J10- On commence par la fin
Je viens de perdre une heure. Je n’ai pas réalisé. En fait si, ma carte courtière m’annonçait le changement horaire. Mais je n’ai pas vu le moindre panneau le confirmant… alors je ne l’ai pas pris en compte.
Golden ne me plaît pas. Peut être parce que j’y ai tourné en rond, pendant une heure, à chercher une auberge de jeunesse, alors qu’il y en a 4 normalement ici… de dépit, je me suis décidé à attaquer tout de suite la « Kicking Horse Pass » qui allait m’amener plus profondément dans les Rocheuses. Il y avait deux campings indiqués… pourtant, j’y suis allé incertains, et à raison. Après trente kilomètres, le premier camping est annoncé fermé. Je préfère faire demi-tour immédiatement, et retenter ma chance à Golden.
J’en profite pour téléphoner à Brigitte. J’ai besoin de parler ; ça fait du bien. Je prends tout mon temps. C’est au moment de raccrocher que je pense à l’heure. Il n’est pas 21h, comme je pourrais facilement le penser, mais bien 22h. On peut donc oublier les Auberges de Jeunesse et les campings… À cette heure là, la solution la plus simple, c’est un motel. Ce sera donc ma nuit la plus chère du voyage. En tout cas, j’espère qu’il n’y en aura pas d’autres à ce prix. Avec la route en bruit de fond. Vendredi d’un week-end de trois jours, c’est en montée, et il y a beaucoup de camions… c’est très prometteur !
Je regrette ma frustration, même si je la considère justifiée. Je viens de passer une journée magnifique. C’est juste rendu à Golden que tout s’est détraqué. Ça avait été trop facile j’imagine…
Enfin, j’ai quand même eut le droit à un ciel magnifique :
J10- Puis le début : Sutherland Waterfall
Je me suis réveillé tôt, après une bonne nuit de sommeil. Le deuxième duvet a aidé un peu… mais les nuits sont toujours aussi fraîches. Je commence par une petite marche jusqu’à la petite cascade d’à côté. J’y étais allé la veille, mais la lumière de fin de soirée ne m’avait pas permis de faire de belles photos ; le matin convient mieux.
J10- Le Begbie Summit
J’ai repéré une balade prometteuse pas très loin du camping (l’un des arguments qui m’a fait choisir ce camping d’ailleurs). Et, oh miracle !, celle-ci je la trouve, à environ 20 km du camping. La « Begbie Summit Trail » annonce une marche de 7 kms, à tendance plutôt raide, avec balade autour d’un lac à l’arrivée. Un dénivelé total d’environ 1300m, c’est plutôt énorme. Je me prépare soigneusement. Aucune charge inutile (y compris au niveau du matériel photo). À boire, et des fruits secs, pour faire plaisir à Virginie.
La montée est superbe, sous des arbres atteignant des hauteurs impressionnantes. Après une heure trente de montée, la neige commence à apparaître sous les arbres. Les traces confirment ce que laissait supposer la voiture garée en bas : je suis précédé. Ça monte toujours. La couverture de neige se densifie. Il devient impossible de ne pas marcher dedans. Un peu plus haut encore, je croise mon prédécesseur. Il redescend, bâtons dans les mains, skis sur le dos. Il me dit que a neige bloque tout un peu plus loin, et que l’on perd le sentier.
Je continue quand même : ses traces sont faciles à suivre. La neige est de plus en plus épaisse, et rend la marche hasardeuse. Je m’enfonce plusieurs fois jusqu’au genoux. Je commence à réfléchir à ce qui sera mon signal de demi-tour. Pourtant, la pente commence à être moins escarpée. Je quitte les traces que je suivais et qui ne vont plus dans la bonne direction. En effet, il devient impossible de suivre la piste. Je retrouverais pourtant une marque un peu plus loin. Puis une autre. Je me décide toutefois à ne pas insister. Avoir eut des raquettes ou un compagnon de marche, j’aurais probablement continuer plus loin. Là, je sais que même si la pente s’est adoucie, la couche de neige est vraiment épaisse, et continuer me ferait prendre des risques. Demi-tour à regret, après 2h15 de montée. Aucune idée de la dénivellation parcourue, ni du chemin restant à faire (c’est le plus dur, quand on décide de faire demi-tour : et s’il ne restait que 500m…). J’estime quand même entre 800 et 1000m mon ascension totale.
