Rue du Pourquoi Pas



Parce qu’il y a toujours une route qui, quelque part, m’attend.
Carnets de route, photos de voyages, et pensées vagabondes.

Écrit par : Sébastien ChionJune 22nd, 2010
  • L’avantage du camping, c’est qu’on se réveille tôt. Le désavantage, c’est que je n’ai pas été prévoyant : dans ma tête, on partait dans le désert… mais en forêt, à 2000m d’altitude, les nuits sont plutôt fraîches ! J’ai donc grelotté pas mal toute la nuit, et j’ai aussi du mal à me réchauffer le lendemain matin. Du coup, on repart le feu, histoire de prendre un peu de chaleur. Fannie, plus prévoyante, a très bien dormi.

    La veille, on avait pas mal hésité sur les options qui s’offraient à nous : laisser la tente ici, et y revenir après la randonnée, ou bien continuer la route. Finalement, on prend l’option où on démonte la tente. De toutes façons, on peut s’installer en moins de 5 minutes, donc autant se laisser le plus d’options possible. Quand on monte finalement dans la voiture, celle-ci annonce 45°. Sauf qu’ici, on est en Fahrenheit. Donc à peine plus de 7°C. Je comprends pas mal mieux que j’ai froid. C’est amusant… 45 devrait également être notre température maximale, mais en Celsius.

    Le parc de Yosemite est relativement grand ; mais la partie vraiment connu, c’est la Yosemite Valley. Ce sont les cascades géantes, les falaises à n’en plus finir. Bref, paysage grandiose. Mais bien caché. On roule une vingtaine de minutes avant de commencer à descendre dans la vallée, une vingtaine de minutes de plus pour arriver à notre point de départ. La vallée est entièrement aménagée, mais c’est très bien fait. On longe des campings gigantesques, sans vraiment les voir, et la route fait une boucle en sens unique pour qu’on puisse mieux profiter et prendre notre temps.

    [La magnifique falaise que l’on peut voir sur la photo avec la voiture, c’est El Capitan ; l’une des falaises les plus célèbres dans le monde de l’escalade. Difficile de s’en rendre compte, mais oui, elle fait bien 1000 mètres de haut ! ]

    On se prépare pour faire 22 kilomètres, avec 1450 mètres de dénivelé, pour finir à presque 2700 mètres d’altitude. On est tout les deux en pleine forme (heureusement) mais on sait qu’il nous faudra être raisonnable ! Le Half Dome, c’est la balade la plus populaire de Yosemite, entre autre à cause de la « Cable Route » finale. Sauf que la plus part des gens le font en deux trois jours, avec camping à mi-chemin. Nous, on fait dans le tourisme pressé, dynamique, et en forme. Et puis surtout, on doit assumer un camping plein, une fois de plus.

    La balade commence assez raide, et continue de même pendant un bon moment. Les deux premières heures nous font monter à grande vitesse au dessus de la vallée. Le chemin est parfaitement entretenu. Il est même goudronné au début, ce qui est loin d’être agréable, vu que ça monte beaucoup. Et puis on s’éloigne tranquillement pas vite. On monte. Le paysage change. On voit le Half Dome. « C’est pas ça, c’est trop haut » « hum… si c’est bien ça ». Il est impressionnant ce gros bloc de granite ! La vue sur la vallée est sans pareille !

    Nevada Falls :

    Vu d’en haut, il est difficile d’en apprécier pleinement la splendeur. Difficile également de voir le contrebas avec la vallée. La cascade fait 181 mètres de haut.

    Et la Merced River :

    Après la cascade, on suit le court de la rivière pendant un petit moment ; d’un commun accord, ce sera la portion que nous aimons le moins : on marche dans du sable, ce n’est pas confortable, et on n’avance pas très vite. Un peu après, par contre, on s’éloigne de la rivière, et on recommence à monter. Nous attaquerons donc le Half Dome par la face cachée… on a beau continué à monter, il semble toujours loin au dessus de nous, laissons prévoir une dernière ascension vraiment raide. Certes, on s’y attend, mais quand même…

    Il nous reste une dernière formalité avant d’être au pied du Half Dome et de la Cable Route. Une première belle grimpette, sur une parois déjà assez raide. La première photo aide un peu à se rendre compte.

