Rue du Pourquoi Pas



Parce qu’il y a toujours une route qui, quelque part, m’attend.
Carnets de route, photos de voyages, et pensées vagabondes.

Écrit par : Sébastien ChionJanuary 8th, 2020
  • Le village de Salles d’Aude, à première vue, n’a que peu d’intérêt. Pareille affirmation reviendrait à négliger l’horloge de la mairie et sa particularité toute particulière !

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    Ce serait oublier la présence d’Ariane et Renato ! Anciens voisins de chez mes parents, amis de longue date, partenaires d’exploration des micro-brasseries Montréalaises, fournisseurs de Panetone et grands buveurs de tisanes devant l’Éternel (nous avons convenu que, comme ils lisaient ce blog et qu’il y avait une possibilité non nulle que je repasse par Salles d’Aude sur mon chemin du retour, il était préférable que je garde une approche plutôt positive à leur égard – pour autant, je garde quelques qualités en réserve, dussé-je devoir redire du bien d’eux à nouveau).

    Il faut le reconnaître aussi, ils ont entrainé un léger ralentissement dans ma vitesse globale d’avancement. Certes, cette baisse de kilomètres journaliers parcourus reste relativement peu sensible vu que le kilométrage quotidien de base était déjà assez bas. Mais comme les dates de leur présence en ces lieux étaient fixes, je me suis retrouvé avec un impératif temporel (ouf, dur !) histoire de ne pas les rater à deux jours près (Béziers, c’est donc un peu leur faute, mais pas que !).

    Autre constatation, le charmant petit village de Salles d’Aude est constitué de charmante petite ruelle. Et si, en conduisant El Chamion, j’ai surtout tendance à regarder les limites de hauteur, je regarde aussi les limites de largeur. N’allez pas dire à mon Chamion qu’il est large. Il respecte totalement les contraintes de son barré rouge (et il est homologué, mais ça vous le savez déjà). Il eut été possible de faire des tours, des détours et des contours, mais de toutes façons, le portail d’entrée final à la maison n’était pas assez large non plus. Et donc, pendant deux nuits, j’ai laissé le Chamion sur un parking, pendant que moi je dormais dans une maison. Avec du chauffage ! Une maison où il fallait changer de pièce pour passer de la cuisine au salon, du salon à la véranda, et de la véranda à la chambre. Des fois, j’oublie combien de kilomètres de marche j’évite en habitant un habitat à l’espace aussi réduit (mais je me rattrape en randonnant dans les grands extérieurs – confer ci-dessous, mais aussi avant, et assurément plus tard). Il faudra un jour que je me penche sur la question « quelle est la plus longue période au cours de la quelle je n’ai fait qu’habiter dans le Chamion sans interruption dans une vraie maison ou un appartement ».

    Et donc, pendant deux jours, il a fait gris, venteux, et froid. Des fois, le chauffage, c’est bien ! Petit déjeuner au Panetone, journée à ne pas faire grand chose pendant que mes hôtes s’activent, et puis quand même une petite balade dans le village (pour prendre une photo de la susmontrée horloge) et dans les vignes qui couvrent le petit plateau au dessus.

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    Puis vint le moment de reprendre la route. Mon atlas m’avait intrigué l’œil d’une étoile rouge, à côté de laquelle on pouvait lire « Gouffre de l’Œil Doux ». La curiosité m’avait poussé à rentrer ce nom dans mon moteur de recherches préféré (lilo.org ; parce que Lilo c’est bien mieux que Google) me permettant d’apprendre que c’était une cenote.

    Pause.

    « Étymologie. Leur nom provient du maya dz’onot signifiant « puits sacré », via l’espagnol cenote : certains d’entre eux étaient en effet considérés par les anciens Mayas comme communiquant avec l’« inframonde » et on y jetait des offrandes aux dieux du Xibalba. »

    Il me semblait bien, aussi, qu’une cenote c’était typiquement Mexicain. J’avais découvert le mot là bas, j’en avais exploré quelques unes, j’étais tombé amoureux de El Pit (en plongeant tout au fond)… mais non, en fait on en trouve un peu partout dans le monde. Mais quant même essentiellement et principalement et surtout en Amérique Centrale.

    J’avais donc prévu, en quittant Salles d’Aude, de rejoindre la mer (à Saint-Pierre sur mer) en m’arrêtant à l’Œil Doux. Et comme Ariane et Renato avaient bien envie de passer saluer la mer aussi avant de repartir, je les ai invités à manger à la maison, sur le parking de l’Œil Doux. Parce que oui, je rappelle à mes lecteurs que vous êtes les bienvenus à la maison, si vous voulez passer rendre visite un de ces jours. Il faut juste bien se synchroniser sur l’emplacement de la maison quand vous allez arriver !

    En quittant la route principale (Béziers – Narbonne) pour rejoindre Salles d’Aude, j’avais déjà commencé à trouver le paysage plutôt beau. En admirant les environs depuis les hauteurs de Salles d’Aude, j’avais continué à trouver le paysage plutôt beau. Et en lisant un peu de la documentation touristique pendant ma bref interruption maisonifiée, j’avais compris que le Massif de la Plate (en gros, la zone entre Narbonne et la mer) allait me titiller les yeux et qu’il me fallait prévoir de ne pas avancer vite (pas de gros changement à ce niveau là donc).

