Rue du Pourquoi Pas



Parce qu’il y a toujours une route qui, quelque part, m’attend.
Carnets de route, photos de voyages, et pensées vagabondes.

Écrit par : Sébastien ChionJune 24th, 2010
  • Tout porte à croire que le désert est un endroit particulièrement calme et silencieux, mais finalement, entre les aboiements très lointains des coyotes et les meuglements très inquiets des vaches, la vie nocturne est quand même plutôt animée. Mais au final, le bruit qui aura raison de mon sommeil et qui me tirera finalement de mon sac de couchage en est un que je n’avais pas entendu depuis bien longtemps, et que je ne me serais pas attendu à entendre ici !

    Une fois levé, je prends mon temps pour commencer la journée tranquillement, attendant patiemment que Fannie se réveille. J’en profite pour jeter un coup d’œil à la carte, retrouver où on est, voir où on pourrait aller, et découvrir que nous ne sommes pas dans la zone de « Inyo National Forest ». Pour rappel, le camping sauvage n’est autorisé que dans les National Forest… donc à priori, on n’aurait pas le droit d’être ici. Oups… C’est environ 5 minutes après avoir fait cette constatation que je vois une voiture quitter la route pour se diriger vers notre petit campement. Je commence à réviser mon argumentation de pauvre petit touriste francophone perdu et déboussolé. Mais quand la voiture arrive, je me rends compte qu’il s’agit en fait de la voiture qui suit la montgolfière. Ils essaient de trouver une route pour la rejoindre. Depuis notre petite butte dominant la pleine, j’ai pu prendre un ou deux points de repères, et je leur indique donc un petit sentier qui devrait les aider. On discute un peu ; ils m’expliquent que l’on aurait plutôt du aller dormir un peu plus loin sur la route, où il y a une petite source accessible. On l’avait repéré de loin la veille, se doutant qu’il s’agissait de ça, mais comme on avait également repéré des voiture, on avait opté pour le coin plus tranquille.

    Par contre, l’idée de commencer la journée par un petit bain chaud nous tente tout les deux, et ça sera notre première étape de la journée. On quitte la route principale sur un petit chemin de graviers. On s’arrête un peu plus loin, pour suivre un petit sentier sur une centaine de mètres. Au bout, une mini baignoire bétonnée nous attend. Il y a deux tuyaux et une vanne : une pour l’arrivée d’eau chaude, une pour l’arrivée d’eau froide. Et quand on parle d’eau chaude, elle est chaude ! Mais ça commence très bien la journée ! Une petite pancarte au début du sentier indique que nous sommes sur un terrain appartenant à la compagnie d’eau de Los Angeles. Ce n’est ni le premier ni le dernier que l’on voit. Une grande partie de la vallée appartient à la ville, qui est responsable de l’aridité extrême d’une plaine qui était quand même plus fertile autrefois…

    Depuis Montréal, j’avais repéré ce qui ressemblait à un magnifique Canyon grâce à Google map. Dans mes souvenirs, on en n’était pas loin ; du coup, quand je vois le panneau indiquant « Owens Georges Road » on décide d’aller voir s’il est possible de remonter le Canyon. D’après Google map, il y aurait une route qui le remonterait… détail amusant, ce n’est que maintenant, en vérifiant le nom de la route, que je découvre que ce n’était pas « Gorges » contrairement à ce que j’avais cru qui était écrit sur le panneau mais bien « Georges ». Pourtant, la route mène quand même au fond du Canyon.

    On la suit sur un petit kilomètre, avant d’arriver à un cul de sac, où on décide de pique-niquer.

    Petit endroit isolé, au milieu de nul part, et nombre records de douilles ramassées en même pas cinq minutes (le temps que l’eau boue pour le thé). Cette fois, il y en a de tout les modèles, y compris des trucs qui semblent directement issus de fusils d’assaut.

    Il y a un petit cour d’eau au fond du canyon. C’est donc sans surprise que l’on voit débarquer, un peu après, un père et son fils, canne à pêche sur l’épaule.

    Aussi surprenant que ça puisse paraître, quand on voit le paysage, la température, et les montagnes à l’horizon, nous sommes toujours dans une zone à 2000 mètres d’altitude. En fait, ce détail me laisse quelque peu perplexe, vu que nous sommes dans une grande vallée, qui semble bien plate, et qui doit nous emmener jusqu’à Death Valley, qui se trouve au niveau de la mer. Il y a un moment où on va devoir descendre, mais je n’arrive pas à visualiser quand.

    Je trouve une partie de la réponse à mon interrogation sur la route qui nous emmène à Bishop, où l’on doit faire escale histoire de trouver une connexion internet et planifier la suite du voyage. Il y a, d’un seul coup, une sorte de mur. On arrive par en haut, et la suite de la route est très clairement plus basse :

    Difficile d’évaluer la dénivellation qui nous attend, aussi bien sur la photo que dans la réalité. Ce sera les petits panneaux sur le bord de la route qui me donneront la réponse. On perd presque 1000 mètres d’altitude sur quelques kilomètres à peine. On est sur une autoroute gigantesque, quasiment toute droite. La voiture prend facilement de la vitesse. Je me souviens avec émotion de la Pontiac que je conduisais en Colombie Britannique. L’avoir eut sur une route de même… le tank, par contre, me rend mal à l’aise à 150 km/h. Pas le choix d’être raisonnable. De toutes façons, on n’est pas pressé ! Mais bon, si je ne peux pas m’amuser une fois de temps en temps !

