Les aventures du Pourquoi Pas ?

Sur les routes d'Amérique du Nord, à bord du Pourquoi Pas ?

J’ai dormi avec Rodger


Il ne me reste plus qu’un dernier sujet d’inquiétude : il est 19h30, la nuit commence à tomber, Pourquoi Pas ? est à 30 kilomètres de marche derrière moi… il faut vraiment qu’il y ait une navette… j’espère avoir bien compris ce que disais le guide… il me restera l’option de faire du pouce, mais c’est pas comme si j’allais juste à côté… c’est prêt de 90 kilomètres en voiture ; on est vendredi soir, les gens arrivent au parc, ils n’en partent pas… je commence à me demander si je n’ai pas fait n’importe quoi…
Il y a deux navettes différentes à Yosemite. Celles qui circulent uniquement dans la vallée, et qui sont gratuites, et celles qui traversent le parc. C’est de celle là dont j’ai besoin. Je marche deux kilomètres avant de finalement trouver l’arrêt. Les horaires sont indiqués. Enfin les horaires pour l’une des deux navettes. Celle qui va dans la mauvaise direction. La prochaine est dans 20 minutes. Mais pas d’horaire pour celle qui m’intéresse… moment de stress… bon, j’ai mon portefeuille, je suis au milieu de Yosemite, au pire je me paie une nuit à l’hôtel, ça me donnera l’occasion de prendre une douche ET un bain. Mais franchement, ça me tente pas. Et puis je suis pas sûr que j’ai envie d’abandonner Pourquoi Pas ? toute la nuit… deux personnes arrivent à me renseigner sur les horaires de la navette que je veux prendre. Elle passe juste une fois par jour. À 17h. Merde. Raté… ne me reste plus que le stop… je prends la navette de la vallée, pour aller au début de la route qui en sort. Il fait nuit.

Je m’installe sur le bord de la route. Il y a encore un peu de trafic. Je fais un grand sourire aux voitures qui passent, mais personne ne semble motivé à s’arrêter. Je continue à penser que j’ai été stupide, que j’aurais du prévoir un peu plus… et puis finalement, un camion s’arrête. Pas de chance, le gars ne va pas dans la bonne direction. Ça me redonne espoir, tout en m’en enlevant aussi : donc les voitures s’arrêtent de temps en temps, mais en même temps, je vais dans un endroit vraiment moins fréquenté…

Je reprends ma place sur le bord de la route. Un autre véhicule s’arrête. Un gars dans la cinquantaine, qui me demande si j’ai beaucoup de stock. Non, j’ai juste mon sac à dos tout petit. Sa voiture, par contre, déborde de tout les côtés. On discute un peu. En fait, lui ne sait pas où aller. Il n’a pas d’endroit où dormir ce soir, et prévoit juste sortir du parc pour trouver un endroit confortable en dehors. Il n’avait pas nécessairement prévu d’aller dans ma direction, mais pourquoi pas après tout. Il accepte de m’embarquer. Je pousse un soupir de soulagement. J’ai beau débordé d’optimisme et de positivisme, sur ce coup là, j’en ai peut être un peu trop fait… ou peut être pas. J’aurais attendu juste 15 minutes.

Il s’appelle Rodger. Avec un « d » qu’il tient de son père. Sa mère ne voulait pas, mais son père à insister. Il est originaire de Seattle, mais déménage avec sa soeur en Arizona. La voiture est pleine de choses à déménager. Il a une petite tente, qu’il prévoie installer quelque part. Il est sympa, et me rend un peu un service énorme en me ramenant jusqu’au Pourquoi Pas ?. Du coup, en échange, je lui propose de l’héberger pour la nuit. Ça sera plus confortable et plus simple que la tente. Il accepte. L’idée est simple : sortir du parc, se garer sur le premier parking venu, et dormir.

Je n’avais pas réalisé la distance qui me séparait du van. Il faudra un peu plus d’une heure pour le retrouver. Rodger est sympa, un peu bizarre, mais ça va. Par contre, pas toujours très attentif quand il conduit. Comme il le dit lui même « je suis conduit moins bien quand j’ai quelqu’un avec moi, ça me déconcentre souvent un peu ». Mouais, bon… enfin… on arrivera finalement au van, et je rembarquerais avec grand plaisir dans le Pourquoi Pas ?. Rodger me suit. On sort du parc. Cent mètres après, il y a un parking. On s’arrête. Je fais de la place pour tout le monde. Je grignote deux barres de céréales rapidement, mais la faim est partie…

On discute encore cinq minutes, puis je monte me coucher. Je lis quelques pages de mon guide, à la recherche d’autres randonnées aussi magnifiques que celle ci. J’en ai repéré une qui semble assez tranquille, pour demain. Parce que demain, c’est jour de repos. J’ai bien marché aujourd’hui !

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