Rue du Pourquoi Pas



Parce qu’il y a toujours une route qui, quelque part, m’attend.
Carnets de route, photos de voyages, et pensées vagabondes.

Écrit par : Sébastien ChionJanuary 30th, 2020
  • Finalement, les tractopelles ne m’auront pas tiré du lit à l’aube. Elles m’auront sûrement réveillé, en réalité, mais cela ne m’aura absolument pas du tout empêché de me rendormir immédiatement. J’ai tendance à plutôt bien dormir quand je suis dans le Chamion. Le bruit du trafic ou des camions ne me dérange pas. J’aurai plus facilement tendance, par contre, à être réveillé par le bruit d’un seul véhicule… mais là, sur le parking de Blanes, le bruit reste assez constant, et le seul véhicule que je vois tourner sur le parking en est un de la police municipale.

    Et maintenant, il me reste à répondre à cette question. Barcelone ? Ou pas Barcelone ? Parce que bon… c’est quand même Barcelone. Et là, franchement, vue ma route, je vais avoir du mal à ne pas y passer. Et puis, c’est quand même Barcelone ! Une ville que j’aime beaucoup. Alors certes, je la connais déjà… mais justement, c’est quand même Barcelone ! Alors il me semble que oui, quand même, ça ne se fait pas de passer à Barcelone sans s’y arrêter. C’est quand même… (oui, des fois je me souviens de mes profs de français qui me notaient « répétition » dans la marge de mes rédactions au collège ; à ma connaissance, il n’y a pas de prof de français qui lit mon blog, donc je peux faire des répétitions si je veux. Ouf !).

    Décision est donc prise. Escale sera faite à Barcelone. La durée restera à décider.

    Une fois de plus, j’ai triché : j’ai demandé à internet de me dire où j’allais dormir. Parce que dans les grandes villes, ça n’est jamais simple, et c’est même toujours assez compliqué. Il m’aura fallu un moment avant de choisir une option qui me plaise. Mais finalement, j’y arrive. Je dormirai à El Prat de Llobregat, à l’ouest de Barcelone, mais à portée du métro et de la ville. Ce qui me permettra de faire un peu de Chamion sur le périph. Ce qui est toujours une expérience intéressante. Mais qui fait qu’une fois arrivé sur le petit parking qui me sert d’objectif, je serai bien content de couper le contact et de me déplier un peu les jambes.

    Et donc, le Chamion garé, j’étais à même de marcher jusqu’au métro, et de repartir découvrir Barcelone. Que dire de cette ville… j’en ai déjà beaucoup dit par le passé, notamment lors de ma première visite. Si jamais vous voulez faire un petit voyage dans le temps, voici donc les articles que j’avais écrit sur la ville lors de ma première visite :

    Barcelone, c’est un peu partout (avec des images qui semblent avoir disparues)
    La Barcelone de Gaudi
    Barcelona y Gracia
    Manger à Barcelone
    Images de Barcelone

    Et puis bien sûr, il y a aussi ce Time-Lapse que je m’étais amusé à faire :

    Je m’en revenais donc à Barcelone. J’avais des envies de gens, de vie. Trop de villes pas assez vivantes à mon goût ces derniers temps. Histoire de compenser / rattraper un peu tout ça, je me suis dit que j’allais commencer par aller sur la Rambla. La partie la plus touristique de Barcelone.

    Et donc, soudain, paf ! y’avait du monde. Et ça m’a fait du bien ! Oui, la Rambla est touristique. Mais moi je l’aime quand même. En pleine saison, quand il n’est plus possible de marcher, ça doit être insupportable. Mais juste voir des gens vivre, se balader, sourire, discuter, rire, après mes successions de villages pas toujours très vivants, ça me fait du bien.

    J’aime les gens. J’aime les foules (joyeuses et heureuses). J’aime l’énergie qui se dégage de certaines grande-ville, et Barcelone fait clairement partie de ma liste. Et me voilà à déambuler, au hasard des rues, des vitrines, des alignements, des bâtiments, des architectures… il y a tant à voir ! Je repasse dans des endroits que je connais déjà mais que j’ai plaisir à revoir. Je retrouve la cathédrale, et réalise que je n’en ai jamais fait le tour. Que je n’ai jamais vu les rues en arrière…

    Je continue d’avancer, toujours au hasard. Il y a tellement de choses à voir à Barcelone de toutes façons, que peu importe la rue que vous prendrez, vous verrez des choses intéressantes. Le hasard me fait arriver à l’Église Santa maria de Mar.