La descente sera beaucoup plus rapide : 45 minutes seulement, avec un détour par un torrent, qui devient ensuite la rivière Begbie. J’en profite pour remplir ma bouteille d’eau.
Je reviens fatigué mais content à la voiture. Chaussure trempée, pantalon mouillée, changement de chandail (du depuis un moment à la réflexion). Après une petite pause, retour dans la voiture.
(À noter, sur la dernière photo, un phénomène extrêmement fréquent dans les forêts : les anciennes souches d’arbres sont des sources de nutriments extrêmement riches. Du fait de la largeur de ces souches, on retrouve très régulièrement des arbres qui poussent dessus. Ces arbres grossissent, faisant éclater le socle qui les a accueilli. C’est assez impressionnant en réalité, de voir des arbres aussi gros se tenir debout sur des souches mortes : on se demande comment tout cela tient.)
J10- Petit Begbie deviendra grand
Deux kilomètres plus loin, il y a une autre balade, pour aller voir Begbie le torrent devenu rivière jouer à la cascade. La balade semble courte et tranquille. Ça m’aidera à me détendre les jambes. Une heure et quart plus loin, j’ai finalement atteint le bout de la balade, pas si courte que ça. La cascade, un peu plus tôt, était de toute beauté. Le sentier sillonnait dans un sous-bois moussu comme je les aime : la mousse vient donner une douceur au paysage, tant visuel que sonore. Elle contribue aussi à l’agréable humidité des lieux.
Et moi, je suis rendu sur les berges du lac Upper Arrow, environ 200 mètres plus bas que mon point de départ. Je ferais le retour épuisé, mais à toute vitesse, avec simplement l’envie d’en finir (avec la marche) et de m’asseoir.
J10- Canion Hot Springs
Je prends ensuite la route de Revelstoke, où je décide de ne pas m’arrêter : j’ai prévu de dormir dans une Auberge de Jeunesse à Golden, et je devrais donc trouver un accès internet là bas. Je ramasse un stoppeur qui m’accompagne une quinzaine de kilomètres. Je l’abandonne à Canion Hot Springs. Ce n’était pas prévu au départ, mais mes 5 heures de marche me donnent des envies de détente !
Une grande piscine à 32°, une petite à 40. Presque trop chaud, j’ai du mal à y rester. Je sens que 37 ou 38 degrés seraient le mieux. Par contre, je fais plusieurs longueurs sans problème dans celle à 32. Il n’y a personne. Je l’ai juste pour moi, sous le regard des montagnes. Celles-ci sont de plus en plus hautes, de plus en plus impressionnantes.
J10- Rogers Pass
L’arrivée la Rogers Pass (le col de Roger) est tout simplement à couper le souffle. Rogers Pass, c’est LE col qui a permis au train de traverser les Rocheuses. Regardez une carte routière pour vraiment comprendre : les alternatives sont la Yellowhead Pass, 250 kms au nord (à Jasper), Fernie, 300 kms au sud (au niveau de la frontière).
Je n’avais pas réalisé ce qu’étaient les Rocheuses avant de les voir. Imaginez simplement un mur de sommets qui culminent entre 2500 et 3000 mètres d’altitude, et qui s’étire sur plusieurs centaines de kilomètres, au dessus d’une vallée qui est environ à 800 mètres. Je pense comprendre d’où Marion Zimmer Bradley a puisé son inspiration pour le Mur Autour du Monde qu’elle a placé sur Ténébreuse. J’essaie d’imaginer la motivation à franchir un tel mur. À amener un train de l’autre côté, pour relier deux océans. Tout le travail et l’énergie que cela représente. J’essaie, mais n’y arrive tout simplement pas. Le col de Roger (du nom de son inventeur) culmine à 1300 m. Les sommets qui l’entourent sont à 3000. Le mur est prodigieux. Je reste longtemps au col, à faire le plus de photos possibles, à refaire régulièrement les mêmes tellement je suis en admiration, pour essayer de trouver un moyen de le ramener avec moi. Ce sentiment est si intense, la vue est si puissante… tout cela est simplement indescriptible, que ce soit en mots ou en images.
