avoir la moindre inquiétude, en sachant que tout va bien aller, et là, au contraire, alors que j’ai vérifié plusieurs fois les horaires, que je suis sûr d’être dans le bon bus, je m’inquiète à plusieurs reprises à l’idée de ne pas avoir pris le bon, de m’être trompé à quelque part, ou je ne sais trop. Tout cela est très étrange !
Pourtant, me voilà bel et bien arrivé à mon port ! L’adresse correspond, il y a deux personnes devant la maison qui me disent bonjour sans trop se soucier de qui je suis, et me laisse rentrer. Je retrouve Danielle avec grand plaisir, et fais violemment la connaissance de ses colocs : autant l’accueil à Seattle était froid, autant ici trois personnes me sautent dessus, l’une après l’autre, avec un « alors c’est toi Sébastien » accompagné d’un câlin de bienvenue des plus agréables ! À croire que Danielle les a brieffé à mon sujet et qu’ils savent que j’aime faire des crêpes au petit déjeuner !
Mes premières expériences couchsurfing m’avaient laissé une douce amertume. Rencontrer des gens des plus sympas à l’autre bout du monde est agréable, mais semblait revenir à dire qu’on ne les verrait qu’une fois. Et puis il y a une Jane, de San Francisco, que j’ai revue à plusieurs reprises (et qui m’a annoncé récemment qu’après s’être vue à San Francisco, Las Vegas et Burning Man, on se verrait sans doute à Sydney !). Suivie ensuite de Marie et Astrid, que j’avais hébergées à Montréal. L’une est revenue pour six mois, l’autre est juste passée redire bonjour. Je sais désormais que je reverrais les personnes que j’ai envie de revoir. Danielle en est une preuve supplémentaire. C’est un sentiment que je trouve vraiment agréable.
La situation de Danielle ne s’est pas vraiment améliorée depuis que je lui ai dit au revoir à Chicago il y a huit mois. Elle n’a pas réussi à retrouver de travail. Elle squatte chez un groupe d’amis à elle, et va chanter au centre-ville de temps en temps quand elle peut. Ça m’attriste un peu de voir que ça n’évolue pas vraiment. Si Portland est une ville vraiment sympa, les opportunités de jobs semblent des plus limitées…
On passe une belle petite fin de soirée de retrouvailles, à discuter, à échanger des souvenirs, et à essayer de planifier les jours qui s’en viennent.
Le lendemain, j’ai envie de prendre ça relaxe. Me semble que j’y ai le droit. Alors je prends tout mon temps avant de décider à me lever. Et ça fait du bien ! Ce voyage ne sera définitivement pas placé sous le signe des lits confortables. Le matelas de type futon mince sur le sol n’est pas ce qu’on fait de mieux. Mais au moins, j’ai bien dormi !
Le menu du petit déjeuner était prévisible. Des crêpes ! Faut dire qu’après en avoir fait à plusieurs reprises à Danielle, incluant une fois pour son anniversaire, au milieu de Black Rock Desert (oui, le désert de Burning Man), il fallait bien que je lui en refasse aujourd’hui ! On fait donc un aller-retour à l’épicerie pour acheter le nécessaire. Je retrouve avec plaisir les épiceries Fred Meyers. La bouffe est tellement pas cher dans l’Oregon, c’est un vrai bonheur ! La douzaine d’oeufs à 1,30$, les 700 grammes de fromages (je retrouve également les briques de cheddar de Tilamook) a prix défiant toute concurrence… bref, magasiner ici est un vrai bonheur. On a l’impression d’économiser de l’argent !
Les réserves faites, on revient et on se fait nos crêpes, bien heureux que nous sommes !
Et puis j’essaie un peu de faire la programmation des jours qui s’en viennent. J’ai hésité un long moment entre plusieurs options. En fait, deux principales : la location de voiture ou le stop. Et puis j’ai fini par trouver des tarifs tellement pas cher pour une location d’une semaine que j’ai fini par craquer ! La destination est incertaine pour le moment, mais en tout cas, demain matin je récupère une voiture dans le centre ville de Portland. Je l’aurais pour 7 jours, donc jusqu’à jeudi prochain au matin. Ça nous laisse une autre journée et soirée à Portland, avant mon départ à l’aube le vendredi. En fait, c’est un regard sur la météo qui m’a également incité à précipiter les choses de la sorte. Dans l’est, il fait beau ! On arrivera bien à improviser un itinéraire d’une façon ou d’une autre !