    Le suspens a finalement assez duré. Nous voilà au pied du Half Dome, et de la Cable Route, qui le rend si célèbre. C’est quoi exactement cette histoire de Cable Route ? C’est très simple : deux câbles servent de rambardes pour aider le monde à monter ce qui serait sinon beaucoup trop raide et trop dangereux. Régulièrement, des traverses en bois horizontales permettent de se reposer les pieds. On monte à droite, on descend à gauche. Sauf que quand on arrive, c’est tout simplement bondé. On savait la promenade populaire, mais pas à ce point ! Faire la file d’attente pour finaliser une randonnée, c’est une première, autant pour Fannie que pour moi. On hésite. On s’installe dans la file, on verra bien combien de temps ça prendra. On ne veut pas redescendre trop tard, parce qu’à priori, on voudrait dormir à Mono Lake ce soir, ce qui voudrait dire un bon deux trois heures de route, à faire de jour préférablement. On attend un peu. Ça n’avance pas. On prend le temps de manger une des deux salades que l’on avait préparé. Ça monte pas vite du tout. Il y a quatre types de personnes : les touristes, comme nous, qui ne savaient pas vraiment à quoi s’attendre. Les touristes avertis, qui eux ont emmené des gants avec eux. Et les touristes très avertis, ou à tendance inquiet, qui en plus ont une longe, ou une double longe, pour monter/descendre en toute sécurité. Et enfin, il y a les abrutis, qui montent ou descendent en dehors des câbles, sans se poser de question. Je suis impressionné que dans un pays si restrictif et contraignant, où les lois prévoient absolument tout ( « ne pas mettre d’animal vivant dans votre four à micro-onde » ) il n’y ait pas la moindre mise en garde, pas le moindre signe. Une personne qui glisse, elle se retrouve au minimum 300 mètres plus bas… bref… tout cela me stresse un peu. J’ai découvert en Colombie Britannique que je n’avais plus le vertige, mais j’ai l’impression que je vais être mis à rude épreuve.

    On commence à se tanner d’attendre. En fait, on décide même de faire demi tour. On a déjà fait une randonnée magnifique, admirant des paysages de toute beauté. On remballe la salade, et on s’apprête à partir. La petite famille qui est juste après nous, et avec qui on a échangé quelques mots, insiste pour qu’on reste. Ça vaut vraiment la peine d’attendre, quitte à perdre une heure ou deux. En plus, la descente du retour se fait vraiment très vite. On se laisse finalement convaincre, et on se remet dans la file. On découvre alors que les gens qui descendent donnent leurs gants aux gens qui montent et qui n’en ont pas. Concept sympa ! On se détruira pas les mains sur le câble.

    Et puis finalement, c’est notre tour. On commence à monter. Et en effet, ça monte assez raide. Sauf que ça revient à « je monte deux mètres, j’attends 5 minutes ». Donc même si c’est un peu dur pour les jambes et les bras, on se repose sans arrêt. Par contre, pour moi la difficulté est au niveau psychologique. Les gens qui descendent font que bousculer les gens qui montent ; tout le monde prend de la place, se pousse, je commence à me sentir vraiment pas à l’aise. L’altitude joue un peu aussi. Ça fait un moment déjà qu’on a constaté avec Fannie qu’on a plus de mal à respirer. Bref… je me sens pas très bien. Je pourrais continuer, mais j’ai peur que ça aille en s’aggravant ; je n’ai pas vraiment envie de tester mes limites, ni de découvrir ce qui m’arriverait si je fais une crise de panique. J’hésite encore un peu, mais je préfère finalement faire demi tour. J’explique le problème à Fannie, et je redescends, faire une sieste au soleil sur un rocher. Pendant ce temps, le monde continue à faire n’importe quoi dans tout les sens. Moi je somnole, je fais quelques photos, et j’attends que Fannie redescende.

