Rue du Pourquoi Pas



Parce qu’il y a toujours une route qui, quelque part, m’attend.
Carnets de route, photos de voyages, et pensées vagabondes.

Écrit par : Sébastien ChionFebruary 1st, 2020
  • Il faudrait quand même que je vous explique pourquoi, alors que je voulais juste faire une escale imprévue pour aller voir un village qui paraissait joli, je me suis retrouvé à faire 6h de randonnée ; une bonne quinzaine de kilomètres, avec 400 mètres de dénivelé…

    Alors donc, je quittai Barcelone, un peu grognon, sous un ciel gris, en grommelant et sans rien à grignoter. Enfin si, j’ai toujours plein de trucs à grignoter dans la maison. Mais après les répétitions de la chronique précédente, il fallait que je relève le niveau à coup d’allitérations !

    Je roulais donc vers le sud. Toujours cette même idée : si je continue à longer la côte, je finirai bien par arriver à Valencia !

    D’après la carte, je devais prendre à plusieurs reprises des routes « liseré vert ». Des jolies routes qui sont belles donc (parcours pittoresque). Et c’est vrai qu’un peu après avoir quitté Barcelone, ça a été le cas. Routes tortueuses et sinueuses, surplombant la mer. Mais par la suite, parcours pittoresque ou non, la route ne présentera que peu d’intérêt, ayant plus tendance à traverser des villes touristiques côtières qu’à vraiment offrir un quelconque paysage.

    Sur un coup d’inspiration ni très réfléchis, ni très justifié, je décide de m’arrêter à Torredembarra pour me balader un peu et me délier les jambes. Les nuages sont partis, et il y a un grand soleil. Et moi, j’ai bien choisi mon escale aléatoire. Le village est plutôt joli et agréable à visiter.

    Et j’ai repris la route. J’ai traversé Tarragona sans m’y arrêter. J’avais déjà eu l’occasion de visiter la ville. Je m’y étais plu, mais pas au point de vouloir faire escale à nouveau. Il n’empêche, revoir le théâtre romain, par la fenêtre du Chamion, avec la mer en arrière plan, c’est classe !

    Un peu après Tarragona, j’ai décidé de tenter ma chance à Salou. La journée était encore jeune mais, fatigué, j’avais envie de m’arrêter tôt. D’après Park4night, il y avait peut-être une chance au parking du phare. Sauf que ce parking, je ne l’ai jamais trouvé. Et comme les rues étaient bien tortueuses, avec des montées et des descentes bien raides (que le Chamion a montées et descendues sans problèmes) j’ai pas insisté.

    Et à partir de là, j’ai galéré comme pas possible pour sortir d’une zone d’un sans intérêt assez impressionnant ! Succession de petits ronds-points (je me serais cru en France !), mauvaises indications, l’impression de passer son temps à tourner en rond… dans des rues qui ne sont que des successions de résidences secondaires ou locatives sans âme et sans personnalité et sans personne… bref, le comble de la vacuité. Et ce magnifique trou noir a pris un bon moment avant de me relâcher ! Et je me suis retrouvé à Cambrils.

    Je me suis dit que j’allais tenter ma chance ici. Trouver un spot sympa pour garer la maison, faire quelques courses, me promener un peu… sauf que tout ce que la ville avait à m’offrir, c’était un parking horrible, près d’un chantier, et sans personnalité. Quitte à dormir dans un village aux trois quart morts, j’aimerai au moins pouvoir profiter d’une vue sympa et d’un endroit agréable pour aller me balader… sauf que non, ça n’était pas au programme. Et là, nouvelle prise de tête pour ressortir de la ville. Panneaux de direction en mode minimaliste : on en met, mais pas tout le temps. Donc des fois on sait où on va, et après pouf, on vous met plus de panneau, débrouillez-vous, jusqu’à retrouver un panneau qui vous renvoie dans une autre direction…

    Finalement, à force de me battre, de me débattre, et de regarder sur un plan, j’ai  réussi à trouver la sortie. Mais je suis persuadé qu’il y a des Escape Game plus faciles à résoudre !

    Je me suis offert une pause dans le village d’après. Non pas pour me promener, mais pour faire la lessive. Parce que c’est bien, des fois, le linge propre. Et les laveries sur le bord de la route, ça permet de faire la lessive tout en étant chez soit. Pratique !

