Rue du Pourquoi Pas



Parce qu’il y a toujours une route qui, quelque part, m’attend.
Carnets de route, photos de voyages, et pensées vagabondes.

Écrit par : Sébastien ChionJune 19th, 2022
  • « Where is home ?» ; c’est une question classique en voyage. Si fréquente ; si souvent rencontrée… si difficile à répondre, parfois… ça n’est pas vraiment « d’où viens-tu ? » ; c’est plutôt « où est ton chez toi ? » ; moi, je le ressens comme « quel est l’endroit que tu peux appeler chez toi ; l’endroit où tu te sens chez toi ». Depuis quelques années, pour moi, la réponse était évidente. Dans ma maison à roulettes, qui m’accompagnait partout où j’allais. Mais à partir du moment où j’ai décidé de la laisser derrière moi pour revenir à Montréal, la question a commencé à se poser à nouveau.

    Je suis revenu une première fois en septembre. Un séjour qui a été écourté pour plusieurs raisons. L’une d’elles était que je n’avais pas retrouvé Montréal. Je ne m’étais pas reconnecté avec cette ville que j’avais tant aimée. Imaginez que l’on vous serve votre plat préféré, mais que vous avez un rhume. Ou bien que vous alliez voir votre artiste préféré.e en concert, mais que vous avez un acouphène. Ou alors que vous êtes devant un paysage magnifique… et qu’il y a du brouillard. Ce sentiment de frustration, de ne pas pouvoir apprécier une expérience à sa juste valeur, c’est ce que j’ai revécu il y a quelques mois en Espagne, alors que la météo m’empêchait de profiter de mes randonnées. Et ça commençait à faire beaucoup… vu que c’est aussi ce que j’avais vécu en septembre à Montréal. Cette ville qui vibre d’habitude d’une énergie si folle ; si inspirante ; si… énergisante… cette ville était endormie, et je n’ai pas réussi à m’y reconnecter. À y puiser l’énergie que j’y trouve d’habitude.

    Si le premier retour en septembre a été un faux départ, ce deuxième retour est une réussite. Totale. J’ai retrouvé Montréal. Ma Montréal. Cette ville que j’aime. Cette ville dont je ne peux m’empêcher de parler avec la voix qui vibre, les yeux qui brillent. Et que je peux appeler « home » si facilement. Commencer avec un concert de Aurora dès le deuxième soir était assurément une bonne idée. Cette artiste qui m’inspire tant. La preuve que les « manic pixie dream girl » peuvent être réelles. Comment parler de Aurora… comment la décrire… est-ce seulement possible ? Elle fait partie de ces humains qui rendent juste le monde tellement meilleur… Par l’Amour qui émane d’elle en permanence. Par son énergie, son sourire, sa musique… elle rayonne. Tout le temps… j’ai vécu son concert comme un rêve. À moitié là, à moitié partie dans mes pensées. À pleurer, bien évidemment, sur « the seed » et sur « running with the wolves » ; il ne pouvait en être autrement… mais quelle merveille que ce moment passé avec elle…

    Il y a eu les rencontres bien sûr ; les nouvelles personnes, et les anciennes. Les retrouvailles. Tant de moments partagés ; la reprise du travail à l’auberge. Le plaisir de reprendre mes marques ici, et de m’y sentir bien. De m’y sentir à ma place. Non plus tiraillé entre deux endroits, mais bel et bien ancré dans le présent. Dans le ici. Dans le maintenant. C’était voulu. C’était planifié. À Montréal, tourne la page… Montréal, Portland… même combat ; deux villes qui m’inspirent et me font rêver… tellement ! En quittant la France, en quittant le Chamion, j’acceptais de laisser le passé derrière moi. Il y avait un renoncement que je n’avais pas envie de faire… mais je n’ai pas eu le choix… J’acceptais aussi d’arrêter de me projeter dans l’avenir. Même si je continue à regarder régulièrement les étoiles. L’Univers. Il sait. Cet avenir me parait toujours possible après tout. Mais l’avenir, c’est plus tard. Moi, je suis revenu ici. Revenu maintenant.

