La ville de Vancouver est magnifique. Les rues sont belles, propres, les immeubles de toute beauté, et c’est un plaisir de se promener entre les arbres de Stanley Park. Mais je viens juste de comprendre ce qui me perturbe : à date, je n’arrive pas à ressentir Vancouver. Depuis hier, je marche dans les rues, je regarde, j’observe. C’est vraiment superbe… sauf que jusqu’à présent, c’est une beauté uniquement plastique. Il y a des gens un peu partout, mais ils semblent se contenter de se déplacer. Après une après midi à errer sur Ste Catherine ou St Denis, on se sent absorbé par Montréal. En marchant de la place aux herbes à la place Grenette, on peut aussi ressentir Grenoble. Alors… pourquoi est-ce que je ne rsesents rien ici ? C’est vraiment étrange…
Côté sentiment intense, par contre, tête à tête avec des béluags à l’aquarium de Vancouver. Ces gros trucs blancs supers mignons me font toujours le même effet incompréhensible. Ils me laissent… rêveur ? C’était un plaisir de les voir nager et s’amuser. J’ai aussi eut le droit à un spectacle de dauphin. Très fun à voir également, mais pour moi, sans comparaison avec des bélugas.
J’ai également passé une bonne partie de la journée à admirer et photographier les immeubles de Vancouver. Coup de coeur pour l’hôtel Shangri-la qui domine la ville. Son architecture est remarquable. Et pour ce qui est de la hauteur… disons qu’ici, les arbres sont pas mal non plus !
Le Skytrain en photo :
Et en vidéo :
L’aquarium de Vancouver :
Et une autre expérience vidéo :
Fin de journée
J ai beaucoup hésité au moment de planifier mon voyage : louer une voiture tout de suite et garder Vancouver pour la fin, ou encore faire le contraire. Au final, l option un peu de Vancouver au début et un peu à la fin si il reste du temps me paraît la plus appropriée : plus simple pour le couchsurfing, elle me donne aussi un peu de liberté de mouvement si je décide de prendre un peu plus de temps dans les montagnes. En fait, le plus dur est d attendre de partir. J ai hâte de conduire, d’être libre, de créer moi-même mes aventures. Il faut dire que j’attendais beaucoup de Vancouver et que mes attentes ne sont pas totalement satisfaites. Deux jours de ciel gris avec averses de temps en temps et seulement 11 minutes 47 de soleil y sont peut être pour quelque chose. Et puis… après tout, j’arrive directement de Montréal. La barre est haute ! J’imagine qu’après deux semaines en montagne, et surtout si j’ai le droit au soleil cette fois, ma perception sera différente.
Un petit panneau, photographié au passage, qui me plaît particulièrement. J’aime son côté sympathique, chaleureux et accueillant :
J’ai mal aux jambes. Environ 18h de marche sur deux jours, je serais plus raisonnable demain. Je n’ai pas grand chose d’autres à raconter sur Vancouver pour le moment. Ce soir, comme je partais demain, j’ai propose à Rayna d’aller boire un verre. Ca a été l’occasion d une rencontre plutôt brève mais sympas avec un de ses voisins, qui m’a d’ailleurs confirme que Wells Gray était un très bon choix. Dans le même temps, un ami de Rayna m’a informe qu’il n’y avait pas grand chose à faire à Whistler : trop tard pour le ski, trop tôt pour la marche. Ca risque donc de n’être qu’un passage éclair.
Petit bar sympa (le “libra je sais pas quoi” ; libra designant le signe astrologique de la balance) avec musique jazz live. Bruit ambiant très fort par contre : si mon anglais se comporte très bien pour discuter dans une cuisine, il a plus de mal a hurler dans les bars. Note pour plus tard : la Okanagan Spring est peut être une bière de BC, mais elle est vraiment pas bonne. Sur ce… il faut que je dorme pour être en forme demain !
