Rue du Pourquoi Pas



Parce qu’il y a toujours une route qui, quelque part, m’attend.
Carnets de route, photos de voyages, et pensées vagabondes.

Écrit par : Sébastien ChionOctober 17th, 2015
  • L’étape d’après ? Austin. Après une nuit assez courte, nous avons repris la route. Longue étape routière en perspective. Donc on roule. L’ouest de la Louisiane me plait beaucoup, avec son ambiance bayou et marais. On s’arrête pour faire le plein d’essence. Et puis juste à côté, une boutique nous fait de l’oeil, avec sa devanture parlant de boudin. « The boudin shop », ça fait rêver, non ? On rentre. Vieux restaurant dont l’état général fait peur, mais qui déborde de bonne humeur et de gens qui discutent. Odeur de friture qui envahit l’ensemble. Tâche sur le sol. Dommage, on a déjà mangé. Sinon, j’aurai adoré prendre un repas ici. Bienvenu dans le bayou ! Par contre, je vois sur une étagère qu’ils vendent du « Moonshine ». Du quoi ? Me demandez pas d’où je me souviens de ça. Je crois que c’était un film, qui s’appelait « Moonshiner ». Ou quelque chose du genre. Ça se passait dans les marais. Et ça parlait de la distillation du « Moonshine », un alcool de contrebande de la région. Je n’en sais pas plus, si ce n’est que j’ai envie de goûter. Et que je crois que c’était fabriqué uniquement les nuits de pleine lune autrefois…

    On continue. Dans ma tête, il est très clair que je reviendrai explorer plus attentivement le bayou, la Louisiane, le Mississippi et la Nouvelle Orléans. Peut être même que j’en profiterai pour remonter jusqu’au Tennessee. Nashville, c’est quand même chouette ! Bref, je n’en ai toujours pas terminé avec les USA !

    On s’offre une autre petite pause rapide après, pour faire le tour du lac de Lake Charles, et regarder quelques jolies maisons de riches.

    Et puis on arrive au Texas. L’est du Texas, à ce niveau, est aussi ennuyeux que l’est du Texas plus au nord, que j’avais découvert il y a quelques années. Alors on roule, encore et encore. Traversée de Houston (aucun problème à signaler), on continue de rouler, et on arrive à Austin. A priori, la seule grande ville un peu festive et sympa au Texas. En plus, on est samedi soir, c’est parfait. Le GPS nous amène gentiment au centre-ville. On repère facilement la 6e avenue, qui semble être la plus vivante. On met un peu d’argent dans le parc mètre, et on part se balader.

    La 6e avenue, en effet, est assez vivante. Il y a beaucoup de bar, quelques personnes dans les rues, quelques personnes dans les bars… mais ils paraissent tous trop grands, trop vides. Il n’empêche, j’aime bien l’ambiance. Elle me parait plus joyeuse, plus légère, que sur Bourbon Street. Je me sens beaucoup mieux. On déambule tranquillement, tente une exploration des rues voisines. Non, décidément, il faut rester sur la 6e. Pourtant, il n’y a pas vraiment de lieu qui nous inspire. Pas de bar qui nous fait envie.

    On hésite… je suis un peu fatigué. Il est bientôt 22h, si ça ne tenait qu’à moi, j’irai dormir. Mais Laurie a bien envie de prendre un verre quand même, et je me laisse convaincre. On retourne mettre quelques pièces pour rester un peu plus longtemps. Le temps de l’aller-retour à la voiture, et un miracle s’est produit. À 22h, la rue est devenue piétonne. Les voitures ont été chassées, et les piétons envahissent désormais la chaussée, dans une ambiance bonne enfant. On regarde un peu. On décide de faire un deuxième petit tour, pour trouver l’endroit qui nous plait… et on finit par le trouver. Je suis, il faut bien le reconnaître, attiré par la magnifique rangée de bec de tireuses que je peux deviner. Il y a deux musiciens, qui s’apprêtent à jouer ce qui s’annonce comme de la musique plutôt tranquille. On s’installe. On commande des frites qui sont absolument délicieuses et qui nous rendent fou. Et je commande une IPA, brassée à Austin, qui me réconcilie enfin avec les bières locales. Toute la descente de la côte est a été plutôt catastrophique en matière de bière. Mais celle-là… ah, celle-là ! Du coup, après avoir validé avec Laurie que c’est bien elle qui conduit, j’en commande une deuxième. Une IPA double. De Houston. Pareillemement excellente. Boire, ça donne faim. J’enchaîne avec des frites de patates douces à la cannelle et au miel. Je me régale les papilles. Par curiosité, je demande à goûter une troisième bière. Juste un fond, par contre, parce qu’il n’y a plus la place. À ma grande surprise, je suis en train de découvrir que le Texas semble savoir brasser de la très bonne bière. Il va falloir que je me penche sur la question !

    Nous finissons par retourner dans la rue. Celle-ci s’est bien remplie depuis tout à l’heure. Et là, je suis perdu. Perplexe. Mélangé. Incrédule. Tout ça en même temps. J’ai développé avec le temps une très forte empathie pour les foules. Suffisamment forte pour me faire détester certains festivals, ou au contraire adorer d’autres (Burning Man, le Wide Open Space, Le rêve de l’Aborigène…). Je ne supporte généralement pas les foules fortement alcoolisées, comme c’était le cas, la veille à Bourbon Street. Mais là, ce soir, rien ne m’agresse. Je regarde tout ces gens, je les observe. Je me sens comme un rocher au milieu d’une rivière. Ils coulent autour de moi, m’effleurant, certes, mais ne me dérangeant pas du tout. J’ai plaisir à les regarder aller, à les regarder évoluer. Aucun doute, pourtant, quand au taux d’alcoolémie générale. Mais ce soir, dans cette foule, dans ce lieu, ça ne me dérange pas. Alors je reste un long moment, debout, immobile au milieu de la rue, à regarder tout le monde passer. Et j’aime ça. Je serai volontiers resté plus longtemps je crois.

    Austin me laisse assez perplexe, je dois dire. Je crois que la ville me plait. Je crois qu’il faudra que je revienne y passer plus de temps, pour la comprendre un peu mieux. Elle me parait très complexe, et une seule soirée ne m’a pas suffit. Même la nuit sur le parking du Walmart n’a rien eu à voir avec les nuits précédentes.

    Le lendemain, nous sommes retournés en ville. Laurie est partie explorée. J’aurais pu faire de même. Mais j’ai préféré me poser dans un petit café tranquille. Je me suis offert ma pause. Il est important quand on voyage de s’arrêter. De prendre le temps de respirer. De prendre le temps de ne rien faire. J’aurai beaucoup aimé passer une journée à explorer Austin. J’ai eu énormément de plaisir dans mon petit café à boire un chocolat chaud délicieux, à écrire, à discuter avec des gens, à rattraper le retard de mon blog (ça devient récurrent, c’est très désagréable). Bref, une journée à ne rien faire.

    La journée se terminant, nous avons pris la route de Jacob’s Well, notre dernière escale aux USA.

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