Rue du Pourquoi Pas



Parce qu’il y a toujours une route qui, quelque part, m’attend.
Carnets de route, photos de voyages, et pensées vagabondes.

Écrit par : Sébastien ChionJune 23rd, 2010
  • Le réveil a sonné à l’heure prévue ; ça nous a pris 15 secondes pour se concerter (« on laisse faire ? ») et nous rendormir. C’est bien beau le mois de juin, les journées sont longues, tout ça tout ça, mais le soleil a tendance à se lever beaucoup trop tôt. Surtout quand toutes les nuits précédentes ont été beaucoup trop courtes.

    On se réveillera pour de bon deux heures plus tard. Comme on est juste à côté du centre d’informations touristique, on y va tranquillement. Il ouvre dans quinze minutes, on prend donc notre temps, on fait le tour, et on découvre un petit sentier avec des panneaux explicatifs sur la survie des plantes dans le désert. Simple, très didactique, efficace. Ça nous réveille tranquillement.

    On collecte quelques informations au centre touristique pour la route qui nous attend. On avait déjà repéré quelques petites choses, ça complète un peu, comme il faut. L’idée, dans un premier temps, c’est d’aller voir Mono Lake et ses concrétions de plus prêt. On roule donc sur une grande route, on bifurque sur une moyenne, on tourne sur une toute petite, et on se gare sur un parking. Petit déjeuner rapide, avant d’aller se promener sur le bord du lac.

    Et oui, pizza froide au réveil ! Je suis ravi de découvrir que ma compagne de voyage est capable d’être aussi trash que moi au petit déjeuner, d’autant plus que c’est elle qui a suggéré l’idée !

    Les tufas

    Mono Lake est un lac salé. Il n’y a pas de rivières qui le vide. L’eau s’en va simplement par évaporation. Conséquence, donc, de plus en plus de minéraux dans l’eau, principalement du sodium et du bicarbonate. Ajoutez à ça une région volcanique particulièrement active, quelques épanchements de lave de temps à autre, et vous obtenez des tufas : ces grosses colonnes de calcaires qui ressemblent à des termitières géantes. Formées au fond de l’eau, mais maintenant visible avec la baisse du niveau du lac. C’est tout simplement fascinant de se promener au milieu de tout ça !

    Mono Lake est deux fois et demi plus salé que la mer . La conséquence ? Une différence de flottaison très sensible quand on nage. Il est tout à fait possible de se baigner dans le lac, mais il ne faut pas en boire l’eau, ni garder les yeux ouverts si on met la tête dedans. Malheureusement un peu trop froide pour moi (je ne dépasserais pas les genoux) Fannie elle s’y plonge toute entière sans le moindre problème.

    Elle nage pendant un moment pendant que je fais une petite sieste des plus agréable en plein soleil. Elle me confirmera en sortant que la pesanteur est très différente et que c’est une expérience à vivre. Pour moi, ça sera une autre fois, quand l’eau sera plus chaude !

    Juste en quittant Mono Lake, une petite pause de quelques secondes sur le bord de la route, le temps de prendre une photo. Personnellement, je l’aime énormément.

    On nous avait prévenu : après un bain dans Mono Lake, pas le choix de prendre une douche. En effet, en sortant de l’eau, on a la peau poisseuse/salée/bicarbonatée. On s’était donc renseigné sur un camping où l’on pourrait prendre une douche, chose plutôt rare dans cette région relativement sèche dans l’ensemble. On quittera donc la route principale pour faire un petit détour dans la vallée de June Lake. Petit détour qui en vaut vraiment la peine. On s’arrête d’ailleurs à un moment sur le bord d’un lac. Pendant que Fannie se repose un peu, je vais au dépanneur du camping voisin lui acheter un café. C’est là que je tombe sur un frigo bien frais, rempli de bières d’une micro brasserie locale. J’en profite donc un peu. Pas évident de garder des bières au frais quand on est en voiture dans des températures pareilles, mais on se débrouillera.

    Après quelques tentatives, on trouvera finalement la douche que l’on cherchait dans la petite marina de June Lake. Petit moment de bonheur avant de reprendre la route direction Mammoth Lake et les Devils Postpills.

    Mammoth Lake et Devils Postpill

    La suite du programme devait nous emmener à Mammoth Lake et à Devils Postpill. Devils Postpill, c’est un peu comme Giant Causeway en Irlande : des remontées magmatiques ou basaltiques, je ne sais plus trop, qui se retrouvent à prendre des formes géométriques (hexagonales pour la plus part) dans un effet des plus saisissants. Il y a aussi dans le même secteur une belle cascade, et quelques petites randonnées à faire. Programme pouvant s’avérer intéressant donc. Mammoth Lake, c’est la ville qui est un peu avant, où on doit faire une petite pause : on a découvert que le petit brûleur au gaz que l’on a emprunté au frère de Jane est incomplet. Il faut donc soit en racheter un, soit acheter le petit morceau manquant.

    À peine rentré dans Mammoth Lake, je sors en rigolant à Fannie « Bienvenue à Whistler ». Mammoth Lake, c’est une station de ski / village de vacances. Exactement le même modèle que Whistler en Colombie Britannique, Banff en Alberta, ou n’importe où ou presque dans les Alpes. Mini appartement dans des faux chalets que l’on peut louer à prix d’or, boutiques de sport, boutiques de luxe, boutiques souvenirs. Je suis persuadé qu’un pub Irlandais se cache quelque part, même si on ne le voit pas. Par contre, on trouve aussi à Mammoth Lake la micro-brasserie dont j’ai acheté quelques échantillons un peu plus tôt, et l’idée de finir la soirée devant un énorme steak et quelques bières nous plaît beaucoup.

