La première fois que j’ai vu le film « Eat, Pray, Love » j’ai été surpris par le choix d’aller en Italie pour la nourriture. Loin de moi l’intention de dénigrer de quelques façons que ce soit la nourriture italienne. Pour ce que j’en connaissais alors, c’était une nourriture de qualité, intéressante, avec beaucoup de bonnes choses et de spécialités qui valaient le détour. Mais ça doit être mon seul côté franchouillard. Pour moi, quand on parle de nourriture, j’ai du mal à ne pas penser à la France en tout premier lieu.
J’en avais longuement discuté avec Hripsimé en Australie, qui m’affirmait que la cuisine italienne était au moins aussi variée que la cuisine française, peut-être même plus. Parce qu’il existe une quantité incalculable de type de pâtes différentes, de sauces, et de pizzas. Pour moi, il ne s’agit pas de recettes différentes, mais d’exploration autour d’un même thème. Nous n’avons pas prolongé la discussion plus en avant, n’arrivant pas à tomber d’accord. Je devais normalement la revoir en septembre ; elle devait m’amener en Ligurie, me faire admirer les paysages, et surtout me convaincre de la qualité de la nourriture italienne. Le voyage n’a finalement pas eu lieu.
Mais voilà… je me suis retrouvé à Rome, pendant quelques jours. Je me suis dit que c’était sans doute l’occasion de tester, au moins un peu, ce que je pouvais de la cuisine italienne. Le tout premier repas que j’ai pris, avec Julianne, a été pris dans un Kebab. Le Kebab était, je dois bien le reconnaître, excellent, mais il y avait quand même un petit côté faux départ.
Heureusement, le lendemain, mes déambulations dans les rues de la vieille ville m’ont amené dans une petite place agréable, où se terminait un marché. Le soleil était invitant, la terrasse des restaurants l’était aussi, et je me suis donc laissé tenté par une pizzeria. J’ai commandé une pizza jambon cru et roquette. Et j’ai attendu.
Après quelques délicieuses bouchées, j’ai découvert que le cuisinier avait ajouté un peu de polenta à la pâte. Sans doute juste avant la cuisson. Ce petit ajout lui donnait un petit côté croustillant, très légèrement sucré. Texture magnifique, fondant en bouche, avec un jambon cru de vraiment bonne qualité. Bref, je me suis régalé. Et j’ai eu envie de prendre mon temps. J’ai eu envie de faire durer ma pizza, de la laisser fondre lentement. De profiter de ses différentes saveurs, de les sentir se mélanger dans ma bouche. J’avais envie de faire durer cette pizza. Il y avait quelque chose dans le tiède soleil hivernale, dans les cris que s’échangeaient les maraichers, dans l’accent lancinant de la serveuse. Tout était là pour m’accompagner, le plus lentement possible. Et soudainement, je n’avais plus aucun problème à comprendre pourquoi le mouvement « slow food » avait pris naissance en Italie.
Il m’a fallut encore quelques jours pour mettre le doigt dessus. À regarder les gens, à regarder les vitrines. Tout comme à Singapour, à Prague, ou à Lyon, la nourriture est omni présente. À Singapour, c’est un passe temps. À Prague, c’est une culture. À Lyon, c’est une tradition. À Rome, c’est une passion. Du moins c’est l’impression qui émane de tout ça. Un cuisiner français va mettre tout son savoir faire, tout son talent, toutes ses compétences, dans ses préparations. Un cuisinier italien, lui, va y mettre son amour.
Évidemment, il s’agit là de généralisation. Je connais des cuisiniers français passionnés. J’ai la chance d’être entouré de gens qui aiment la nourriture ; des personnes qui me font répéter que la gourmandise est une très belle qualité. Mais j’ai l’impression que la France se contente d’être fier de sa cuisine. Elle l’étale, elle en parle, elle s’en vente, mais elle ne la vit pas vraiment. C’est son passé, c’est son histoire, et elle garde cela vivant, mais d’une façon un peu froide, sans passion. Avec juste l’intérêt pour la tradition…
Je n’ai pas eu l’occasion de m’arrêter assez souvent dans des restaurants ici. Mais à chaque fois, j’ai eu ce petit sentiment de plaisir. Cette envie de prendre mon temps, de faire durer le repas, de m’éterniser. De profiter de la douceur du moment. Oui, manger me paraît synonyme de douceur, en Italie. Et ça pourrait bien me donner envie de revenir pour en apprendre un peu plus.
Petit coup de coeur, aussi, pour le concept « Eataly », un mélange de super marché et de centre commercial, où tout est fait pour donner faim, et envie de manger. On y trouve donc des produits en tout genre. La présentation nous laisse imaginer des produits de luxe et de qualité, entièrement d’origine italienne. Je n’ai pas pris mon temps pour tout vérifier. A priori, certains fruits de mer étaient d’importation française. Impossible de dire toutefois quel est le pourcentage d’importation. Il y a duc vin, des alcools, et de la bière d’un peu tout les pays également. Tout cela a l’air vraiment bon, et tout cela donne faim. Et justement, c’est là où le concept marche bien : il y a toute une série de restaurants type snack/self service, chacun avec sa propre thématique : fromage, pâtes, pizza, viande, friture, légumes… là encore, pas moyen de vérifier, mais on a l’impression que tout les ingrédients proviennent du magasin même. Pour compléter l’ensemble, une salle de conférence, un bar à bière (dans lequel avait justement lieu une dégustation) et un bar à vin (dans lequel avait également lieu une dégustation). Comme tout est regroupé sous une seule et même enseigne, y compris le bar à bière, chaque petit restaurant offre le même choix de boisson (y compris 8 bières à la pression). Bref, un magnifique lieu pour encourager au pêché et à la gourmandise, que mon foie (après Munich, Prague, et les derniers jours à Rome) se réjouit quand même de n’avoir découvert que le dernier jour !
I miss you Seeb! =)
Ah quel heureux homme !
ça a l’air pas si mal que ça finalement la bouffe italienne !
Perso, je suis tombé dans une boulimie de “Jambon Speck”
je croyais que c’était Allemand avec un nom pareil, ben non ! c’est italien !