    Version courte :
    Bon, donc on est toujours en vie. La déconnexion a été longue un peu, mais faut dire qu’au milieu de nul part dans le désert complet, avec un signal wifi le plus proche à 200 kilomètres, ça devient dur à dire « coucou ». Là, on est présentement à Bishop. Petite pause relaxation, avant de repartir plein sud puis tourner à gauche vers Vegas.

    Pour vous aider à comprendre, voilà où était la tente ce matin (un petit clic pour l’image en grand) :

    Version longue :
    Je suis impressionné à quel point la déconnexion a été rapide. Ça ne fait pas si longtemps que l’on a quitté San Francisco, et pourtant je suis déjà un peu perdu dans les dates, je ne sais plus vraiment quel jour on est, ni depuis combien de temps on est parti. Ça a fait beaucoup de bien de se déconnecter de tout ça pendant un moment.

    Après avoir été un peu déçu par le centre d’information touristique de Mono Lake, puis par celui de Mammoth, on tente notre chance à celui de Bishop. On aimerait éviter de trop tourner en rond, et si possible trouver une ou deux belles randonnées à faire dans les environs. On a encore des envies paysages de montagnes. Mais une fois de plus, la personne avec qui on discute au centre d’informations n’est absolument pas vendeur. Il ne semble pas intéressé, ne nous donne pas spécialement envie d’aller nul part. C’est limite plus démotivant qu’autre chose. On décidera finalement de se rabattre dans un café internet, Google semblant plus fiable que les responsables des centres d’informations !

    Je recherche un peu partout dans les environs ce qui se présente d’intéressant. On essaie aussi d’optimiser notre emploi du temps. On aimerait être à Vegas le samedi soir pour retrouver Jane. Ça implique un peu d’organisation. On repère finalement un endroit pas si lointain ; Sabrina Lake. Le relief est prometteur, et je regarde une ou deux photos pour me donner un aperçu. Ça a l’air vraiment magnifique. Un petit tour rapide sur Facebook me fait réaliser que c’est la Saint Jean aujourd’hui. Nous la fêterons à plus de 2000 mètres d’altitude.

    J’abandonne Fannie le temps d’aller faire l’épicerie. On a planifié notre emploi du temps, on sait à peu prêt où l’on s’en va, et à quelle vitesse on doit avancer. C’est parfait !

    Nos journées sont longues, bien chargées, mais elles commencent tôt. Il est seulement 14h quand on arrive à Sabrina Lake, avec dans l’idée une petite promenade en canot. Il commence à faire vraiment chaud, on met la clim pour la première fois en se rendant au lac. Je trouve la voiture un peu poussive, elle a un peu du mal à monter, quand je réalise qu’on est rendu à 3000 mètres et donc qu’on vient de monter de prêt de 2000 mètres avec une côte entre 7 et 10%. Avec l’air climatisé en plus, je comprends que je lui en demande peut être beaucoup. Je me décide donc à la maltraiter un peu moins.

    Le lac est magnifique. C’est un lac de barrage, qui sert à alimenter en eau et en électricité la ville de Bishop. Il y a des pêcheurs qui discutent sur le parking, des pêcheurs qui pique-niquent, des pêcheurs qui prennent une bière, des pêcheurs qui préparent leur matériel, des pêcheurs sur des bateaux, il y en a partout. La dame de la location semble surprise de voir deux touristes Québécois sortir de nul part. Surtout qu’on ne vient pas pêcher, mais faire du canot et de la randonnée ! Très gentille, on passe un petit moment à discuter avec elle. On comprend très vite que Sabrina Lake est un petit paradis tranquille et pas trop connu. Il n’y aura pas trop de gens, on sera bien. On a bien choisi !

    On monte à bord du canot, et on traverse le lac. On accoste à quelques reprises, s’offrant des petites marches très tranquilles. Ça fait du bien. On observe aussi les environs. On a repéré la promenade que l’on fera le lendemain. On devine parfois le tracé sur le flanc de la montagne. On a aussi pu acheter une carte topographique de la région ; ça nous aidera peut être pour la promenade !

    Et en version panoramique :

    On ramène le canot en fin d’après midi ; on remonte dans la voiture, et on se dirige vers un camping. Outre le fait qu’il est précisé qu’il est interdit de faire du camping sauvage, on a eut la même envie au même moment. Celle de s’arrêter dans un endroit un tout petit peu plus civilisé. En fait, la différence sera bien minime. Tout ce que l’on gagne, ce sont des toilettes sèches et des voisins. Pas de douches ou autre luxe du genre. Mais ça nous suffit. Un tout petit bout de civilisation nous fait du bien.

    La tente se monte toujours aussi rapidement. Il est encore tôt, on en profite pour faire un peu de rangement et de tri dans nos affaires. Et puis comme c’est la Saint Jean, on en profite aussi pour fêter un peu !

    C’est bientôt la pleine lune ; on l’aura dans deux jours, juste quand on sera en plein coeur de Death Valley. Mais même sans être pleine, elle nous offre un magnifique levé de lune, au sommet de la montagne.

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