Même si je commence à m’habituer à la chose, je pense que, comme tout le monde, j’aurais toujours grand plaisir à pratiquer ce que l’on appelle « les congés payés » ; nous sommes lundi maintenant, nous prenons notre temps pour nous lever et nous préparer, nous prenons ça relaxe, et pendant ce temps, eh bien oui… je suis payé…
Malgré les nombreux insuccès dans notre quête d’expérimentations gastronomiques de la veille, nous avons quand même réussi à nous trouver de quoi faire un petit pique nique. Ce sera à base de pied de vent et de saucisson de la charcuterie « les cochons tout rond », des îles également. Aujourd’hui, direction l’île du Havre Aubert. Il s’agit de l’île la plus au sud.
La dune du Havre aux Basques, c’est la grande étendue de sable qui permet à la route de relier Cap aux Meules et Havre Aubert. Malgré la météo un peu pluvieuse, on prendra 5 minutes pour faire une pause et regarder la plage.
« 14h : balade contée au Lac Solitaire et dans les buttes. Départ du stationnement du Lac Solitaire (chemin du Petits Bois) »
Nous avons trouvé le chemin du petit bois ; nous avons également trouvé le stationnement du Lac Solitaire. Mais de conteurs, aucun. Peut être à cause du temps maussade ? Nous avions prévu de faire la balade avec eux, et de manger notre pique-nique tranquillement, après. Ne trouvant personne, nous avons décidé de faire la balade tout seul malgré tout.
Le chemin des Petits-Bois s’enfonce vers l’intérieur de l’île du Havre-Aubert. Il s’agit probablement de la zone la plus arborée des îles. Il y a même des petites collines. Et la météo nous a ajouté une petite brume mystico-magique par dessus tout ça. Le paysage de cette zone, de cette toute petite zone, était vraiment très beau et, en y repensant, assez singulier par rapport aux autres paysages des îles.
La balade jusqu’au lac solitaire n’est pas très longue, mais est largement justifiée. Tout comme le nom de ce petit lac, isolée au milieu de nul part… nous prenons notre temps pour le découvrir, et pour en faire le tour. Et on en profite pour manger notre pique-nique !
Nous sommes retournés à Havre Aubert. Comme la suite de notre programme était prévue pour 17h, et que nous avions un peu de temps devant nous, nous avons fait un petit détour par le Musée de la mer.
Un petit musée sans trop de prétention, présentant l’histoire des madelinots. Pas de grandes informations révolutionnaires, ou de découvertes troublantes sur les îles. De vieux artefacts, des petites anecdotes… la visite est simple et agréable. À un moment, le responsable du musée nous présente une vidéo sur la géologie des îles. Les principales découvertes viendront de là : la formation des îles. Un enchaînement de phénomènes géologiques, entraînant la création d’une couche de sel. Des effets variées dues à la pression créant des colonnes de sel de trois kilomètres de hauteur, et pouf, voilà les îles de la Madeleine qui affleure avec le niveau de la mer. Les îles sont posées sur des colonnes de trois kilomètres d’épaisseur de sel.
Autant de sel dans un pays où il neige tant l’hiver ? Le rapprochement est très vite fait : on creuse une mine de sel. En bon touriste, nous interrogeons le responsable du musée sur cette mine du sel, et sur sa visitabilité. Et nous voilà entraîné dans un magnifique historique des îles, avec la mine en fil conducteur. Dans un premier temps, c’est du pétrole que l’on cherche. Il semblerait que les conditions géologiques soient adéquates. On fore donc un peu partout. Par chance pour les îles, on ne trouve pas de pétrole. Par contre, on trouve sans arrêt du sel… le gouvernement décide alors d’ouvrir une mine de sel. Mais sous le contrôle de l’état, celle-ci n’arrive jamais à la rentabilité. Elle est finalement revendue à des intérêts américains, qui l’exploitent et la rentabilisent comme seul des intérêts américains savent le faire… la mine produit en moyenne 22000 tonnes de sel par semaine ; et oui, sans le savoir, les îles viennent à nous à chaque année, puisque c’est ce sel qui, par la suite, va recouvrir la grande majorité des routes de l’est du Canada et des États-Unis.