    Plus de randonnées où passé, présent et futur se mélangent. Juste des voyageur.euse.s, qui sont là aujourd’hui, et avec qui j’ai plaisir de parler aujourd’hui. Recréer des contacts éphémères. Les longues discussions d’un soir, et les au-revoir le lendemain. Le plaisir de sourire aux gens, de ne plus avoir de masques entre nous. De pouvoir être sincère, direct. De pouvoir être moi. Sans limite. Sans contrainte. Sans filtre. Depuis trois ans que mes interactions sociales sont au minimum, je me redécouvre. Je parle, j’échange, je partage… je multiplie les raisons/excuses pour rencontrer. Encore. Et encore. Je m’émerveille à nouveau devant cette façon unique de sourire de certain.e.s canadien.e.s. Et encore plus unique au Québec. Et dont on voit des reflets chez certain.e.s voyageureuses. Sans surprise, c’est avec eux que je connecte le plus. Ceux dont les yeux brillent de passion, de rêve, de liberté, d’ouverture à l’autre. D’amour. Et puis j’ai eu mon premier au revoir un peu tiraillant ; je me prépare maintenant pour le deuxième. En me rappelant qu’un au revoir n’est difficile que si ce qui a été partagé avant en valait la peine… que si c’était vrai. Attachez-vous quand vous voyagez. Créez des liens. Vivez les gens que vous croisez ! À fond !

    Et puis il y a eu la reprise des événements. Et des festivals. Un vendredi classique à Montréal : commencer par une démonstration de Taïko (tambour japonais) et une danse de samouraï ; remonter St Laurent, en échangeant quelques paroles avec les gens que l’on croise. Passer l’avenue Mont Royal où la Main devient piétonne, alors que Mural commence ; un festival qui rend hommages aux arts urbains. Où il est possible de voir des artistes peindre des fresques en direct ; pendant que des stands vendent toute sorte de choses sur les trottoirs. Et que de la musique résonne un peu partout. Avant d’arriver au quartier des spectacles, en plein cœur des Francofolies. Je les avais vues en septembre ; en jauge limitée, avec les masques, et les messages rappelant de garder les distances… je les retrouve sans filtre… et ça fait tellement du bien. Vraiment. Beaucoup !

    Le retour des longues balades dans les rues de Montréal aussi. Parfois en solitaire, parfois accompagné. Découvrir de nouveaux endroits, de nouveaux quartiers… et redécouvrir les classiques. Ces quartiers qui me plaisent tant. Verdun, Saint Henri, Petite Bourgogne… le marché Atwater, Westmount… alors que tant de regards sont tournés vers le plateau, j’en reviens encore et toujours vers le sud ouest.

    Perdu au milieu des gens, du travail, des concerts et des balades, il y a aussi eu la recherche d’appartement. Comme en septembre, elle a été longue et ardue. Contrairement à septembre, je savais désormais que les loyers avaient considérablement augmentés ces dernières années. Je savais dans quoi je me lançais. Mais j’ai décidé de garder mes critères. Ce chez nous qui ne serait qu’à moi, mais où je compte bien recevoir beaucoup de visites, je voulais qu’il me convienne. Je voulais pouvoir l’appeler « home » lui aussi. Et j’ai finalement trouvé. J’emménage le premier juillet -autant faire comme tout le monde !

    Et d’ici là, je continue de mettre de l’Amour dans chacun de mes gestes, dans chacun de mes mots. Et petit à petit, je reconnecte avec moi-même. Je me retrouve. Je reprends consistance. Et ça, quand même, il faut bien le reconnaître… ça fait du bien !

    Je t’aime !

    Un commentaire

    1. Commentaire de Patrice GEORGES

      Salut Seb,
      Ça fait plaisir de te retrouver fringant plein de joie. Aller, continue comme ça et passe un bon séjour dans ta deuxième patrie.

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