Comment décrire la route entre Sant Feliu et Tossa de Mar ? D’abord avec des chiffres. À vol d’oiseau, ce n’est pas loin : 10,5 kilomètres. Même pas 11. Seulement 10,5. Si vous demandez à Google le meilleur itinéraire, il vous fera faire le grand tour ; plutôt que de suivre la côte (et la route la plus « courte ») il vous proposera un itinéraire de 32,8 km qui dure 34 minutes. Mais moi qui suit joueur, et qui aime prendre des itinéraires touristiques avec ma maison, je vais plutôt suivre le chemin de la côte : 42 minutes (en voiture…) pour 23 kilomètres. Donc oui, déjà les chiffres résument assez bien la question… quand au lieu de faire 10,5 kilomètres à vol d’oiseau, on vous suggère d’en faire 32,8 plutôt que 23, ça cache quelque chose…
Voilà. Vous avez vu ? Ça tortille un peu, n’est-ce pas, quand on suit la côte ! Et forcément, en plus, ça monte et ça descend. Mais depuis quelques temps maintenant, j’ai retrouvé le plaisir de conduire. Il m’aura fallu du temps à avoir plaisir à conduire le Chamion. Avant, j’étais heureux non pas pour les sensations de la conduite, mais pour tout ce qui allait avec : la liberté, le sourire des gens que je croisais, le fait de trimbaler ma maison sur mon dos… bon, d’accord, sur le dos du camion… toujours est-il que j’ai fini par me réapproprier le plaisir des sensations de conduite avec le Chamion. Alors c’est clair, ça n’a rien à voir avec une Twingo. Mais… mais oui, ça peut être chouette aussi. Et heureusement, parce que sur cette route de montagne, qui ressemble plus à un itinéraire de slalom, la conduite est intense. Après, je commence aussi à très bien le connaître mon Chamion. Savoir quand la troisième est préférable à la quatrième. Ou même quand je dois redescendre en seconde. À quelle vitesse je gère les virages en tout confort et sans risque. La capacité du frein moteur, et des freins tout court (mention spéciale à mon lecteur mécanicien grâce à qui le Chamion peut passer le contrôle technique et même s’arrêter !).
Donc oui, sur cette route qui tortille dans tous les sens, j’ai juste énormément de plaisir à conduire. Et aussi, que les choses soient claires, à baver devant le paysage !
Ces routes me font beaucoup rire en fait. Vous tournez un virage, vous avez l’impression d’être presque arrivé, vous voyez la route là-bas, 100 mètres plus loin, et vous faites finalement un kilomètre de détour pour rejoindre l’avancée suivante. La côte est déchiquetée. C’est une succession de… cove ? alcôve ? truc ? je crois qu’il me manque le mot de vocabulaire précis… la plus part de ces « vallées » sont construites. Presque sur le même modèle : village-vacance saisonnier. Donc tout est mort abandonné en ce moment. Et tout doit débordé de touriste à partir du mois de mai ou juin. Pour autant, j’essaierai même pas d’aller voir avec le Chamion si je peux y dormir. Ces endroits font un peu trop décors de film de zombies à mon goût. Moi qui cherche des endroits un peu vivants…
Et puis finalement, je passe la dernière épingle, et je vois Tossa de Mar, qui apparait un peu en contrebas.
De cette ville, je n’avais absolument aucune attente. Rien. J’espérai juste y trouver un parking pour la nuit. Et peut-être un peu de vie. Et je découvre un joli petit coin de ville fortifiée qui devrait être sympa à visiter le lendemain !
Je suis les panneaux qui me font traverser la ville, m’expliquant sagement où aller. Je suis le panneau « parking gratuit » une fois de plus. Le terrain n’est pas parfaitement horizontal, mais j’arrive à trouver un endroit où je m’en sors pas trop mal question d’horizontalitude. Il y a deux trois autres campings cars posés ici aussi. L’endroit ne vend pas du rêve, mais pour ce soir, mon but est juste de me poser. Et là, ici, c’est très bien.
Je m’offre un petit tour, malgré la nuit tombée, pour me dérouiller un peu les jambes. Là aussi, on voit des traces du passage de Gloria… gigantesques pots de fleurs renversés, sur des terrasses de bar qui ne rouvriront pas avant plusieurs mois… après ma petite exploration tranquille, je rentre à la maison pour une fin de soirée relaxe.
Je me réveille le lendemain en pleine forme, paré à aller explorer la ville. L’aperçu de la veille m’en a bien donné envie. Je prends donc la direction de la plage et de sa citadelle. Le soleil brille. Heureusement, parce qu’il y a un peu de vent, et que dès que le soleil se cache, la température chute d’un coup !
Je passe un long moment à déambuler dans la ville fortifiée. En regardant les tours, le mur d’enceinte, en profitant de la vue. Quelques arbres déracinés viennent là encore témoigner du passage de Gloria…
L’endroit est vraiment très sympa et inspirant. Il y a juste un peu trop de vent, mais je profite quand même des lieux autant que possible. Avant de finalement redescendre dans la vieille ville. Le premier quartier construit en dehors des fortifications (mais pas trop loin quand même).