Par la suite, nous parlerons poubelles, ordures, composts et recyclage. Les îles présentent un écosystème extrêmement fragile, mais sont relativement en avance en ce qui concerne le tri des déchets, puisque l’utilisation des trois bacs (poubelle, recyclage, compost) est obligatoire. Des amandes sont même possibles pour les personnes ne faisant pas le tri comme il faut… on apprend également qu’il n’y a plus d’enfouissement sur les îles. Que ce soit pour le recyclage ou les ordures régulières, tout est envoyé sur le continent. Pour ce qui est du recyclage, c’est à Drummond que ça se passe. A 1300 kilomètres des îles… pour la petite anecdote, à notre voyage retour, nous embarquons derrière un camion chargé d’encombrant de métal en tout genre (frigo etc…). Nous recroiserons ce même camion, environ 700 km plus loin, sur une aire d’autoroute… 1300 kilomètres de camion pour se débarrasser de ses déchets, on pourrait peut être se poser quelques questions… enfin…
L’autre information sur laquelle j’accrocherais quand même bien lors de la visite, c’est la partie « naufrage » ; les îles de la Madeleine sont en effets le deuxième cimetière de l’Atlantique (en passant, je ne sais pas qui est le premier). Bref, très régulièrement, des bateaux sont venus s’échouer sur les nombreux bancs de sable et autres cailloux qui affleurent un peu partout sur les îles. Celles-ci ne comportant que peu de forêt, et encore moins de grands arbres, une grande partie des maisons (et paraît il des meubles que l’on y retrouve) sont issus de ces réguliers échouages… il y eut d’ailleurs une époque où les madelinots ont du prouver qu’ils n’étaient pas des échoueurs, et qu’ils ne faisaient pas exprès ! J’ai d’ailleurs acheté une magnifique carte, qui résume assez bien la chose… ça a été un peu long à scanner et à tout remonter, mais elle est suffisamment belle pour le justifier, la voici donc. Chaque nom est celui d’un bateau qui s’est échoué… cliquez dessus pour l’admirer à sa juste dimension.
Nous retournerons ensuite à « l’Abri de la tempête », puisque c’est l’heure de l’apéro. Et, puisque l’on est en plein festival de contes, ce sera bien évidemment un apéro conté. Se succéderont donc Judith Chartier (des îles de la Madeleine), Victor Cova Correa (Venezuela), Toumani Kouyaté (Burkina Faso) et Gaétane Breton (Québec).
Le contexte est propice aux histoires, tout comme l’ambiance. Nous retrouvons une fois de plus le plaisir d’être assis, une bière à la main, pour écouter des contes. La qualité des conteurs est changeantes, mais ce n’est pas plus grave que ça. Et puis après tout, nous sommes sur les îles depuis deux jours, nous les attendions nos histoires !
Nous sommes chanceux pour la bière par contre : la veille, lors de la visite, on nous avait expliqué que l’orge poussait sur les îles, ce qui permettait aux brasseurs de réduire leur coût, mais aussi d’avoir un œil sur la qualité. Et puis en théorie, un orge qui pousse dans un air salin devait être légèrement salin lui aussi, et par conséquent, la bière devrait hérité d’une petite nuance marine également. Lors de la dégustation de la veille, l’Écume nous avait semblé très moyenne. Aujourd’hui, nous buvons une bière bien meilleure, aux arômes plus subtils, et plus raffinés. Mais ça sera la seule fois. Coup de chance d’être tombé sur une cuvée légèrement différente ? Peut être…
Nous rentrons tranquillement à la maison après ça, pour une petite soirée tranquille, qui commencera par des moules au pied de vent, et finira par une partie de scrabble.
Il ne fait pas bon appeler son bateau Victory (j’ai repéré trois naufrages) ou Typhon (deux naufrages)
J’aurais bien lu un conte …. tant pis.
J’ai habité à l’auberge de gros Cap cet été pis le camping, il était full full! :)
Coup de coeur X mille !!!!
Madelinienne * :)
Au temps pour moi ! Je m’en vais de ce pas corriger :)