J10- Premier panoramique
J’aurais peut être du monter mes premiers panoramiques avant cela… toujours est il que rendu dans ce genre de paysages, les photos panoramiques sont rendues une obligation. Elles commencent donc à faire leur apparition.
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J10- Dernière étape
J’ai du mal à m’arracher pour repartir. Il y a des montagnes partout. J’ai trouvé ce que je cherchais, et je ne sais plus où donner de la tête. Suite à ma mésaventure à Golden, je me suis engagé un peu sur la route de demain. Dommage, vraiment, que cette journée se soit mal terminée. Mais les promesses pour demain semble être à la hauteur d’aujourd’hui !
Je suis parti il y a 10 jours, je suis donc à mi-chemin de mon voyage.
J10- Le Mur Autour du Monde
Une photo panoramique qui montre un peu le formidable mur dont je parlais. Je l’ai volontairement laissé brut de recadrage, histoire de faire un peu de pub pour Photoshop CS4. Je sais qu’en même temps, Adobe n’en a pas vraiment besoin… il n’empêche que pour un photographe comme moi qui adore faire de la prise de vue panoramique, et qui en plus travaille avec un grand angle légèrement déformant, une telle puissance de calcul devient un bonheur quand le montage du panoramique se fait presque tout seul !
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J11- Du kilomètre 2511 au kilomètre 2688
J11- Considérations de petit déjeuner.
C’est vraiment très perturbant. Je ne sais plus quoi penser/ressentir. Mon voyage est un enchaînement de frustrations et de fascinations. Paysages magnifiques, montagnes toujours plus belles, et beaucoup plus imposantes que ce que je pensais… mais de l’autre côté, beaucoup de choses ne sont pas accessibles à cause de la neige. Il est un peu tôt dans la saison, mais on me l’a confirmé à plusieurs reprises : l’hiver s’étire ; normalement, il ne devrait pas y avoir autant de neige…
Bref… avec le changement d’heure, je me suis réveillé une heure plus tard que d’habitude. L’avantage du motel, c’est que le check-out est d’une rapidité exemplaire : vous posez les clés dans la boîte aux lettres et vous disparaissez. Je me suis donc retrouvé très vite sur la route, pour m’arrêter presque immédiatement : plus agréable de petit-déjeuner en pleine nature que dans un motel.
J’ai fini mon pot de philadelphia. Il me faudra bientôt envisager une nouvelle épicerie. Mon pot de nutella descend également, mais il devrait suffire jusqu’à la fin du voyage. Il me sert aussi de thermomètre : à sa texture le matin, je peux deviner la température qu’il a fait pendant la nuit. Ça fait trois jours qu’il est dur comme du béton, et je ne serais pas surpris que ça continue plusieurs jours comme ça. Il n’est pas improbable non plus qu’il gèle cette nuit.
J11- Wapta Falls
La première vraie escale de la journée, c’était pour aller voir les chutes de Wapta. Réputées non pas pour leur hauteur (30 mètres, dans les Rocheuses, ce n’est vraiment pas grand chose) mais pour leur débit : avec leur 150 mètres de larges et leur 255 mètres cubes à la seconde, elles sont les troisièmes plus importantes au Canada.
La marche d’approche fait deux kilomètres, sur un sentier régulier et agréable. Il monte un peu vers la fin et, alors qu’on commence à soupçonner un léger grondement dans le lointain, il se met à descendre de façon assez raide. La première vue des chutes se fait donc par en dessus. La Kicking Horse River est assez large à ce niveau là. Belle mise en bouche… puis on se renfonce dans la forêt, pour finir la descente. On sort de sous les arbres.
À droite, une longue plage de galet. Au fond, la rivière coule tranquillement. En face, une petite butte, avec quelques arbres. Sur la gauche, une autre petite butte, pas très haute… et derrière, un mur d’eau. Trente mètres, ce n’est peut être pas très haut, mais sur une telle largeur, c’est vraiment impressionnant. En arrière plan, couronnant la cascade, une montagne enneigée. Majestueuse.
