Rue du Pourquoi Pas



Parce qu’il y a toujours une route qui, quelque part, m’attend.
Carnets de route, photos de voyages, et pensées vagabondes.

Écrit par : Sébastien ChionMay 12th, 2009
  • J5-Happy mother day

    Un message rapide de chez Carly qui m’a hébergé cette nuit. J’ai passé une soirée très sympa avec des amis à elle : dans une ferme biologique à tendance communautaire, une vingtaine de personnes, un feu de camp, et quelques instruments de musique. Un ensemble des plus détonants et inhabituels en fait : 3 banjo, 3 violons, une guitare, un accordéon, deux djembes, un petit tambour, une flute de pan, une flute traversière, une clarinette, un ukulélé. Je pense que j’en oublie pas. Bref, ambiance très sympa, feu de camp, étoiles et levé de presque pleine lune au rendez vous ! Et ça me permet d’avoir un peu mal aux mains à cause du djembe, et pas seulement aux jambes.

    Ce matin, comme c’était la fête des mères (je suis en fait chez les parents de Carly), c’était omelette aux légumes, salade de fruits, guacamole et salsa. Ça commence vraiment bien la journée. D ailleurs, je suis vraiment bien et je m attarde un petit peu. Mais bon, il va falloir que je mette sur la route. Je pars me perdre a Wells Gray Park. Là, c’est sur, pas de connexion internet. Donc probablement silence radio pour quelques temps.

    On se retrouve bientôt. De toutes façons, je continue a prendre des notes, et je boucherais les trous quand ce sera possible !

    J5-La terrasse de Carly

    Je viens de reposer mon assiette. Omelette aux légumes, guacamole, salsa et salade de fruits. Tout cela mangé assis au soleil, en regardant la rivière et en discutant avec Carly et son père. Le temps s’étire. On est dimanche, et même si je suis en vacances, je le ressens, et j’en profite. Une fois encore, je me trouve confronté au principal défaut de Couchsurfing : on rencontre parfois des gens très sympas, avec qui on s’entend super bien, mais qui habitent à 4000 kms de chez nous. Pas l’idéal pour construire une amitié. Je prends donc tout mon temps pour partir. Je ne suis pas vraiment pressé de toutes façons. Mais bon… il est midi et demi quand je me décide finalement à quitter Kamloops. Je pars dans la nature sauvage. Je fais donc une dernière épicerie pour être sûr de ne manquer de rien. J’en profite pour acheter une super broche télescopique pour faire griller les saucisses (mais je pense pas à acheter de saucisses…) et une carte mémoire de 8 Go pour les appareils photos. Je viens de doubler ma capacité de stockage, ça devrait me donner une bonne marge de manœuvre. Je pars enfin. Plus de dates fixes avant un bon moment. Je pourrais donc aller au rythme que je veux.

    J5- Du kilomètre 640 au kilomètre 900

    Je tiens à préciser que les kilométrages indiqués ne sont absolument pas des estimations, mais qu’ils ont été scientifiquement enregistrés à tous les matins avant de partir. Je ne fais pas non plus d’arrondis. Il semblerait que mon voyage ait décidé de se baser sur des chiffres ronds.

