Alors donc, je suis toujours en retard côté blog. Heureusement, le chantier avance avec plus de régularité que le blog. Même si, je dois bien le reconnaître, les journées de 8h se transforment souvent en journée de 5 ou 6. Et ça fait du bien de prendre ça un peu plus tranquille. Aussi surprenant que cela puisse paraître, travailler moins, c’est moins fatiguant (mais ça recule d’autant la date de fin de chantier, planifié pour… hum… quand ça sera terminé !).
J’avais laissé Warum Pythagore, le célèbre 203 aux noms toujours changeant, à l’état d’une coquille extérieure à peu prêt terminée aux finitions et quelques ajustements près. Il était donc temps d’attaquer l’intérieur.
Pendant toute la construction de la structure, avec toutes ses jambes dans tous les sens, je me suis répété « celui qui va faire l’isolation va me détester » ; avant de me rappeler que, travaillant seul, celui qui allait faire l’isolation, c’était moi… jusqu’à présent, j’avais toujours travaillé avec de la fibre de bois. Par ce qu’en terme d’odeur, c’est juste magnifique. Parce qu’en terme de confort de travail, c’est trop bien. Parce qu’en terme d’isolation, c’est top. Le biofibre (mélange lin, coton, chanvre) c’est donc une première. Moins dense que la fibre de bois, ce changement d’isolant me fait économiser environ 60 kilos sur le poids de l’ensemble (mais augmente un peu la facture).
La laine de bois, j’ai l’habitude de la travailler avec un couteau spécial, qui ressemble à un couteau à pain. J’ai donc attaqué le biofibre avec la même arme. Et j’ai commencé à couper avec enthousiasme. Sans le moindre effet. Et là, franchement, ça calme. Vue la quantité de découpe, si je mets 5 minutes par découpe, l’isolation sera fini en octobre (2031). Sur une idée, que je ne peux que qualifier de génial désormais, je me décide d’essayer avec la scie à ruban (quel bonheur d’avoir accès à tout ce matériel !).
La scie à ruban découpe le biofibre comme si c’était du beurre. Un vrai bonheur à travailler (mais du coup, pourquoi n’ai-je jamais essayé la scie à ruban avec la fibre de bois ? faudra tenter !). Grâce à cet outil formidable, mes caissons se remplissent à toute vitesse ! Et puis ça donne envie de faire des câlins aux murs !
Alors par contre, forcément, ça arrache un peu… du coup, à la fin une séance de nettoyage est obligatoire (sinon vous allez avoir vos amis vegans sur le dos, qui vous accuseront de découper des moutons en cachette dans votre atelier) :
L’enchainement avec le pare-vapeur se fait sans problème. Prochaine fois, j’essaierai de trouver un pare-vapeur pas blanc. Parce que quand même, les murs capitonnés et tout blanc, ça fait un peu trop chambre d’isolement à mon gout.
Heureusement ça ne dure pas. J’enchaîne avec cette activité qui me fait sortir des gros mots tous les trois coups de marteau : poser de la frisette au plafond. Non mais franchement, quelle idée de poser de la frisette au plafond ! C’est juste insupportable à faire. Mais bon, c’est fait. Et c’est quand même joli. C’est une bonne raison pour le faire tiens…
Enfin, heureusement ça dure pas trop longtemps, et je peux enchaîner sur les murs. Prenant exemple sur El Chamion, je décide d’employer un peu plus de contreplaqué en parement. Entre de la frisette 8 mm et du contreplaqué de 5, je suis pas sûr que ça représente une quelconque économie de poids. Mais alors pourquoi donc que je fais des trucs comme ça ?
Par fainéantise : le contreplaqué, c’est plus rapide à poser.
Par radinerie : le contreplaqué, c’est moins cher que la frisette.