    Arrivé sur le parking bien avant mes invités (je les ai battus à la course uniquement parce que je suis parti deux heures avant eux sur un trajet de 15 minutes), j’en ai profité pour aller faire un petit aller retour jusqu’à cette cenote locale… petite balade dans les taillis, sur un chemin bien marqué, avec un soleil juste comme il faut et pas de vent. Le retour de cette température idéale… quand soudain, pouf, un trou !

     

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    Je bloque. Je m’arrête. J’admire. C’est vrai qu’il est beau cet Œil Doux ! Plus loin, là-bas, on voit la mer. Plus loin encore, je devine la Cathédrale de Béziers, sur son promontoire. Plus loin encore encore, la colline qui permet de repérer si facilement la ville de Sète. Et mon voyage réapparait un peu sous mes yeux. Là-bas, puis par-là, et ensuite par ici…

    Ceux qui ont suivi mes aventures dans le Beaufortain le savent : c’est une des raisons pour laquelle j’aime à me balader en montagne. On découvre le paysage petit à petit, on l’apprivoise, on le fait sien. Cette montagne que l’on ne connaissait pas finit par prendre un nom. Puis on finit par aller à son sommet. Puis c’est le col d’à côté. Et le sommet suivant… on s’approprie le paysage, petit bout par petit bout. Ici, c’est un peu différent. On peut voir d’où l’on arrive, et où l’on s’en va. Ce n’est pas qu’on s’approprie le paysage ; on s’approprie plutôt l’itinéraire. Un peu comme dans ce jeu auquel joue le narrateur dans « À Vancouver, tourne à gauche » : on se demande comment on est arrivé « ici et maintenant ». Quel enchainement d’événements et de rencontres nous a conduit en cet endroit, en ce moment précis… j’arrive de là-bas.

    Je suis descendu vers le fond du gouffre, non sans m’arrêter toutes les trente secondes pour faire des photos. Admirer. Écouter. Et penser du mal de ces gens, incapables de ne pas parler horriblement fort dans un endroit pareil…

    Et puis on arrive en bas.

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    Je reste à admirer les lieux un moment. Les explorateurs bruyants s’en sont allés. Je reste seul, avec l’eau, les falaises, le ciel. Je lâche quelque « pihou » pour tester l’écho des lieux. Pourquoi « pihou » ? Parce que je trouve que c’est l’un des sons les plus adaptés pour tester un écho. Le « pi » qui claque au début, et le « hou » qui vient tout de suite après l’adoucir.

    Je sais que je reviendrai ce soir, quand j’aurai plus de temps.

    En attendant, retour à la maison où je retrouve mes invités. Alors bon, je les invite à manger à la maison, mais c’est eux qui ont amené tout le repas. Et comme il fait beau, on a préféré manger dehors, au soleil, sur une table à pique-nique. Mais bon, l’idée était là ! Nous sommes le 8 janvier, il fait beau, on est bien, le soleil est agréable, et les moustiques sont déjà de sortie. Repas un peu animé, donc, mais repas bien sympa quand même !

    Et puis je laisse le Pourquoi Pas ? sur le parking, pendant que j’embarque dans la voiture d’Ariane et Renato pour une petite balade sur le bord de la mer. On se gare à Saint Pierre sur mer ; autre ville morte. Quelques millions de résidences secondaires, d’appartements à louer à la semaine, de grands parkings entièrement vides, juste à côté des plages (avec des barres de hauteur, faudrait pas les oublier !).

    Je fais une petite pause rapide à l’Office du Tourisme, pour me renseigner sur les balades à faire dans le Massif de la Trape. Réponse : il y en a, mais aucune de balisée. Le massif est protégé par le Conservatoire du Littoral, qui ne veut pas faire de la randonnée une activité de masse. Et c’est peut-être pas plus mal. Je me renseigne aussi, par curiosité, sur l’existence d’un parking bord de mer et sans barre de hauteur. « Par ici, non, aucune chance ; à Gruissant (20 bornes plus loin) sans doute. »

    Et puis on part déambuler tranquillement, en suivant la plage.

    Fin d’après-midi. Ariane et Renato me déposent à la maison, tandis qu’ils repartent pour de nouvelles aventures. Je récupère ma flûte, mon didgeridoo, et je retourne rendre visite à ma cenote.

    La flûte se prête très bien au lieu. Le didgeridoo, un peu moins : il est, au final, un peu trop envahissant. Flûte ce sera donc.

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    Retour au Chamion. La nuit commence à tomber. Je déplace le Chamion, pour aller me garer juste un peu plus loin, à un endroit où j’ai accès à internet. Parce que oui, les soirées sont un peu longues, parfois, seul et sans internet. Garé sur un petit départ de chemin/parking sur le bord de la route, c’est parfait pour la nuit.

    2 commentaires

    1. Commentaire de Patrice GEORGES

      Eh bien j’aurai appris deux choses en te lisant aujourd’hui.
      D’où vient le mot cènote et que justement il y en avait une dans le midi.
      Continue.
      Bises.

    2. Commentaire de Ariane RUBATTINO

      Il nous fallait ta visite pour savoir que l’œil doux est une cénote. merci bien
      Et pour le massif de la Clape passé à la trape une visite de retour s’impose.
      Alors à bientôt et bonne route

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