    J5-Well’s Gray Park

    Finalement, je ne dormirais pas dans le parc Well’s Gray. Il est trop tôt dans la saison, me dit on à l’information. La plus part des camps et des sentiers sont fermés. Le camping le plus proche, au North Thompson River Provincial Park, est à 5 kilomètres du centre en direction Kamloops. Ça veut dire 40 kilomètres de l’entrée du parc, si je veux marcher. Je suis plutôt déçu… je reviens vers le camping quand la pluie commence à tomber. Chute de moral. Jamais agréables les successions de malchances juste après de bons moments. J’hésite énormément à faire demi-tour : retour à Kamloops, je pourrais ensuite attaquer ma boucle par le sud et les Kootenays. Ça laisserait une semaine de plus aux parcs plus au nord pour finir de dégeler. Je n’avais pas pensé que ça pourrait encore poser problème à la mi-mai. Mais une personne, rencontré par hasard à un belvédère, m’informe qu’ils ont eut beaucoup de neige cette année. Je suis probablement 7 à 10 jours trop tôt. Ça justifierait de changer le sens de ma boucle, mais Kamloops est à 120 kms, et ça ne me tente pas de multiplier les kilomètres pour le plaisir. Le camping est un « self check-in ». En fait, j’ai l’impression que la majorité des parcs provinciaux en Colombie-Britannique sont de simples campings avec inscription selon la bonne volonté des gens. Ça explique les parcs provinciaux tous les 15 kilomètres (le magnifique camping vu hier était sur le même principe). Cette option me laisse toute la latitude voulue : je peux quand même aller voir les trois cascades principales (attraction majeure du parc), marcher un peu et ne décider seulement en fin de journée : faire demi-tour ou camper.

    J’ai découvert à quoi sert le bouton « info » sur le volant. Il affiche différentes statistiques : vitesse et consommation moyenne, consommation instantanée, etc… ce qui me permet d’apprendre que ma consommation moyenne est de 7,9 litres au cent. Ça m’apprendra à faire n’importe quoi. Je réinitialise donc l’information, et je remplace le « Kaly Style » par le « Écono Style » essayant tant que possible de rester au dessous des 7 litres en consommation instantanée. Je pars découvrir Well’s Gray…. et me retrouve plutôt déçu : très beau paysage, mais pas aussi extra-ordinaire que ce que j’avais cru comprendre. Les trois cascades sont vraiment superbes, mais ne se méritent pas : la plus loin demande une marche de cinq minutes. J’avais pensé qu’elles offriraient au moins de belles randonnées d’une demi-heure. Mais non. Je peux ajouter deux chevreuils et un ours brun à ma liste, grâce au passage dans le parc. Rendu presque au fin fond de la partie accessible du parc, je réalise mon niveau d’essence. Le gentil ordinateur de bord m’informe que je n’en ai plus que pour 100 kms. Théoriquement, la station d’essence la plus proche est à 60 kms. J’ai donc un peu de marge. Mais je suis quand même content de mon idée de rouler économique, et l’applique encore plus. Je suis très fier du 6,7 de moyenne affiché en fin de journée. On verra si j’arrive à le garder voir même à le baisser encore ! Et en vous inquiétez pas : je n’ai pas eut à pousser. J’ai aussi pu m’offrir une petite marche d’une grosse heure. Finalement, je ne change pas mes plans. Je vais simplement raccourcir à une seule nuit mon séjour dans la région, avant de continuer vers Jasper. Demain, je vais sans doute retourner faire une longue marche au parc, avant de reprendre la route. On verra bien rendu là !

    J6- Kilomètre 900 à kilomètre 1358. Demi tour.

    Si je me fie à ma programmation initiale, je devais faire une journée complète de randonnée dans Well’s Gray Park. À entendre les « plic-ploc » sur la tente, j’ai une hésitation. J’ai très bien dormi, si on considère la situation : il faisait froid (même si mon manteau qui n’est pas fait pour la randonnée convient très bien en deuxième couverture) et ça m’a réveillé régulièrement. Tout comme les trains. Habituellement, c’est papa qui choisit ce genre d’endroit : perdu au milieu de nul part, mais avec une voie ferrée cachée de l’autre bord de la rivière, où des trains de marchandises d’une centaine de wagons passent aux deux ou trois heures. Mais en fait, les trains ne me dérangent pas trop. Je suis plutôt impressionné par l’omni-présence du ferroutage. J’ai vu une demi douzaine minimums de trains à chaque jour, quelque soit l’axe sur lequel je voyageais (sauf Vancouver-Whistler, en fait). À cent wagons le train et à deux containers le wagon, c’est une quantité assez impressionnante de camions que l’on est heureux de voir disparaître des routes. Une fois cette constatation faite, on réalise que, en effet, il y a beaucoup moins de camions sur les routes de la Colombie Britannique que sur celles du Québec (ou de la France, d’ailleurs). J’imagine que le fait que l’histoire de la Colombie Britannique repose en grande partie sur la voix ferrée explique en partie cela.