Je resterais un long moment à admirer et à faire des photos. Pour fêter le fait qu’il ne pleut pas, je monte sur la butte en face de la cascade, pour un meilleur pour de vue. Je suis mouillé en dix secondes, trempé en vingt, détrempé en trente.
Je suis arrivé à la bonne heure : il n’y a que trois autres personnes sur les lieux, je suis donc tout à fait libre pour faire mes photos. En revanche, je croiserais régulièrement des visiteurs sur le chemin du retour, m’amusant à lancer un « allo » à deux filles qui parlaient français avec l’accent québécois. Il leur a fallut environ cinq secondes pour réaliser que la salutation n’était pas dans la langue attendue. Je me trouve très drôle.
J11- Wapta Falls et Kicking Horse River
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J11- J’ai soif
J’ai soif. N’ayant pas ma maman avec moi pour garder 50 litres d’eau en permanence dans la voiture, ma bouteille de un litre qui me suit fidèlement depuis Vancouver est vide. Je fonctionne très bien juste avec elle, la remplissant régulièrement dans des parcs provinciaux où ils incitent à faire bouillir l’eau, ou bien dans les cascades et ruisseaux que je trouve lors de mes balades.
Comme j’ai soif, je salive tout le long du trajet de retour sur la mangue que j’ai achetée à Vancouver, et qui m’attend dans la voiture. C’est fou comme de simples petits plaisirs prennent une dimension incroyable quand on est en voyage sous « privation contrôlée ».
J11- Takakkaw et Twin Falls… ou pas
Ce devait être la journée des cascades : la suite du programme indiquait une visite éclaire à Emerald Lake, puis une longe randonnée partant des chutes de Takakkaw (les deuxièmes plus hautes du Canada avec 384 mètres soit un peu plus de 4 fois les chutes Montmorency, spectacle assurément hallucinant !) pour rejoindre, 8 kilomètres plus loin, les Twin Falls, chutes jumelles de « seulement » 177 mètres. Je me régalais d’avance… sauf qu’une fois de plus, j’apprendrais que la route qui y mène est fermée par la neige, et n’ouvrira pas avant la fin du mois de juin. Nouveau down : les cascades me fascinent, et cette thématique pour la journée me plaisait bien…
J11- Natural Bridge
Je me dirige donc vers Emerald Lake. En route, pause à « Natural Bridge », un pont taillée dans la pierre par l’eau. J’y allais pour jeter un œil rapide, mais je sais maintenant que j’ai tout mon temps. L’emplacement est très beau et très propice à la photographie : l’eau creuse un canyon assez profond, que l’on peut suivre un long moment. Le lieu, par contre, est beaucoup plus touristique. Je m’arme de patience pour pouvoir faire les photos que je veux.
Les gens se prennent en photos 40 fois plutôt qu’une. Je ne comprends pas. Je vois un couple, avec un chien horriblement laid. Ce n’est pas des photos des lieux enchanteurs où ils sont qu’ils prennent en photos, mais des photos de eux – et de leur horrible chien – avec le lieu en décor que l’on devinera parfois. Le lieu ne les intéresse-t’il donc pas ? J’ai l’impression que tout ce qu’ils veulent, c’est garnir leur compte facebook avec des photos sur le thème « moi à tel endroit connu ». Il va de soit que d’un endroit connu à l’autre, la pause prise sur la photo sera quasiment la même. Dans ma tête, ça ne marche pas : je n’ai pas besoin d’être sur les photos pour montrer que j’y étais… la photo suffit, non ? Un paysage s’apprécie plus sans personne dessus… tout cela me perturbe.
J11- Emerald Lake
J’arrive ensuite au lac Émeraude : très belle place au milieu des montagnes, avec un Resort (groupement d’habitations à louer) qui semble à vocation corporative : pour les DRH voulant stimuler leurs employés avec un peu d’air pur des montagnes ; rien de tel pour l’esprit d’équipe !
Je m’attaque au tour du lac. La balade est plutôt enneigée à certains endroits. Je me perds dans des pensées mélancoliques, déçu de ne pas pouvoir voir les chutes. J’ai l’impression de rater mon voyage. Sentiment qui m’énerve, vu que j’ai quand même énormément de plaisir ! Mais les petites frustrations des choses que l’on ne peut pas voir me trotte dans la tête.