    Puisqu’il semblerait que c’était la journée galères -il en faut, parfois, en voyage, c’est important !- j’ai donc attendu mon linge, avant de le mettre à sécher (pas vraiment l’espace dans la maison pour ça…). Après 40 minutes de sécheuse (annoncées 45) tout était encore humide… après un deuxième 40 minutes de sécheuse, j’avais quelques articles secs… hors de question de donner plus d’argent à la machine et de rester plus longtemps ici. Au moins, ma pause m’avait servi à une chose : repérer mon prochain endroit pour passer la nuit (en théorie).

    J’ai donc roulé une quinzaine de kilomètres supplémentaires, jusqu’à Miami Platja (oui oui, Miami Beach si vous préférez). Là, j’ai tourné à gauche après le parking du super marché, j’ai suivi deux trois rues résidentielles dans tous les sens, et je suis arrivé sur un mini parking, désert, donnant sur une petite allée, donnant sur la plage. Voilà ! Un endroit mort, sans personne, mais au moins qu’il est joli à voir !

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    Je suis allé dire bonjour à la mer, et je me suis posé dans la maison pour la fin de journée et pour la nuit. Une nuit longue, sans bruit, bien reposante et qui fait du bien.

    J’aimais bien l’endroit. Pas forcément exceptionnel, mais quand même plutôt agréable. Et puis il fallait que je me remette de ma journée de la veille. Donc programme du jour : rien.

    En plus, non, c’est pas vrai ! J’ai travaillé :

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    On dirait pas, comme ça, mais je suis bien en plein travail. Et c’est vrai que bosser, la porte ouverte, bien au chaud, avec la vue sur les palmiers et sur la mer, quand même… la journée de la veille était déjà oubliée. Plusieurs personnes se sont arrêtées, profitant de la porte ouverte pour échanger quelques mots. Un espagnol m’a demandé ce qu’il en était du contrôle technique en France, vu l’âge de mon véhicule, avant de m’apprendre qu’en Espagne, un véhicule de plus de 10 ans, c’est contrôle technique obligatoire tous les 6 mois. Voilà voilà…

    J’ai aussi une la visite d’une femme argentine. Qui m’a demandé de où je venais en France, avant de me dire « moi j’ai enseigné l’Espagnol dans un lycée à Laval, je sais pas si vous connaissez ». Les chances de rencontrer au fin fond de la catalogne une argentine qui a enseigné dans la ville de Gaëlle me paraissent… peu élevées ! (bon, c’était pas dans son lycée, c’est grand Laval, ils ont même plusieurs lycées, si si !).

    Et donc la journée est passée tranquillement. Le soir, je me suis quand même offert une petite balade, histoire de sortir un peu de chez moi… mais en réalité, quand il fait soleil, que les rideaux sont ouverts, que la porte est ouverte, j’ai pas vraiment l’impression d’être à l’intérieur de toutes façons. Mais bon, la petite balade sur le bord de l’eau m’a fait du bien !

    Je retourne à la maison, avec une idée assez évidente en tête. Je confirme celle-ci en consultant les cartes routières, reliefs et météos. Ça va bientôt finir par ressembler à un tirage de tarologie mon histoire ! Bref, la conclusion s’impose ; ça me travaillait depuis quelques temps maintenant, la météo est favorable : demain, je quitte la côte. Ah, mais ! Puisque les campings-cars sont bien souvent malvenus, puisque les lieux sont bien souvent moribonds, puisqu’au final je commence à avoir fait pas mal de bord de mer… et que j’ai des montagnes, juste là, tout pas loin, il est temps de tourner… à droite !

    Et le lendemain, donc, je repars tout fier et heureux de ma décision qui me parait oh combien intelligente : puisque je préfère la montagne à la mer, je m’en vais à la montagne !

    Et là, c’est magique. Après un plein d’essence rapide (à 1,08 euro le litre, ça serait dommage de se priver !) j’attaque la route qui monte. Je ne suis pas sur un itinéraire pittoresque. Non, c’est une route normale. Que le Chamion grignote kilomètre après kilomètre, la plupart du temps en troisième à 25 km/h ; parfois en seconde à 18. Il y a un peu de trafic, mais suffisamment d’occasions pour me doubler vu comment je suis lent. Et donc, sur cette route non pittoresque, je m’émerveille ! Les prévisions météos n’étaient pas très bonnes pour l’intérieur des terres, mais les choses se sont arrangées, et je profite donc d’un ciel bleu magnifique (et mes panneaux sont aux anges !).