Et puisque c’est la fin de journée, un magnifique coucher de soleil photographié depuis la plage :
Je suis de retour dans le centre ville de Vancouver, un peu avant d’aller récupérer la voiture de location pour partir. Comme j’avais un peu de temps, j’ai décidé de revenir à nouveau à pied. Il s’agit d’une marche d’une quarantaine de minutes, et je me disais que je pourrais peut être trouver un meilleur itinéraire que la première fois. En fait, je pense que ce meilleur itinéraire n’existe pas : Commercial Drive, comme je l’expliquais plus tôt, est orienté nord sud, et il faut aller vers l’ouest pour rejoindre le centre ville. En fait, il semblerait bien que le centre ville est complètement coupé de la partie est de la ville : entre les deux se trouve une sorte de no man’s land industriel, mélange de voies ferrés, d’entrepôts et d’autres surfaces à vocations plus ou moins commerciale. Il n’est donc pas vraiment possible d’évoluer dans cette direction depuis le centre ville. Sensation étrange, en fait, étant habitué à Ste Catherine, St Denis et St Laurent, qui nous amènent sans hésitations à l’autre bout du monde, dans des déambulations des plus agréables le long d’artères commerciales. L’effet semble se reproduire également vers le sud, puisque les deux ponts qui permettent d’y accéder sont (pour avoir essayé) très désagréable à franchir à pied, et amène, là encore, dans des zones pas nécessairement sympas. Tout cela contribue à faire du centre ville une zone entièrement séparée du reste, et accessible uniquement en voiture.
Je parlais également de la beauté des immeubles ; après avoir vu le stade de Vancouver, la bibliothèque centrale, et le Queen Elizabeth Theater, je trouve les structures publiques montréalaises beaucoup plus intéressantes : les détracteurs du stade olympique préféreront sûrement son look d’ovni à l’aspect de coquerelle géante du stade de Vancouver (photos dès que possible). Côté bibliothèque, la tentative de réplique du Colisée de Rome (oui, le résultat est intéressant mais…) n’est pas vraiment de taille à luter avec la BANQ. Et comme j’adore la place des arts… bref , tout cela pour dire que si Vancouver me plait bien, j’aime toujours autant Montréal 😉
Bon… et maintenant, il est temps que j’aille chercher la voiture. Je vais probablement avoir un peu plus de difficulté à trouver des accès internet, donc je vais peut être ralentir un peu ici. J’espère quand même trouver un peu de temps pour ajouter des photos, parce que pour le moment, ça manque beaucoup !
La suite du programme ? Direction Whistler, tel que prévu, puis Kamloop demain.
Encore une magnifique journee qui se termine. Cette fois, en plus, le soleil était de la partie. À peine sortie de Vancouver et tout allait bien. J’ai récupéré la voiture et j’ai quitte le centre ville sans la moindre hésitation. C’est le côté pratique des rues en angle droit : on apprend vite a s y retrouver. Je me sens libre, et ca fait du bien. Une des activités touristiques très courues dans la région de Vancouver est le Capilano Suspended Bridge ; le nom dit tout : un pont suspendu au dessus de la rivière Capilano. Suspendu très haut, car la gorge est très profonde. Une bonne centaine de mètres au moins. Profond pour un homme, pas pour un douglas. Certains, qui poussent au fond de la gorge, ont leur cime bien au dessus du petit village artificielle à l’entrée du pont. Je le traverse en étant très surpris : pas l’ombre de la trace d’un vertige. Pourtant, il y aurait de quoi il me semble… le site offre aussi une balade dans la canopée. Comprendre par là que vous marchez sur des ponts suspendus à 50m du sol, entre des arbres dont la cime est bien loin de vous. Ces arbres me fascinent. Difficile de faire autrement devant de tels géants, qui semblent pourtant si communs ici… l’air est humide, mais d’une mhumidité qui correspond parfaitement à ce genre de forêt. Elle me fait penser a la justification qu’un ami me donnait aux glaçons dans le whisky : la pluie vient exhausser l’odeur qui imprègne ce genre de lieu. L’humus, les feuilles, la tourbe… si la pluie fait cela, un glaçon peut assûrément faire de même a du whisky.
