La préparation psychologique
Le plan de match est un peu serré pour les jours qui viennent. En fait, la fin approche de plus en plus rapidement, et on a de moins en moins de marge de manœuvre. Alors par exemple, si on veut faire le Mont Agung, on n’a qu’un seul moment disponible : cette nuit. Oui oui, cette nuit. Parce que le mont Agung, on commence à le grimper à deux heures du matin. Comme ça, on a le levé de soleil, et surtout pas trop chaud.
On prend donc la direction de Sidemen, petit village un peu reculé dans les terres, d’où il est facile de rejoindre la montagne. Petit village également réputé pour ses rizières magnifiques.
La route se fait sans trop de problème. La carte pas très loin quand même juste pour être sûre, et une seule petite étape prévue pour être sûr de ne pas arriver trop tard.
La pause, on la fait à Klungkung, où l’on s’arrête rapidement pour voir un « palais » de justice, un joli pavillon et un petit musée.
En fait de palais de justice, c’est un petit endroit tout simple, avec un simple toit, où peuvent se tenir 6 personnes assises, et sans doute une trentaine debout. La partie intéressante, c’est surtout les fresques peintes sur le toit, qui représentent les différentes tortures qui peuvent être infligées aux coupables. Sympathiques, non ?
En fait, je fais assez rapidement le parallèle avec les peintures/sculptures que l’on retrouve en France sur les devantures d’églises. Si le style du dessin est différent, je trouve que le fond est exactement le même. Caricatural, exagéré, ne montrant pas la souffrance des protagonistes. Vraiment intéressant comme approche. Et très original au niveau des idées pour les supplices !
Le pavillon flottant se trouve juste à côté. Il est tout simple mais très joli entouré de son petit bassin (plein de carpes, comme d’habitude). Là encore, le plafond est recouvert de peintures.
Le musée, quand à lui, manque cruellement d’intérêt. On peut y voir quelques vieux objets, bien poussiéreux, pas particulièrement joli. On ne s’y attarde pas ; la route nous attend. Une route magnifique, quoique bien petite et étroite. Et beaucoup plus rapide que ce que l’on pensait.
On arrive donc à Sidemen plus tôt que prévu. On repère assez rapidement un hôtel qui nous plait. Bon, d’accord, on a tout les deux craqués sur la piscine à débordement avec vue sur les rizières. La chambre réservée, le trek réservé également, on se fait une tite balade dans les environs. En trichant. On va bien marcher cette nuit, donc pour l’occasion, on se balade en voiture. Même si, des fois, on se dit que peut être, vu les ponts, on aurait pas du. Mais rien ne casse et tout va bien.
Et puis comme l’idée d’un hôtel avec piscine c’était de se baigner, on se fait une fin d’après midi très tranquille, la tête dans l’eau. Avant d’aller se coucher très très tôt, parce qu’on se lève encore plus tôt.
Le Mont Agung
J’ai pris cette habitude il y a quelques temps maintenant. Une habitude qui me plait bien. Quand je me rends à un endroit que je ne connais pas, je regarde avant la carte en relief. J’observe, j’étudie, j’analyse. Je trouve que ça donne énormément d’informations. Ça permet d’anticiper certains types de paysages, et ça m’aide à prendre certaines directions.
Quand j’ai vu la carte en relief de Bali, l’une des premières choses que j’ai dit, c’est « je veux aller là ». « Là » désignait le Mont Agung. Montagne grandiose, magnifique, gigantesque, qui domine le reste de l’île, l’écrasant de toute sa splendeur. Oui, j’avais envie d’aller lui titiller le sommet.
La voiture est partie de l’hôtel à deux heures du matin ; après une nuit forcément trop courte. Le chauffeur nous a conduit dans le noir pendant une demi heure. On a fini par descendre dans un parking quasiment abandonné. Et on a attaqué l’ascension.
Atteindre le sommet du mont Agung, c’est grimpé un dénivelé de 1300 mètres. Nous en avons fait seulement 1100. Impossible d’avancer sur la fin. Trop difficile ; trop raide ; trop fatigués. Nous avons fait demi tour. Pas très loin du sommet, certes, mais loin quand même. La météo n’était pas au rendez-vous. Nous nous sommes retrouvés loin au dessus des nuages, mais les nuages ont refusés de partir. Allez au sommet de la montagne juste pour voir une mer de nuages à perte de vue n’était pas assez motivant. Si nous avions pu voir l’île s’étaler devant nous. Si nous avions eut la vue, sans doute aurions nous atteint le sommet.
Nous sommes redescendus. Un peu déçus, mais quand même plutôt fier. 1100 mètres de dénivelés, quand on y pense, c’est déjà énorme ! Un rendez-vous à reporter pour une autre occasion ? Peut être… c’est à voir.
En direction d’Amed
Redescendre de la montagne ; rentrer à l’hôtel ; se relaxer un peu dans la piscine. Payer l’hôtel. Découvrir qu’ils ne prennent pas la carte de crédit. Se débrouiller comme on peut pour finalement réussir à changer dix euros pour avoir le montant suffisant. Monter dans la voiture. Prendre la route en direction d’Amed. Parce qu’à Amed, il y a la plage, et qu’on peut y faire du snorkeling. On peut aussi se relaxer.