    J’en profite pour découvrir avec un grand sourire que l’église aussi est passée au sans-contact. En même temps, c’est assez logique : l’Amour Divin est immatériel. Alors autant que le paiement le soit aussi ! Vous choisissez le montant, vous posez la carte, et pouf, Dieu est heureux ! La technologie au service de la religion.

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    Et puis je me retrouve dans la marina de Barcelone. Là où se garent les « petits bateaux » des touristes.

    Nous avons donc, dans l’ordre :

    – le MY Pacific, petit yacht de 85 mètres. 28 membres d’équipage répartis dans 14 cabines, et qui peut accueillir jusqu’à 12 invités, dans 6 cabines différentes. D’un coût de 150 millions de dollars, il est la propriété de Leonid Mikhelson, propriétaire de Novatek, la plus grosse compagnie productrice de gaz naturelle en Russie, et l’homme le plus riche de Russie avec un capitale de 26 milliards.

    – le MY Al Raya, un peu plus grand avec ses 110 mètres de long. 47 membres d’équipages répartis dans 28 cabines, il peut accueillir jusqu’à 16 personnes dans 8 cabines. D’une valeur d’un quart de milliards de dollars, il est la propriété de la Famille Royale du Bahrain.

    – le Dilbar, qui rend les deux autres plutôt ridicule avec ses 157 mètres de long (quand tu sais que le Symphony de Bernard Arnaud fait à peine 111 mètres, c’est la loose). Il est le plus gros yacht au monde si on mesure le volume, et il possède la plus grande piscine intérieure installée sur un yacht. 84 membres d’équipage, dans 40 cabines, et la possibilité d’accueillir 36 personnes dans 18 cabines. Sa valeur estimée est de 800 millions de dollars. Il est la propriété de Alisher Umanov, un peu pauvre avec son capital d’à peine 12 milliards de dollars. Comme quoi, Metallo Invest (sa compagnie) rapporte moins que le gaz naturel. À noter aussi que ce Yacht à sa page wikipedia…

    Évidemment, les trois sont équipés des options classiques : Spa, salle de cinéma, jacuzzi, héliport… bref, le strict minimum vital.

    Bref… tout ça pour dire qu’il y a là plus d’un milliard de dollars. Sans compter des coûts de fonctionnement de ces engins… et, bien évidemment, leur impact environnemental (qu’ils soient en déplacement, ou à quai). Bref, quand on vous dit que ce sont les pauvres qui polluent avec leurs vieux diesel et leurs particules fines !

    Voir cet enchaînement de yachts, cette indécence pure et dure, me donne littéralement mal au coeur. Un questionnement philosophique récurrent est « faut-il tuer 100 personnes pour en sauver 10 000 ». Si on confisquait la fortune des 100 hommes les plus riches du monde, en leur laissant « juste » un milliard chacun, me semble que le monde il irait tellement mieux… (pour info, à la très grosse louche, ça représente déjà 2300 milliards).

    Enfin bref… n’ayant pas de guillotine sous la main, je reprends ma marche en rigolant bien fort devant les petits bateaux ridicules des pauvres, garés un peu plus loin.

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    Et puis surtout, parce que la nature est quand même plus belle que les délires pharaoniques des riches, je profite des magnifiques lumières du soleil couchant.

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    Sans oublier ce bâtiment, que j’avais longuement photographié depuis la plage lors de mon premier passage par Barcelone. Et que je continue à trouver magnifique…

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    J’avais prévu de rentrer sagement à la maison, ma journée bien rempli, mais c’était sans compter un resto de tapas en mode « buffet à volonté » qui m’a sauté dessus. Et là, soudain, je me suis rappelé que j’avais faim.

    Un long moment plus tard, le ventre bien plein et en rampant difficilement, j’ai repris courageusement la marche qui m’a ramené au métro qui m’a ramené chez moi. Non sans croiser une manif d’indépendantistes Catalans, tranquillement en train de faire un sit-in au milieu d’un des grands axes de Barcelone. Ce qui vient expliquer la présence de plusieurs fourgons de police vus un peu avant. Pour autant, et malgré un dispositif déjà conséquent face a nombre de manifestants, Barcelone n’égale pas encore la France.

    Je suis de retour à El Prat. En rentrant au Chamion, je sillonne des rues qui me plaisent bien. J’ai l’impression que je serai mieux ici pour dormir. Je déplace donc le Chamion, et m’installe, plus prêt de la ville, moins loin du métro, dans cette ambiance assez particulière -mais que, à ma grande surprise, j’aime bien- des zones où se côtoie pas mal d’entreprises en tout genre, générant un trafic non négligeable de camions et de camionnettes (sauf durant la nuit). Les lieux ne sont pas glauques du tout. Je les trouve même plutôt agréables à vrai dire. Et je m’endors sans le moindre soucis.