Finalement, je resterais plus fasciné par les arbres et leur odeur que par le pont lui même. En fait, je n avais pas prévu de me rendre a Capilano. Mais le panneau est apparu par hasard sur le bord de l’autoroute et une petite voix m’a dit « pourquoi pas » à l’oreille, montrant une fois de plus pourquoi -à mes yeux- une telle réponse est tellement plus positive qui simple « oui ».
Chief Head Mountain
J ai ensuite repris la route, direction Whistler donc. En chemin, je devais faire une randonnée en montant la Chief Head Montagne, un gros rocher sur le bord de la route. J y arriverais vers 16h. Je prends tout mon temps, m’arrêtant aussi souvent que possible pour admirer et immortaliser les paysages qui s’offrent à moi. Mer et montagnes. From Sea to Sky. Le nom de la route sur la quelle je suis (Sea to Sky Highway) et mon souvenir de l ascension du Mont Brandon en Irlande sont a l origine du nom de ce blog.
Je reste persuadé que cette montagne restera un moment fort de mon voyage. Elle m’a été recommandé par un ami de Rayna, juste avant que je parte : « if you like hiking, you shoud go there. It s a very nice walk. A few hours ». Le panneau en bas indique des passages « very steep » (tres raide) pour marcheurs avertis. Ça ne m’inquiète pas vraiment, même s’ils annoncent un dénivelé de 600m. En fait, mon erreur aura surtout été de ne pas me changer. Les autres marcheurs me prennent surement pour un idiot avec un pull en laine et un manteau de ville long. C’est qu’il faisait froid a Vancouver ! Par contre, quand on monte, ca réchauffe. La ballade est magnifique mais quand même un peu violente pour une première. Et il y a en effet des passages « very steep » où l’on s’aide de chaînes pour monter. C’est fatiguant, mais pas dangereux. D’ailleurs, ca me permet de vérifier une fois de plus que je suis loin d’être téméraire. J’ai mal aux jambes un peu, mais la vision, une fois rendu en haut, est à couper le souffle. Je reste un moment à admirer et à envoyer des pensées positives. On se sent tellement bien rendu au sommet d’une montagne, tellement complet ! Même s’il y a d’autres personnes, il règne une atmosphère de paix, de tranquilité, de sérénité. La descente se fera plus rapidement que la montée, mais les jambes ont quand même un peu mal et tremblent légèrement rendu a la voiture. Mon corps me remercie pour les biscuits et les chips mangés avant de monter, mais réclame autre chose. Je me dirige donc vers Squamish, la ville juste à cote, pour faire mes premières provisions de route dans un « save on food ». Je reprends la route, en me disant qu’il faut bien que j’arrive à quelque part un jour. Même si je n’ai aucune idée sur ce quelque part… après Caroline d’été, Yoav et Leonard Cohen, c est un concerto pour piano de Rachmaninov qui accompagnera le paysage. J’en profite pour voir un premier ours noir sur le bord de la route : ici, ils n’ont pas de vaches pour compter les voitures. Je vois aussi deux chevreuils. Puis un autre ours. Puis deux autres chevreuils.
Whistler
Je n’y comprends rien. Est-ce que c’est juste parce que l’on est vendredi soir ? L’ambiance est complètement folle. Dans un décor style station de ski, des centaines d’ados courent en hurlant dans tout les sens. Moyenne d’âge de 17 ans grand maximum. Ils sautent sur les gens, en essayant de leur faire relever des défis ou en leur posant des questions étranges. A priori, ils cherchent certains types de personnes. Comme je n’étais pas une vache, que je n’étais pas marié et que je n’avais ni bodypiercing ni tatoos, je ne les intéressais pas. Bref… très particulier ! J’avais prévu de ne pas m’éterniser, le village étant foncièrement laid (style station de ski super à la mode, future ville olympique) mais l’ambiance me plaît quand même. C’est un peu ce qui me manquait à Vancouver : de la vie. Même s’il est vrai que tout cela à un côté très artificiel.