Sur la route, on admire encore quelques rizières.
Et on fait une pause au magnifique palais d’eau où l’on peste quand la batterie tombe en panne après seulement trois photos. Dommage, c’était vraiment beau.
La route jusqu’à Amed, on l’a déjà prise pour aller faire de la plongée. Sauf qu’à un moment, on tourne à droite. Amed, c’est devenu un enchainement d’hôtels ; mais pas dans le même genre que Sanur. C’est plus sympa ; il y a un côté authentique qui a réussi à survivre.
Sur les conseils de Guillaume, le québécois avec qui on a plongé la deuxième fois, on s’arrête au Wawa Wewe. On voit la piscine. On admire la vue sur la mer. On contemple la chambre et le bungalow… C’est parfait.
Je vais jeter un coup d’oeil dans la mer. C’est hallucinant. En fait, je ne peux tout simplement pas palmer : les coraux sont à 60 centimètres de fond. Je me contente de flotter et d’admirer le fond. C’est beau. C’est plein de couleurs. J’adore.
Le soleil se couche. Retour à l’hôtel, où l’on mange super bien pour vraiment pas cher. La place nous plait vraiment beaucoup ! On regrette juste de ne pouvoir rester qu’une nuit. Demain, on reprend à nouveau la route.
La journée snorkeling
La côte nord à Bali, et je dirais même plus exactement la côte nord est, est particulièrement réputé pour le snorkeling. J’en avais eu un premier aperçu la veille, alors que j’étais tombé sur des coraux à deux mètres de la plage… on va s’en rendre compte à nouveau aujourd’hui : direction « japanese wreck ». Une épave japonnaise, au milieu d’un magnifique jardin de corail. Conseillé par Rémi, qui nous avait filmé lors de la deuxième plongée. Toujours important d’avoir des conseillers !
On est parti là bas un peu tôt, sur une suggestion d’Iris. Suggestion qui a porté ses fruits. On est arrivé dans un endroit bien tranquille, pour profiter d’un fond marin tout simplement grandiose. Là encore, les palmes sont à la limite inutiles, tellement tout est à portée de main. Et puis on trouve l’épave. Beaucoup plus petit que le USS Liberty ; une quinzaine de mètres maximum. Mais juste à côté de la surface. Juste parfaite pour m’offrir des petites apnées. J’en profite au maximum. Mes poumons m’en remercient. Ça fait longtemps que je n’avais pas fait d’apnée, et ça fait tellement du bien ! Se relaxer, se détendre, prendre son temps, y aller le plus tranquillement possible… je me sens vraiment bien !
Et puis les gens arrivent petit à petit. L’endroit se trouve rapidement à déborder de gens. On reste encore un peu, mais pas très longtemps. On a vu ce que l’on voulait voir, on est enchanté, on est heureux.
On rentre ensuite en direction de l’hôtel, histoire d’en profiter encore un peu. Parce que quand même, il est bien cet hôtel !
Malheureusement, toute bonne chose ayant une fin, on quitte notre jolie piscine. Direction : l’épave du USS Liberty. Oui… certes… cela a un petit côté déjà vu. Mais on s’est dit qu’on pouvait y retourner. En snorkeling, cette fois. Histoire d’en profiter encore un peu, puisqu’après tout, c’est sur la route. Route assez magnifique, d’ailleurs, qui nous redonne quelques jolis points de vue sur le mont Agung.
Mon masque, je m’en suis rendu compte la première journée snorkeling, a la mauvaise idée de fuir, ce qui n’est pas très agréable. Du coup, je suis obligé d’en louer un à chaque sortie, et aujourd’hui ne fait pas exception. Sauf que quand je rentre dans la boutique du loueur, je vois des appareils photos dans un coin. Dans des boitiers. Oui, ils sont à louer. Du coup, pour l’occasion, il y aura même quelques photos ! Vidéos, aussi, qui arriveront plus tard, comme toutes les autres.
En fait, on a tellement tripé lors de la plongée du matin, et on retripe tellement à nouveau lors de cette plongée (faut dire qu’avec l’appareil photo, ça motive à rester encore plus longtemps dans l’eau !) qu’il commence à être un peu tard. Plus tard que prévu en tout cas. On reprend quand même la route, mais on réalise rapidement que l’on n’arrivera pas à se rendre aussi loin que prévu. On ajoute à ça une erreur de ma part qui nous envoie sur une mauvaise route (alors qu’Iris m’indiquait le bon chemin, et que je l’ai même pas écouté, honte à moi).