    Et puis au détour d’un virage, je vois un petit village sur une colline. Et je le trouve joli. Alors je me dis « et si j’allais voir ce joli village, sur sa colline » ?

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    Bin oui, il a l’air joli ce petit village de Tivissa. Je pourrai m’y arrêter, et aller faire un petit tour. Une petite balade… genre… une demi heure ?

    Et puis la vue depuis la place de l’église est très chouette aussi !

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    C’est à peu près à partir de là que ça a dégénéré. Parce qu’en s’éloignant un peu du village, on confirme que les environs sont magnifiques.

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    Et surtout, on commence à soupçonner des trucs. Là-bas, derrière cette arrête rocheuse, je suis sûr qu’il y a un chemin qui passe. En plus, j’ai entraperçu quelque part dans le village un panneau annonçant un ermitage. Peut-être qu’on peut le voir, peut-être qu’il y a un truc sympa un peu plus loin sur le chemin ? Et le chemin avance, tranquillement… il monte, en prenant son temps.

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    On s’approche des montagnes…

    Et là, paf ! Je tombe dans un paysage magique. D’autant plus magique… que j’ai besoin d’un lieu, pour un livre que j’écris en ce moment (hein ? quoi ? comment ? tu écris des livres ? eh bien oui !) et que cet endroit correspond assez bien à ce que je cherchais…

    Ces bassins entre les montagnes, ce ruisseau qui coule, cet endroit accessible uniquement par un seul chemin depuis la vallée… cette ambiance unique et particulière… déconnecté du reste du monde… Ça me plait !

    Curieux, je continue un peu le chemin. J’ai entraperçu une croix, un peu plus haut sur la montagne et je me demande si on peut la rejoindre. Les croix, en général, c’est pas mal pour avoir des beaux points de vue sur la plaine. Et j’en profite pour arriver à l’ermitage de Sant Blai. Il devait être plutôt bien l’ermite ici !

    Et je rejoins donc la croix. Et donc, sans trop de surprises…

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    Un observateur attentif aura repéré, pas loin du bord de la falaise en face, un très joli chemin inspirant. Mais je repère autre chose qui m’intrigue dans le lointain. Je sors donc le téléobjectif, me demandant si je vois un château ou une formation naturelle.

    Pratique le télé, qui me confirme que ce sont bien des rochers. J’en profite aussi pour attraper une carte postale du village.

    J’hésite un peu. Vue la configuration des lieux, je pense que si je continue sur le chemin sur lequel je suis actuellement, je pourrai peut être rejoindre le petit val en face, et me rapprocher de cette jolie formation naturelle. Avec un peu de chance, en continuant, ça fait une boucle, et ça permet de rejoindre le chemin sur le bord de la falaise. Alors… allons voir !

    Je n’ai pas de carte. J’avance donc plutôt d’instinct en fonction des panneaux que je vois parfois. Il n’y a pas grand chose d’indiqué de toutes façons. J’arrive au Col de Vental. Puis un peu après au Col de Monegret. La route continue. Et là, j’ai deux options : la suivre, et probablement rejoindre une antenne relais un peu plus haut qui m’offrira sans doute une jolie vue sur la vallée, ou suivre se panneau qui dit juste « la tossa » et qui s’enfonce sous les arbres, vers une direction inconnue.

    J’opte pour la direction inconnue. Très vite, je me rends compte que ça monte. Et que ça monte encore. Et que ça continue à monter. Le chemin est bien agréable, mais grimpe encore et toujours plus. La conclusion finit par s’imposer : ce joli sommet que je voyais depuis la croix à l’ermitage ; ce sommet qui dominait largement l’antenne relais… je pense que lui et moi, on va bientôt faire connaissance… et bien évidemment, plus on grimpe, plus on voit loin. Les Pyrénées et leurs sommets enneigés en profite pour passer dire bonjour.

    Je repère Mora, la ville qui, je pensai, serai ma première escale du jour… et l’Ebre, le fleuve qui coule à ses côtés. Et la suite de mon itinéraire. Celui que j’avais prévu, et celui que je suis en train de créer dans ma tête en observant le paysage…

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    Et finalement, après un dernier petit raidillon, le sommet est là. J’apprendrai une fois de retour en bas que je suis à 718 mètres. Plutôt pas mal pour une journée commencée sur le bord de la page.

    N’empêche… il est quand même bien photogénique ce village, non ?

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    Et les Pyrénées, on en parle des Pyrénées ?