Mais surtout parce que je trouve important d’avoir des contrastes de couleur. Le « tout bois sapin » pour moi, c’est trop. Le bois, c’est très beau. Mais il a besoin de contraste. Il a besoin de varier les essences. Il a besoin de couleur pour être intéressant. Je trouve qu’un doublage complet uniquement en frisette claire, c’est presque étouffant. Le contreplaqué plus sombre fait ressortir la frisette. Il a un très beau fini ; et ça laisse la possibilité au futur propriétaire de le peindre pour rajouter des couleurs. Ainsi soit-il, donc.
L’intérieur, c’est aussi quand tout commence à être relié ; on ne peut pas faire l’électricité, puis l’eau, puis le doublage, les séparations. Les cloisons (bon, d’accord, la cloison) sera plus solide directement contre la structure que si elle est fixée au travers de la frisette. Et bien sûr, il ne faut pas oublier de passer les câbles électriques un peu partout. Et commencer à se poser la question « mais au fait, je le mets où mon tableau électrique ?)
Le plan n’est toujours pas final dans ma tête. Il y a encore beaucoup d’hésitation, de changement. Certaines choses se mettent en place par elles-mêmes, parce que désormais il n’y a plus le choix, ou parce que c’est logique. Le format de la douche me tracassera pendant un moment. Est-ce que je reste sur l’idée de la grande douche à l’italienne version Chamion ? Finalement non. Je reviens sur un bac classique 75×75.
Les murs en partie finie (je me garde le mur de la salle de bain pour plus tard, quand j’aurai mon bac de douche, justement, et que certaines choses seront plus claires – comme mon circuit d’eau, que pour l’instant je ne visualise pas du tout !). Une fois plafond et mur fait, je m’attaque au sol. Enfin. Je vais arrêter de passer mes journées sur des plaques OSB en déséquilibre. Mais en même temps, comme pour le sol j’ai finalement décidé de viser l’option légère (plancher en sapin) je préfère le poser le plus tardivement possible, pour éviter les marques.
Avec, quand même, une solution qui me plait bien à une problématique assez pénible : qui dit « homologation » dit obligatoirement « porte ouvrant à l’anglaise ». C’est à dire une porte qui s’ouvre vers l’extérieur. Par opposition à l’ouverture à la française, qui s’ouvre donc vers l’intérieur. Hors, aussi surprenant que cela puisse paraître, en France, eh bien les portes s’ouvrent traditionnellement à la française. Impossible de trouver des ouvrants à l’anglaise. Ou alors c’est du sur-mesure/sur-commande, au près d’un menuisier. Plus cher, et beaucoup plus long en terme de délais donc… pas jouable dans mon cas.
« Bin ouais, mais pourquoi tu poses pas juste ta porte à l’envers » ; c’est, en l’occurrence, ce que j’ai fait avec le Chamion. La porte est posée à l’envers, et tout va bien. Oui, mais tout va bien pour une raison très simple : comme la porte est à l’arrière, j’ai prolongé le toit pour créer un auvent. Donc sauf quand il y’a pas mal de vent, il ne pleut pas sur la porte. Hors, une porte est prévue pour faire circuler l’humidité de l’intérieur vers l’extérieur : la condensation qui ruisselle dedans va traverser la porte et se retrouver dedans. C’est magique ! Sauf que si vous posez la porte à l’envers, la pluie qui ruisselle dehors va traverser la porte pour finir à l’intérieur. Et ça, c’est beaucoup moins bien. Le Warumbicoz aura donc une porte pas entièrement étanche à l’eau. Ce qui peut être un peu gênant. Sauf si le problème est connu en amont, anticipé, et transformé en solution :
Création d’une zone « entrée » avec un plancher un peu plus bas, pour le démarquer du reste (et pour faire disparaître les quatre derniers morceaux de plancher de chêne qui restaient encore du Chamion) ; et dans ce plancher bas, on rajoute une zone encore plus basse : une grille d’aération (vu que j’ai besoin d’une entrée d’air basse et une sortie d’air haute pour avoir un joli courant d’aération, aussi bien pour l’homologation que pour le confort de l’habitat et la gestion de l’humidité). Du coup, l’eau qui ruisselle sur la porte se retrouve sur le seuil métallique, glisse dessus, et ressort par la grille d’aération. Deux problématiques différentes solutionnées ensemble. Avec en plus une solution esthétique à la clé. Y’a plein de raisons pour laquelle j’aime construire des maisons à roulettes. Mais trouver des solutions élégantes à des problématiques pénibles, ça reste quand même un de mes plus grands plaisirs.