Et puis finalement, me voilà de retour au Chamion. Une autre balade bien agréable ; une autre ville qui manque un peu de vie pour que je m’y attarde plus longtemps. Je quitte donc Tossa.
La route serpente encore un petit moment, avant de finalement rejoindre une zone bien plate. D’après la carte, j’aurai désormais le droit à une succession de villes, le long de la mer, jusqu’à Barcelone.
Je décide de m’arrêter à Blanes. Pourquoi Blanes et pas une autre ? Parce qu’une carte de la région, à Tossa, montrait un appareil photo sur Blanes, laissant sous-entendre que la ville serait peut-être un peu plus jolie à visiter que les autres.
Après un petit circuit en ville à chercher un endroit où me garer, puis après avoir suivi des panneaux « parkings gratuits » j’arrive en effet à un parking gigantesque. Des places vides à perte de vue. C’est assez impressionnant à voir. Les campings-car sont tous regroupés dans le même coin, tous (ou presque) alignés dans la même rangée. Trois places de stationnement libres entre chaque. Ils sont 7 ou 8. J’essaie de comprendre. Il y a, dans certains endroits, un côté rassurant à voir d’autres campings-car stationnés. Pour moi, c’est plus un côté « instinct grégaire primitif ». Mais des fois, ça fait du bien. Pour autant, il n’est pas nécessaire d’être à 5 mètres l’un de l’autre quand il y a autant de place… tout cela est quand même étrange… détail amusant : à plusieurs reprises, je vois des campings-car arriver et se joindre au « groupe » ; je peux ensuite observer leurs antennes de télé qui se lèvent toute seule, qui pivotent sur elle-même. Au final, elles pointeront toute dans la même direction.
Je m’installe un peu à l’écart, un peu seul dans mon coin, pour ne déranger personne. À plusieurs reprises, on vient regarder la maison. Prendre quelques photos. Discrètement ou non. En demandant l’autorisation ou non. Le défilé est un peu le même que d’habitude.
Je laisse ma maison au regard des curieux, tandis que je pars faire un petit tour en ville. En commençant par la plage, bien évidemment, où -comme d’habitude- il y a un peu plus d’animation. Et puis aussi, sur la plage de Blanes, il y a un gros caillou, sur lequel on peut aller se balader. Bon, d’accord, ça n’a rien à voir avec le gros caillou de Cannon Beach en Oregon -sur lequel on ne peut d’ailleurs pas aller marcher de toutes façons.
Blanes est, là encore, une ville plutôt agréable à visiter, mais là encore manquant un peu de vie hors saison… il y a quand même un côté très triste à ces villes en partie mortes… après, elles ne s’en sortent quand même pas si mal. Mais j’avoue que je commence à avoir des envies de dynamisme, de gens dans les rues. D’animation. De musique… enfin, j’en profite quand même !
Je suis de retour à la maison. Il n’est pas très tard, mais ça me va quand même de m’arrêter là pour aujourd’hui. Alors que je suis posé tranquillement, je regarde avec amusement les quatre tractopelles -un gros et trois petits- qui viennent se garer à 20 mètres du Chamion, leur journée de travail terminée. Il est possible que je sois réveillé un peu tôt demain matin. Mais ça n’est pas plus grave que ça ! Comme d’habitude, je m’offre une fin de soirée du genre plutôt tranquille. Et ça aussi, ça me va bien.
J’ai vu que Patrice aussi à plus d’affinités avec l’Italie qu’avec l’Espagne. Notre dernier périple en Italie m’a donné une belle liste d’adresses que je garde au fond du coeur : des lieux, des gens, que je rêve de revoir.
Même si nous avons quelques amis espagnols, je n’ai pas de liste équivalente en Espagne (bon, il y a Grenade car en y restant une semaine on a pu approfondir la découverte du coin). Peut-être pourras-tu bosser pour moi, et me conseiller des lieux que nous aimerions connaître.
Dans l’immédiat, je crains fort que ce ne soit pas possible : les zones TRÈS touristiques, j’ai du mal avec : l’hiver elles sont trop désertes, l’été pas assez ! Mais quand tu vas t’éloigner un peu de la côte, pense à nous, et essaie de repérer de ces petits villages oubliés de tous et encore assez vivants. Ou des balades à faire en rase campagne.
J’en profite pour te remercier pour tes chroniques fréquentes et les bien belles photos.
Ah, et puis la photo n° 1191 donne parmi les victimes anonymes le nom de Salvador Puig Antish : nous avons quelque part un disque vinyl de chansons créées par des élèves d’une classe en pédagogie Freinet. Une fille y chante une chanson adressée à Maria, mère de Salvador, et se conclut par “Prie Maria prie il ne faut pas que Salvador Puig Antish soit mort pour rien.” En plus elle chante avec une voix superbe !
mais n’y a-t-il pas plus d’affinité avec l’Italie parce que beaucoup plus de temps passé en Italie ?
L’Espagne me plait beaucoup jusqu’à présent. Mes prochains posts devraient répondre à certaines demandes ;)
Bien sûr, on connaît mieux l’Italie. Il faut en effet passer du temps à un endroit et Y REVENIR ! Comme ça, on s’en imprègne, et c’est ce que tu fais visiblement.