    Enfin… tout cela pour dire qu’il pleut ! L’intérieur de la tente a eut la gentillesse de rester au sec par contre. De même que toutes mes affaires : c’est pratique une voiture. Je plie en boule le matelas et le duvet que je jette dans le coffre et démonte rapidement la tente. Je la roule en boule dans les pieds du passager avant : la ventilation la séchera peut être un peu. Et j’improviserais si je croise un auto-stoppeur.

    Nouveau petit déjeuner au nutella et philadelphia, puis retour à l’accueil du parc. Je voudrais aller rapidement sur internet pour trouver une solution couchsurfing plutôt que camping à Jasper et Banff, où les nuits risquent d’être encore plus froides. Il y a une file d’attente pour les ordis. Malgré la pluie dehors, je discute avec la personne à l’accueil des possibilités de balade. La plus part des pistes devraient ouvrir la fin de semaine prochaine… je m’étais aussi renseigné sur une possibilité de balade à cheval la veille. Même réponse. Je sais également que le parc du Mont Robson, situé un peu plus loin et que l’on m’a très fortement recommandé, ouvre le 15 mai. Bref, je suis très clairement une semaine en avance. S’ajoute enfin à cela que j’ai réussi à rejoindre mon amie Stéphanie, qui n’habite « qu’à » trois heures de routes de Banff. Elle pourrait me rejoindre dimanche. Date à laquelle je devais quitter Banff… Bref, tout cela m’énerve. Un voyage organisé étant fait pour être désorganisé, je me décide à faire demi tour : retour à Kamloops, puis direction la vallée de l’Okanagan, et les Kootenays. Geoffray m’avait suggéré Christina Lake et Nelson. Je me dirigerais donc par là, avant de remonter par Revelstoke, Rogers Pass et Golden. Parfait pour être à Banff dimanche, et revenir dans la région quand tout sera ouvert. Je viens de faire un détour de 300 kilomètres, mais on fera avec ! Ma décision me remonte le moral. Il pleut, mais la vie est belle, et la route est encore plus belle dans ce sens : longue vallée suivant une rivière, les deux allant en s’élargissant en s’approchant de Kamloops. Par contre, je ne veux pas m’éterniser, et je fais le retour en surveillant un peu moins ma consommation. Le retour vers Kamloops se fait donc vite. Rendu là, je fais une brève pause à l’information touristique pour confirmer mon trajet et je découvre l’existence de Lumby. Petit village perdu, qui se vente de déborder de pistes de randonnées. Ce sera donc ma destination pour aujourd’hui.

    J6- Le kilomètre 22

    La route jusqu’à Vernon ne présente que peu d’intérêt. Belle, mais sans être exceptionnelle, avec une alternance de pluie et d’éclaircies, et la ville de Vernon semble plutôt horrible. Je traverse sans m’arrêter, et m’engage dans une vallée très florissante, aux montagnes assez escarpées. Tout cela s’annonce très bien, même s’il pleut de plus en plus : j’ai foi en la météo !

    J’arrive enfin à Lumby, avec l’espoir d’un camping pas trop loin et d’une belle randonnée pour finir la journée. La fille à l’info touristique doit venir de Vancouver. Peut être même de plus loin encore : elle a du mal à me suggérer une balade. Côté camping, j’ai le choix : un juste à côté d’ici, au « centre ville », un à trente kilomètres et un à cinquante kilomètres : le Monashee Provincial Park. Perdu au milieu de nulle part, trente kilomètres de routes non goudronnées, mais très bien entretenues m’assure-t’elle, et des balades à foison. Exactement ce que je cherche, mais un peu loin. J’hésite, mais me décide enfin : ce que je veux, c’est une place où rester deux nuits de suite, pour ne pas conduire demain. J’aime conduire, mais je ne veux pas faire que ça. La route qui suit « Sugar River » est magnifique. Les paysages où je roule sont de toute beauté, malgré la pluie. Le Requiem de Mozart épouse parfaitement le paysage.