La terrasse du Amsterdam Café m’a faite de l’œil, et je m’y suis installé. Il faut quand même préciser que c’est une terrasse chauffée. Parce que sinon, il fait froid à Whistler : ils annoncent +2 pour cette nuit.
Je viens de payer la Guiness la plus chère de ma vie, mais je m’attendais quand même à pire. Et puisque je suis là, peut être que je pourrais aller voir si je peux graver des DVD au Cybercafé. Je suis déjà rendu à 7 Go de photos et de vidéos. Ma dernière carte va bientôt déborder !
À peine 8h20 et pourtant la journée est déjà bien entamée. Je viens de prendre mon premier petit déjeuner depuis que je suis en Colombie Britannique. Il faut dire que j’ai fait les courses hier, mais que j’ai oublié de manger après… et puis philadelphia et nutella (pas ensemble ! ) ça commence bien la journée… après une première balade d’une heure environ.
Le cybercafé de Whistler étant en fait fermé, j’ai décidé de chercher un endroit où garer la voiture pour dormir. C’est plus ou moins à ce moment là que j’ai vu deux personnes traverser la route en courant et lever le pouce. C’est bête à dire, mais c’est exactement le genre d’événement aléatoire que je recherche. Celui qui fait avancer un voyage en se faisant demander « vous allez à Pemberton ? » Bin, après tout, c’est sur ma route. C’était initialement prévu pour demain, mais bon… Il s’agit de deux filles. Apprenant que je venais de Montréal, l’une des deux est passée au français « moi aussi je viens de là ; bin en fait, du Lac St-Jean ». Je reconnais immédiatement l’habitude des expatriés consistant à situer son origine non pas de façon précise, mais de façon connue. C’est donc une chicoutimienne, passionnée de Snowboard, émigrée dans l’ouest depuis 6 ans. On reviendra ensuite en anglais pour que son amie puisse suivre la conversation, ce qui me permet de constater que je peux passer d’une langue à l’autre sans le moindre problème.
Quand on lit certains récits de voyages, ce genre de rencontre fortuite semble tout le temps arriver. Invitation à dormir, début de grandes amitiés… mais ce n’est pas vraiment mon style. Rendu à Pemberton, je me contenterais de leur souhaiter une agréable soirée. J’aurais quand même quelques regrets pour la suite : une voiture n’est définitivement pas un lieu où dormir !
Quelques kilomètres avant Pemberton, la demoiselle dont je ne connais même pas le nom, m’indique une belle promenade à faire vers « Nairn Falls ». Je dis en rigolant que ça commencera bien ma journée. Finalement, je dois bien admettre qu’une heure de marche sous bois avec une magnifique cascade à la clé, c’est un très bon commencement !
9h51 – 1200m, c’est loin d’être les neiges éternelles, certes, mais j’ai quand même les pieds froids ! La route est tout simplement magnifique. Paysages de hautes montagnes enneigées et petite marche sur la neige jusqu’à un lac tout blanc. Que du bonheur !
