Si la navette qui nous a récupéré à l’aéroport était appréciable, nous avons regretté dès le retour d’Antigua de ne pas avoir pris l’option chicken bus. Nous n’avons pas envie de nous déconnecter du pays et de le regarder défiler par la fenêtre. Lilou, autant que moi, veut vivre les déplacements. Nous oublierons donc les navettes. À partir de maintenant, nous irons en chicken bus.
Une vingtaine de minutes de marche avec les sacs bien chargés nous a amené à Aldea El Halto, où nous avons récupérer un premier chicken bus. Une vingtaine de minutes plus tard, nous étions à Antigua.
J’avais prévenu Lilou : un trajet en chicken bus, ça ne se planifie pas. Il y a bien quelques bus directs, avec des horaires précis, mais le plus souvent (le plus amusant ?), il s’agit de partir sans vraiment savoir. On sait juste que l’on finira par arriver.
Quand on dit « Panajachel » aux gens, ils commencent par nous dire « demain, 7h30 ». Mais j’explique que l’on ne cherche pas à prendre un bus direct. Que l’on veut juste se rendre. Je finis par apprendre la première destination : Chemaltenango.
Comme d’habitude, le chauffeur a enregistré notre destination finale, et on saute d’un bus à l’autre. Selon un enchaînement que je commence à connaitre. Après Chemal, Los Encuentros. Puis Solola. Et enfin Pana. Sauf que… j’ai traversé Solola à plusieurs reprises, et j’ai envie de m’y arrêter. Nous ne sommes pas pressés. Il y a des bus pour Pana toutes les 15 minutes. L’idée plait à Lilou. Nous faisons donc escale à Solola pour une paire d’heures. On pose nos bagages à la réception d’un hôtel, et on part marcher dans les rues de la ville. Se retrouvant, sans grande surprise, sous le marché couvert. Un licuado, quelques courses (avoir sa propre nourriture à la Iguana pour limiter les dépenses) et la découverte d’une nouvelle ville authentique, sans touriste, et agréable à visiter.
Deux heures plus tard, nous sommes de retour dans un bus. Et peu après, nous embarquons sur une lancha, depuis la jetée de Panajachel. Direction : Santa Cruz et la Iguana Perdida. Una mas vez. Una ultima vez.
Nous ressentons les choses de la même façon. Nous avons la même sensibilité. Je voulais un point de vue extérieur au mien. Sur le lac. Sur la Iguana. Je voulais voir si Lilou allait voir la Iguana avec le même enthousiasme que les dizaines de touristes qui passent au quotidien… ou avec les mêmes réserves que moi. J’ai essayé de lui parler du lac le moins possible. Je ne lui ai rien dit de la Iguana. Je ne voulais pas influencer son opinion…
J’ai choisi de revenir à la Iguana parce que j’avais besoin de dire au revoir aux lieux. Besoin de tourner la page et de passer à autre chose. Mais aussi parce que je trouvais mieux pour Lilou de commencer son séjour au Guatemala dans des conditions un peu confortable. Le temps de s’habituer, de passer la fatigue du trajet, le décalage horaire, et d’apprivoiser les microbes du coin. Chambre privée plutôt que dortoir, nourriture préparée dans des conditions spéciales pour touristes inquiets. Le temps de faire la transition. Plus tard, nous mettrons nos estomacs à rude épreuve (le licuado à 4Q sur le marché était déjà un premier test).
Nous avons passé une première journée très tranquille. Lilou a (justement) été accueillie par l’un de ces virus qui se baladent dans le coin du lac. Elle a passé la journée à se reposer. J’ai passé la journée à m’occuper d’elle. J’ai passé mon séjour à la Iguana à m’occuper des autres, après tout, en l’attendant. N’était ce pas logique que je m’occupe d’elle à son tour ?
Nous avons pris tout cela avec philosophie et tranquillité. Le lendemain, nous faisions la marche tranquille jusqu’à San Marcos, pour que l’estomac de Lilou se remette en place. L’après midi, nous montions à Santa Cruz. Pour un autre licuado, avec la vue magnifique du café Cecap. Puis pour une séance de tissage.
J’avais repéré ces cours de tissage depuis un moment déjà. Ça me faisait envie. Je savais que l’idée plairait à Lilou. Pendant trois heures, donc, nous nous sommes acharnés à essayer de faire un bout de ceinture, sous le regard patient de Tomasa. Nous avons fait une vingtaine de centimètres chacun en trois heures. Le lendemain matin, la ceinture terminée nous attendait. Belle façon de comprendre la valeur du tissage des femmes d’ici !
Nous avons bouclé nos sacs le troisième matin. J’ai dit au revoir pour de bon aux autres volontaires de la Iguana. J’ai dit au revoir aux lieux, et nous sommes partis. Lilou avec la même opinion que moi. La Iguana n’a rien de particulier. Les lieux n’ont pas été construit avec amour. Les propriétaires utilisent simplement l’énergie magnifique des volcans et du lac. Eux mêmes ne proposent rien d’autre que du superficiel, et du service sur mesure pour gringos… j’ai tourné le dos à la Iguana sans regret.
Nous avons profité de quelques heures dans les rues de Panajachel, le temps de boire un chocolat traditionnel, de visiter le marché, et de se promener dans quelques rues, puis nous avons pris le chicken bus (direct !) qui allait nous conduire à Quetzaltenango !