    Petite pause le temps d’aller voir le barrage qui ferme Sugar Lake, puis la route devient un chemin non goudronné. Ça roule bien, la balade est jolie, quoi que plutôt répétitive. Quelques beaux point de vue sur le lac, que la route longe jusqu’au bout. Kilomètre 22. Ça veut dire qu’il ne reste plus que quelques kilomètres. Je devrais donc être bientôt arrivé. Sauf que la route change d’un seul coup. La terre se transforme en neige à la sortie d’un virage. Environ un pied, sur une distance inconnue. Même si ce n’était que sur les 20 mètres que je peux voir, ce n’est même pas la peine d’y penser. J’ai une voiture qui va vite. Pas un modèle qui roule sur la neige. Je suis frustré : la fille m’a assuré que je n’aurais aucun problème à me rendre, et il n’y avait pas la moindre indication sur l’état de la route. Je n’ai pas le choix : je viens de faire un beau cinquante kilomètres pour rien. Je grignote rapidement. Il est 16h, je commence à avoir faim. Philadelphia et nutella sont loin. Je voulais manger une fois installé, mais là, je ne sais juste pas quand j’aurais une tente montée. La balade aller-retour m’aura quand même permis de voir 11 chevreuils… nouveau programme : retour au camping du centre ville, le temps d’une nuit, puis voiture et vroum vroum loin !

    J6- Mabble Lake

    Sur le chemin du retour, je croise la route du Parc Provincial de Mabble Lake. Trente deux kilomètres. C’est loin. Mais je veux de la tranquillité, de beaux paysages, tout ça ! Je tente ma chance. La vallée est parallèle à celle que je viens de remonter, mais plus large, plus verdoyante, et plus habitée. Une ambiance très décontractée, relaxe. C’est beau, inspirant, réconfortant. Je passe à côté d’un élevage de cochons en liberté. Ils ont un espace impressionnant. Ce seront ensuite des vaches qui passent au côté de deux vieilles granges. C’est beau, la pluie a cessé, le soleil est revenu. Je vois cela comme un signe que j’ai pris la bonne décision. L’arrivée au camping me le confirme. L’emplacement est magnifique. La tente est montée en cinq minutes (c’est l’avantage de ne pas tout replier à chaque fois) et le matelas est gonflé en 274 coups de pompe. Le tout à 10 mètres d’un lac gigantesque et magnifique. Ouf ! Je suis content.

    J6- Tour du camping

    Un petit tour du camping me permet de découvrir une petite boutique, sur un quai en bois, où sont amarrés quelques bateaux. Je croise le propriétaire et m’informe sur les locations disponibles. Ça va du kayak au bateau de ski nautique, en passant par la barque de pêcheur. Je ne vois pas les kayaks. Peut être sont ils rangés, ou pas encore disponibles. Si c’est possible, ça sera promenade en kayak. Et si ça ne l’est pas, le lac est gigantesque, et les barques avec leur petit moteur sont à un prix raisonnable. Je n’ai jamais piloté ce genre d’engin, mais je suis persuadé que ça doit être amusant !

    La fin de mon tour de camping me permet de voir quatre chevreuils sur le bord du lac. Je retourne à la voiture. Petite collation frugale, avant d’essayer d’établir un nouvel itinéraire. Je pense que j’improviserais au jour le jour. Il est ensuite temps d’écrire ma journée. Mon CD « Nocturne » de grands classiques de piano convient parfaitement.

    (et si vous vous pouvez la question, et bien oui : le petit bâtiment rouge est la petite boutique dont il est question, et le propriétaire habite au dessus. Une petite échelle permet d’y accéder ! )

    J6- Yes Man

    C’est drôle, depuis un bon moment maintenant, j’ai pris l’habitude de ne garder que les points positifs des événements, même les plus négatifs. Un exemple simple ? Ce voyage n’aurait pas eut lieu si je n’avais pas été cambriolé puisqu’il est en partie financé par le remboursement d’objets que je ne remplacerais pas, ou pas tout de suite. C’est drôle, parce que j’en avais parlé avec Carly la veille : de cette importance du positivisme. Elle m’avait demandé, en rapport à cela, si j’avais vu le film « Yes Man ». Il se trouve que c’était l’une des deux comédies plates regardées dans l’avion. Film mauvais, nous en avons convenu, mais dont nous partagions la philosophie de base : être ouvert, et avant tout tenté de répondre « oui » ( « pourquoi pas » dans mon cas). Je vous laisse imaginer le désastre d’un tel concept à la base d’une comédie américaine.