    Je retourne à Barcelone le lendemain, pour reprendre ma balade là où je l’avais arrêtée : place de l’Espagne. L’un des grands carrefours de la ville. Barcelone a, dans l’ensemble, un plan aux rues assez carrées qui me plait bien. Plus une grande diagonale (du nom de Diagonal) et une autre parallèle (du nom de Paralel.el). Dans les quartiers plus historiques, c’est un peu plus bordélique et dans tous les sens, mais le plan d’ensemble est simple et efficace.

    Place de l’Espagne, il y a l’ancienne aréna, reconvertie en centre commercial, dont le seul intérêt et la superbe balade panoramique au sommet.

    De là, on repère plutôt bien les environs. Et notamment ce gros bâtiment là-haut, dont j’ignore… tout ?

    Je pensai m’y rendre directement, en allant tout droit, mais finalement, le hasard des rues et des inspirations m’a fait faire un grand détour. Toujours est-il que je me suis retrouvé à grimper tranquillement la colline de Monjuic, là où ont été construites la plupart des installations olympiques. J’avais déjà visité « l’avant » du parc (côté ville et téléphérique) j’en découvre donc l’autre face.

    Et ce bâtiment, donc, c’est le MNAC (Musée National d’Art Catalan). Que je ne visiterai pas cette fois. Par contre, je profiterai de la vue au bout de la terrasse.

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    (parce qu’il fallait bien au mois une photo avec la Sagrada Familia dessus !)

    Je redescends de l’autre côté du parc, découvrant au passage un théâtre grec, et je retourne déambuler dans les rues d’un cartier que j’aime quand même bien : Poble Sec.

    Et je déambule encore un moment. Me retrouvant de nouveau sur le bord de l’eau, puis en bord de mer. Bizarre quand même : en parlant de Montpellier, je parlais du plaisir d’aller à la mer en tram. Je parlais aussi de Melbourne, et de son quartier Saint-Kilda, et ses grandes plages, accessibles en tram également. Et pas un mot sur Barcelone, où l’on peut aller à la mer en métro ? Alors bon, la station de métro n’est pas directement sous la plage (techniquement, ça doit être complexe) mais elle est juste à 3 minutes à pied. C’est quand même la classe aussi !

    Et moi, justement, je vais reprendre le métro, pour m’en rentrer chez moi, la tête pleine d’interrogations.

    Je fais exprès de rater mon arrêt, pour descendre deux arrêts plus loin, histoire de me balader un peu dans El Prat, et essayer de répondre aux sus-dîtes interrogations. Sans trop de succès. Mais le quartier est très sympa, vivant, avec pas mal de boutiques et de magasins. Est-ce que je reviendrai m’y balader demain ? Ça pourrait être une idée…

    J’aime énormément Barcelone. Je gardai un très bon souvenir de mes deux précédents passages. Après mon premier séjour de 4 jours (et les différents posts de blog cités plus haut) ma conclusion était évidente : je pourrai vivre à Barcelone sans problème. Et alors même que je suis venu en Espagne, trouver un endroit qui me plaise, et me trouver un travail pour rester quelques temps à la même place, et pratiquer l’espagnol, donc, pourquoi ne pas choisir Barcelone ? C’est quand même tentant, il faut le dire… par curiosité, je regarde si je vois des bouts de terrain à louer. Le prix des campings. Des hôtels qui embauchent…

    Je me réveillerai le lendemain, fatigué. Un peu morose. Le bruit ne m’empêche pas de dormir quand je suis dans le Chamion. Alors même qu’il y a des poids lourds à côté. Pour autant, je pense que ça reste un sommeil moins reposant. Et puis je me suis couché assez tard avec toutes mes réflexions et tout et tout.

    Du coup, je suis bougon un peu, et ça me parait une bonne raison pour prendre la route. Rouler pour me changer les idées. Quitter le ciel gris et retourner chercher le soleil. Je suis venu apprendre l’espagnol, je suis aussi venu découvrir l’Espagne. Alors oui, Barcelone me plait. Mais ça je le savais déjà. Mais ça peut être intéressant d’aller voir un peu plus loin, voir le reste. Visiter et découvrir ! Et rouler ! Et vivre !

    Alors… Vroum Vroum !

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