    On commence par faire le tour des magasins de sport / randonnées… malheureusement, les seuls brûleurs que l’on trouve sont des brûleurs de randonnées, petit, compact, super cher. J’hésite, je veux bien m’en acheter un… en même temps, je préférerais éviter de me ruiner. On tente notre chance dans une pharmacie, puis dans un magasin de bricolage, avant de craquer. Retour au magasin de sports. On n’a pas envie non plus de passer trois jours à magasiner un brûleur au gaz.

    Dans mon guide, il est écrit qu’on peut faire de la randonnée équestre à tarif abordable dans la région. Une petite promenade à cheval dans ce paysage semi-désertique semi-montagnard, ça nous semble très inspirant. On va donc se renseigner à l’office du tourisme. Sauf que la madame nous embrouille avec plein d’histoires pas possible. On comprend pas trop. On se renseigne aussi pour aller voir les Devils Postpill, nous explique que le mieux c’est d’aller prendre la navette (obligatoire) demain, le plus tôt possible. Elle nous perd dans des explications un peu étranges. Nous c’est aujourd’hui qu’on veut faire la randonnée. Pour le camping, ça semble compliqué également.

    On décide de se débrouiller. On va se faire des pâtes sur le bord d’un lac grâce à notre nouveau brûleur, et j’irais voir les Postpill après. Fannie a le goût de se reposer un peu, et de prendre ça relaxe. Sauf que quand on arrive finalement au parking d’où part la navette un petit panneau nous informe que l’accès ouvre seulement demain. Bon ! On comprend enfin les explications étranges et incompréhensibles de la madame de l’accueil. C’est encore fermé, c’est pour ça qu’on ne pouvait pas y aller aujourd’hui. Tout ça nous gave un peu. On vient de perdre plusieurs heures à tourner en rond dans tout les sens sans rien faire. On décide de quitter cette station touristique sans âme pour reprendre la route, et poser la tente au milieu de nul part.

    Toujours grâce à mon guide, on sait qu’il y a pas mal de sources chaudes naturelles dans la région. La plus part sont « à l’état sauvage » et libres d’accès ; on a également une indication pour aller récupérer une petite route qui nous permettra d’en rejoindre quelques unes. Finalement, on se perd un peu, pour se retrouver sur Hot Creek Hatchery Road. Le nom reste quand même prometteur en terme de sources chaudes. Quand je vois le petit cours d’eau devenir un petit canyon, puis que je vois le parking et le début de randonnées, j’abandonne Fannie dans la voiture, pour aller marcher un peu. Le soleil tape violemment, mais la balade est super agréable le long de la rivière, et c’est de toute beauté. Il y a quelque chose qui me fascine dans la région, c’est que la pêche semble être l’activité principale de tout le monde. On est dans une région aride et probablement même désertique, mais il y a quelques cours d’eau. À la moindre rivière, au moindre lac, les pêcheurs s’entassent dans tout les sens. C’est valide aussi avec Hot Creek. Qui mérite bien son nom. J’aurais même le droit de voir une vraie source chaude. Mais vues les bulles, elle donne pas vraiment envie de se baigner !

    De la route et des montagnes…

    La zone où on se trouve actuellement est une grande vallée plus ou moins ronde, au milieu des montagnes. D’ailleurs, ça se voit bien si on regarde un peu partout autour. Je trouve fascinant de mourir de chaud tout en voyant de la neige dans le lointain.

    L’avantage d’avancer un peu au hasard, sans trop se poser de questions, et en tournant à droite quand ça à l’air beau à droite, c’est qu’on peut tomber miraculeusement sur un petit coin de paradis perdu au milieu de nul part. Du genre qui donne envie de s’allonger quelques heures dans l’herbe. On cherche d’ailleurs un endroit où planter la tente. Ne serait-ce la présence des vaches, on aurait probablement choisi cet emplacement.

    On trouve finalement un petit coin qui nous convient parfaitement. Un peu en retrait (et invisible) de la route. On commence à s’installer quand je trouve deux douilles de balles sur le sol. Je les montre à Fannie en rigolant ; on se demande si on doit prendre peur ou pas. Après tout, on n’est pas à 100% à l’aise avec la région. Si on connaît parfaitement les risques avec les ours et comment les éviter, on maîtrise beaucoup moins le concept de coyotes. À priori, pas de raison de s’inquiéter pour ça, même s’il doit probablement y’en avoir dans les environs. Mais on s’interroge quand même un peu. Et puis finalement je trouve une troisième puis une quatrième douille. En fait, il suffit de regarder un peu pour en ramasser plusieurs poignées. C’est en trouvant les boîtes de conserve trouées qu’on comprend finalement. Il faut bien faire passer le temps le samedi soir ! Au final, je collectionne les douilles pour en faire une mini oeuvre d’art philosophico intellectuelle.

    La tente finalement montée, on n’est pas si loin de Mammoth que ça, et la bière nous fait toujours envie. On décide donc de retourner en ville, prendre notre bière et notre steak. La brasserie est bien sympa, et la carte des plus intéressantes. On se retrouve tout les deux avec un magnifique morceau de viande dans l’assiette. Côté bières, il y a une option « dégustation » qui nous convient parfaitement, et qui permettra une magnifique photo.

    Quand vient le moment du dessert, le « décadent au chocolat » ne me laisse pas le choix.

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