    Bref, là n’est pas la question. je disais que c’était drôle que j’ai parlé de cela avec Carly, vu qu’aujourd’hui j’ai positivé toute la journée malgré une succession d’événement qui me faisait régulièrement pensé que j’allais passer une mauvaise journée. Au final, elle est loin d’être si terrible, et la lumière sur le lac est magnifique ! J’ai hâte à demain pour voir ce que je vais bien pouvoir du dit lac !

    J7- Du kilomètre 1358 au kilomètre 1592

    J7- Les parcs provinciaux

    Le principe des Parcs Provinciaux instauré en Colombie Britannique est vraiment superbe. Il s’agit de petites zones réservées, mi-camping mi air à pique nique. Leur petite taille fait qu’on les retrouve très régulièrement le long de la plus part des axes routiers. Ils sont aménagés simplement, sur un modèle identique : vous pouvez être sûrs de retrouver le même modèle de table à pique nique, le même barbecue pour faire votre feu, les mêmes toilettes (toujours par deux, hommes et femmes, même si se sont des toilettes sèches). Uniformisation qui, au final, est très pratique et offre un énorme confort aux voyageurs campeurs. Enfin, les tarifs semblent identiques pour tous : 15$ pour un emplacement (soit une voiture, une tente et 4 personnes, ou un camping-car). Les panneaux d’informations (identiques à l’entrée de chaque parc), précisent que l’argent sert à entretenir et agrandir le réseau des parcs. On trouve également un plan du site, et des informations diverses : choses à faire proches, un peu moins proches, précautions à prendre, etc… Côté paiement, il y a deux méthodes : la plus part semblent fonctionner à l’auto-perception. Vous mettez l’argent dans une enveloppe avec quelques informations, et le tout dans une grosse borne en métal. Un système basé sur la confiance qui me plaît beaucoup. Pour les parcs un peu mieux situés et/ou un peu plus populaires, il y a tout simplement un responsable à l’entrée du camp, qui vit dans sa caravane. Le système semble très bien rodé, et c’est extrêmement pratique et agréable en voyage.

    J7- La petite butte

    Pour ceux qui suivent, et bien non, finalement je ne suis pas resté à Mabbel Lake. Il faisait très gris, et surtout très froid, ce matin au réveil, avec un potentiel de pluie très élevé. Vraiment pas motivant pour du Kayak. Du coup, après une très longue hésitation à regarder le quai, et trois tartines de déjeuner traditionnel, j’ai décidé de reprendre la route, un peu déçu. La météo ne joue vraiment pas en ma faveur. 3 ou 4 degrés la nuit, 10-11 dans la journée avec ciel gris, ce n’est pas idéal.

    En revenant à Lumby, je vois une belle montagne, et un petit chemin discret. Elle me fait de l’oeil. Probablement pas de sentier, mais une ascension assez correcte, pour une petite promenade rapide. Je suis le chemin en voiture un moment, avant de me garer pour monter « à travers champ ». La montée est un peu raide, mais agréable, et ça fait du bien. Après une demi heure, je me retrouve au sommet, pour découvrir un autre sommet caché derrière, et surtout un chemin beaucoup mieux tracé (style chemin pour véhicule tout terrain). Je continue donc, puisque j’ai envie de marcher, et que j’ai tout mon temps. Du deuxième sommet se dévoile un troisième, et un quatrième un peu plus loin. Je me contenterais du troisième. La marche est agréable, et j’ai des idées et des projets plein la tête. D’ailleurs, il se peut bien que j’ai trouvé l’Idée avec un « i » majuscule que je cherchais.