Et donc, ça commence à prendre forme. Qu’est-ce qu’elle a de la gueule cette grande ouverture arrière !
Sinon, si je peux me permettre un petit conseil (à moi même, et à d’éventuels autres auto-constructeurs) : n’oubliez pas de poser les grilles et gaine d’aération avant d’avoir fini toute l’isolation et le doublage… parce que c’est quand même beaucoup plus compliqué d’installer les grilles d’aération quand tout est fini… enfin, au moins, c’est fait. Finalemnt…
Plusieurs personnes, en voyant la structure terminée, pensait la maison quasiment finie. J’ai eu l’occasion de répéter à plusieurs reprises que en fait non, la structure extérieure c’était quand même super rapide à faire. C’est assez impressionnant parce que ça va vite, mais après il reste plein de choses encore. Le doublage intérieur est super impressionnant aussi, parce que d’un seul coup le volume existe, et on commence vraiment à sentir l’endroit « habitable ».
Je ne sais plus à quel moment pour le Chamion j’ai fini par prendre conscience de l’habitabilité de mon projet. Avec Pythagore, j’ai eu le sentiment du « hey, ça ressemblera donc à ça » quand j’ai eu fini de poser le pare vapeur intérieur. Bon, avec le doublage en plus, c’est quand même plus parlant.
Mais il y a quand même des trucs qui prennent du temps. Comme réaliser la trappe pour la bouteille de gaz par exemple. Alors certes, je suis parti sur une forme un peu étrange, pour me glisser entre les différents éléments de la structure. Je voulais que ce soit propre et bien fait. Mais j’avoue que je n’aurai pas pensé y consacrer 8 heures…
(et non, je n’ai pas changé d’essence de bois en cours de route ; mais entre le bardage qui était déjà posé depuis trois semaines, et celui qui était resté à l’abris, la couleur a déjà eu le temps de changer ! il faudra que je me décide à traiter tout ça moi…)
Et puis soudain, j’ai une illumination. Deux neurones qui se connectent. Une idée qui passe juste quand il faut. Pour la 143e fois, je passe plusieurs heures sur internet, à regarder les cuves à eau. On dirait pas comme ça, mais choisir la cuve à eau idéale pour un projet, c’est loin d’être simple. Il y a tellement de format différent… j’étais de plus en plus dans l’optique de ne pas mettre les cuves à eau dans la maison, mais plutôt de profiter de la grande cabine double à l’avant pour en faire un seul grand local technique. Mais il y avait deux petits quelque chose qui me gênaient avec cette approche : d’abord, la question de la répartition du poids. Entre 150 et 200 kilos, c’est mieux de les mettre le plus proche possible de l’essieu arrière du camion. Ensuite, le côté pratique : j’essaie de concevoir les maisons indépendamment des véhicules porteurs. Si le camion meurt, on déplace la maison sur un autre camion, et c’est reparti. Avec le local technique dans le camion, ça se complique.
Mais donc, d’un seul coup, j’ai trouvé la cuve à eau qui me convenait. J’ai trouvé comment la placer dans le camion. J’ai trouvé comment finir mon agencement. Où est-ce que l’on place le truc gros, lourd et encombrant ? En plein milieu bien évidemment ! Et donc, soudain, j’avais mon plan finalisé et je pouvais attaquer sereinement les aménagements intérieurs.
Total cumulé :
Temps de travail : 156h (+45)
Nombre de vis : 1770 (+120)
Nombre d’agrafes : 1000 (+700)
Nombre de clous : 380 (+380)