    Je reste encore un moment à admirer le panorama… et aussi à réfléchir à la suite. Parce que bon, à un moment il faudra que j’envisage de redescende. Je suis parti à midi pour ma petite balade d’une demi heure, il est rendu 16h. J’ai encore deux heures de soleil devant moi, et encore une bonne de mi heure de clarté après ça. Je suis large. Mais quand même… je fais demi-tour, ou je tente une boucle ?

    J’observe le paysage environnant. Les sentiers que je devine. L’idée serait de descendre rejoindre le chemin/route ; celui qui monte à l’antenne relais. Comme ça je pourrais redescendre sur l’ermitage en suivant le chemin que j’ai repéré le long de la falaise. Le programme me parait pas mal. J’ai du temps de rab, et côté énergie j’en ai encore pas mal. Je peux donc tenter de continuer, quitte à faire demi tour si je me rends compte que je dois aller trop loin. Ou que ça passe pas. Je descends donc, en gardant les yeux bien ouverts. Et finalement, je le trouve le petit chemin qui descend. Grâce à un cairn magique que je ne repère pas au premier coup d’oeil.

    J’ai finalement rejoint la route ! Tout va bien. Peu après, je vois un début de sentier très prometteur. Qui semble descendre dans une combe, et qui pourrait bien me permettre de faire une boucle. Si ça passe par là, je suis au village dans une demi heure ! Il y a, au début du chemin, un panneau qui annonce une via ferrata. Je pourrai en profiter pour regarder si jamais ça peut être faisable demain ? Ça pourrait être chouette. Et j’attaque donc la descente. Assez raide, quand même. Je me dis que je suis content d’avoir fait la boucle dans ce sens là. La descente est beaucoup plus raide, j’aimerai pas avoir à remonter ça !

    Ahem… bon…

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    Oui, c’est bien ça… je suis donc bien descendu jusqu’à la via ferrata. À partir de là, pour continuer c’est sport. Et sans matériel d’escalade, sans rien pour m’assurer et sans savoir ce qu’il y a après, si ça se trouve c’est encore pire que cette petite échelle qui descend juste sur quelques mètres… il est hors de question que je descende par là. Sauf que si je ne veux pas descendre, je n’ai pas d’autres choix… et donc, je remonte.

    De retour à la route, les jambes bien lourdes. Mon estomac commence à me rappeler que le petit déjeuner il était y a longtemps. Je prends note. Je serai sage pour la suite. Je vais suivre la route, tout simplement. Et sagement.

    Peu après, j’arrive à un embranchement. La route continue vers la gauche. Un chemin en pierres continue vers la droite. Direction, selon moi, de la falaise, de son drapeau catalan (tout en haut de la même falaise) et de son chemin (qui descend cette toujours même falaise). Et là, oh joie ! oh bonheur ! Je trouve un panneau, avec une carte. Enfin… ça fait juste cinq heures que je marche, et j’avais rencontré aucune carte jusqu’à présent… il était temps, à la fin de la balade. Bref, la carte me permet de voir qu’il y a là un chemin qui descend tout droit jusqu’au village. Pas besoin de retourner jusqu’à l’ermitage. C’est parfait.

    Petit détour par le drapeau catalan quand même. Pour jouer à « où est chamion » ?

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    Vous trouvez pas ? Un peu d’aide ?

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    Toujours pas ! Décidément ! Une chance que j’ai toujours mon télé avec moi !

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    Bonne nouvelle : les panneaux solaires semblent être en bon état.

    Je sais plus si je vous l’ai déjà dit, mais moi je le trouve joli ce village !

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    Ceci étant, il commence à être tard, je suis fatigué un peu, et y a ma maison qui m’attend là en bas. Alors… un dernier petit effort !

    Je retrouve ma maison, tout content. Je ne reste pas sur le parking dans le village ; je m’éloigne de 200 mètres, pour aller sur le parking de départ des randonnées. J’ai une jolie vue sur le village. Et j’entends bien le (joli) carillon de l’église. Et je suis au calme pour la nuit. Ça me va bien !

    La soirée se termine tranquille avec un bon plat de pâtes au fromage (bien mérité !) et une séance rattrape du retard blog !

    Un commentaire

    1. Commentaire de La Feuille

      C’est vrai qu’il est joli le paysage après Tivissa. Tu as bien fait de quitter la côte, parce que la mer c’est joli, c’est vrai, mais un peu monotone au bout d’un moment. Décor très inspirant pour une petite séance d’écriture !

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