À l’autre bout du lac part la balade que j’avais envisagé en alternative : la vallée où se trouve le lac est parallèle à la vallée où se trouve les chutes Takakkaw. Entre les deux, un col de hauteur acceptable. Mais encore bloqué par la neige. J’y vais quand même : j’ai le goût de monter un peu, voir la vallée depuis un autre point de vue.
Mes efforts sont récompensés : j’ai une vue superbe sur le lac et les montagnes autour. Le détour me fait bien monter, et je finirais en effet bloqué par la neige, mais j’ai eut ce que je voulais : une balade qui me m’amène à un lieu précis d’où je peux voir quelque chose de précis. Ouf !
Je retourne au lac puis à la voiture, un peu plus serin.
J11- Emerald Lake, panoramiques
Un lac de montagne… le genre de paysage qui se prête à merveille au jeu des photos panoramiques. On repère facilement, sur la deuxième photo, complètement à droite, le Col de Yoho, qui rejoint la Vallée de Yoho et Takakkaw Falls : c’est par là que j’ai fait la balade dont je parle juste avant.
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J11- Spiral Tunnel
Mon esprit se tourne vers des pensées plus positives, et tente de répondre à la question « qu’est-ce que le Canada » ? À date, ma réponse est surtout « un train ». Ce train hallucinant, qui traverse les Rocheuses. Un peu plus loin sur la route, je verrais les deux « spiral tunnel » construits en 1920 afin de diminuer une pente alors beaucoup trop raide.
Les explications sont hallucinantes. Mille hommes au travail pendant vingt mois. Un mort par semaine en moyenne : plus de 80, donc, une fois le chantier terminé. Je lis les panneaux explicatifs sur le bord de la route. C’est hallucinant, fascinant. Je ne comprends pas plus ce qui a motivé de tels chantiers… mais c’est là.
J11- La quête de l’AJ
Il est tard, et il commence à faire froid. Je suis fatigué aussi. J’ai marché un peu plus de cinq heures, pas loin de douze kilomètres. J’ai hâte d’arriver à l’Auberge de Jeunesse de Lake Louise.
La ville est surprenante : on a l’impression d’arriver dans un camp de réfugiés, à cause des grillages qui l’entourent complètement. La grille anti-bestiaux sur la route à l’entrée du village me permet de comprendre. Ce n’est pas que l’on ne veut pas que les gens sortent ; c’est plus qu’on ne veut pas que les animaux entrent ; il doit y en avoir beaucoup dans le coin !
Je suis fier de moi : je trouve l’Auberge de Jeunesse super facilement… pour apprendre qu’elle est complète. La prochaine est à Castle Mountain, 25 kilomètres plus loin. Je monte dans la voiture. C’est une autoroute, ça se fait bien. J’arrive là pour apprendre que c’est également complet. C’est une fin de semaine de trois jours (Victoria Day) mais je ne pensais pas que tout serait complet partout… Je repars : Banff est à 26 kilomètres. J’espère que cette fois, j’y trouverais une place où dormir. J’ai hâte d’arriver, et l’autoroute roule bien. La voiture aussi d’ailleurs. Les 26 kilomètres sont faits en 12 minutes.
J’ai l’adresse de l’Auberge de Jeunesse, mais pas de carte. Je décide de traverser la ville pour avoir un aperçu, mais me rend compte très rapidement que c’est stupide. Je me gare dans un YWCA pour demander mon chemin quand je réagis : ici aussi ils ont des dortoirs. Un peu plus cher, mais rendu là, c’est pas grave : je veux m’installer !
Je fais un petit saut rapide en ville : même impression que Whistler (on est samedi soir à nouveau) : une ville touristique, artificielle, avec ses magasins de souvenirs ouverts jusqu’à 23h, ses restos à fondues et son pub irlandais. On est samedi soir, le monde est à la fête. Moi pas. Courir après les Auberges de Jeunesse m’a remis d’humeur morose. Je vis en ermite sauvage depuis plusieurs jours, et ça fait trop de monde pour moi. Je rentre me cacher au YWCA pour écrire, relaxer, dormir.