Pemberton n’est pas encore très élevée. C’est une petite ville, au fond d’une large vallée. Vallée qui va se rétrécir de plus en plus alors que l’on suit la route qui conduit à Lillooet puis à Cache Creek et enfin Kamloops. Après un moment, on commence à sortir de la vallée, en montant. Ma vitesse moyenne est très basse : je passe mon temps à admirer le paysage et à m’arrêter pour prendre des photos. Je suis dans un paysage de haute montagne. Hauts sommets enneigés tout autour, forêts de sapins et belle couche de neige. La rouge, par contre, est magnifique. La stoppeuse de la veille me l’avait présentée comme horriblement étroite avec des falaises. Je m’étais imaginé comme certaines routes françaises où il est impossible de croiser, et où éternuer vous fait tomber dans un ravin sans fond. En l’occurrence, trois voitures pourrait se croiser dans les parties les plus étroites sans risquer de rayer leur carrosserie. Mais en effet, ça tourne et ça monte raide. Très bon entraînement pour les Alpes, assurément. J’en profite, justement. Comme je suis sur une boîte automatique, j’ai à peu prêt aucun contrôle sur le frein moteur. J’ai donc profité des immenses descentes pour pratiquer ma conduite « Kaly Style ». Pour ceux qui ne connaissent pas, la méthode est simple : on ne freine jamais. Sauf, parfois, quand on n’a plus le choix, sauvagement, avant d’attaquer un virage ; et on considère que toutes les voies sont justes pour nous. La méthode est bonne, et je m’amuse comme un fou, profitant du fait que je n’ai pas de passagers à terroriser ou à rendre malade. J’apprivoise la voiture, petit à petit. Elle se comporte à merveille et c’est un bonheur à conduire. Je reste sage et prudent, mais en m’offrant des moments moins raisonnable. Après tout, je suis encore apprenti conducteur, alors je m’amuse comme un fou en pratiquant. Plus on descend, plus la route est belle. Virages de plus en plus larges, de moins en moins nombreux. Le paysage a complètement changé lors d’un changement de vallée : on n’arrive dans une zone complètement désertique. Juste quelques arbres, de temps à autre. Le contraste et saisissant.
Les deux autres auto-stoppeuses que je prendrais sur quelques kilomètres un peu après sont loin d’être aussi sympas, et je m’en débarrasserais à la première occasion à Cache Creek. Comme quoi, ça ne marche pas toujours !
Cache Creek se trouve dans un paysage complètement hallucinant : ville de chercheurs d’or, et d’une certaine façon, ça paraît encore. C’est plutôt petit, pourtant on ressent une atmosphère particulière. Alors que je n’ai fait que passer…
Je tente à nouveau de rejoindre Carly, qui doit m’héberger à Kamloops, mais sans succès une fois de plus. Je laisse donc un message sur le répondeur, avant de m’attaquer à la dernière étape d’environ 80 kms. Je profite d’un camping au milieu du désert où je roule, pour me décider à manger. Il est 15h, j’imagine que je suis sensé avoir faim…
Le camping, c’est une dizaine de caravanes dans un oasis de verdure. Je me demande vraiment ce que les gens peuvent trouver à une place pareille. Il n’y a absolument RIEN. À part une route très rapide, et deux voies ferrées très fréquentées : un train passera sur chacune le temps de prendre mon pique-nique, relativement simple et rapide. Je fais une autre pause sur le bord de l’eau, juste avant Savonar. Écrire cela me fait penser à une autre pause, plus tôt dans la journée, au dessus d’un lac artificiel, juste avant Lillooet. Arrivé en même temps qu’un car de touristes, ça met une ambiance particulière sur l’air de repos… j’ai quand même réussi à profiter du paysage.
L’arrivée sur Kamloops est impressionnante : immense descente, en autoroute trois voies. Cette voiture est traître, et la descente n’aide pas : une toute petite pression sur l’accélérateur le temps d’un dépassement, et on se retrouve à 150. Pourtant, elle offre un confort de conduite qui fait qu’on se sent parfaitement bien. Je note pour plus tard de me surveiller un peu. D’ailleurs, il faudra aussi que je demande à Pontiac de sponsoriser ce blog.
Évidemment, comme c’est mal indiqué et que ça roule vite, je m’offre un petit détour sur le thème « ah, oki, le panneau il voulait dire que je devais prendre la sortie là, bon… » avant de récupérer la bonne route. Me voilà dans le centre-ville. J’en profite pour -enfin- graver mon premier DVD, et j’arrive finalement à rejoindre Carly. Ouf !
