Rue du Pourquoi Pas



Parce qu’il y a toujours une route qui, quelque part, m’attend.
Carnets de route, photos de voyages, et pensées vagabondes.

Écrit par : Sébastien ChionApril 5th, 2011

La première fois, elle s’appelait Joul, et venait de Mexico. Les suivantes, Marie et Astrid, étaient des Françaises qui passaient une année à New-York. Puis ce fut le tour de Benjamin, de Montpellier. Marilyne, elle, venait simplement de Québec. Quand à Brandon, il arrivait d’Atlanta par le chemin des écoliers.

Ils ont tous un certain nombre de points communs, le principal étant qu’ils étaient tous de parfaits inconnus avant de s’en venir à Montréal pour dormir sur mon canapé. Ou, comme on dit dans le milieu, pour surfer sur mon canapé.

CouchSurfing, c’est un réseau social international, fondé en 2004, dont le but est de mettre en contact des voyageurs et des personnes prêtes à les héberger. Gratuitement ; pour le plaisir. Le principe est aussi simple que cela.

Basé sur le modèle des réseaux sociaux, chaque membre se doit de remplir un profil. Le contenu est, bien évidemment, à la discrétion de chacun, certains préférant être extrêmement brefs, d’autres au contraire n’hésitant pas à entrer dans les détails. L’information essentielle étant « êtes vous disponibles pour héberger ? » Oui, sûrement, peut-être, non, pourquoi pas un café, présentement sur la route.

Vous êtes un voyageur ? Un moteur de recherche vous permet de trouver des CouchSurfers disponibles dans la ville où vous vous rendez. La recherche vous envoie vers des profils dépendants de vos critères ; à vous ensuite de contacter ces personnes pour savoir si elles sont disponibles pour vous héberger.

Et si vous recevez la demande d’une personne désirant surfer sur votre canapé ? Commencez par regarder les dates demandées ; regardez ensuite le profil de la personne. Vous êtes ensuite entièrement libre d’accepter ou de refuser sa demande, CouchSurfing étant entièrement basé sur le volontariat : vous pouvez héberger mais ne jamais voyager, comme vous pouvez être tout le temps hébergé sans jamais héberger vous même. Après tout, il n’est pas toujours possible d’avoir un appartement de la bonne taille, ou bien les disponibilités et l’équipement nécessaires.

Et ainsi, nous allons changer le monde ?
Oui ! L’un des principes de base de CouchSurfing est de faire confiance à de parfaits inconnus. Il y a, bien évidemment, quelques sécurités (principalement basées sur les références laissées par d’autres membres) mais ce n’est pas grand chose. Le reste du travail, c’est votre bon sens qui le fait. Mais, bien au delà de cette confiance, c’est l’échange culturel apporté par la rencontre avec ces gens d’un peu partout dans le monde qui fait définitivement la richesse du système.

En voyage, CouchSurfing vous permet d’être logé « chez l’habitant ». Rien de tel pour s’imprégner de la culture d’un pays, ou d’une région. En Irlande, j’ai ainsi eu la chance de participer à une discussion des plus intéressantes sur les méthodes utilisées par les Anglais pour écraser la culture irlandaise. Passionnant, car je pouvais les comparer avec ce que j’avais appris sur le Québec, pour me rendre compte que les Anglais ont infligé un traitement quasiment identique aux Irlandais et aux Québécois. De la même façon, en Colombie-Britannique, j’ai pu me retrouver sur le bord d’un feu avec une dizaine de musiciens à jouer toute la soirée. On m’a également suggéré quelques lieux ou activités magnifiques, à côté desquels je serais assurément passé sans m’en rendre compte. Après tout, qui est mieux placé pour faire découvrir un endroit que les personnes qui y vivent ? Un guide touristique ne vaudra jamais un « autochtone ».

Et pourtant, si vous demandez à des CouchSurfers s’ils préfèrent héberger ou être hébergés, la grande majorité vous répondra qu’ils préfèrent héberger ; c’est également mon cas. En fait, on se rend très rapidement compte qu’être hôte est un privilège. Car héberger quelqu’un, c’est l’occasion parfaite de faire découvrir votre ville (ou votre région) ; et par là même, de la redécouvrir vous même et de réaliser à quel point vous avez des raisons d’aimer la place où vous habitez. Beaucoup de personnes critiquent le lieu où ils habitent, simplement par habitude, par réflexe, par envie de se plaindre, sans même chercher à véritablement savoir ce qu’il s’y passe vraiment. En montrant à d’autres la région où vous vivez, c’est à vous même que vous la faites voir.

J’aime Montréal. Alors j’ai grand plaisir à la montrer, à aider le monde à la découvrir, à la présenter. Mon plaisir n’est que plus grand encore quand, après quelques jours, j’entends Astrid, Marie ou Brandon s’interroger sur quand ils pourront revenir, la ville leur ayant tellement plu qu’ils en redemandent encore. Comment, dans ce temps là, ne pas être conscient de la chance que l’on a d’habiter une place aussi fantastique ?

Pour être heureux, il faut savoir apprécier ce que l’on a plutôt que de jalouser ce que les autres ont. CouchSurfing permet de faire un grand pas dans cette direction.

Évidemment, rien n’est parfait ; CouchSurfing ne déroge pas à la règle. Son principal défaut ? C’est également sa raison d’être : rencontrer des gens habitant à l’autre bout du globe. Ainsi, à plusieurs reprises, je me suis retrouvé à discuter avec des gens extrêmement passionnants jusqu’aux petites heures avancées de la nuit, en sachant qu’ils repartaient dans quelques heures ou quelques jours. Amitiés temporaires mais intenses, sources de nombreux échanges et de nombreux apprentissages. Une expérience que je renouvelle sans cesse avec grand plaisir !

Sur ce, il faut que j’aille chercher Camille à l’aéroport…

Notes – Pour plus d’infos et pour s’inscrire : http://www.couchsurfing.org

 

Quelques données numériques sur Couchsurfing… (en date du 5 août 2009)

– 1 265 782 membres, dont 249 637 (19,3 %) sont présentement sur la route
– 1 276 575 hébergements réussis et 1 460 158 amitiés crées
– 232 pays- 62 292 villes
– 1 270 langues (l’anglais est la langue la plus parlée, par 1 044 896 CouchSurfers ; le Manchou et le Lojban -respectivement 6 et 8- sont les langues les moins parlées).
– moyenne d’âge : 27 ans
– Montréal, avec ses 14 749 CouchSurfers est la quatrième ville la plus représentée dans le monde. La première en terme de rapport CouchSurfer par habitants.

Publié originellement sur La Feuille Charbinoise.

2 commentaires

  1. Commentaire de Caly

    Réactualisation de tes chiffres : deux ans après leur publication, nous dépasserions les trois millions de CouchSurfers sur la planète, dont une augmentation de un million sur la dernière année. Ce que tu disais est toujours d’actualité !

  2. Commentaire de Marilyne la tête en haut

    Hihihi!! Je suis touchée que tu aies pensé à moi durant la rédaction!! :-P

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