Rue du Pourquoi Pas



Parce qu’il y a toujours une route qui, quelque part, m’attend.
Carnets de route, photos de voyages, et pensées vagabondes.

Écrit par : Sébastien ChionSeptember 29th, 2015
  • Et nous avons quitté Washington, en direction de l’Est. Sur la carte, nous avons vu des routes inspirantes. Nous voulons descendre la côte, en la longeant le plus possible. Plus la route est proche de l’énorme tache bleue, plus elle nous inspire. Et quand elle passe sur des péninsules très étroites, on a juste envie d’aller voir.

    La route entre Washington et Dover, notre première étape, est assez jolie et agréable à conduire. Pas trop de trafic, pas de feux de circulation, ça avance tout seul, et on arrive à Dover quelques heures plus tard, en fin d’après-midi.

    Le centre d’information est déjà fermé. Je repère deux routes se dirigeant vers des plages, où il sera peut être possible de dormir. Laurie parle à deux dames, qui nous disent qu’il y aura une course le week-end prochain, et que déjà beaucoup de gens arrivent et que des campings s’improvisent un peu partout. Ah oui ? On décide d’aller voir.

    On découvre un stade gigantesque, qui me permet de comprendre : c’est une piste de Nascar. Le Nascar, ce sont des bolides qui tournent en rond pendant des heures. Une piste ovale, les virages inclinés pour permettre aux pilotes d’avoir à descélérer le moins possible. Bref, des voitures qui tournent en rond le plus vite possible, pendant je ne sais pas combien de temps. La taille du circuit est impressionnante. J’imagine assez facilement cinquante ou soixante mille personnes s’entasser pour regarder ça… mouais…

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    Il y a en effet beaucoup de champs transformer en camping à RV. Et ça se remplit assez vite. Camping-car gigantesques contre camping-car gigantesques. Ça ferait presque rêver (sauf que le rêve aurait plutôt tendance à entrer dans la catégorie « cauchemars »). On se dit que ça se squatte. On essaie de rentrer dans l’un. On est intercepté par un gars pas plus sympa que ça, qui ne nous donne pas envie d’argumenter ou de tenter notre chance. On va plutôt aller dormir sur le bord de l’eau, ça sera plus agréable.

    Nous prenons donc la destination de Little Creek, petit village à quelques kilomètres d’ici. Le village est très clairement trop petit pour que l’on puisse y passer la nuit inaperçu. Par contre, la petite route en direction de Port Jenesaisplusquoi est assez inspirante. On embarque.

    Nous sommes dans une région assez marécageuse, et ça se ressent dans le paysage. Plat. Recouvert de roseau. Ou d’herbes hautes. On suit la route un long moment, avant d’arriver dans un endroit complètement abandonné. Des longues jetées en bois qui n’en finissent plus, une route dans un sale état, une mer pas très belle… il se dégage de l’endroit une énergie qui ne me plait pas. Insalubrité. Décomposition. Même si on pourrait sûrement garer le van ici et y passer la nuit bien tranquille, ça ne me fait tout simplement pas envie. La découverte de « Horseshoe Crabes » (crabes fer à cheval) rend l’endroit encore moins inspirant. Sortes d’insectes géants directement sortis des films de Myazaki. Du coup, on regarde un peu, on marche un peu, mais on décide d’un commun accord de ne pas rester.

    De dépit, nous finirons par nous rabattre sur un parking de Walmart, dont je commence à être vraiment las… outre le fait de dormir sur du goudron, entouré de goudron, avec des voitures qui passent un peu toute la nuit, les Walmart présentent une sélection de la population américaine qui n’est pas la plus inspirante, ni celle que je cherche à côtoyer le plus. Non, je ne suis pas en train de dire qu’il n’y a que des imbéciles qui font leur courses chez Walmart. Simplement que leur pourcentage est plus élevé que ceux qui, par exemple, font du camping sauvage dans les National Forest… certes, avoir accès à des toilettes et de l’eau chaude à un côté agréable, mais traverser un super marché « first thing in the morning », c’est raide. Très raide.

    Bombay Hook National Wildlife Refuge

    Pour se remonter le moral, nous avons donc dirigé nos pas, ou plutôt nos roues, vers le Bombay Hook National Wildlife Refuge. Sanctuaire pour oiseaux, notamment migrateur : on est sur le chemin Québec -> Mexique, emprunter par beaucoup d’oiseaux migrateurs (cuicui !).

    Et j’en ai profité pour racheter une carte des parcs nationaux. J’en parlais dans un post récent, j’adore le système des parcs nationaux américains. Et j’achète la carte annuelle sans hésitation à chaque fois. Enfin quand je prévois rester un peu de temps aux états-unis en voyageant un peu. Bref, oui, à chaque fois quoi.

    Le parc est assez agréable. Et ça fait du bien de retrouver un peu de la vraie nature. On ne reste pas très longtemps, mais on fait aussi quelques pas à pieds qui ne sont pas désagréables.

    Rehoboth Beach

    Et on a continué tranquillement vers le sud, la carte nous informant qu’il y avait potentiellement de beaux endroits à voir. Malheureusement, il semblerait que nous soyons tous les deux un peu trop habitués à la côte ouest (« West Coast – Best Coast »), aux côtes sauvages et quasiment inhabitées. Ce n’est pas vraiment le cas sur la côte est. Les plages plates et sans fin sont magnifiques, certes, mais ne valent pas la côte du sud de l’Oregon. Et puis il y a trop de villages, de maisons, de gens, de centres commerciaux, partout. On a du mal à en sortir. On a du mal à trouver de la vraie nature sauvage dans le coin. Seuls les States Parcs fournissent un peu de verdure. Pas de Parcs Nationaux. Même pas de National Forest où squatter. On repère quand même Cape Henlopen State Park, un endroit qui nous plait bien. Le camping est hors de prix, on conclue donc qu’il faudra revenir plus tard si on veut dormir ici, quand la guérite de l’accueil sera fermé. Ça ne me dérange pas de payer pour un camping de temps en temps, mais je ne paierais pas 39$ juste pour une nuit.

    Nous continuons donc jusqu’à Rehoboth Beach. On pense à un petit village sur le bord de l’eau, avec quelques parkings pour aller à la plage, et un parking un peu discret, où on pourra garer le van pour la nuit. On arrive au milieu d’une immense rue, pleine de magasins de souvenirs. En même temps, tout est en promo, et la veste à 25$ ramenées à 10$, elle me tente vraiment beaucoup. Alors je l’embarque. Et hop. Mais donc, en effet, pas moyen de dormir ici. Pas grave, Henlopen n’est pas très loin. Alors on fait passer le temps, attendant que la madame de la guérite ai fini sa journée. Et pour ça, rien de tel qu’une séance de lavage de linge, qui me permet d’arriver à la conclusion qu’en étirant au maximum, je peux tenir trois semaines entre deux lessives. Ça me convient. Et ça semble convenir à Laurie, qui n’avait pas fait de remarques à présent. Veuillez quand même noter que je parle de l’intervalle entre deux lessives. L’intervalle entre deux douches est… ouais, bon, on va dire « moins long ». Et pendant que la lessive se fait, je prépare à manger. Oui, tout à fait, assis en pyjama dans le parking de la laverie !

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