Les rencontres couchsurfing se suivent, mais ne se ressemblent jamais. Je sais pas trop pourquoi, j’allais vers celle-ci un peu à reculon. Difficulté à rejoindre Carly, peur d’un plan un peu foireux… Et puis j’avais le goût de nature. J’avais envie de foncer droit vers Well’s Gray Park. Mais bon… j’ai beaucoup roulé déjà ; le soleil plombe. J’ai décidé de tenter ma chance quand même. J’ai finalement réussi à rejoindre Carly, qui m’a dit qu’elle était chez elle et que je pouvais venir. Belle maison en retrait de la rue, sur le bord de l’eau. Je frappe, je sonne… pas de réponse. J’envisage encore un peu un demi-tour, mi-gênée, ni-stupide. Le portail vers l’arrière est ouvert. Je fais le tour. Magnifique terrasse, balancelle sur une petite page privée… Carly est là, avec un ami à elle. Elle s’excuse de ne pas m’avoir entendu. C’est pas vraiment grave en fait. On discute cinq minutes. Elle m’offre un verre d’eau et un bol de salade qui me font le plus grand bien. Coup d’oeil rapide sur une maison magnifique. Des poutres en bois apparents, cuisine ouverte superbe.. Je demanderais [ou pas] l’autorisation de faire quelques photos. Et puis Carly me dit qu’elle doit aller à un marché d’échanges de vêtements avec son ami ; elle me propose de venir, me disant aussi que je peux rester là. Un peu gêné, mais surtout fatigué, je décline l’invitation. J’ai beaucoup roulé, mangé des centaines de kilomètres de paysages hallucinants, et peu dormi. La balancelle sur le bord de l’eau me semble un endroit parfait pour se reposer en attendant son retour. Me voilà avec une maison pour moi tout seul. Ou presque : son père devrait bientôt rentrer. Mais bon, il sait que je suis là !
Carly est revenue. On a discuté tranquillement. Une fois de plus, je constate que malgré un accent terrible (elle confirme) je n’ai plus aucun problème à discuter en anglais. Quelques rares hésitations, mais rien de grave. Comme souvent avec des couchsurfers, l’un des premiers sujets abordés est celui du voyage. De là, la discussion peut évoluer tranquillement. Elle me parle ensuite de ses amis, qui possèdent une ferme bio, et qui font une soirée : le monde mange tous ensemble, discute, et ça finit au coin d’un feu avec de la musique. C’est juste « un peu loin ». Une quarantaine de minutes en voiture. Ça me fait hésiter un peu. J’ai déjà bien roulé, je suis quand même un peu fatigué, et mon anglais sera mis à rude épreuve.
Je me décide finalement, en réalisant que ce n’est pas dans mes habitudes d’hésiter. Je lui réponds donc « why not ? » avec un grand sourire. Après quarante minutes de route, donc, nous entrons dans une maison où se trouvent déjà une quinzaine de personnes. Carly connaît à peu prêt tout le monde, et me récite une litanie de prénom que, fidèle à ma mémoire de poisson rouge, j’oublie immédiatement. Ici, tout le monde connaît les concepts du couchsurfing et du WWOFing (être hébergé sur une exploitation bio en échange d’un coup de main ; quelque chose à explorer). Avoir un voyageur de plus ou de moins ne les surprend donc pas. D’ailleurs, certains sont du Montana ; d’autres de Toronto. Cette maison semble une croisée des chemins : là où tout le monde finit par se retrouver. C’est la même ambiance bon enfant que l’on retrouve dans tout ces lieux ouverts sur le monde. J’essaie d’écouter un peu, de participer, mais ce n’est vraiment pas évident. Comme d’habitude, je préfère observer.
Et puis après un moment, nous sommes quelques uns à nous retrouver dehors, autour d’un énorme feu. Je commence la soirée avec des poïs lumineuses, que je troque très rapidement contre mon appareil photo. Je fais quelques essais, mais ne m’éternise pas. Je le remplace par un djembé. Me voilà enfin en terrain connu. La musique se construit petit à petit. Au plus gros de la soirée, joueront en même temps trois violons, trois bandjos, une guitare, un hukulele, une flûte traversière, un accordéon, une flûte de pan et trois djembés. Ceux qui n’ont pas d’instruments s’improvisent des percussions ou chantent. Communion générale grâce au langage universel. La soirée s’étire. Les gens partent peu à peu, au fur et à mesure que le feu diminue. Nous ne sommes que cinq debout autour du feu quand vient notre tour de partir. Trois heures du matin, je m’allonge sur un matelas beaucoup trop mou, et m’endors immédiatement.