Une fois que les formalités sont réglées, que la journée a été commencée suffisamment tranquillement, on finit par se décider à faire un saut en ville. L’objectif : le jardin de roses !
Une petite balade en bus vers le centre-ville, suivi d’une petite marche, et on enchaîne avec un petit tour en tram.
Le tram attaque ensuite une petite montée, nous emmène dans un long tunnel, et fini par nous déposer là où Danielle pensait qu’il fallait descendre. On complète par un petit tour en ascenseur, qui nous ramène bien aimablement à la surface. Au milieu d’un parking, à côté du zoo, avec une magnifique impression d’être au milieu de nul part. On demande à la madame qui vent les billets pour entrer au zoo quel est le chemin pour se diriger jusqu’au jardin de roses. Elle nous indique une direction, où l’on finit par trouver une carte. Au moins, on sait par où aller.
Une des choses que j’aime énormément à Portland, c’est ce gigantesque parc qu’il y a au milieu. En fait, le centre ville est délimitée par la rivière d’un côté, et une colline/montagne de l’autre. La colline en question est complètement boisée. Il n’y a quasiment pas de maisons, c’est juste un parc complètement naturel, à peine aménagé, dans lequel il est si facile de se promener, d’errer et surtout d’oublier la ville !
C’est peut être une mauvaise interprétation de ma part : Portland n’est pas une ville très riche. On y voit beaucoup de pauvreté, aucun étalage de richesse. Pas de grosse voiture, aucune limousine. Pas d’immeubles gigantesques avec des appartements hors de prix, et des quartiers résidentiels plus que grand luxe. J’ai réalisé ça aujourd’hui, et ça m’a plus. Du coup, puisqu’il n’y a pas cet étalage d’argent, il n’y a pas la volonté de recouvrir la montagne pour mettre des maisons plus grosses et plus scandaleuses les unes que les autres. Ou peut être que ce n’est pas ça.
Toujours est il que l’on part à l’aventure dans les bois, persuadés d’être sur la bonne route. En tout cas, les bois sont sympas. Et, comme dit plus haut, alors qu’on est venu ici en tram et en ascenseur, la ville a disparu.
On finit bien par admettre que l’on n’est pas vraiment au bon endroit. Mais à priori, la direction générale, si je ne me trompe pas, devrait être… hum… par là. Au final, après avoir bien descendu, on finit par presque remonter. Avec aucune idée de où l’on est. Jusqu’à ce que l’on retrouve une route connue, et un arrêt de bus, où on se décide d’attendre pour retourner au centre-ville. Après deux heures à marcher, on se dit que le jardin de roses attendra une autre fois.
Oui oui, ceci est bien un arrêt de bus !
Finalement, ce n’est que plus tard, en regardant une carte pendant un bon moment, que je comprendrais le problème. La prochaine fois, il suffira de tourner à droite au lieu de tourner à gauche.
On est parti d’en bas, en suivant le trait bleu vers la gauche. L’objectif : le cercle rouge. Oui, bon, encore quelques progrès à faire.
De retour au centre-ville, Danielle propose que l’on aille chez Vaudou Donut, pour s’acheter quelques beignes, pour se remonter le moral. Déjà lors de mon premier passage à Portland, Danielle m’en avait parlé, mais je n’avais pas eut l’occasion. Je me suis rattrapé.
Tout cela me rappelle des souvenirs émus de Pizza Donut !
Il me semble qu’une petite bière pour accompagner ça, ça serait juste parfait ! On trouve un pub irlandais juste à côté, où ils servent quelques bières locales. Malheureusement, comme ils servent aussi de la nourriture, ils refusent que l’on mange nos beignes. On boit donc notre Total Domination (une IPA de Ninkasi, à Eugène, que j’avais déjà eut l’occasion d’adorer), puis on va s’asseoir dans un parc pour faire un sort à nos beignes.
Pas besoin de manger le soir après ça !
Encore quelques petits pas en ville, puis on rembarque dans le bus qui nous ramène à la maison.
Quelques derniers petits détails administratifs (genre changement de loueur de voiture à la toute dernière minute, en trouvant des prix encore plus réduits), je regarde quelques cartes, je mets mon blog à jour pour faire changement, parce qu’une fois sur la route dans les coins perdus au milieu de nul part, je me dis que ça ne sera peut être pas évident de faire ça. Mais bon, les détails techniques, on verra ça plus tard ! Là, il est plutôt temps que j’aille me coucher, pour être en forme et aller chercher la voiture demain matin !