Je commence à sentir un peu le plan galère qui se met en place. On a, certes, une voiture, mais pas d’hôtel pour le moment. On a, en plus, perdu le guide du routard. Donc pas d’informations précises pour trouver à se loger. J’ai juste ma carte, qui a quelques hôtels indiqués dessus, mais sans plus de détails. On est en train de chercher, quand quelqu’un avec un scooter nous dit « moi, j’ai un hôtel. Pas très loin. Je vous fais un bon prix ». Le prix, en effet, est bon. Mais ça me laisse un petit arrière goût de plan encore plus galère. Le gars nous guide en scooter. « C’est à peine 5 kilomètres ». On en fait presque le double, en le perdant même à un moment, avant de finalement arriver. Il nous montre une chambre. Plancher en bois pas propre, avec cafard qui se promène dans un coin. Bon, on oublie ça. Il nous montre quand même une deuxième chambre. Celle là, par contre, est plus propre. Le prix est quand même vraiment tentant. On décide de s’installer. On mange même au restaurant de l’hôtel, qui lui aussi est vraiment pas cher.
Et puis l’un des employés vient nous parler. Il nous demande ce que l’on a prévu pour demain. Nous, on a prévu d’aller voir une cascade. Peut être même d’eux. Il nous dit que l’une des deux est à sec en ce moment. Mais que lui il peut nous emmener en voir 5 des cascades. Dans un endroit magnifique. Ça a l’air honnête son histoire. Il nous guiderait. On hésite. On en reparlera demain matin…
La journée des cascades
On en a discuté ; on a hésité. Finalement, on s’est dit que ses cascades, elles pouvaient être bien belles après tout. C’était une chance à prendre. Et puis avec un guide local, qui parle pas trop mal anglais, c’est toujours plus sympa. On hésitait aussi parce que ça prend une heure pour se rendre ; et que ça nous prendra autant pour revenir. Jusqu’à ce qu’on découvre qu’il nous reste un jour de vacances de plus que ce que l’on pensait. Ça c’est toujours une chouette nouvelle !
Alors finalement, après un petit déjeuner des plus agréables, on a pris la route, en suivant le scooter devant nous. La route est très sympa. Elle s’éloigne tranquillement dans les montagnes, traversent des petits villages. On aime bien.
Il nous a prévenu qu’il y aurait aussi un peu à marcher. Qu’il y aurait pas mal de marches à descendre. Soit… on le suit quand même avec beaucoup d’enthousiasme. Surtout au début. Et encore plus quand les premières cascades se dévoilent dans le lointain. Pas si lointain que ça d’ailleurs. En chemin, il en profite aussi pour nous faire découvrir chocolat, café, vanille, noix de muscade, jack fruit, papayes… en version « sur l’arbre » et non plus « sur l’étalage du magasin ». Un survol des plus intéressants et des plus culturels.
On attaque alors la descente pour se rendre au pied de la cascade double. On plonge dans un univers tout simplement magnifique, dignes des plus grandes aventures. On traverse des rivières à pied, on descend des marches, on glisse, on ne tombe pas… on s’amuse comme des fous !
Je ne sais pas comment vous expliquer ce que l’on ressent, perdu au milieu de nul part, au pied de deux cascades grandioses, dans un paysage directement sorti d’un film. Se faire complètement tremper par les embruns, qui ne sont même pas froids. Rire, simplement, devant la beauté et la merveille des lieux. Si un jour vous passez dans le coin de Bali, allez faire un tour… ça vaut vraiment la peine !
On est remonté ; on s’est arrêté pour prendre un thé, directement chez les producteurs. Et acheter beaucoup d’épices ; directement chez les producteurs aussi.
Et fidèles à nos habitudes, on a repris la route. Plus tard que prévu, à nouveau.
La météo nous a offert une magnifique averse. Du genre qui fait pleuvoir beaucoup et qui fait hésiter à continuer d’avancer. Route de montagnes, qui tournent beaucoup, avec torrent sur la route, ça peut être un peu pas trop inspirant. Mais en même temps, à force de monter, la pluie s’est arrêtée ; ou plutôt calmée. Au moment où on arrivait aux chutes de Git Git. Petite hésitation à cause de la météo, mais finalement on s’offre une deuxième petite balade. Et une autre jolie cascade.
Et à nouveau, on se retrouve un peu en retard sur ce qui était prévu, en le regrettant un peu : la date de départ approchant de plus en plus, on ne peut plus vraiment repousser les choses, et le temps se comprime de moins en moins bien. On arrive quand même à Munduk, comme prévu, mais plus tard que ce que l’on pensait. On se choisit rapidement un endroit où dormir. Le premier qui nous tombe dessus, en fait. Avec des gens très heureux de nous voir : la place est vide. Ils nous proposent un prix dérisoire que l’on accepte. On a de la place, c’est beau, c’est grand, et il y a une araignée gigantesque dans la salle de bain. On s’en débarrasse tant bien que mal.
Encore un problème de paiement par carte au restaurant. La voiture nous fait quelques ratées sur le chemin du retour ; une jeep qui cale dans une montée un peu raide, ça surprend quand même. Ajoutez à ça l’araignée dans la salle de bain, ça commence à faire un peu beaucoup. Je m’endors en me disant que si j’aime bien Bali, un retour à la civilisation fera aussi du bien !