Finalement, je ne dormirais pas dans le parc Well’s Gray. Il est trop tôt dans la saison, me dit on à l’information. La plus part des camps et des sentiers sont fermés. Le camping le plus proche, au North Thompson River Provincial Park, est à 5 kilomètres du centre en direction Kamloops. Ça veut dire 40 kilomètres de l’entrée du parc, si je veux marcher. Je suis plutôt déçu… je reviens vers le camping quand la pluie commence à tomber. Chute de moral. Jamais agréables les successions de malchances juste après de bons moments. J’hésite énormément à faire demi-tour : retour à Kamloops, je pourrais ensuite attaquer ma boucle par le sud et les Kottenays. Ça laisserait une semaine de plus aux parcs plus au nord pour finir de dégeler. Je n’avais pas pensé que ça pourrait encore poser problème à la mi-mai. Mais une personne, rencontré par hasard à un belvédère, m’informe qu’ils ont eut beaucoup de neige cette année. Je suis probablement 7 à 10 jours trop tôt. Ça justifierait de changer le sens de ma boucle, mais Kamloops est à 120 kms, et ça ne me tente pas de multiplier les kilomètres pour le plaisir. Le camping est un « self check-in ». En fait, j’ai l’impression que la majorité des parcs provinciaux en Colombie-Britannique sont de simples campings avec inscription selon la bonne volonté des gens. Ça explique les parcs provinciaux tous les 15 kilomètres (le magnifique camping vu hier était sur le même principe). Cette option me laisse toute la latitude voulue : je peux quand même aller voir les trois cascades principales (attraction majeure du parc), marcher un peu et ne décider seulement en fin de journée : faire demi-tour ou camper.
J’ai découvert à quoi sert le bouton « info » sur le volant. Il affiche différentes statistiques : vitesse et consommation moyenne, consommation instantanée, etc… ce qui me permet d’apprendre que ma consommation moyenne est de 7,9 litres au cent. Ça m’apprendra à faire n’importe quoi. Je réinitialise donc l’information, et je remplace le « Kaly Style » par le « Écono Style » essayant tant que possible de rester au dessous des 7 litres en consommation instantanée. Je pars découvrir Well’s Gray…. et me retrouve plutôt déçu : très beau paysage, mais pas aussi extra-ordinaire que ce que j’avais cru comprendre. Les trois cascades sont vraiment superbes, mais ne se méritent pas : la plus loin demande une marche de cinq minutes. J’avais pensé qu’elles offriraient au moins de belles randonnées d’une demi heure. Mais non. Je peux ajouter deux chevreuils et un ourse brun à ma liste, grâce au passage dans le parc. Rendu presque au fin fond de la partie accessible du parc, je réalise mon niveau d’essence. Le gentil ordinateur de bord m’informe que je n’en ai plus que pour 100 kms. Théoriquement, la station d’essence la plus proche est à 60 kms. J’ai donc un peu de marge. Mais je suis quand même content de mon idée de rouler économique, et l’applique encore plus. Je suis très fier du 6,7 de moyenne affiché en fin de journée. On verra si j’arrive à le garder voir même à le baisser encore ! Et en vous inquiétez pas : je n’ai pas eut à pousser. J’ai aussi pu m’offrir une petite marche d’une grosse heure. Finalement, je ne change pas mes plans. Je vais simplement raccourcir à une seule nuit mon séjour dans la région, avant de continuer vers Jasper. Demain, je vais sans doute retourner faire une longue marche au parc, avant de reprendre la route. On verra bien rendu là !