Rue du Pourquoi Pas



Parce qu’il y a toujours une route qui, quelque part, m’attend.
Carnets de route, photos de voyages, et pensées vagabondes.

On parle souvent de l’école de la route. Vous ne rencontrerez sans doute jamais un voyageur qui ne vous dira pas que son (ses) voyage(s) l’a transformé. Qu’il a tant appris et qu’il est désormais une nouvelle personne. Et moi, alors, qu’ai je appris sur la route ?

L’impermanence de toute chose

Sur la route, rien ne dure. Les rencontres sont souvent brèves. Vous ne reverrez sans doute jamais la personne assise à côté de vous dans le bus. Les autres voyageurs, tout comme vous, vont et viennent. Vous partagerez un peu de leur vie. Un peu de leur expérience. Un peu de leur histoire. Puis ils repartiront. J’ai appris à m’attacher aux gens et aux lieux, en sachant qu’ils ne seraient peut être dans ma vie que pour un bref instant. Je m’intéresse de moins en moins à savoir d’où viennent les gens, ni où ils vont. Ce qui m’intéresse, c’est leur présence, ici et maintenant. C’est ce que je peux partager avec eux pendant qu’ils sont près de moi. Car ils sont alors tout mon univers.

La petitesse du monde

Combien de fois l’a-t-on entendu ? « Le monde est donc bin petit ! ». Parce que vous connaissez untel qui connait untel. Parce que vous rencontrez une personne qui a été au même endroit que vous au même moment. Oui, dans ce sens là, le monde est petit. Mais ce n’est pas à cette petitesse là que je fais référence. Quand je dis que le monde est petit, c’est parce qu’il est possible de se rendre absolument partout et que les gens que vous aimez ne sont jamais loin de vous. Il est toujours possible de revoir un ami. De retrouver un parent. De rendre visite à quelqu’un. Traverser un continent pour rendre une visite surprise à une personne que vous n’avez pas vu depuis longtemps est l’une des plus belles choses que l’on puisse faire. Et le monde étant petit, c’est beaucoup plus facile que ce que l’on croit !

Vivre de rien / vivre de peu

Quand on est sur la route pendant longtemps, il vient toujours le moment où il faut se débrouiller avec ce que l’on a. Déjà au quotidien, on fait ce que l’on peut avec le contenu d’un sac à dos. Et puis parfois, on oublie d’anticiper la fermeture des magasins. Ou on se retrouve avec un problème avec sa carte bancaire. Vient aussi le moment où les finances commencent à manquer. Alors on se débrouille. On se rend compte que l’on peut vivre avec pas grand chose. Que l’on peut vivre pendant un moment en ne mangeant que des pâtes au beurre (sans beurre). Vivre de peu est un apprentissage quotidien et permanent. Aussi bien sur la route que lors de la préparation du voyage : moins vous achetez, plus vous économisez, plus vite pour (re)partirez. Un vieil ordinateur, un iPod à l’écran cassé, un pantalon plusieurs fois recousu… au bout d’un moment, même ces objets deviennent des luxes que vous apprendrez à aimer et apprécier !

Aimer les « au revoir »

La plupart des gens, y compris dans le monde du voyage, déteste les « au revoir ». C’est toujours une étape difficile. Toujours une page qui se tourne. Souvent un saut vers l’inconnu. Pourtant, avec le temps, j’ai appris à les aimer. Ils font partis du processus du voyage. On ne peut pas les éviter. On doit vivre avec. Alors j’ai décidé de faire avec. Et je me suis rendu compte que plus un « au revoir » était difficile, plus c’était bon signe. Je voyage pour de nombreuses raisons. Rencontrer des gens est l’une d’elle. L’une des principales. Si je rencontre des gens à qui je n’ai aucun problème à dire « au revoir », c’est que la rencontre ne m’a pas apporté grand chose. C’est que nous n’avions pas grand chose à partager. Pas grand chose à nous apporter. Juste une rencontre parmi tant d’autres, au final… mais si ça fait mal, si ça met les larmes aux yeux, c’est que vous avez partagé quelque chose de très fort. C’est que la personne en face de vous a changé un peu ou beaucoup votre vie. C’est que vous avez créé un lien qui durera par delà le temps et l’espace. Parce que le monde est petit. Et que si vous aimez vraiment une personne, alors vous la reverrez. Donc oui, j’aime les « au revoir ». Surtout ceux qui sont difficiles.

Il y a des gens bien absolument partout

Il ne faut pas voyager longtemps pour s’en rendre compte. Les belles personnes sont partout. Où que vous alliez, il y aura toujours quelqu’un intéressé à vous rencontrer, à discuter avec vous. À savoir qui vous êtes. Et au besoin, à vous aider. Voyager aide énormément à garder foi en l’espèce humaine. Parce que voyager permet d’entrer en contact avec tout ces gens qu’autrement vous ne verriez peut être pas !

Apprendre à recevoir

Ça c’est passé en deux temps. D’abord, il m’a fallu comprendre qu’il était plus facile de donner que de recevoir. Une fois cette constatation faite, il m’a fallu apprendre à recevoir. Parce que oui, des fois accepter la générosité pure des gens, ça n’est pas facile. Que ce soit cette vieille madame à Eugene, en Oregon, qui m’invite à garer mon van devant chez elle et à manger des panecakes avec elle pour le petit déjeuner le lendemain. Ou cette femme qui, assise à l’arrière d’un pick up au Guatémala, nous propose de venir dormir chez elle. J’ai été très souvent confronté à la générosité des gens. Pendant longtemps, j’ai été mal à l’aise devant ses actes spontanés. Parce que je n’avais rien à donner en retour. Jusqu’à ce que je comprenne, justement, que la beauté de ces actes tenait dans leur générosité. Dans le fait que la personne n’attendait rien en retour. Vouloir absolument donner quelque chose en retour peut parfois tâcher la générosité de l’autre, transformant un cadeau spontané en un genre de troc qui met mal à l’aise tout le monde…

Donner sans attente

Le corollaire, ou peut être la conséquence de l’apprentissage précédent. D’avoir été confronté à la générosité des gens m’a encouragé à être encore plus généreux. Et surtout m’a montré la beauté de la générosité spontanée. Donner à quelqu’un, sans raison particulière, sans attente particulière. Juste parce que c’est ce que vous aviez envie de faire. Là, maintenant, tout de suite. Et n’oubliez pas : quand je parle de don, je ne parle pas que de dons matériels. Il y a des choses que nous pouvons donner tout le temps. Sans limite. Et sans compter. Des sourires, des compliments, et de l’amour !

 

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