    En regardant à droite, en regardant à gauche, et en regardant en arrière.

    Fannie reviendra évidemment ravie. Moi j’hésiterais entre frustration et déception. J’aurais quand même aimé aller jeter un oeil là haut. D’autant plus que je sais que s’il y avait eut moins de monde, et surtout moins de personnes en train de faire n’importe quoi, j’aurais pu monter sans problème. Enfin, je me dis que ce n’est que partie remise, que je me vengerais, et que je reviendrais ! [le moi du futur confirme !

    La première partie de la descente se fait toute seule. On avance bien, on retrouve petit à petit de l’oxygène, tout se passe bien. Rendu à Nevada Falls, la balade fait une boucle. On quitte donc notre itinéraire initiale, pour descendre par un autre chemin, qui commence par descendre le long de la cascade.

    Je l’ai déjà dis plus tôt : Yosmite, c’est le paradis des cascades… après Nevada Falls, qui avait quand même un certains charme, voilà que l’on tombe sur Vernal Falls… celle-ci me subjugue complètement. Cascade parfaite, tirée au cordeau, je la trouve magnifique. Là encore, on la découvre par en haut, avant de suivre un petit sentier qui descend tranquillement le long de la falaise. Comme je l’expliquerais à Fannie par la suite, j’ai le sentiment d’être au Pérou, le long du chemin des Incas, à suivre un petit sentier incertains, glissant à cause de l’humidité.

    On est finalement de retour à la voiture ; il est 18h légèrement passée. On a donc fait la balade complète en une dizaine d’heures. Sachant qu’on a attendu une heure au Half Dome, on s’est quand même bien débrouillé ! On repartira tranquillement vers la sortie du parc et Mono Lake. Le guide dit qu’un levé de soleil sur Mono Lake est une expérience à vivre. Notre objectif est donc de monter la tente sur le bord du lac. Par contre, on n’est pas sûr du tout d’être en état de se lever en même temps que le soleil. On verra bien.

    Il nous reste encore pas mal de route à faire. Après seulement dix minutes, on repère au loin une douzaine de voitures, garées dans tout les sens sur le bord de la route. Ça, je reconnais ! J’ai eut la même chose en Colombie Britannique. La raison est évidente :

    Finalement, la route prendra plus de temps que prévu, et on finira les derniers kilomètres de nuit. Un peu dommage donc… comme je m’y attendais, on passe d’un seul coup d’un climat chaud et humide avec des grands arbres (et même des magnifiques bancs de neige, la route montant jusqu’à 3000 mètres d’altitude) à un climat chaud et très sec. Comme c’est souvent (toujours ? ) le cas en montagne, le changement se fait au passage d’un col. Il fait déjà quasiment nuit, mais on devine le lac dans le lointain, et on voit les arbres disparaître soudainement.

    On commence à avoir faim au moment d’attaquer la dernière descente, et on n’a pas envie de se compliquer la vie en préparant la bouffe que l’on a avec nous. Par chance, un magnifique panneau « restaurant » fait son apparition sur le bord de la route. On se gare, et on rentre. Les employés sont en train de fermer la place, il semblerait que l’on arrive trop tard. Le patron est pourtant très sympa ; il nous dit qu’il peut nous faire une pizza avec ce qui n’a pas été rangé. Grosse pizza pour 12 $, ça nous convient parfaitement. On discute un peu avec lui. Il revient un peu plus tard, nous disant qu’une autre personne à faim ; il propose de nous enlever deux pointes à notre pizza, et de nous rembourser 5$ et une bière gratuite. Le deal est intéressant, on accepte. De toutes façons, vu la taille de la pizza, on ne la fini même pas. On emportera le reste dans la voiture, après avoir remercier le patron. On roule encore un peu. Une petite route qui se dirige vers le lac et le centre d’information. Une route encore plus petite quitte la route. Petite zone dégagée. On s’installe. La tente est montée en 5 minutes. On ronfle en 10.

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