    Je redescends vers la voiture sous un ciel menaçant mais ne recevrais que quelques gouttes. Une bonne heure et demi au total. Je remonte en voiture, avec le sourire. Direction le 43e parallèle, frontière entre le Canada et les États-Unis.

    J7- U-turn

    Il pleut. Ça rend la route glissante. Je roule donc prudemment. Mais j’attaque un virage un peu trop sec, et juste après le virage, la route croise une voie ferrée. Le changement d’adhérence et la route humide me permettent de vivre ma première perte de contrôle de véhicule. Pas vraiment de peur (j’essaie d’accompagner la voiture autant que possible), pas de mal non plus. Mais je finis quand même sur l’autre voie, et la voiture a fait un 180. J’apprécie l’absence de véhicules en sens opposé ou juste derrière moi. Aucune idée de la part de chance et de maîtrise dans le fait que la voiture n’a pas quitté la route, mais je suis content que tout aille bien. Je repars quand même un peu plus tranquillement.

    J7- Kelowna

    La route jusqu’à Kelowna est sans grand intérêt. Quand à Kelowna où j’avais prévu de faire une pause au centre ville, c’est surtout une zone commerciale et industrielle sans fin. Je ne vois nul part l’accès au centre ville. Je m’en rends compte au moment où je découvre que je quitte Kelowna. Je n’envisagerais pas de faire demi tour.

    D’ailleurs, je ne suis pas non plus sur la route initialement prévue. Pas grave. Je prendrais ce nouvel itinéraire. Il me convient.

    Oui, c’est bien ma voiture que l’on voit sur la 4e photo. Non, je ne l’ai pas mise sur pilote automatique en courant à côté. C’est simplement que la route était coupée pour cause de chantier (alors que ma mère n’était même pas là !) pour un long moment (voir la belle file d’attente sur la dernière image)

    J7- la route des vins

    J’avais complètement oublié l’existence des Auberges de Jeunesse. J’étais sur un mode camping/couchsurfing, et il me manquait quelque chose dans l’histoire !

    La route après Kelowna continue presque tout le long en 4 voies, le long du lac Okanagan. Le lac est beau, mais la route ne donne pas vraiment le goût de s’attarder. Comme j’ai raté le centre-ville de Kelowna, je tente celui de Penticton, pour jeter un oeil rapide à mes mails au cas où, et pour prévenir mes éventuels lecteurs réguliers du changement de direction. Autant je suis parti très négativement sur Kelowna ou Vernon, autant j’ai un à priori des plus positifs en entrant dans Penticton. Je me dirige vers le centre d’informations touristiques, autres constantes dans le paysage touristique de la Colombie Britannique : on y trouve des connexions internet et des infos. Il y en a assez régulièrement sur la route, et ils sont super bien indiqués, toujours de la même façon (très belle constante graphique ) !

    Je règle rapidement le premier point, avant de discuter avec une des personnes de l’accueil. Je pose quelques questions au sujet des possibilités de promenades un peu plus loin sur ma route puis, en voyant une photo qui m’intrigue (deux silhouettes d’enfants se découpant à l’entrée de ce qui semble être une grotte – une mini aventure spéléologique me tenterait bien) je demande si c’est loin. Il me répond que non (pas loin = 25 kilomètres, à côté = 40 kilomètres, je commence à maîtriser mon échelle de mesure). En fait, c’est un tunnel. Ancienne voie de chemin de fer reconverti en sentier de marche. J’embarque immédiatement sur l’idée. Il me faut remonter l’autre rive du lac, jusqu’à Naramata.

    Du coin de l’oreille, j’écoute un touriste français demandant à se faire conseiller en français. Il ne parle pas anglais, mais explique que son fils travaille ici, dans un vignoble. Très diplomate, l’employée qui lui répond explique qu’elle n’a jamais goûté à leurs productions, mais qu’il a une très bonne réputation.

    L’Okanagan, c’est la première région productrice de vin au Canada. Micro-climat, ensoleillement optimale, collines avec une inclinaison tout comme il faut, etc… je suis en effet sur la route des vins depuis un bon moment, mais je me reconnais malheureusement pas assez compétent pour vraiment profiter de la chose (et accessoirement seul conducteur du véhicule). Je fais donc juste regarder.

    La route principale descend par le flan ouest des montagnes. L’autre rive se retrouve orientée est-sud est. La différence est impressionnante : en dehors des maisons et de la route, à peu prêt tout est recouvert, à 40% de vignes et à 60% de pommiers. Ceux-ci ont la bonne idée d’être en fleurs : le paysage est superbe ! On sent également le changement du type de propriété : ici aussi, il semblerait que vignobles et grosses maisons (le terme de « domaine » semble plus approprié) vont de paire.

    J7- Kettle Valley Railway

    Je me gare au parking de la balade sans problème à 15h30. Le côté magnifique d’une ancienne voie ferrée, c’est que ça monte tranquillement. On peut donc marcher à un bon rythme sur des milliers de kilomètres. Peut-être même un peu plus.

    Le paysage est superbe, et le travail réalisé pour installer la voie ferrée est hallucinant. Je me fais penser à mon père, en regrettant le démantèlement d’un tel ouvrage. Tant de travail, dont il reste si peu de choses !

    La balade, au final, durera 4 heures, avec un raccourci (fléché) pour couper les immenses détours imposés par la faible pente nécessaire aux trains. Le raccourci fait passer sur les restes des chantiers de construction. Il ne reste quasiment rien des camps temporaires. Ça n’en est pas moins impressionnant et émouvant. Le paysage est toujours aussi beau, et les arbres (je parie sur des cèdres rouges, vu leur écorce magnifique) superbes. Le raccourci monte beaucoup, et surtout, la fin de la boucle redescend très raide. Après une heure et demi ce matin, les quatre heures sont longues un peu, et la descente est violente pour les jambes. Je suis bien heureux de voir réapparaître la voiture !

    J7- Ne me cherchez pas dans le nord

    Je suis finalement dans le sud. Changement complet d itineraire rendu a Wells Gray Park : dans la region, tout ouvre aux environs du 15 mai. J ai donc fait un demi tour complet, pour partir plein sud et faire la boucle dans l autre sens, une fois que le reste sera ouvert.

    Je suis donc de passage a Pedincton, et je continue vers le sud, direction le 43e paralelle et la frontiere US, que je ne passerais pas. Je remonterais ensuite via Nelson, puis plein Nord : Roger Pass, plein ouest : Golden, et on reprend la boucle initiale, dans l autre sens. Je continue a blablater enormement par ecrit. Je recopierais tout ces blablatages un jour ou l autre.

    Ici tout va bien !

    J7- L’Auberge de Jeunesse

    Retour sur Penticton : il faut que je trouve un guichet pour faire un retrait. J’ai beaucoup trop l’habitude de payer par carte, et c’est loin d’être possible la plus part du temps ! Au moment de me remettre en route (il est 20h, et j’ai repéré deux parcs provinciaux à une dizaine de kilomètres d’ici) je jette un oeil, au cas où il y aurait un camping ici : la rue principale me plaît, et l’idée de rester à Penticton est très tentante. Il n’y a pas de camping, mais une Auberge de Jeunesse. Déclic ! Chambre chauffée, matelas confortable et… oui ! Douche ! A peine payé, je suis sous l’eau. C’est fou le bien que ça fait !

    Tout en écrivant, j’écoute un groupe de trois personnes, qui parlent d’abord de voyages, puis du 11 septembre, et enfin de voitures électriques. Il y en a aussi deux autres qui regardent un match de foot sur un ordinateur portable, et un qui joue avec son cellulaire. Vraiment, c’est vieux jeu le papier et le stylo !

    Il est un peu tard, les nuits sont courtes, mais j’ai quand même le goût d’une petite marche nocturne dans les rues de Penticton. Et demain ? Objectif Nelson. À 302 kilomètres d’ici.

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